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Les enfants esclaves du Soudan

Les Pères trinitaires rachètent des enfants esclaves au Soudan pour 300 euros. Un texte espagnol traduit par Carlota, complété - hasard? - par un article en Italien sur la situation de ce pays d'Afrique riche de ressorces naturelles, en proie aux divisions tribales et religieuses (musulmans contre chrétiens et animistes), et menacé de sécession. (5/1/2011)

Carlota m'écrit:
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Alors que l’on s’apprête en Espagne à fêter les Rois Mages qui traditionnellement apportent les cadeaux aux enfants et dont les chars vont défiler ce soir (5 janvier) notamment sur la grande avenue madrilène, avec un magnifique feu d’artifice, je vous adresse la traduction d’un texte, qui ne date pas de l’époque de Cervantès qui lui aussi fut esclave pendant de long mois en Afrique, mais de nos jours. Il rappelle l’œuvre de religieux espagnols, peut-être trop peu connue.

Les Pères trinitaires (1) rachètent des enfants esclave au Soudan pour 300 euros (original ici: www.caminocatolico.org/... )

Coups de bâton pour désobéissance, abus sexuels, refus de leur héritage culturel, ce sont les témoignages habituels des esclaves qui ont été rachetés […] Le Soudan, où durant plus de vingt ans on a acheté des personnes au prix d’un téléphone mobile. L’Ordre trinitaire depuis des années y travaille pour éradiquer cette plaie. L’espérance existe et sinon, regardez Sainte Joséphine Bakhita.

Le Soudan (*) est en guerre depuis 1955, après l’indépendance de la colonie britannique (2), guerre qui a coûté 2 millions de morts et a provoqué le déplacement de 4.3 millions de personnes. Ce conflit a pour origine le fait que le nord du Soudan est de religion islamique et de race arabe et le sud, animiste, avec une petite partie chrétienne, et de race africaine noire. Le nord est un territoire pauvre et sans eau. Et le sud est très riche, avec une abondance de minerais et d’eau, en outre c’est une terre riche en pétrole. La guerre a donc pour origine le fait que le nord a voulu s’emparer des terres du sud.
La ville soudanaise de Rumbek, est parmi d’autres l’un des lieux où les Trinitaires mènent à bien leur projet, une ville qui a été bombardée durant des années deux fois par jour: «Les avions arrivaient, lançaient des bombes et ensuite les militaires rentraient pour capturer ce qui était resté, des hommes qu’ils avaient affrontés et qui avaient perdu le combat par manque d’armes, des femmes et des enfants qui étaient pris comme esclaves », raconte le Père Antonio.
Comment les libérer ? En les achetant : «Nous rencontrions des mercenaires et nous leur achetions des groupes entiers, surtout des petits garçons et des petites filles. Un garçon peut coûter 300 euros, la fillette 250 et la femme 200; la femme ici est de moindre valeur que l’homme. Les enfants sont vendus pour travailler dans les champs de seigneurs arabes ou pour s’occuper de leur troupeau, les filles pour les harems, et les femmes pour le service de la maison des hommes », explique le père Antonio Aurelio Fernández, trinitaire et directeur de la Fondation Prolibertas (ndt fondé en 2001 à l’initiative de la Province des Trinitaires Espagne-Sud)

Il reste encore des esclaves, ceux qui furent achetés avant l’accord de paix signé en 2005, selon lequel le 9 janvier 2011, aura lieu un referendum pour la partition du pays entre le nord et le sud. « Notre travail est de rechercher des centaines d’enfants qui ont été achetés et d’essayer de les racheter à notre tour. Si l’on ne peut les faire revenir chez eux parce que ils n’ont plus de chez eux, ils vont dans nos centre d’accueil », signale le Trinitaire.

Cela fait plus de 15 ans que les Trinitaires sont arrivés à Karthoum, dans le nord du pays. Le mois où fut signé un accord de paix, ils purent accéder au sud du pays et y construire des collèges et des centres d’accueil pour les enfants rachetés. Actuellement il y a 7 collèges et centres dans le sud dont l’un avec plus de 1500 enfants, et l’un au nord avec 166 enfants, et un projet d’extension. « Là ils étudient et apprennent la culture et l’élevage des animaux », souligne le Père Antonio Aurelio. Le processus psychologique est aussi lent. « Beaucoup arrivent avec des marques aux poignets car ils dormaient assis, appuyés au tronc d’un arbre et les mains attachées pour qu’ils ne s’enfuient pas. Mais avec le temps, les enfants commencent déjà à avoir un autre regard, une autre présence…, déjà ils commencent à sourire », reconnaît-il.

Le Père rappelle que, pour en terminer avec l’esclavage, il faut que « les élections du 9 janvier puissent se réaliser, même si ce n’est pas simple, car déjà sont présents des militaires du gouvernement, venus dans le sud, et qui essaient de créer des conflits entre les partis. Si les Organismes internationaux et les Nations Unies n’interviennent pas, la guerre reviendra et l’esclavage continuera » (3).

L’espérance qui sauve.
Grâce au travail de Congrégations comme celle des Trinitaires, il existe de réels cas de sauvetage. L’un a été exposé par le Pape Benoît XVI dans son encyclique Spe Salvi, celui de la Sainte Joséphine Bakhita. Soudanaise d’origine, elle avait 9 ans quand elle fut enlevée par des marchands d’esclaves. En 1882 elle fut rachetée par un marchand italien (4), Bakhita connut alors un maître totalement différent, le Dieu Vivant. En 1896 elle prononça ses voeux dans la Congrégation des Soeurs de la Charité, et dès lors surtout elle tenta d’exhorter à la mission. L’espérance qui était née en elle, elle ne pouvait pas la garder pour elle, elle devait arriver à beaucoup d’autres. C’est en cela qu’œuvre aujourd’hui aussi l’Ordre des Trinitaires au Soudan.

D’après Cristina Sánchez / Alfa y Omega
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Notes de traduction

(1) L'Ordre des Trinitaires (ou ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs appelés aussi Mathurins) est un ordre religieux catholique fondé en 1194 par Saint Jean de Matha et Saint Félix de Valois, à l'origine pour racheter les chrétiens prisonniers des Musulmans. Leur nom de Mathurins leur vient du couvent de Saint-Mathurin, à Paris, qu'ils construisirent avec l'aide de Philippe Auguste. Aujourd'hui ils aident les prisonniers et les captifs de toutes sortes.

(2) Dans l’antiquité le Soudan correspondait en partie à la Nubie et fut lié à l’Égypte des Pharaons. À la fin du XIXème siècle, dans un empire ottoman affaibli et une puissance britannique importante dans la zone, eurent lieu des affrontements d’importance (l’esclavagisme régnant a notamment été évoqué par des auteurs comme A.E.W. Mason dans son roman d’aventures « Les quatre plumes blanches » (1902) très souvent adaptés au cinéma, sans parler du « Karthoum » (1966) avec Charlton Heston).

(3) L’ONU a t-elle le temps et la volonté de s’occuper de cela, prise comme elle est entre ses campagnes au profit de la théorie du genre, sa politique d’une femme-un enfant, la partition par exemple de la Serbie avec de facto le nettoyage religieux au Kosovo, etc… ? L’enfer est pavé de bonnes intentions…à moins que les buts avoués ne soient pas ceux qui sont recherchés. Le relativisme béat de certains, entre les massacres de Bagdad et d’Alexandrie, ira-t-il jusqu’à dire que ceux qui ne partagent pas les convictions des nouvelles majorités au pouvoir, ne méritent-ils en fait que de disparaître ?

(4) Joséphine Bakhita (1869-1947) née au Soudan, province du Darfour, à Olgossa, près du Mont Agilerei, dans la tribu nubienne des Dagiù, elle fut rachetée par le consul italien Calisto Legnani en poste à Khartoum.

 

Le Soudan vers la division, l'inconnue islamique

(*)
Anna Bono, La Bussola Quotidiana.
05-01-2011
Ma traduction
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En Afrique, 2011 s'ouvre sur un événement de portée historique et continentale: le référendum du 9 Janvier, par lequel le Sud-Soudan décidera s'il continue à faire partie du pays, dans l'actuel régime de semi-autonomie, ou bien créera une entité une entité politique indépendante. Il y a six ans, en 2005, le consentement du gouvernement de Khartoum à l'autodétermination des populations du Sud a été l'un des points fondateurs de l'accord de paix mettant fin à la guerre entre le Nord et le Sud, l'un des conflits civils africains les plus longs et les plus sanglants, qui a débuté en 1956 après l'indépendance de la Grande-Bretagne.

Le choc, religieux, en plus d'être tribal, puisque le Nord est musulman et le Sud majoritairement chrétien, a été aggravée en 1983 avec l'accession au pouvoir d'un gouvernement islamique qui avait imposé la loi coranique aussi aux populations animistes et chrétiennes, et avec la naissance au Sud de l'APLS (armée populaire de libération du Siudan, en anglais SPLA), le mouvement armé séparatiste plus tard rebaptisé SPLM, auquel avec les accords de paix, a été confié le gouvernement des territoires du sud.

Mais le pire a commencé en 1989 lorsque le président actuel, Omar Hassan el Béchir, a pris le pouvoir par un coup d'état et a entamé un processus d'arabisation qui dans le Sud a coûté la vie à quelque deux millions de personnes, en grande partie morts de faim durant la période où el Bashir a refusé l'ouverture de couloirs humanitaires pour leur porter secours, et au moins au double, contraints à l'exode. Pendant 15 ans, les troupes gouvernementales et les rebelles ont réduit villes et villages en ruines, pillé les cultures, les troupeaux et les biens, exterminé les adultes hommes et femmes et enlevé les enfants. Les personnes capturées par l'armée de Khartoum ont été transférés dans le nord et vendues comme esclaves, les autres ont été recrutés par l'APLS comme combattants.

Avec la découverte de champs pétrolifères dans le sud et le centre du pays , le contrôle des régions du sud est devenu encore plus important pour el Béchir et le SPLM. Il a fallu des années de négociations, avec une médiation internationale, pour parvenir à un accord sur le partage des ressorces pétrolières, que la paix de 2005 n'a cependant pas parfaitement défini. Maintenant pour Khartoum se profile une perte énorme de ressources, car le "oui" à la sécession est prévisible, et le monde se demande si elle sera disposée à l'accepter.
Si c'est le cas, et si el Bashir s'en proclame garant, il resterait à affronter la question décidément pas simple d'Abyei, la région centrale riche en gisements, dont un autre référendum devrait décider de la localisation au Nord ou au Sud, mais qu'il a pour l'instant été impossible d'organiser.

Mis à part le pétrole, le processus d'arabisation lancé par les dirigeants soudanais dans les dernières décennies a eu des effets dévastateurs pas seulement pour les chrétiens. Au Darfour, une région de l'Ouest constituée de trois Etats peuplés par des groupes ethniques musulmans, il a conduit à des conflits à ce jour non résolus, éclaté en 2003 lorsque Khartoum a décidé d'armer les tribus d'origine arabe contre celles africaines. Ici, les morts se comptent par dizaines, voire par centaines de milliers, et deux millions de personnes, un tiers des habitants de la région, ont fui à la recherche de refuge et de sécurité dans les camps de réfugiés installés dans le pays et au Tchad voisin.

Pour les carnages et les violences commis au Darfour, la Cour pénale internationale, il y a deux ans, a accusé le président el Béchir pour crimes de guerre, génocide et crimes contre l'humanité et a émis contre lui un mandat d'arrêt international, par ailleurs inutile, et qui a même indigné le monde et en particulier l'Union africaine. En réalité, en plus du Darfour, il faudrait ajouter la responsabilité de el Béchir pour le massacre des Nuba du Sud Kordofan, qui sont également menacés par des groupes ethniques d'origine arabe.

Aujourd'hui, six ans après la fin de la guerre, 90% de la population du Sud-Soudan vit avec moins d'un dollar par jour et 85% sont analphabètes. Ces données suffisent pour comprendre l'énormité des problèmes auquel le nouvel État, si jamais il voit le jour, devra faire face. Ce sont même des données qui expliquent la perplexité de ceux qui se demandent s'il est possible qu'une consultation organisée dans ces conditions traduise les intentions réelles de ceux qui y participent. D'un autre côté, le fait que 96% des ayant-droit se soient inscrits sur les listes électorales, permet d'espérer un vote éclairé et motivé.

Comme nous l'avons dit, le référendum est un événement de portée historique et continentale. Presque certainement, il marque la naissance d'un nouvel Etat, en fait deux, parce que le Soudan du nord peut avoir une structure très différente de l'actuelle, avec la sécession; par exemple, si sa composante fondamentaliste islamique se renforce. N'oublions pas que jusqu'en 1996, le gouvernement iranien soutenu par El Bashir a accueilli Oussama Ben Laden et ses écoles d'entraînement de terroristes. Cela affecterait l'équilibre de l'ensemble de la Corne de l'Afrique où l'islam fondamentaliste joue une partie très importante depuis des années.

En outre, l'importance historique du référendum doit être considérée en relation avec d'autres revendications sécessionnistes avancées dans le continent africain: de la Casamance au Sénégal à Kabinda en Angola. Le précédent de l'Erythrée, indépendant de l'Ethiopie depuis 1993 grâce à un référendum populaire, et après une lutte armée de 30 ans, n'est pas exaltant. Pour les érythréens, le prix de la sécession est une dictature, celle d'Isaias Afeworki, considéré parmi les pires de la planète.

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