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Durban: catastrophe climatique, le retour (II)

Suite et fin du formidable exposé du Cardinal Pell. Comment les zélotes du réchauffement d'origine anthropique ont fait "disparaître" l'épisode de réchauffement du Moyen Age.Et comment le cardinal pose très concrètement le problème en termes de "rapport qualité/prix" (29/11/2011)

-> Première partie:
Durban: catastrophe climatique, le retour (I)

Dans cette deuxième partie, le cardinal Pell s'etend longuement sur la tentative préméditée du GIEC - une démarche éminemment douteuse du point de vue de l'honnêteté scientifique, et que les "zélotes" du changement climatique auront du mal à justifier - de faire passer par pertes et profits l'épisode du réchauffement "global" au Moyen Age. Manifestement, le cardinal australien l'a gardé en travers de la gorge, plus, certainement que le "climategate" - ou la révélation à travers des mails "piratés" que les climatologues du GIEC auraient manipulé leurs chiffres.

Plutôt, dit-il, que de dépenser de l'argent pour le respect du Protocole de Kyoto, qui produirait un effet négligeable sur la hausse des températures, l'argent devrait être utilisé pour élever le niveau de vie et réduire la vulnérabilité aux catastrophes et au changement climatique (dans un sens ou dans l'autre), afin d'aider les gens à mieux faire face aux défis futurs. Nous devons être en mesure de pouvoir fournir aux "Noé" de demain le meilleur de ce que la science et la technologie peuvent offrir.
...
Est-ce que les coûts et les perturbations se justifient par les avantages?

* * *

-> Faisant une recherche à la fin de ma traduction sur un des termes savants, "minoenne" (voir plus bas), je suis tombée sur une autre traduction en français du texte.
Cette traduction est forcément différente, et il y a des passages qui ne figurent pas dans la version en anglais reproduite par Teresa, ce qui la rend d'autant plus intéréssante.
Voir ici.
Je n'ai pas eu le temps de me plonger dans le site français (consacré au "réchauffement climatique") dont elle est issue, http://www.skyfall.fr/

Je pourrais donc penser: zut, j'ai fait un travail inutile.
Mais ce n'est pas le cas.
L'article est passionnant, je dirais formidable, il mérite la plus large diffusion, et franchement, si je ne l'avais pas traduit moi-même, je ne l'aurais pas lu en entier. Je conseille toutefois à mes lecteurs de s'accrocher, cela en vaut la peine.

Quelle est la nature du changement? Telle est la question.
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Dans les années 1990 on nous avait prévenus de «l'effet de serre», mais dans la première décennie du nouveau millénaire, le «réchauffement global» s'est arrêté.
L'étape suivante a été le concept de «réchauffement climatique anthropogénique» ou AGW (anthropogenic global warming), puis nous avons été appelés à faire face au défi du «changement climatique». Puis il est devenu évident que le climat ne se modifie pas plus aujourd'hui que dans le passé. Mine de rien, la revendication s'est déplacée vers une «perturbation anthropique du climat».

Un autre exemple, plus spectaculaire de ce «spin» réussi est le débat sur «l'empreinte carbone», sur l'opportunité ou non d'une «taxe carbone». Nous savons tous que c'est le rôle du dioxyde de carbone dans le changement climatique qui est en cause, et non pas le rôle du carbone, mais nous continuons à parler de carbone.
Le débat public est presque entièrement mené en termes d' «empreinte carbone» et de «taxe carbone», suscitant des images colorées, mais fausses, de toasts brûlés cancérigènes et d'étroites cheminées à la Dickens, nettoyées par de jeunes ramoneurs souffreteux. C'est une publicité géniale. Mais elle est fause.

Mes soupçons se sont approfondis au cours des années du fait de l'approche totalitaire du "mouvement du climat" envers les opinions opposées, de la diabolisation des opposants ayant abouti à des résultats, et de l'opposition à la publication d'opinions opposées, même dans les revues scientifiques.
En règle générale, j'ai constaté que les personnes sûres de leurs explications n'ont pas besoin d'être violentes.
J'ai découvert que très peu de gens savent à quel point le pourcentage de dioxyde de carbone dans l'atmosphère est faible.
On estime que les niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère au cours du XXe siècle sont passés de 280 ppmv (ndt: Parties par million en volume, soit 1 cm3 par m3) à environ 390 ppmv aujourd'hui, soit une augmentation de quarante pour cent. Pourtant, au total, aujourd'hui la concentration de CO2 représente moins d'un vingt-cinquième d'un pour cent (soit 0,04%).
Bien que les opinions varient, un géochimiste a calculé que 5% seulement du dioxyde de carbone atmosphérique actuel dérive de la combustion de combustibles fossiles.
Je peux comprendre pourquoi les conseillers en relations publiques du GIEC n'ont pas présenté ces statistiques telles quelles au public, parce qu'elle n'invitent pas à l'alarme! En fait, cela semble être un secret bien gardé en dehors des cercles scientifiques.

Malgré le fait que l'entrée de Wikipedia sur la pollution de l'air inclut à présent les émissions de dioxyde de carbone dans une liste de «gaz polluants à effet de serre», le CO2 ne détruit pas la pureté de l'atmosphère, ni ne la rend souillée ou sale (définition du dictionnaire Oxford d'un polluant). Ce n'est pas un polluant, mais une partie du tissu de la vie.
Les animaux ne remarqueraient pas un doublement du CO2 et bien évidemment aimeraient cela. De l'autre côté, les humains ne sentiraient pas d'effets indésirables, à moins que la concentration de CO2 n'augmente d'au moins 5000 ppmv, soit presque 13 fois la concentration d'aujourd'hui, bien au-delà de tout futur probable des niveaux atmosphériques.

Un dernier point à noter dans cette lutte pour convaincre l'opinion publique, c'est que le langage utilisé par les partisans de l'AGW (rappel: anthropogenic global warming) vire à la contradiction d'une religion primitive. Les croyants s'opposent aux négationnistes, aux dubitatifs et aux sceptiques, même si je dois avouer que personne ne m'a encore qualifié d'hérétique du changement climatique.
Les bénéfices d'un comportement écologique (ndt: environnemental) correct sont incertains, à la différence des scénarios sombres pour l'avenir à cause de l'irresponsabilité humaine, qui ont en eux une touche apocalyptique.
Les coûts financiers énormes que les vrais croyants imposeraient aux économies peuvent être comparés aux sacrifices offerts traditionnellement aux religions, et la vente de crédits carbone à la pratique de la vente des indulgences d'avant la Réforme.
Certains de ceux qui font campagne pour sauver la planète ne sont pas simplement zélés, mais zélotes
.
Pour ceux qui sont sans religion, et spirituellement déracinés, la mythologie - qu'elle soit commode ou non - peut être magnétiquement, et même pathologiquement, attrayante.
Rappelons-nous de Canute (ndt: 995-1035, Roi d'Angleterre de 1016 à 1035 sous le nom de Canut Ier, du Danemark de 1018 à 1035 et de Norvège de 1028 à 1035. "Le roi qui n'a pas pu arrêter la mer mais arrêta le flot des Vikings sur les rivages de l'Angleterre"). L'histoire des changements climatiques ne donne aucune assurance que l'activité humaine peut contrôler ou même modifier sensiblement le climat global, bien que les humains puissent exercer des changements locaux importants en bien ou en mal.

Dans les grandes lignes, l'histoire est incontestable. Pendant 2,5 millions d'années, le nord de l'Eurasie et l'Amérique du Nord étaient recouverts par des calottes glaciaires profondes de kilomètres, et la terre a connu onze forts épisodes glaciaires (ou Age de glace) dans le dernier million d'années. Nous vivons dans une période interglaciaire qui dure maintenant depuis 10.000 - 11.500 ans.
Les périodes interglaciaires plus chaudes durent généralement entre 10.000 à 20.000 ans, survenant à des intervalles d'environ 100.000 ans. Selon ces critères, on pourrait arguer que l'ère de glace, aujourd'hui, a du retard, ce qui a peut-être contribué à la peur de refroidissement dans les années 1970.
Apparemment l'excentricité de l'orbite actuelle de la terre est faible, elle diminue, et cela devrait se poursuivre pendant 30.000 ans, ce qui signifie que notre ère interglaciaire actuelle pourrait être exceptionnellement longue. Une aubaine.

Les polémiques commencent quand nous approchons de l'ère chrétienne.
Personne ne semble se soucier du réchauffement minoenne (ndt du nom d'une civilisation qui s'est développée sur l'île de Crète au sud de la Grèce de 2700 à 1200 av. J.-C.et qui tire sa dénomination du nom du roi légendaire Minos ), il y a environ 3.500 ans. Et le réchauffement romain autour de 2.000 ans (avant JC) provoque des brûlures d'estomac.

Mais il y a eu des tentatives de simplement effacer de l'histoire le réchauffement du Moyen-Age (850-1300).
Les premier (1990) et deuxième (1995) Rapports d'évaluation du GIEC ont montré une période de réchauffement médiévale, plus chaude que la fin du XXe siècle, suivie d'un petit âge glaciaire. Il est connu qu'à la fois la période chaude médiévale et le Petit âge glaciaire ont été éliminés dans le Troisième rapport d'évaluation de 2001, à la suite de l'étude de Michael Mann, en 1999, sur les 1000 dernières années de climat.
Deux universitaires canadiens, Stephen McIntyre et le professeur Ross McKitrick, ont jugé trompeuses les données Mann. Le rapport Wegman, au Congrès américain en 2006, a confirmé leurs critiques comme valides et leurs arguments comme convaincants. Les lacunes dans le processus du GIEC ont reçu encore plus de publicité quand en 2009, des centaines de courriels ont été divulgués ou piratés, à partir du site de l'Université d'East Anglia, révélant des faits censurés, et des anomalies dans les preuves (ndt: climategate).
Le professeur Bob Carter énumère huit différentes études scientifiques récentes sur les "proxy data" (ndt: données reconstituées d'après l'étude d'un phénomène corrélé à ces données. Exemple, en paléoclimatologie, des températures de temps anciens estimées d'après la forme des anneaux concentriques d'arbres, ou encore le taux de CO2 d'après l'analyse des bulles contenues dans les carottes glaciaires, source) 2000-2008, comme la dendrochronologie (ndt: méthode scientifique permettant en particulier d'obtenir des datations de pièces de bois à l’année près en comptant et en analysant la morphologie des anneaux de croissance (ou cernes) des arbres. Elle permet également de reconstituer les changements climatiques et environnementaux, source), les méthodes de forage pour évaluer les températures, et les carottes profondes dans les glaciers, les lits des lacs et les fonds océaniques qui démontrent l'existence du réchauffement médiéval, avec des températures égales ou supérieures à celles d'aujourd'hui.
Particulièrement significative est l'étude de 2008 par Loehle et McCulloch, compilant dix-huit ans de relevés climatiques indirects de haute qualité.
Le Docteur Craig Idso a recueilli sur le dernier quart de siècle des documents de plus de 1000 scientifiques de 578 instituts de recherche dans 44 pays, fournissant des preuves par une multitude de méthodes empiriques qui, prises ensemble, établissent que la période médiévale de réchauffement a été bien réelle, a été un phénomène mondial, et a été plus chaude qu'aujourd'hui. Les documents, par comparaison relativement peu nombreux, qui s'opposent à ces preuves, sont écrits par un petit groupe bien soudé de modélisateurs informatiques.
Les données historiques sont tout aussi claires et parfois plus convaincantes, sur l'existence de temps anciens et plus chauds, suivi par un Petit Âge glaciaire, une vague de froid de 500 ans; deux périodes contrastées, où le niveau de dioxyde de carbone dans l'atmosphère n'a pas changé en dépit de températures grandement différentes dans le monde entier.

Brian Fagan est l'historien du climat le plus connu, auteur d'une série de livres, et éditeur de The Oxford Companion to Archéology. Il croit au réchauffement climatique d'origine anthropique du vingtième siècle, mais il n'a aucune difficulté à accepter l'évidence que dans la Période Médiévale chaude, les températures estivales étaient en moyenne de 0,7°C à 1,0°C au-dessus des moyennes du XXe siècle, tandis que les étés de l'Europe centrale étaient jusqu'à 1,4°C au-dessus.

Puisque les preuves du réchauffement médiéval augmentaient, certains partisans du AGW ont concédé son existence dans l'hémisphère nord mais ont contesté l'affirmation selon laquelle il s'est étendu vers le sud, en dépit des données d'Idso mentionnées plus haut.
Encore une fois, Brian Fagan a recueilli des preuves scientifiques, par des forages en haute mer, des échantillons de pollen, des anneaux d'arbres et des carottes de glace andines, et établi de façon concluante la réalité d'un réchauffement américain médiéval, dominé par de longues et catastrophiques sécheresses.

La poursuite de la domination de l'Occident dépend de l'interaction créative continue qui alimente la compétition: la friction, génératrice de vie, entre les différentes forces symbolisées par Athènes, Rome (laïque en l'occurrence), et Jérusalem.

Quoi que nos maîtres politiques puissent décider en cette marée haute d'endettement de l'Occident, il est de plus en plus improbable, en raison de la pression populaire, qu'ils imposent de nouvelles charges financières à leurs populations dans l'espoir de freiner la hausse des températures mondiales.

Les débats sur le réchauffement climatique d'origine anthropique ne peuvent être menés que par la reconnaissance et l'interprétation précises des preuves scientifiques. Les preuves des historiens sont également essentielles, car ce n'est pas simplement un problème mathématique, ce n'est pas de la science «pure».
Des conditions d'épisodes météorologiques extrêmes sont à prévoir, mais elles sont à chaque fois inattendues . Personne, vers la fin du réchauffement médiéval en Europe n'avait prévu la descente rapide vers le froid et l'humidité du petit âge glaciaire, par exemple, ou les vents glacés et les pluies diluviennes, qui ont conduit aux étés courts et aux terribles famines qui se sont développées de 1315 à 1320. Des surprises telles que celles-là continueront dans le futur.
Pour cette raison (entre autres) je soutiens la recommandation de Bjorn Lomborg et Bob Carter selon laquelle, plutôt que de dépenser de l'argent pour le respect du Protocole de Kyoto, qui produirait un effet négligeable sur la hausse des températures, l'argent devrait être utilisé pour élever le niveau de vie et réduire la vulnérabilité aux catastrophes et au changement climatique (dans un sens ou dans l'autre), afin d'aider les gens à mieux faire face aux défis futurs. Nous devons être en mesure de pouvoir fournir aux "Noé" de demain le meilleur de ce que la science et la technologie peuvent offrir.

En substance, c'est la dimension morale de cette question. Le coût des tentatives pour faire disparaître le réchauffement climatique sera très lourd. Il peut initialement peser sur «les gros pollueurs» mais il finira par rejaillir sur les utilisateurs de base. Les efforts pour compenser les effets sur les personnes vulnérables sont bien intentionnés, mais l'histoire nous dit qu'ils ne pourront jamais être que partiellement réussis.

Est-ce que les coûts et les perturbations se justifient par les avantages?

Avant que nous puissions donner une réponse, il y a quelques autres questions, scientifiques et économiques, qui doivent être posées par les gouvernements et ceux qui les conseillent. En tant que profane, dans les deux domaines, je ne prétends pas avoir des réponses claires mais certains autres, dans le débat, semblent ignorer les questions et s'appuyer davantage sur des suppositions.

Quelles sont ces questions?
Elles ont à voir avec la validité des hypothèses, et donc des conclusions du GIEC et, surtout, le rapport entre coûts et avantages en termes monétaires et humaines.
En d'autres termes, nous devons être sûr que les solutions proposées sont valables, que les avantages sont réels et que le résultat final justifie les impositions sur la communauté, particulièrement les plus vulnérables.
Vous devinez ce que j'ai des inquiètudes sur les trois fronts.
Parfois, les gens très savants et intelligents peuvent être insensés, surtout quand ils sont saisis par une cause apparemment bonne. Ma requête, c'est le sens commun, et davantage des ce que les médiévaux , après Aristote, appelaient la prudence, l'une des quatre vertus cardinales, la «recta ratio agibilium» ou la raison droite en faisant des choses.
Nous pourrions appeler cela une analyse coût-bénéfice, où les coûts et les avantages sont définis financièrement et moralement (ou humainement) et leur niveau de probabilité soigneusement estimé.
Y a-t-il des avantages à long terme aux projets de lutte contre le réchauffement climatique, en dehors de recettes fiscales supplémentaires pour les gouvernements et de revenus pour ceux qui conçoivent et mettent en œuvre ces projets? Les charges seront-elles partagées par tous, ou retomberont-elles principalement sur les épaules de ceux qui doivent se battre, les pauvres? Une autre maxime latine utile est «in dubio non agitur»: dans le doute n'agis pas. Il ne s'agit pas du principe de précaution, seulement les critères permettant d'évaluer quelles actions sont prudentes.

Quand Galilée a été mis en résidence surveillée, principalement en raison de son allégation selon laquelle la Terre tournait autour du soleil, on dit qu'il a murmuré « Eppur' si muove » - 'et pourtant, elle tourne'.
Pour Galilée comme pour nous, ce qui vaut, c'est la preuve, et pas un consensus, quels que soient les niveaux de confusion ou de coercition auto-intéressée.

Avant tout, nous avons besoin d'explications scientifiques adéquates comme base de nos estimations économiques. Nous avons également besoin de l'histoire, de la philosophie, et même de la théologie, et beaucoup vont utiliser, peut-être même créer, des mythologies. Mais le plus important, c'est de distinguer quoi est quoi.

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Note:

-> Outre ses qualifications ecclésiastiques le cardinal Pell a un diplôme en éducation de la Monash University de Melbourne, et un doctorat en Histoire de l'Église à Oxford. Son article complet en anglais, avec les notes peut être trouvé ici.




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