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La voix du Pape


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Pour une vraie théologie catholique

Discours aux membres de la Commission théologique internationale, 2 décembre 2011 (3/12/2011)

[Il suffit de consulter cette page (novembre) et celle-là (décembre) pour constater à quel point, en cette fin d'année, l'agenda est chargé, les rencontres se multiplient, et avec elles, les discours. Qui osera encore dire que les engagements du Saint-Père ont été "allégés" pour le ménager ?]

En ce début d'Avent, le Pape rappelle que le théologien est avant tout quelqu'un qui est dans l'attente de la venue du Christ. Et aussi, que toutes les religions monothéistes ne se valent pas: "le monothéisme trinitaire est la vraie source de la paix personnelle et universelle". Il met en garde: le seul contexte dans lequel le croyant peut être en pleine communion avec le Christ est l'Eglise et sa tradition vivante.

Texte en italien.
Ma traduction.



Monsieur le Cardinal
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Illustres professeurs,
Chers collaborateurs!

C'est pour moi une grande joie de vous accueillir à la fin de la session plénière annuelle de la Commission Théologique Internationale. Je tiens à exprimer ma gratitude pour les paroles que Monsieur le cardinal William Levada, en tant que président de la Commission, a voulu m'adresser en votre nom à tous.

Les travaux de cette session ont coïncidé cette année avec la première semaine de l'Avent, occasion qui nous rappelle combien chaque théologien est appelé à être homme de l'Avent, témoin de l'attente vigilante, qui éclaire les chemins de l'intelligence avec la Parole qui s'est faite chair. Nous pouvons dire que la connaissance du vrai Dieu tend et se nourrit en permanence de cette «heure», qui nous est inconnue, où le Seigneur reviendra. Tenir éveillée la vigilance et raviver l'espérance de l'attente ne sont pas, par conséquent, une tâche secondaire pour une pensée théologique correcte, qui trouve sa raison dans la Personne de Celui qui vient à notre rencontre et illumine notre connaissance du salut.

Aujourd'hui, je me réjouis de réfléchir brièvement avec vous sur les trois thèmes que la Commission théologique internationale étudie ces dernières années.

Le premier, comme cela a été dit, concerne la question fondamentale pour toute réflexion théologique: la question de Dieu et en particulier la compréhension du monothéisme. A partir de cette vaste perspective doctrinale, vous avez également travaillé sur un thème de caractère ecclésial: le sens de la doctrine sociale de l'Eglise, accordant ensuite une attention particulière à un sujet qui aujourd'hui est d'une grande actualité pour la pensée théologique sur Dieu: la question du 'status' même de la théologie aujourd'hui, dans ses perspectives, dans ses principes et dans ses critères.

Derrière la profession de la foi chrétienne en un Dieu unique, on trouve la profession de foi quotidienne du peuple d'Israël: «Écoute, Israël: le Seigneur est notre Dieu, Dieu seul est le Seigneur» ( Dt 6,4). L'accomplissement inouï de la libre disposition de l'amour de Dieu envers tous les hommes s'est réalisé dans l'Incarnation du Fils en Jésus-Christ. Dans cette révélation de l'intimité de Dieu et de la profondeur de son lien d'amour avec l'homme, le monothéisme du Dieu unique s'est illuminé d'une lumière complémentaire toute nouvelle: la lumière de la Trinité. Et dans le mystère de la Trinité s'illumine aussi la fraternité entre les hommes. La théologie chrétienne, en même temps que la vie des croyants, doit restituer l'heureuse et cristalline évidence de l'impact sur notre communauté de la révélation trinitaire. Bien que les conflits ethniques et religieux dans le monde, rendent plus difficile à accepter la singularité de la pensée chrétienne de Dieu, et de l'humanisme qui s'en inspire, les hommes peuvent reconnaître dans le nom de Jésus-Christ, la vérité de Dieu le Père vers laquelle le Saint-Esprit sollicite chaque gémissement de la créature (cf. Rm 8). La théologie, dans un dialogue fécond avec la philosophie, peut aider les croyants à prendre conscience et à témoigner que le monothéisme trinitaire nous montre le vrai visage de Dieu, et ce monothéisme n'est pas source de violence, mais est force de paix personnelle et universelle.

Le point de départ de toute théologie chrétienne est l'acceptation de cette révélation divine: l'accueil personnel du Verbe fait chair, l'écoute de la Parole de Dieu dans l'Écriture.
Sur cette base, la théologie aide l'intelligence croyante de la foi, et sa transmission. Toute l'histoire de l'Église montre cependant que la reconnaissance du point de départ n'est pas suffisant pour atteindre l'unité dans la foi. Chaque lecture de la Bible se place nécessairement dans un contexte donné de lecture, et le seul contexte dans lequel le croyant peut être en pleine communion avec le Christ est l'Eglise et sa tradition vivante. Nous devons toujours vivre à nouveau l'expérience des premiers disciples, qui «étaient persévérants dans l'enseignement des apôtres et dans la communion, dans l'acte de rompre le pain et dans les prières» ( Actes 2:42). Dans cette perspective, la Commission a étudié les principes et les critères en vertu desquels une théologie peut être catholique, et a également réfléchi sur la contribution actuelle de la théologie. Il est important de rappeler que la théologie catholique, toujours attentive au lien entre foi et raison, a eu un rôle historique dans la naissance de l'Université. Une théologie vraiment catholique avec les deux mouvements, «intellectus quaerens fidem et fide quaerens intellectum» (l'intelligence a besoin de la foi, la foi a besoin de l'intelligence) , est aujourd'hui plus que jamais nécessaire pour rendre possible une symphonie des science et éviter les dérives violentes d'une religiosité qui s'oppose à la raison et d'une raison qui s'oppose à la religion.

La Commission théologique étudie également la relation entre la doctrine sociale de l'Eglise et l'ensemble de la Doctrine chrétienne. L'engagement social de l'Eglise n'est pas simplement quelque chose d'humain, ni ne se résume à une théorie sociale. La transformation de la société opérée par les chrétiens à travers les siècles est une réponse à la venue dans le monde du Fils de Dieu: la splendeur de cette Vérité et de cette Charité illumine chaque culture et chaque société. Saint Jean affirme: «En cela, nous avons connu l'amour: dans le fait qu'il a donné sa vie pour nous; et donc, nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères» ( 1 Jn 3,16). Les disciples du Christ Rédempteur savent que sans l'attention à l'autre, le pardon, l'amour même des ennemis, aucune communauté humaine ne peut vivre en paix; et cela commence dans la première et fondamentale société qu'est la famille. Dans la nécessaire collaboration pour le bien commun, même avec ceux qui ne partagent pas notre foi, nous devons rendre présents les motifs religieux vrais et profonds de notre engagement social, tout comme nous nous attendons des autres qu'ils nous manifestent leurs motivations, de sorte que la collaboration se fasse dans la clarté. Ceux qui auront perçu les fondements de l'agir social des chrétiens, y trouveront également un stimulant pour prendre en considération la foi même en Jésus-Christ.

Chers amis, notre rencontre confirme de manière significative combien l'Église a besoin de la réflexion compétente et fidèle des théologiens sur le mystère du Dieu de Jésus-Christ et de son Église. Sans une réflexion théologique saine et vigoureuse, l'Église risquerait de ne pas exprimer pleinement l'harmonie entre foi et raison. Dans le même temps, sans le vécu fidèle de la communion avec l'Église et l'adhésion à son Magistère, comme espace vital de sa propre existence, la théologie ne permettrait pas de donner une raison suffisante du le don de la foi.

Portant, par votre entremise mes voeux et mes encouragement à tous les frères et sœurs théologiens dispersés dans les divers contextes ecclésiaux, j'invoque sur vous l'intercession de Marie, Reine de l'Avent et Mère du Verbe incarné, laquelle est pour nous, pour avoir gardé la Parole dans son cœur, paradigme de la théologie correcte, modèle sublime de la vraie connaissance du Fils de Dieu. Qu'Elle, l'étoile de l'espérance, guide et protége le précieux travail que vous accomplissez pour l'Eglise et au nom de l'Eglise. Avec ces sentiments de gratitude, je vous renouvelle ma Bénédiction apostolique.

La famille, chemin de l'Eglise La vraie lumière du monde