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Les enfants volés du franquisme

La RTBF a programmé pour ce jeudi 10 novembre une émission sur les enfants "volés" en Espagne durant l'époque franquiste avec la complicité de l'Eglise. Explications de Carlota (9/11/2011)

Mon ami Yves W. du site Belgicatho m'informe:

La RTBF (télévision belge francophone) a programmé pour ce jeudi une émission sur les enfants volés en Espagne durant l'époque franquiste avec la complicité de l'Eglise : (voir ici)

Je lis en effet sur le site :

Trafic de bébés volés en Espagne qui a commencé sous la dictature de Franco, durant près de 50 ans : Un documentaire de Caroline du Saint.
Un incroyable scandale, c'est le mot : 300 000 bébés ont été volés à leurs mères au coeur de l'Europe, pour alimenter un incroyable trafic d'enfants. Le scandale, qui vient d'éclater en Espagne, est devenu une affaire d'Etat. Des enfants, aujourd'hui trentenaires, partent à la recherche du secret caché de leurs origines et des milliers de plaintes ont été déposées. Le film rend la parole à ces enfants et à leurs mères dépossédées, réduits au silence pendant des décennies. Il nous mènera aussi chez les responsables du trafic : médecins, religieux, qui exercent encore mais qui vont aujourd'hui rendre des comptes.
...
Des milliers de plaintes ont été déposées, plusieurs centaines sont en cours d'instruction. Les premiers procès devraient avoir lieu dans quelques mois. Et une cellule « bébés volés » a été constituée au sein du ministère de la justice espagnol (ndlr: un pays au bord de la faillite par l'incurie d'un gouvernement n'a-t-il rien d'autre à faire que de semer la dissenssion et la haine entre ses habitants?). Ce documentaire est une enquête fouillée sur ce système occulte ; une enquête nourrie de témoignages forts des victimes du scandale (enfants volés, mères spoliées, parents adoptifs) et d'images poignantes des premières retrouvailles dans les familles recomposées. Une enquête surprenante sur un incroyable scandale au coeur de l'Europe.


Tout est bon, semble-t-il pour tirer sur le franquisme et sur l'Eglise (l'association n'est pas innocente!) surtout quand on est assuré de s'adresser à des gens qui n'ont pas la plus petite idée sur la question.
Ôtez la mémoire aux peuples, et vous pourrez leur faire dire, et penser, n'importe quoi!

Que ceux qui attaquent l'Eglise commencent à balayer devant leur porte.
Pourquoi, par exemple, ne pas parler de l'horrible épisode de la "maison des fauves" (La Casa de fieras):
http://benoit-et-moi.fr/2011-I/ ?
Et tant d'autres épisodes abominables que nous a racontés Carlota, et dont les victimes ont été des prêtres des religieuses, massacrés par les républicains.



Ce "traffic" est certes répréhensible, mais il faut le replacer dans le contexte d'une époque, et surtout, comparer ce qui est comparable.
Avec ceci, par exemple: une image terrible de la profanation de l'église Saint Michel de Tolède (trouvée sur
ce site, j'en ai parlé ici: Des martyrs de 21 ans en 1936, en Espagne )

J'ai donc posé la question à Carlota, qui, elle, connaît bien l'histoire de l'Espagne, et qui sait que l'histoire est plus complexe et nuancée que la caricature véhiculée par les medias dans des buts idéologiques. Elle a enquêté.



Les enfants volés du franquisme

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Toutes les guerres et plus particulièrement une Guerre civile atroce comme celle d’Espagne (je n’insisterai pas plus sur des épisodes comme celui de l’évêque de Barbastro, castré par ses bourreaux avant d’être exécuté dans son diocèse, qui vit massacrer 87% de ses clercs au tout début de la guerre civile espagnole, à l’été 1936. Je pourrais aussi évoquer les viols des religieuses, et parfois la naissance en prison du fruit de ces viols, quand leurs mères n’avaient pas été massacrées avant les naissances), a entraîné des situations très douloureuses pour des enfants dont les parents étaient morts, s’étaient trouvés en prison, avaient fui hors d’Espagne (cf l’écrivain hispano-français Michel del Castillo, né en 1933, et ses errances pendant les années de guerre et d’immédiat après-guerre).

Les plus petits ont été adoptés selon les règles de l’adoption. Il y eut aussi de nombreux nouveaux-nés déposés volontairement ou poussés par une nécessité immédiate dans les orphelinats (filles mères). Dans de telles conditions difficilement compréhensibles aujourd’hui dans la logique de la pilule et de l’avortement légalisé et même encouragé, il peut y avoir eu des erreurs et certains disfonctionnements parfois avec des parents adoptifs et les intermédiaires de bonne foi, il peut aussi avoir eu des séparations forcées sans idée forcément de lucre mais par des personnes croyant agir pour le bien des bébés et des mères jugées incapables de s’occuper des enfants.

Toute activité, parce que humaine, ne peut pas toujours être parfaite, malheureusement. Et il peut aussi y avoir eu des évènements scandaleux. Par ailleurs, il n’était pas non plus forcément habituel de dire aux enfants qu’ils étaient adoptés, que leurs mères les avaient abandonnés, que ces mères étaient peut-être des personnes malheureusement exerçant un triste métier ou qu’elles avaient été mises enceintes dans des terribles circonstances. C’était sans doute une faute pour les psychologues d’aujourd’hui, c’était à l’époque parfois considéré comme une meilleure chose pour le bien des enfants. Bien sûr là encore je ne veux surtout pas « salir » les victimes et « blanchir » les coupables, mais j’essaie de comprendre au-delà d’une « réalité médiatique » dont j’ai appris à me méfier.

En 2002, était sorti un documentaire « Els nens perduts del franquismo » de Montserrat Armengou et Ricard Bellis, le titre catalan correspondant à « Les enfants perdus du franquisme », un document sur le vol d’enfants pendant la dictature (voir ici http://www.librosaulamagna.com/...), qui fit aussi l’objet d’un reportage vidéo, repris sur la chaîne nationale TVE notamment en 2008 et où était cité ce tragique épisode dans le cadre de la loi de la « Mémoire Historique » (1) .

Le Juge Baltazar Garzón bien connu et à la réputation controversée s’est emparé du dossier. Le site webislam (comme par hasard!... et dont j’ai déjà évoqué le financement public par l’actuel gouvernement espagnol et sa coloration politique. L’on connaît aussi cela en France, même si cela peut être moins flagrant) dans un article de 2010 qui faisait l’éloge du Juge Garzon (qui lui aussi a été poursuivi pour une affaire de corruption à la même époque) parlait de 300 mille enfants volés.

Les journaux ont reparlé plus récemment des « enfants volés »: par exemple en mars 2011 le journal ABC (voir ici ) déclarait que « en un mois le nombre de plaintes pour le trafic de bébés a triplé jusqu’à atteindre 743. Une association espagnole (ANADIR pour Association Nationale des victimes, mère comme enfants, des adoptions irrégulières) soutient les personnes dans leurs démarches (recherche ADN, etc ). La BBC, par ailleurs, a diffusé récemment aussi un documentaire sur le sujet qui a provoqué une avalanche de demande des médias vers cette association pour pourvoir se mettre en rapport avec les intéressés et les interroger.

Un autre article plus récent du 10 juin 2011 (original ici) parle pour le Pays Basque espagnol (seule une enquête peut bien sûr déterminer les fautes et les auteurs des fautes) d’une cinquantaine de personnes impliquées dans un trafic de bébés dont un médecin, père d’une actuelle figure importante du Parti Populaire espagnol susceptible de gagner les élections de novembre prochain (Jaime Mayor Oreja né en 1951), des sages femmes, et des religieuses, avec environ 200 enfants nés dans un hôpital et déclarés décédés dans un autre.

En comprenant, bien évidemment, et en m’associant entièrement à la douleur des personnes concernées, je crois néanmoins qu’il faut garder à la mémoire que la große presse aime à s’emparer avec délectation de certains sujets, à certaines périodes et malheureusement pas forcément par compassion désintéressée pour la douleur et le désarroi de intéressés (Repensons à l’exploitation des cas de victimes des abus sexuels).
Je ne manquerai pas de vous transmettre des éléments de sites comme « Historia en libertad », pendant de « Religion en Libertad », auxquels collaborent des historiens de haut tenue morale et de scrupuleuse honnêteté scientifique et intellectuelle, s’ils s’expriment à ce sujet.

Je terminerai en citant un autre exemple où les chiffres peuvent différer d’une façon étonnante selon les rapports et la presse ou ouvrages (y compris signalé sur Wikipedia en espagnol). L’ensemble basilique de la Vallée des Morts (Valle de los Caídos) aurait été construit par : 20 000 prisonniers politiques forçats pour certains, et pour d’autres par 2000 ouvriers dont 46 prisonniers politiques ayant librement consentis à travailler sur ce chantier en échange d’une réduction de peine et qui continuèrent à y travailler à la fin de leur peine.

En conclusion, je dirais que la vérité est nécessaire mais que l’instrumentalisation des victimes, avec le phénomène de l’emballement médiatique désormais bien connu, n’est malheureusement jamais à exclure dans certains cas et dans certaines circonstances. J’ai bien peur que l’on soit là dans un phénomène de ce genre. Et surtout je n’oublie pas que ceux qui ont le plus intérêt actuellement à noircir l’Église en Espagne et le régime franquiste (Parti Socialiste), ou à s’en dédouaner (Parti Populaire), ont voté des lois qui n’ont pas permis l’adoption même forcée d’enfants volés…
Même si cela, bien évidemment n’excuse pas les fautes du passé.
Dieu reconnaîtra les siens.

Note: Loi de la mémoire historique

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(1) Loi espagnole du 31 octobre 2007 par laquelle « sont reconnus et étendus des droits et sont rétablies des mesures en faveur de tous ceux qui furent victimes de persécutions ou de violence durant la Guerre Civile et la Dictature », dite Loi de la Mémoire Historique ».
Le ton est donné dans le texte même de cette loi.
Cette loi est considérée par de nombreux historiens espagnols qui veulent faire un travail scientifique sur des faits et rien que des faits comme une « loi scélérate » car l’histoire ne s’écrit pas avec les lois édictées par une majorité politique au pouvoir. L’on se rappellera la « guerre » récente contre l’ouvrage extraordinairement érudit et sérieux du dictionnaire de la Royale Académie d’Histoire Espagnole que j’avais évoquée ici (benoit-et-moi.fr/2011-II/ ). Nos historiens ont eu le même raisonnement en France pour des lois comme la loi dite « Gayssot ».

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