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Dans l'avion vers Chypre

Dialogue, témoignage, et surtout patience. Traduction complète de l'échange du Pape avec les journalistes. (5/6/2010)

Voici ma traduction de la transcription par Andrea Tornielli de la conférence de presse dans l'avion vers Chypre.

Le meutre de Mgr Padovese ne doit en aucun cas servir de prétexte pour rompre le dialogue.
Que ce soit pour le rapprochement avec les orthodoxes, ou la résolution des problèmes politiques, le mot-clé est la patience.

Pourquoi un synode: des évêques se rencontrent, échangent leurs expérience. C'est l'importance du contact humain. Et aussi apporter une visibilité: les chrétiens, au Moyen-Orient, sont une réalité dont il faut tenir compte.

Texte en italien ici: http://blog.ilgiornale.it/tornielli/...

Le Vol AZ 4000, sur l'Airbus "Giuseppe Ungaretti" a commencé depuis une demi-heure quand Benoît XVI, l'air serein, rejoint les journalistes à l'arrière de l'avion et répond à leurs questions, lues par le Père Federico Lombardi.
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- Malheureusement, la première question est un peu obligée par la circonstance qui, hier, nous a frappés si douloureusement, l'assassinat de son Excellence Monseigneur Padovese qui a été certainement pour vous une douleur très profonde. Alors, au nom de tous mes collègues, je voulais vous demander de dire quelques mots sur la façon dont vous avez perçu cette nouvelle, et comment vous vivez le début du voyage à Chypre dans cette atmosphère.

" Naturellement, je suis profondément attristé par la mort de Mgr Padovese, qui a aussi grandement contribué à la préparation du synode, il a collaboré, il a toujours été un élément précieux dans ce synode: recommandons son âme à la bonté du Seigneur. Cette ombre, cependant, n'a rien à voir avec les thèmes ni la réalité du voyage, parce que nous ne devons pas l'attribuer à la Turquie ou aux Turcs; c'est une chose sur laquelle nous avons peu d'informations: il est certain que ce n'était pas un assassinat politique ou religieux, il s'agit d'une chose personnelle, nous attendons encore des explications, mais nous ne voulons pas à présent mélanger cette situation tragique avec le dialogue avec l'islam, avec tous les problèmes de notre voyage. C'est un cas à part, qui rend triste, mais qui ne doit occulter en aucune façon le dialogue qui sera l'objet de ce voyage".

- Chypre est un pays divisé, Sainteté. Vous ne vous rendrez pas dans la partie nord occupée par les Turcs. Avez-vous un message aussi pour les habitants de cette région? Et comment pensez-vous que votre visite aidera à résoudre (réduire) la distance entre les parties grecques et turques, à progresser vers une solution de coexistence pacifique, de respect de la liberté religieuse et du patrimoine spirituel et culturel des différentes communautés?

" Ce voyage à Chypre est à maints égards une continuation de voyage l'an dernier en Terre Sainte, et du voyage à Malte de cette année. Le voyage en Terre Sainte avait trois parties: la Jordanie, Israël et les territoires palestiniens. Et dans les trois, ce fut un voyage théologique, pastoral, religieux, ce n'était pas un voyage politique ou touristique. Le thème fondamental était la paix, le Christ qui doit nous apprendre à la rendre présente dans ce monde, le thème était donc d'une part, l'annonce et le témoignage de la foi, le pèlerinage de ces lieux qui témoignent la vie du Christ et toute l'histoire sainte, et d'autre part la responsabilité commune de tous ceux qui (croient) en un Dieu créateur du ciel et la terre, un Dieu à l'image de qui nous sommes créés. Et ainsi, Malte et Chypre ajoutent également avec force le thème de Saint-Paul, le grand croyant, l'évangélisateur, mais aussi de Saint Barnabé, chypriote, qui a ouvert la porte de la mission de saint Paul.
Donc, témoigner de notre foi, de l'unique Dieu, dialogue et paix, sont les thèmes du voyage dans un sens très profond: ce n'est pas un complément politique à notre activité religieuse, la paix est un mot du cœur, la foi est au cœur de l'enseignement paulinien, pensons à la lettre aux Éphésiens où il est dit que le Christ a apporté la paix, a détruit les murs de l'inimitié. Cela reste un mandat permanent, ainsi, je ne viens pas avec un message politique, mais avec un message religieux qui devrait préparer davantage les âmes à trouver l'ouverture pour la paix.
Ce ne sont pas des choses qui arrivent du jour au lendemain, mais il est très important non seulement de prendre les mesures politiques nécessaires, mais aussi de préparer les âmes à être capables de prendre ces mesures politiques, créer cette ouverture intérieure pour la paix qui vient finalement de Dieu, et du fait que nous sommes tous enfants de Dieu, et frères et sœurs entre nous » .
- Vous vous rendez au Moyen-Orient, quelques jours après l'attaque israélienne de la flottille devant Gaza, qui a ajouté de nouvelles tensions au processus de paix déjà difficile. Comment pensez-vous que le Saint-Siège peut aider à surmonter ce moment difficile pour le Moyen-Orient?

" Nous contribuons surtout dans la manière religieuse. Nous pouvons également aider avec des conseils politiques, stratégiques, mais le travail essentiel du Vatican est toujours religieux, qui touche le coeur. Avec tous ces épisodes que nous vivons, il y a toujours le danger qu'on perde patience, qu'on se dise: "cela suffit", qu'on ne veuille plus rechercher la paix. Et là, il me vient à l'esprit, en cette année sacerdotale, une belle histoire du curé d'Ars. A quelqu'un qui lui disait "cela n'a aucun sens que j'aille maintenant me confesser et reçoive l'absolution, car après-demain je suis sûr que je tomberai dans les mêmes péchés, le prêtre répondit:« ça ne fait rien, le Seigneur a volontairement oublié que toi, après-demain, tu commettras les mêmes péchés, il te pardonne aujourd'hui complètement, et il continuera à t'aider avec patience, à être avec toi". Ainsi il me semble que nous devrions, pour ainsi dire, imiter Dieu, sa patience, et après tous ces épisodes de violence ne pas perdre patience, ne pas perdre courage, et recommencer: créer cette disposition du cœur et recommencer encore et encore dans la certitude que nous pouvons aller de l'avant, que nous pouvons arriver à la paix, que la violence n'est pas la solution mais la solution est la patience du bien, créer cette disposition me semble la tâche principale que le Vatican et le Pape peuvent faire »

- Sainteté, le dialogue avec les orthodoxes a fait beaucoup de progrès du point de vue culturel, spirituel et de la vie. Au récent concert qui vous a été offert par le patriarche de Moscou, on a ressenti une profonde harmonie entre les orthodoxes et les catholiques pour relever les défis posés au christianisme en Europe par la sécularisation. Mais quelle est votre évaluation du dialogue du point de vue proprement théologique?

" Je voudrais avant tout signaler ces grands progrès que nous avons faits dans notre témoignage commun des valeurs chrétiennes dans le monde sécularisé. Ce n'est pas seulement une coalition, disons morale, politique, mais c'est vraiment quelque chose de profondément de la foi, parce que les valeurs fondamentales pour lesquelles nous sommes dans ce monde profane ne sont pas un moralisme, mais la physionomie fondamentale de la foi chrétienne. Lorsque nous sommes capables de témoigner cela, de nous engager dans le dialogue, dans le témoignage, de vivre ces valeurs, nous avons déjà fait un témoignage fondamental d'une unité très profonde de la foi. Bien sûr, il y a beaucoup de problèmes théologiques, mais même ici, les éléments d'unité sont forts. Je voudrais mentionner trois éléments qui se combinent, se rapprochent de plus en plus, et nous font nous sentir proches.
Premièrement, nous savons que l'Écriture et de la Bible, ce n'est pas un livre tombé du ciel, qui existe maintenant et que tout le monde prend, mais c'est un livre qui a grandi dans le peuple de Dieu, et qui donc seulement dans ce sujet commun du peuple de Dieu, seulement là, reste toujours présent: autrement dit, la Bible ne peut pas être isolée. Cette prise de conscience est fondamentale, elle appartient au fondement de l'orthodoxie et du catholicisme, et nous donne une route commune.
Comme deuxième élément, la tradition qui nous interprète, nous ouvre la porte del'Écriture, a également une forme sacramentelle institutionnelle voulue par le Seigneur, qui est l'épiscopat, et une forme personnelle, le collège des évêques: ensemble, ils sont les témoins de cette tradition.
Troisième élément, ce qu'on nomme la regula fidei, autrement dit la compréhension de foi développée dans les anciens conciles, est la somme de ce qui est dans l'Écriture, et ouvre la porte à l'interprétation.
Autre élément, la liturgie, l'amour commun pour la Vierge, se combinent profondément, il nous devient de plus en plus évident que c'est le fondement de la vie chrétienne. Nous devons être plus conscients, approfondir aussi les détails, même si les différentes cultures et les histoires différentes ont conduit à des malentendus et des difficultés, nous progressons dans la conscience de l'unité dans l'essentiel. Je voudrais ajouter que, bien entendu ce n'est pas le débat théologique qui par lui-même crée l'unité: c'est une dimension importante, mais toute la vie chrétienne, la connaissance mutuelle, l'expérience de la fraternité, l'apprentissage, malgré les expériences du passé, sont des processus qui exigent aussi une grande patience. Nous en sommes juste à l'apprentissage de la patience, de l'amour, et avec toutes les dimensions du dialogue théologique, nous avançons, laissant au Seigneur de décider quand il nous donnera la parfaite unité".

- Une dernière question: L'un des objectifs importants de ce voyage est de remettre le document de travail du synode des évêques au Moyen-Orient. Pouvez-vous nous dire quels sont vos principales espérances et attentes pour ce synode, pour les communautés chrétiennes, y compris pour les croyants d'autres religions dans la région?

" Le premier point important est que les différents évêques se voient. Nous avons de nombreuses églises, des rites différents, ils sont dans des pays différents, dans des situations différentes, ils apparaissent souvent isolés, ils ont souvent peu d'informations. Se voir ensemble, se rencontrer, faire connaissance les uns les autres, des problèmes, des différences, des situations communes. Se former ensemble une opinion sur la situation, sur le chemin à prendre, cette communion concrète de dialogue et de vie est un premier point.
Deuxièmement, la visibilité: qu'on voie dans le monde qu'il y a une grande et ancienne chrétienté au Moyen-Orient qui n'est pas souvent devant nos yeux. Cette visibilité nous aide à être leurs voisins, à approfondir notre compréhension mutuelle, à apprendre les uns des autres, à s'aider et à aider ainsi les chrétiens du Moyen-Orient à ne pas perdre espoir, à rester, même si les situations peuvent être difficiles.
Ainsi, troisième point, on s'ouvre aussi au dialogue avec les autres chrétiens, orthodoxes arméniens, etc, et il se développe une compréhension commune de la responsabilité chrétienne, et même de la capacité commune de dialogue avec les frères musulmans, qui sont frères, malgré la diversité. Malgré tous les problèmes, l'encouragement est de poursuivre avec une vision commune le dialogue avec eux, toutes les tentatives pour une coexistence plus fructueuse et fraternelle est très importante. Ce synode est donc une rencontre interne du christianisme catholique au Moyen-Orient dans les différents rites, mais aussi une rencontre d'ouverture, de capacité renouvelée de dialogue, de courage, d'espoir pour l'avenir. "

5 juin A Chypre, un Pape modeste et déterminé