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Blasphème français vu d'Italie

Le vaticaniste Marco Tosatti, avocat très convaincant des manifestants, dans l'affaire de la pièce blasphématoire de Castellucci (29/10/2011).

V
oir aussi: Le Christ outragé.



Marco Tosatti, collaborateur du site Vatican Insider, ex-vaticaniste de la Stampa, et auteur de nombreux livres est un journaliste catholique, mais laïc. Tout sauf un traditionaliste - il le dit lui-même - son témoignage a donc en l'occurrence une plus grande valeur.
Il évoque ici l'épisode en cours de la pièce blasphématoire de Romeo Castellucci - peut-être que la relation des faits, étant vue de l'étranger, n'est pas exacte dans les menus détails mais elle l'est dans les grandes lignes.
Le plus intéressant, et de loin, est la seconde partie, que j'ai mise en rouge: l'argument qu'il présente en défense des manifestants est imparable. En réalité, l'insulte n'est pas tant au Christ (qui paraît-il n'a pas besoin qu'on le défende) qu'aux catholiques, des hommes, après tout, qui ont le droit de réagir vigoureusement à l'insulte qui leur est faite, à travers une image qu'ils vénèrent.
A cet égard, la comparaison avec les indignés - et les yeux de Chimène que les gros medias roulent pour eux - est particulièrement savoureuse.
En passant, La Croix, et même les évêques français, ne sont pas ménagés. Tosatti oppose à ces derniers l'attitude de l'archevêque de NY, Mgr Dolan (cf. Anti-catholicisme, benoit-et-moi.fr/2009/).

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Article original en italien: http://vaticaninsider.lastampa.it/
Ma traduction.

France, la liberté de "salir" le visage de Jésus

A Paris, les protestations de certains catholiques contre la pièce de Romeo Castellucci, qui met en scène une image du Christ badigeonnée d'excréments

Marco Tosatti
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Depuis quelques semaines, le Théâtre de la Ville de Paris présente à son public un spectacle qui met en scène un vieil homme, dont le fils nettoie les excréments, devant un grand portrait de Jésus-Christ, également barbouillé d'excréments. Le même portrait est ensuite bombardé par des enfants, et le dernier message est: «Tu n'es pas mon berger» .

Ces derniers jours, des centaines de jeunes catholiques se relaient, en priant à genoux sur le trottoir [devant le théâtre], pour exprimer leur indignation . Selon certaines sources, à leurs côtés se sont joints également des musulmans .

Les lefebvristes , sur leur site (ndt: je pense qu'il parle de la Porte Latine), critiquent la presse française. «La presse dans son ensemble, crie à la censure et parle de «fondamentalistes», un terme utilisé par les évêques de France qui, avec quelques exceptions notables, gardent le silence ... Mais les médias ont suivi avec enthousiasme ces derniers temps le mouvement des «indignés»: curieusement, les chrétiens n'auraient pas le droit de s'indigner? La fameuse «liberté d'expression» serait réservée officiellement aux ennemis de l'Eglise»?

Apparemment, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et le directeur du Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy, ont dénoncé les manifestants, et ceux-ci, pour la plupart jeunes, semblent déterminés à poursuivre la protestation.

Les policiers les ont arrêtés, parfois menottés. «Les autorités n'ont-elles pas peur de perdre toute crédibilité quand on fait venir des fourgons entiers d'agents pour empêcher de prier des gens dépourvus de tout acte de violence? » se demande le communiqué de la Fraternité Saint-Pie X en France. Et elle demande: «Si par hasard un tel spectacle avait ridiculisé Marianne, un rabbin, ou Mahomet, de quels cris indignés de protestation la France n'aurait-elle pas retenti?». Le communiqué affirme également que samedi prochain, 29 Octobre «nous serons nombreux à nous mettre là, à genoux, sans violence, uniquement en prières», Place des Pyramides, en face du Théâtre de la Ville.

Auparavant, le 20 Octobre, jour de la première du spectacle, une douzaine de jeunes du mouvement "Renouveau français" sont montés sur la scène et ont déployé une banderole qui disait: « Assez avec la christianophobie». Les jeunes ont subi l'assaut du personnel du théâtre et ont été emmenés de force par la police.

Le porte-parole de la Conférence épiscopale française (Mgr Podevin) a déclaré: «L'Eglise catholique condamne les violences commises dans les spectacles récents», dès lors qu'elle « promeut le dialogue entre culture et foi». Le prêtre a ajouté que l'Eglise « réagit quand c'est nécessaire avec détermination, mais toujours par des moyens pacifiques» et que la Conférence épiscopale française « réclame une liberté d'expression respectueuse du sacré».

Quelques remarques.
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Je ne me retrouve pas souvent en accord avec les communiqués, les positions et les convictions de la Fraternité Saint-Pie X, très rarement, même. Mais dans ce cas, il me semble que dans leur défense de protestation pour ce qui se passe au théâtre à Paris, ils sont dans le vrai. Le journal français La Croix appelle «fondamentalistes» ceux qui ont protesté - et qui protestent - et cela suffit à faire comprendre aux gens que ce sont des catholiques, comment dire, un peu de seconde catégorie, avec quelques péché originel jamais soldé, et les évêques français, selon ce que rapporte le journal, «se démarquent» de la manifestation.

Et aussi, il me semble que cette position est faible, et révélatrice d'on ne sait quel complexe d'infériorité . Et je ne dis pas cela pour une défense a priori du sacré, de l'image sacrée. Je crois que dès lors que je couvre avec des excréments le visage de quelqu'un qui est important pour beaucoup de gens, je réalise un acte violent. Non seulement envers l'image, mais envers les gens eux-mêmes. J'accomplis là un acte qui infère: vous l'aimez, vous le vénérez et vous le considérez comme fondamental. Voilà ce que j'en fais de votre visage, je le couvre de merde (sic!).

La philosophie de la tolérance, de la compréhension des autres, du politiquement correct empêcherait que dans un spectacle théâtral, on verse des excréments sur une menorah, sur un Coran, et encore moins sur le visage d'un grand rabbin ou de Mahomet. Parce que, à juste titre, un tel comportement serait considéré comme «hate speech», un discours de haine, non pas tant envers la foi abstraite, mais envers ceux qui la pratiquent. Pourquoi, dans France si laïque, soi-disant (en français dans le texte) tolérante et progressiste autorise-t-on un hate speech si violent contre les chrétiens? Pourquoi permet-on que des citoyens comme les autres soient offensés en toute impunité?

La réponse, malheureusement, est simple et claire, et elle a été donnée par l'archevêque de New York Dolan (cf. Anti-catholicisme), à l'école duquel les évêques transalpins pourraient utilement se mettre: les chrétiens, et en particulier les catholiques, dans le monde occidental sont désormais «Fair Game», un terrain de chasse libre. Et dans la France laïque, la liberté est une chose sacrée, pour presque tout le monde; mais pour les chrétiens, évidemment, l'Egalité et la Fraternité, pour eux seulement, ont un peu moins de valeur.

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