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Lettre à Madame P, spécialiste ès religion de Paris-Match (7/4/2012)

-> Article de PM
ici.

     



Madame,

Dans votre pauvre chronique hebdomadaire sur une station de radio que je préfère ne pas nommer cette fois pour ne pas lui faire une publicité indûe, vous évitiez soigneusement, ces temps-ci, de parler du Pape (sinon à travers quelques petites piques fielleuses mais imperceptibles aux auditeurs distraits, comme par exemple votre allusion à son "tourisme religieux": il faut dire que la dernière fois - cf. La "célèbre fenêtre" - , vous aviez "fait fort", pour parler familièrement, en faisant le récit de la Bénédiction Urbi et Orbi que vous situiez le 1er janvier, confondant le pupitre en plexiglas avec une vitre blindée.
Pas un mot, par exemple, sur son récent voyage apostolique. Ni sur la célébration des Rameaux.

Je commence à comprendre pourquoi.
Il a dû vous falloir beaucoup de temps pour compiler, puis assimiler - depuis Paris, car au vu de ce que vous écrivez, il m'étonnerait que vous ayiez mis récemment les pieds à Rome - et enfin filtrer et peaufiner tous les plus odieux ragots évoqués dans cette rubrique (Vatileaks ) pour en faire un "article" (je me limite aux guillemets, pour ne pas avoir à utiliser un terme plus désobligeant, et qui serait déplacé ici) dans le dernier numéro de Paris-Match, sous le titre impensable "Fin de règne".
Brodant sans vergogne autour de quelques faits, quand certains ont été démentis depuis, et d'autres sont carrément faux: on reconnaît trop bien tous vos tics d'écriture, votre abus d'adjectifs et d'adverbes souvent redondants, votre style sirupeux (1) plein de fanfreluches, où les faits (ou plutôt leur absence) sont noyés sous des détails sans intérêt.
Depuis que vous avez soumis à plusieurs cardinaux une liste de questions qui feraient passer un quizz dans Télé 7 jours pour un article de la revue Esprit, et en avez fait un livre dont la publication n'est dûe qu'à votre introduction dans les milieux ad hoc, vous vous piquez de géopolitique de l'Eglise et vous prenez pour une faiseuse de Pape.

Non contente de cela (et ce n'est pas la première fois), vous vous autorisez des hypothèses révoltantes sur la santé du Saint-Père. Toutes relèvent de la violation de la vie privée, voire de la diffamation: il est absolument exclu que vous ayiez recueilli de quiconque de l'entourage de Benoît XVI la moindre information sur ce sujet. Mais vous savez que vous ne risquez rien, ce n'est pas le "Vatican" qui publiera un démenti, ou vous traînera en justice, comme d'autres n'hésiteraient pas à le faire. Alors, pourquoi vous gêner?

Merci, donc, pour ce cadeau pascal de Paris-Match, du groupe Lagardère, aux catholiques français!
Vous avez réussi à me gâcher ma journée, et je regrette de céder à la colère: je sais bien que c'est manquer à la charité chrétienne, surtout en cette veille de Pâques, mais ... "nobody's perfect". Je suis incapable de laisser passer sans réagir.

Je doute que vous lisiez cette lettre. Mais je vous pose quand même cette question, au cas où: ne vous reste-t-il rien de votre éducation catholique? Ou bien avez-vous des comptes à régler? Et surtout: n'avez-vous pas - même un tout petit peu - honte de ce que vous faites? Ne serait-ce que du point de vue de la déontologie professionnelle.
A moins que "vous ne sachiez pas ce que vous faites", justement.

Extraits

(1) [Mes commentaires en italique]

(...) à la veille de son 85e anniversaire, le 16 avril, il ne semble guère irrespectueux d’oser évoquer, selon les termes consacrés, la succession du Pape en cas de vacance du siège apostolique. De plus, d’aucuns murmurent « sotto voce » que le vieil homme aurait un cancer, d’où cet amalgame avec une mort certaine avant la fin de l’année. Quant aux moins pessimistes, ils confient qu’il a, en tout cas, une arythmie complète, c’est-à-dire des palpitations cardiaques entraînant essoufflement et fatigue chronique, baisse de tension, et expliquant sans doute sa vive anxiété à la veille des voyages (d'où sort-elle cette contre-vérité, alors que tous ceux qui l'observent notent sa sérénité), qu’il a limités à une demi-douzaine par an (c'est déjà pas mal!). Au Mexique, on l’a vu pour la première fois descendre de l’avion en s’appuyant sur une canne (n'importe quoi!!). Il serait soumis à un traitement anticoagulant par les antivitamines K pour éviter les trhomboses. Des nouvelles qui aiguisent le goût du pouvoir (!!!) et ont ouvertement lancé la guerre de succession, jusque-là feutrée, que se livrent avec un savoir-faire extrême quelques personnages clés, le Lombard Angelo Scola, 71 ans, le Hongrois Peter Erdö, 59 ans, et le Canadien Marc Ouellet, 67 ans, brillants intellectuels (c'est vrai, surtout à côté d'elle!) et polyglottes.
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Un Vatican au rayonnement mondial et au poids diplomatique évident, d’où l’indignation du corps cardinalice dont près des deux tiers étaient à Rome en février dernier pour la création des 22 nouveaux cardinaux ... dans un contexte des plus polémiques: il n’y avait parmi ces promus aucun Africain et un seul Sud-Américain.
En effet, dans son insondable logique, influencé aussi par son cardinal secrétaire d’Etat ­Tarcisio Bertone, le chef de l’Eglise universelle a d’abord privilégié les Européens... Un arbitrage suscitant des sentiments de frustration et d’injustice, et une inévitable rivalité entre les très nombreux Italiens. Cela a rendu Bertone toujours plus impopulaire.
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Joseph Ratzinger, d’abord plongé dans l’écriture de ses ouvrages et de ses homélies, qui aime donner du silence au temps, est-il sans doute surtout rassuré par un entourage familier. C’est pourquoi il reste imperméable aux impitoyables critiques sur son fidèle cardinal Bertone, 77 ans, auquel on reproche son peu de caractère, ses faibles compétences internationales (et les succès diplomatiques indéniables, dont celui à Cuba?), lui qui ne parle qu’italien (mais c'est faux!!! le cardinal l'a lui-même expliqué, il parle couramment le français, l'espagnol, l'allemand, mais pas l'anglais), et aussi d’avoir créé son « petit parti » à l’intérieur de la curie. Malgré cela, le Pape protège ce Piémontais qui est son bras droit depuis son élection du 19 avril 2005 (faux!). ... Lorsqu’en avril 2009, en visite à Castel Gandolfo, l’aristocratique archevêque de Vienne Christoph Schönborn et les Italiens Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, et Camillo Ruini, à l’époque vicaire général de Rome, avaient tenté d’alerter le Saint-Père sur les multiples lacunes de son proche collaborateur et de souligner sa mauvaise gouvernance, le Pape n’avait guère écouté (c'est vrai que le Saint-Père est bien connu pour être un homme qui n'écoute pas). Depuis, le malaise s’est étendu et le Sacré Collège semble déstabilisé. Une situation dont apparemment trois personnages imposants (!!) tirent subtilement (!!) profit au cœur de ce sénat qui, le jour venu, choisira le 266e pape. Digne assemblée de 125 électeurs pour l’heure, dont 30 Italiens, soit quasiment un quart d’entre eux, et ­combien de « papabili » ? Le mot n’est plus tabou.

Et, pour couronner le tout, les hautes relations de la concierge (qui doivent bien se moquer d'elle, si tant est qu'elle les ait vraiment rencontrés, ce dont je doute). C'est la note d'humour:

D’ailleurs, un des très informés cardinaux à qui je demandais si Angelo Scola avait ses chances m’a répondu : « Le fait qu’on parle si souvent de lui peut produire un effet contraire... Et un vieux dicton latin (heureusement pour elle que le ridicule ne tue pas! ni la fausse culture!!) prétend que “qui entre Pape au conclave en sort cardinal”. » J’ai alors insisté : « Est-il carbonisé par les récentes déclarations du cardinal Romeo ? » Il a d’abord feint de ne pas comprendre (!!), puis m’a juste répliqué : « C’est cela. »

En conclusion:

Loin des réalités mais quand même lucide sur la nature de certains de ses Princes de l’Eglise, Benoît XVI leur a récemment rappelé : « Il n’est pas facile d’entrer dans la logique de l’Evangile et de laisser celle du pouvoir et de la gloire. » Un discours qu’ils comprennent, bien sûr, même s’ils ne font pas toujours preuve d’humilité. Car s’ils ne croient plus vraiment en celui qui les gouverne, ils croient tous en Dieu.

Echantillon du style pigozzesque

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