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Affaires de pédophilie: le "coup de grâce"

Le Père Scalese revient, avec le recul nécessaire, sur les affaires de pédophilie, alors que, de façon indigne, les medias ont profité du jour-même de Pâques, pour les relancer (1). Il faut arriver à la dernière phrase du texte, pour comprendre le titre énigmatique, en forme de jeu de mots. La grâce qui est évoquée ici avec des guillemets, c'est celle qui vient de Dieu. (25/4/2011)

Les autres chroniques du Père Scalese dans "l'Echo des Barnabites":


Le "coup de grâce"
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Voici un article publié dans le dernier numéro de « Echo Barnabiti (n ° 1 / 2011, p. 12-13) à la rubrique "Observatoire de l'Eglise." L'article a été écrit en Février.
http://querculanus.blogspot.com/2011/04/il-colpo-di-grazia.html

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Certains pourraient se demander si, en 2010, notre «observatoire» (qui s'est occupé successivement de l'interprétation du Concile, de liturgie, d'œcuménisme et de dialogue interreligieux et interculturel) ne serait pas par hasard un peu distrait: il s'est arrêté sur des aspects certes importants de la vie ecclésiale, mais il semble qu'il n'ait pas même remarqué la tempête qui pendant plusieurs mois a secoué l'Eglise, surtout dans la partie finale de l'année sacerdotale. Je veux parler du scandale des abus sexuels sur des enfants, qui a explosé dans différents pays (USA, Irlande, Allemagne, Belgique, etc.), portant à l'attention du public non seulement la responsabilité des prêtres directement concernés, mais aussi celles des évêques, et du Saint-Siège lui-même, qui pendant de nombreuses années, les auraient "couverts".
Eh bien, même si notre «observatoire» n'est pas équipé de grands moyens de détection, il est pourvu de journaux, radio, télévision et Internet, lui permettant de se tenir au courant de ce que les médias rapportent sur l'Eglise. Si en 2010 nous n'avons jamais parlé du scandale des abus, nous l'avons fait à dessein: non pour prétendre qu'il ne s'est rien passé, mais parce qu'il nous a semblé plus approprié d'attendre que les flots s'apaisent un peu et qu'on puisse observer le phénomène avec un certain détachement.

Il y a eu une période où chaque jour, un nouveau cas de pédophilie était publié dans les journaux. "Nouveau", façon de parler: il s'agissait le plus souvent de cas remontant à 40-50 ans, des cas déjà connus, et clos du point de vue juridique, parfois avec les responsables directs disparus. Il était plus qu'évident qu'il s'agissait d'une campagne bien orchestrée pour embarrasser l'Eglise. Le plus frappant, c'est qu'on ne réclamait pas tant la condamnation des auteurs (comme on vient de le dire, souvent déjà condamnés, et parfois morts), mais plutôt la démission des évêques et du Pape lui-même, accusés d'avoir couvert les responsables, d'avoir caché les affaires, d'avoir enterré les pratiques ... Que ce soit une conspiration, cela résulte du fait que les mêmes organes de presse qui se sont tellement indignés des abus commis par le clergé ne semblent pas très intéressés dans des cas similaires impliquant d'autres catégories de personnes.

Dans la campagne de l'an dernier, le facteur économique n'a joué aucun rôle, contrairement aux États-Unis, où l'accusation d'abus était devenue une véritable entreprise (récemment l'avocat Donald H. Steier a mené une enquête, par laquelle il est prouvé que près de la moitié des plaintes d'abus commis par des prêtres aux États-Unis étaient entièrement fausses, ou du moins très exagérées). Le scandale de l'année 2010 a été exclusivement de type médiatique: il ne s'est pas agi de nouvelles plaintes d'ordre juridique, visant à obtenir une indemnisation, mais plutôt d'une campagne de presse, visant à diffuser certains cas anciens, afin de démontrer la "connivence" de l'establishment ecclésial.

Comment l'Eglise a-t-elle réagi? Eh bien, disons qu'elle s'est trouvée assez peu préparée et n'a pas toujours su répondre de manière ferme aux accusations souvent instrumentales qui lui étaient adressées. Sans doute, un certain sentiment de «culpabilité» pour les abus réels commis par le clergé et la sous-estimation effective du phénomène l'ont-elle empêché de répondre avec lucidité aux attaques. Les sociologues parleraient de « crise de panique», qui a déterminé, au moins au niveau médiatique, des réactions parfois un peu maladroites ou superficielles (tels que la répétition, comme un mantra de certains slogans tels que "transparence", "tolérance zéro "...). Il faut toutefois reconnaître que les mesures canoniques qui, après quelques hésitations, ont été adoptés étaient tous très sérieuses et pondérées.

À cet égard, il faut signaler les nouvelles Normes pour les délits les plus graves, publiées en Juillet 2010. Tout d'abord, il convient de noter que les "délits les plus graves" ne sont pas seulement les abus sexuels, mais ce sont tous les délits traités par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF): délits contre la foi (hérésie, apostasie et schisme) , les délits contre la sainteté des sacrements de la Pénitence et l'Eucharistie, le délit de tentative d'ordination d'une femme et délits les plus graves contre les mœurs. Ces derniers, dans les nouvelles règles, sont deux: "1° le crime contre le sixième commandement du Décalogue, par un clerc avec un mineur de dix-huit ans (...); 2° l'acquisition, la détention ou la divulgation, en vue de luxure d'images pornographiques de mineurs de moins de quatorze ans par un clerc, sous quelque forme ou par quelque moyen". Pour ces crimes une sanction proportionnée à la gravité du crime est prévue y compris le renvoi ou la démission. Le délai de prescription pour les délits réservés à la CDF a été portée à 20 ans (dans le cas des abus sur des mineurs, elle commence le jour où la victime atteint 18 ans). Est prévue aussi la possibilité de procéder par voie administrative (décret extra-judiciaire). Le secret pontifical pour ces types de cas est confirmé . Déjà en avril 2010, un guide pour comprendre les procédures de base de la CDF sur les allégations d'abus sexuels a également été publié; en ce qui concerne la question très débattue de la dénonciation des coupables devant les tribunaux, il est précisé: "Il faut toujours donner suite aux dispositions du droit civil en ce qui concerne le renvoi des crimes devant les autorités compétentes".

Mais l'Eglise n'a pas réagi au scandale de la pédophilie uniquement sur le plan juridique, seulement en adoptant des règles plus restrictives, mais aussi sur le plan spirituel et pastoral. Et c'est principalement sur ce plan que s'est avancé le pape Benoît XVI (qui - il convient de rappeler - comme préfet de la CDF, s'était dépensé pour le renvoi au Saint-Siège de toutes les affaires d'abus sur des enfants). Dans toutes ses nombreuses interventions, le pape ne s'est jamais mis à polémiquer avec les médias pour les nouvelles, vraies ou fausses, qu'ils relataient; il ne s'est jamais défendu contre les accusations injustes qui lui ont été adressées; il n'a jamais crié au complot; il ne s'est jamais laissé aller à des attitudes de victimisme; mais il a toujours invité à saisir dans le scandale une occasion de conversion et de renouveau spirituel pour l'Eglise. Parmi les innombrables telles interventions, il convient d'en mentionner en particulier deux: la lettre aux catholiques de l'Irlande (19 Mars 2010) et le discours de Noël à la Curie romaine (20 Décembre 2010).

La lettre à l'Eglise d'Irlande a été présenté par la presse comme un appel à dénoncer les prêtres pédophiles à la magistratire. En réalité, le pape, s'adressant aux évêques, leur dit: « Continuez à coopérer avec les autorités civiles dans le domaine de leurs compétences »(n ° 11) et, s'adressant au clergé responsables d'abus, il les avertit: " Vous devrez répondre de cela devant Dieu Tout-Puissant, ainsi que devant les tribunaux dûment constitués" (n ° 7). Mais personne n'a pris la peine de mettre en évidence le caractère éminemment pastoral de la lettre. Benoît XVI propose à l'Eglise d'Irlande, "un chemin de guérison, de renouveau et de réparation", et l'invite "à reconnaître devant Dieu et devant les autres, les graves péchés [notez que le Saint-Père parle de «péchés», et non pas de «crimes»] commis contre des enfants sans défense" (n° 2). Aux prêtres et aux religieux coupables, eux aussi, il propose un chemin de prière et de pénitence, les invitant à ne pas désespérer de la miséricorde de Dieu (n° 7). A tous les fidèles, le Pape demande d'offrir pour une année complète, les pénitences du vendredi (jeûne, prière, lecture de la Parole de Dieu, œuvres de miséricorde) pour "obtenir la grâce de la guérison et de renouveau pour l'Eglise en Irlande" (n° 14). Il les encourage également à redécouvrir le sacrement de la Réconciliation et à pratiquer l'adoration eucharistique réparatrice ( ibid ).

Mais c'est surtout dans son discours de Noël aux prélats de la Curie romaine que le pape Benoît XVI a donné une lecture spirituelle des scandales dans lesquels l'Eglise a été impliqué au cours de l'Année Sacerdotale. Il l'a fait en citant une vision de Saint Hildegarde de Bingen, dans lequel apparaît une femme - l'Eglise - avec le visage couvert de poussière et de la robe déchirée. Le Saint-Père a commenté sa vision ainsi:

"Dans la vision de sainte Hildegarde, le visage de l’Église est couvert de poussière, et c’est ainsi que nous l’avons vu. Son vêtement est déchiré – par la faute des prêtres. Ainsi comme elle l’a vu et exprimé, nous l’avons vu cette année. Nous devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement. Seule la vérité sauve. Nous devons nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour réparer le plus possible l’injustice qui a eu lieu. Nous devons nous demander ce qui était erroné dans notre annonce, dans notre façon tout entière de configurer l’être chrétien, pour qu’une telle chose ait pu arriver. Nous devons trouver une nouvelle détermination dans la foi et dans le bien. Nous devons être capables de pénitence. Nous devons nous efforcer de tenter tout ce qui est possible, dans la préparation au sacerdoce, pour qu’une telle chose ne puisse plus arriver"


Comme on peut le voir, c'est une approche différente à la fois de celle des gens qui ne se sont occupés que de défendre l'Eglise contre les attaques des médias, et de celle des gens qui pensent quon peut résoudre le problème uniquement avec des procès, qu'ils soient canoniques ou civils. Une approche spirituelle qui nous permet de voir même dans les pires situations une occasion de purification et de renaissance.
Saint Ambroise dit, se référant aux épreuves de l'Église: «Abluitur undis, non quatitur» (Lettre 2): les vagues de la tempête, en plus de secouer le bateau, le lavent.
Ce qui, aux yeux du monde, pourrait ressembler au coup de grâce qui met l'Église à mort, se révèle comme un authentique "coup de grâce" qui redonne la vie.

Note

(1) Mon ami de Belgicatho écrivait hier:
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Le moment vraiment opportun ?
Demain, jour de Pâques, au JT de 13H00 sur la RTBF, le Primat de Belgique (Mgr Léonard) s'exprimera au sujet de questions qui ont fait la une, notamment l'affaire Vangheluwe et la question des abus sexuels.

Nous regrettons pour notre part que le saint jour de Pâques vibrant des alleluia de la Résurrection soit le moment choisi pour cette intervention. Nous aurions préféré goûter à la joie pascale sans l'assombrir à nouveau par ces questions qui fâchent et qui, n'en doutons pas, prendront le pas, dans les médias belges, sur la plus importante des célébrations de l'année liturgique

Voir ici la video: http://rtbf.be/info/societe/detail_mgr-leonard
A suivre.

Le Pape à la télévision: une joie un peu gâchée. Les "cathos" se font draguer