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Jorge Mario Bergoglio entré pape au Conclave?

Une reconstruction (très crédible) de Marco Tosatti (26/4/2014, mise à jour le 27)

>>> Voir la série d'articles sur l'interviewe de Marco Tosatti par Antonio Mastino: (I), (II) (III)
>>> Sur ce sujet, voir aussi cet article du même Marco Tosatti pour le premier anniversaire de l'élection de François: Anniversaire d'une élection (2)

     

Ce n'était donc pas (seulement) l'Esprit Saint...

Les Lombards au IIème conclave

Marco Tosatti
23/4/2014
http://www.lastampa.it
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A un an de l'élection de Jorge Mario Bergoglio, en rencontrant certains des protagonistes du Conclave, et surtout des mois qui l'ont précédé, on arrive à rassembler quelques pièces du puzzle de cette période extraordinaire. Qui aident à reconstruire le climat et les événements.
Et il apparaît qu'avec le recul, il y a pas mal de cardinaux qui sont de plus en plus convaincus qu'en réalité, le cardinal argentin est entré déjà pape dans la chapelle Sixtine. Et que le reste a été en grande partie du théâtre, comme - disent-ils - cela se passe dans ces cas.

Une des pièces importantes a été, apparemment, un dîner.
Y ont participé, au Vatican, dans l'appartement d'un cardinal lombard (Tettamanzi?), plusieurs cardinaux de cette aire géographique et ecclésiale particulière; et l'invitation a été étendue à un cardinal français de grand prestige vivant à Rome (Poupard? Tauran?) [1].

Les Lombards ont convenu d'exclure que le prochain pape puisse être italien. En partie en réponse à une timide suggestion faite dans les semaines précédentes. Quelqu'un - je ne sais pas qui - avait émis l'idée: peut-être faudrait-il un italien après deux étrangers, et puis quand le tiers monde aura quelque chose de spécial .... Au contraire, les participants au dîner se sont dits unanimes à rejeter l'hypothèse italienne. Surtout, d'après nous, et même si des noms n'ont pas été prononcés, pour éviter le danger Scola. C'était l'époque où l'archevêque de Milan semblait avoir une chance sérieuse d'être candidat. Et en effet, en regardant le tableau des cardinaux italiens, seul Scola semblait être un candidat plausible.
Depuis ce dîner l'idée s'est répandue, impliquant les cardinaux qui en 2005 étaient contre l'hypothèse Benoît, s'élargissant à l'aire piémontaise, croisant l'onde sud-américaine mise en mouvement par le cardinal Hummes, et recueillant d'autres consentements, y compris celui du cardinal Bertone.

Une autre pièce, toute petite, mais importante, est un autre - ou peut-être deux - dîners.
Commensaux, Jorge Mario Bergoglio, Beniamino Stella (alors Recteur de l'Académie, l'école des diplomates, et aujourd'hui Préfet de la Congrégation pour le Clergé) et le responsable de la section espagnole de la Secrétairerie d'Etat, Mgr Fernando Chica Arellano. Mgr Chica est également adjoint de l'Académie, il a été secrétaire du Nonce Stella en Colombie.
Un dîner où le cardinal argentin, le futur pape a été informé des profils personnels et ecclésiaux des Préfets et des Secrétaires des Congrégations romaines. Elémentaires utiles à connaître avant d'entrer en conclave.

Mise à jour (27 avril)

[1] Monique me fait observer que ce cardinal français pourrait être le cardinal Etchegaray.

Bien que très vieux (92 ans) et donc non éligible, il a pris part aux congrégations générales comme tous les cardinaux "jeunes" ou vieux et il me semble bien qu'il y a pris la parole. Je crois qu'il a encore beaucoup d'influence. Je suis tombée sur un article qui montre qu'il vit bien à Rome, au Trastevere (au palais ST Calixte qui appartient au Vatican): ce qui lui permet de réunir chez lui des collègues...
Par certains indices discrets (ce n'est pas un homme méchant comme Kasper), il a montré qu'il n'aimait pas Joseph Ratzinger, qui le concurrençait dans son influence auprès de Jean-Paul II. Ce qui n'a pas empêché Saint Benoît XVI d'aller le voir après son agression par la folle de Noël.
Par ailleurs le cardinal Etchegaray vient de recevoir la Légion d'honneur du gouvernement français (qui doit le considérer comme un cardinal progressiste), avec d'autres évêques. S'ils avaient un peu d'honneur, ils refuseraient tous cette breloque mais je n'ai rien entendu de tel.
Bref, ce cardinal a bien le profil requis pour avoir poussé à l'élection de François... sans qu'on puisse être catégorique.

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Par ailleurs, Carlota commente:

L’article est peut-être crédible (ndlr: il est TRES crédible; Tosatti est un vaticaniste prestigieux, honnête et extrêmement bien informé, comme en témoigne l'intervewe accordée à Antonio Mastino rappelée plus haut). Mais il marque bien en tout cas combien nous nous trouvons dans une époque troublée et difficile, comme l’Église en a déjà beaucoup connues, même si nous l’avons un peu oublié (Pensons à la petite Eglise quand les grands royaumes wisigoths qui dominaient l’Occident étaient hérétiques ; pensons aux époques où le pape devait se réfugier dans une ville ou dans une autre et notamment en Avignon, etc.). Oui c’est possible qu’il y ait ces rencontres dont vous parlez comme je suis persuadée qu’il y en a eu du même genre pour d’autres conclaves dans les siècles passés. Cette fois cela a peut-être fonctionnée mais il y a eu peut-être aussi autre chose!

Si le cardinal Bergoglio a été ainsi « prépositionné », cela montrerait donc qu’il n’a pas été choisi parce qu’il était le meilleur d’entre les meilleurs de par ses qualités intrinsèques mais par rapport à des considérations d’ordres « géopolitiques » et « géo-stratégiques».

Peut-être bien qu’il faut répondre oui à ce scénario.
Mais il y a aussi des « créatures » qui échappent à leur maître… Et rien n’est écrit à l’avance.

Pour l’heure je me réjouis que le Pape émérite Benoît XVI soit présent pour la canonisation, car Jean-Paul II n’aurait pas pu faire tout ce qu’il a fait, s’il n’avait eu dans l’ombre un certain cardinal Ratzinger qui se retrouve de nouveau dans l’ombre d’un autre Pape, et je suis sûr que ce n’est pas pour rien.

Je me réjouis pour les très nombreux pèlerins qui sont à Rome ces jours-ci y soient avec ces « quatre » papes. Un évènement jamais vu et porteur d’enseignement (notamment un rappel de tout ce qu’ont dit, écrit et fait les papes canonisés et pas ce que les médias ou des secteurs opposés dans l’Eglise ont voulu retenir ou interpréter, pour diviser le Corps du Christ) mais aussi de beaucoup pour énormément de personnes.