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Le manifeste de la culture de mort

Et le terrifiant matraquage de l'idéologie mondialiste, à travers une fiction récréative: le dernier roman de Dan Brown, "Inferno", déjà paru en Italie, percé à jour par Massimo Introvigne (20/5/2013)

Massimo Introvigne avait déjà "percé à jour" les vilaines intentions cachées dans le précédent roman de Dan Brown, "Le symbole perdu".
Cf. Les origines maçonniques de l'Amérique (benoit-et-moi.fr/2009/..)

Lu sur le web

C'est le best-seller le plus attendu de l'année. Quatre ans après Le symbole perdu (1), écoulé à 30 millions de copies dans le monde, Dan Brown revient avec un sixième roman, intitulé "Inferno". Cette nouvelle enquête du professeur Robert Langdon, héros du Da Vinci Code et d'Anges & Démons et professeur de symbologie à Harvard, décryptera les mystères cachés dans "L'Enfer" de Dante.
Au menu : un nouveau jeu de piste haletant à Florence, des rebondissements en pagaille, une nouvelle partenaire prénommée Sienna Brooks pour Langdon et un combat entre bien et mal inspiré par La divine comédie. Déjà sorti au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Amérique du Nord, en tête des commandes sur Amazon, l'ouvrage est décrit par les critiques comme un "page turner" qui ne raflera aucun prix littéraire en fin de saison.

Le public français devra lui attendre le 23 mai pour pouvoir s'arracher ce nouveau pavé de 565 pages qui sera tiré à 600 000 exemplaires. À l'occasion des dix ans du Da Vinci Code, son éditeur français JC Lattès présente d'ailleurs une nouvelle édition poche du roman vendu à 86 millions d'exemplaires, contenant le prologue et le premier chapitre d'Inferno, en exclusivité pour les plus impatients.

     

Le manifeste de la culture de mort
Massimo Introvigne
17/05/2013
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-il-manifesto-per-la-cultura-della-morte-6476.htm

«Le Vatican me déteste» affirme à un moment dans "Inferno", le nouveau roman de Dan Brown, le Dr Elizabeth Sinskey, directrice de l'Organisation mondiale de la santé et sainte laïque de l'histoire. «Vous aussi? Je pensais que j'étais le seul», répond Robert Langdon, le professeur de symbologie de Harvard, déjà protagoniste des romans précédents, «Anges et démons», «Da Vinci Code» et «Le symbole perdu», qui joue toujours son rôle de porte-parole des idées de Dan Brown.

L'aversion pour le «Vatican», c'est-à-dire pour l'Eglise catholique, est le fil rouge qui réunit les romans de Dan Brown. Dans «Anges et Démons» - écrit avant «Da Vinci Code», même s'il a été traduit après - on découvre que l'Eglise est depuis des siècles ennemie de la science. Dans «Da Vinci Code», Brown tente de détruire le fondement même du christianisme, révélant que Jésus était marié à Marie-Madeleine, ne pensait pas être Dieu et n'avait pas l'intention de fonder l'Église. Dans «Le symbole perdu» le romancier américain ajoute que la traditionnelle rivale de l'Eglise, la francs-maçonnerie, est une organisation beaucoup plus sympathique, éclairée et amie du progrès. Cette fois-ci ... et là je dois demander au lecteur qui souhaite se laisser surprendre par les rebondissements de Brown d'arrêter de lire cet article parce que - même sans aller trop dans les détails - pour illustrer l'idéologie qui préside à «Inferno», il est nécessaire de dire quelque chose de l'intrigue.

Cette fois, Langdon - qui au début du roman a perdu la mémoire et se trouve dans un lit d'hôpital à Florence - est engagé dans une course contre la montre pour éviter une pandémie, une épidémie mondiale déclenchée - avant de se suicider - par le scientifique suisse Bertrand Zobrist. Le scientifique, un biochimiste célèbre, fait partie d'une aile extrême du transhumanisme (ndt: http://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme), un mouvement qui existe réellement, dont on trouve les origines chez le biologiste Julian Huxley (1887-1975), qui se bat pour la transformation de la nature humaine en une réalité de niveau physiquement et intellectuellement supérieure grâce à l'utilisation sans limite du génie génétique. Dans le roman, Zobrist est convaincu que les objectifs du transhumanisme ne peuvent être atteints, car il y faudrait beaucoup de temps et dans le même temps, l'humanité sera anéantie par la croissance démographique. Comme l'explique une autre scientifique à Langdon, «La fin de notre espèce est à notre porte. Elle ne sera pas causée par le feu, ni le soufre, ni l'apocalypse ou une guerre nucléaire ... L'effondrement global sera causé par le nombre d'habitants de la planète. Les mathématiques ne mentent pas».

Zobrist a donc pensé à une solution drastique. Il a caché dans l'eau, dans un lieu très fréquenté, un sac hydro-soluble qui quelques jours après que Langdon soit entré en scène, s'ouvrira et libérera un virus capable de se répandre rapidement à travers le monde, résolvant radicalement le problème de la surpopulation. Aidé par l'inévitable belle dame - il y en a une nouvelle dans chaque roman - dont il finira par tomber amoureux, Langdon se met donc à la recherche du sac mortel.
Il déchiffre les indices laissés par Zobrist lui-même, amoureux passionné de «L'Enfer» de Dante Alighieri (1265-1321), faisant allusion à la "Divine Comédie", au peintre et historien d'art de la Renaissance Giorgio Vasari (1511-1574) [ndt: voir tinyurl.com/ltt3734] et à l'astucieux et controversé Doge vénitien Enrico Dandolo (1107-1205), qui le mènent de Florence à Venise et de Venise à Istanbul. Pourquoi Zobrist - s'il voulait vraiment que le sac ne soit pas découvert - a laissé des indices que l'expert en symboles peut déchiffrer assez facilement, n'est pas vraiment expliqué.

Mais le passionné de Dan Brown trouvera malgré tout ce qu'il recherche: des courses poursuite à couper le souffle dans presque tous les chapitres, car avec Langdon courent pour trouver le sac - sans que l'on comprenne tout de suite qui travaille pour qui, qui fait semblant, qui joue un double jeu - les agents de l'Organisation mondiale de la santé, menés par le Dr Sinskey, ceux du «Consortium», une société privée de «contractors» - Brown affirme qu'elle existe vraiment, il n'a changé que le nom - disposée à faire n'importe quoi pour le plus offrant, et les disciples Transhumanistes de Zobrist, lesquels souhaitent faire en sorte, après le suicide de leur maître, que son plan se concrétise quand même.

Non sans un nouvel avertissement à sauter au moins ce paragraphe pour ceux qui veulent lire le roman et être surpris par le final - qui toutefois est essentiel pour comprendre les aspects idéologiques - je mentionnerai seulement que Langdon, pour une fois, échoue. Quand il arrive à l'endroit où est caché le sac, celui-ci est déjà ouvert, et le virus a désormais rapidement infecté presque tous les habitants de la Terre. Mais ce n'est pas un virus qui tue. Il rend stérile, mais dans certains cas, l'organisme réussit à se défendre de sorte que cette stérilisation forcée, inconsciente et transmissible aux générations futures, ne touche qu'un tiers des habitants de la Terre. Et à la fin Langdon, sa belle et le Dr. Sinskey elle-même se rendent compte que Zobrist utilisait effectivement des méthodes douteuses et même criminelles, mais ses buts étaient justes: mieux vaut ne pas chercher d'antidote et laisser les choses comme elles sont. Peut-être Dante lui-même l'aurait-il apprécié, dont le message «ne concernait pas tant les tourments de l'enfer que la force de l'esprit humain à faire face à n'importe quel défi, même le plus terrible». Cette «sécularisation» de Dante, qui ignore le profond catholicisme du poète, a une longue tradition dans le monde ésotérique, mais elle est totalement infondée.

Dans l'épilogue du roman, Langdon médite sur le fait que le «péché» existe, mais n'est pas celui mentionné par l'Eglise catholique. Il s'agit de la «négation» (denial), une «pandémie mondiale», qui fait que nous essayons de ne pas penser à la bombe à retardement de la surpopulation mondiale qui va certainement détruire l'humanité, nous distrayant et détournant notre attention sur d'autres problèmes, tous en réalité moins urgents.
L'Eglise catholique est la principale responsable de ce «péché» universel. Elle s'oppose à la stérilisation de masse - dont le virus du roman est une métaphore évidente - et à la «large diffusion de la contraception», en particulier en Afrique. Le Dr. Sinskey explique que le Pape et les évêques «ont dépensé énormément d'argent et d'efforts pour endoctriner les pays du tiers monde et les amener à croire que la contraception est mauvaise» (ndt: on comprend encore mieux la haine frénétique qui avait accueilli les propos de Benoît XVI sur le préservatif!!). «Qui mieux qu'un petit groupe d'octogénaires célibataires peut expliquer au monde comment on a des relations sexuelles?» répond Langdon, avec la haine anti-catholique habituelle. Et, dans un échange avec Zobrist, Sinskey se vante du fait que l'Organisation mondiale de la santé a «dépensé des millions de dollars pour envoyer des médecins en Afrique afin de distribuer gratuitement des préservatifs». Cela ne sert à rien, répond Zobrist: «après vous, une armée encore plus nombreuse de catholiques s'est précipitée pour avertir les Africains que s'ils utilisaient des préservatifs, ils finiraient en enfer». Heureusement que Bill Gates, propriétaire de Microsoft, et son épouse Melinda y ont pensé - pour avoir «courageusement défié les foudres de l'Eglise mériteraient d'être canonisés» - qui ont donné 560 millions de dollars pour favoriser l'accès au contrôle des naissances dans le monde». Mais même cet effort est venu trop tard.

En refermant le roman, on est perplexe. Brown ne peut pas ne pas savoir que l'explosion démographique est un mythe, un «cheval mort» - pour utiliser une expression américaine - détruit par de nombreuses études statistiques qui montrent combien le monde souffre précisément du contraire de la surpopulation. L'Europe et la Russie ont trop peu de naissances, et non pas trop, et les jeunes sont déjà devenus trop peu nombreux pour maintenir des niveaux adéquats de production, de consommation et de contribution à la retraite en faveur de ceux qui ont cessé de travailler.

La Banque mondiale prédit que la Chine aura à brève échéance le même problème. L'Afrique elle-même pourrait maintenir une population bien au-dessus de l'actuelle, avec une répartition des ressources meilleure et plus rationnelle. À une époque où tous, depuis de grands économistes jusqu'à Poutine, redoutent plutôt le «suicide démographique» évoquée par le bienheureux Jean-Paul II, il semble paradoxal que Brown vienne fouetter le cheval mort de la surpopulation, reprenant un vieux mythe qui semblait même avoir sombré dans le ridicule. Qui prend au sérieux aujourd'hui le Club de Rome, qui en 1970 prévoyait autour de l'an 2000 des guerres mondiales pour le contrôle des ressources agricoles qui seraient venues à manquer en raison de l'augmentation de la population?

Mais Brown n'est pas le seul. Rien que chez nous, Marco Pannella, Dario Fo, Eugenio Scalfari - sans parler de Gianroberto Casaleggio, le véritable chef du mouvement de Beppe Grillo, qui considère lui aussi comme nécessaire de réduire de 7 milliards à un milliard le nombre des habitants actuels de la terre pour leur assurer un avenir radieux à cinq étoiles (ndt: le nom du mouvement de Grillo) - ont essayé de faire revivre ces dernières années, dans un chœur unanime et suspect les vieux mythes de la surpopulation. Nostalgie de leur jeunesse? Non, il y a une raison à ce retour à des mythes discrédités. Il s'agit de faire de la propagande pour la stérilisation forcée, l'avortement, l'euthanasie et aussi pour la dernière abomination, l'infanticide des enfants déjà nés - et rescapés de l'avortement - dont on craint les maladies graves, déguisé sous le nom hypocrite d'«avortement post-natal» et pour lequel on a déjà commencé à battre la grosse caisse.

Le virus du Dr Zobrist - malheureusement, dirait Brown - n'existe pas, c'est juste une invention d'un roman et il n'est pas possible de le mettre en circulation pour soumettre à la stérilisation forcée, sans pouvoir en aucune façon s'y opposer, un tiers de la population mondiale et ses descendants. Mais comme la «négation» et le fait de ne pas vouloir penser à l'inévitable et relativement imminente - cent ans tout au plus - fin de l'humanité en raison de la surpopulation est le seul véritable «péché», il est clair que quelque chose doit être fait. Maintenant: et, comme dans tous les romans de Dan Brown, on n'échappe pas à l'avertissement habituel sur la première page selon lequel toutes les références scientifiques «sont basées sur des faits réels». Ainsi, le livre se transforme en un manifeste pour ce que le bienheureux Jean-Paul II et le Pape Benoît XVI ont appelé la culture de mort: la culture dse «desseins de mort» évoquée par le Pape François à la messe d'inauguration de son pontificat. Si un virus qui rend beaucoup de gens stériles n'est pas disponible, il ne reste qu'à lutter contre les naissances par d'autres moyens. Et favoriser les morts: Langdon rappelle qu'«aux Etats-Unis environ soixante pour cent des coûts des soins de santé est utilisé pour traiter les patients pendant les six derniers mois de la vie». «Notre cerveau comprend que c'est de la folie», lui répond sa compagne.