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Scalfari n'en démord pas...

Le petit jeu entre le pape et Scalfari se poursuit (5/1/2014)

>>> benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/scalfari-se-defend.html

Je le prévoyais (pas besoin d'être grand clerc pour cela, c'est tellement humain) la semaine dernière.

Il est plus que jamais urgent de le faire cesser par une parole "super partes", car les niveaux d'autorité morale du Vicaire du Christ et du fondateur de la Repubblica, ne sont évidemment pas les mêmes, et il me semble qu'il ne serait pas très difficile de faire comprendre aux lecteurs de Scalfari (à défaut de lui-même) que sur les sujets théologiques, il dit n'importe quoi, même si sa perception de François est loin d'être farfelue, comme quand il écrit:

Je pense, et je ne suis pas le seul, que c'est un pape révolutionnaire, comme on en n'avait pas vu depuis des siècles. Mais cela ne plaît pas à beaucoup et on comprend pourquoi. Réformiste, oui, tous les papes ont introduit des nouveautés et mis à jour l'Église avec le passage du temps; mais pas révolutionnaire; il dérange, il inquiète, il brise les traditions codifiées, les intérêts existants, les équilibres consolidés.

Le titre de son article fait référence au poème d'Alessandro Manzoni Il cinque Maggio (Le cinq mai), écrit en 1821 sur la mort de Napoléon à Sainte Hélène (par hasard, j'en ai parlé récemment ici: benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/la-conversion-de-napoleon)

     

Le Dieu qui afflige et celui qui console

www.repubblica.it/politica/2014/01/05/news/il_dio_che_affanna_e_che_consola_di_eugenio_scalfari
5 janvier 2014
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[Dans son éditorial dominical sur la Repubblica, le plus qu'octogénaire Scalfari s'émerveille qu'à son grand âge, il y ait encore tellement de sujets, d'actualité ou non, qui le passionnent et le fascinent. Il en dresse la liste. Au premier rang, évidemment, le Pape]

* * *

Je commence par le pape François. J'en ai déjà parlé plusieurs fois, mais chaque jour nous apporte une nouvelle surprise et même une nouvelle controverse, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église.

Je pense, et je ne suis pas le seul, que c'est un pape révolutionnaire, comme on en n'avait pas vu depuis des siècles. Mais cela ne plaît pas à beaucoup et on comprend pourquoi. Réformiste, oui, tous les papes ont introduit des nouveautés et mis à jour l'Église avec le passage du temps; mais pas révolutionnaire; il dérange, il inquiète, il brise les traditions codifiées, les intérêts existants, les équilibres consolidés.

Alors, quelle est la vérité? François l'a répété plusieurs fois et dernièrement dans les discours de ces jours: l'Eglise ne peut pas se fermer sur elle-même, elle s'isolerait, elle mourrait. Elle doit au contraire s'ouvrir et la Papauté doit se convertir à une Église missionnaire qui n'est pas à la recherche de prosélytisme mais d'écoute, de confrontation, de dialogue avec les autres cultures. «Ne frappez pas avec le bâton, mais par la prédication du bien, avec douceur». Il a dit cela et beaucoup d'autres choses, à l'assemblée, où il s'est confronté (sic!) à Santa Maria Maggiore avec les chefs des ordres religieux masculins, et il l'a redit lors de la rencontre de vendredi dernier avec ses frères jésuites dans l'Eglise de Jésus.

Une polémique sur la question du péché a vu le jour et, selon certains de mes détracteurs, j'aurais soutenu que le pape l'a effectivement aboli. Je n'ai pas dit cela: un Pape catholique ne peut pas abolir le péché, il peut étendre à toutes les âmes la miséricorde divine jusqu'à la dernière minute d'une vie de péchés graves et répétés; mais à ce moment ultime, le pécheur se repent et il sera pardonné. Donc, le péché existe et exige le repentir.

Jusqu'à présent, nous sommes en pleine conformité avec la doctrine, le canon et aussi le Dieu mosaïque des commandements. Mais - c'est la nouveauté de François (ndt: bien entendu, ce n'est pas du tout une nouveauté de François, Benoît XVI n'a rien dit d'autre et, j'imagine, ses prédécesseurs, et c'est à travers ce mensonge flagrant que Scalfari doit être recadré par les décrypteurs du pape qui oeuvrent laborieusement à sa communication) - le Pape nous rappelle que l'homme a été créé libre. C'est lui qui décide de son comportement et c'est Dieu qui a l'a créé de cette façon. Quelle est la vérité révolutionnaire de cette reconnaissance? Non pas que l'homme choisit le mal parce que dans ce cas, il meurt damné, mais que l'homme choisit bien tel qu'il se le représente (ndt: il n'y a donc plus de mal, mais l'interprétation de chaque individu!!). Il y a donc un canon de l'éthique dans ce choix. L'éthique occupe la première place dans toutes les religions, dans toutes les cultures, à toutes les époques, mais l'éthique est l'exigence la plus changeante d'homme à homme, de société à société, de temps et de lieu. Si la conscience est libre, et si l'homme ne choisit pas le mal, mais choisit le bien comme il l'entend, alors le péché de fait disparaît, et avec lui la punition.

Ce n'est pas une révolution? Comment voulez-vous l'appeler?
François, parmi les auteurs qu'il préfère, indique Manzoni.
Eh bien, relisez le poème sur la mort de Napoléon que l'auteur conclut ainsi, s'adressant à ses lecteurs:

Tu dalle stanche ceneri
sperdi ogni ria parola.
Il Dio che atterra e suscita
che affanna e che consola
sulla deserta coltrice
accanto a lui posò (1)

Napoléon, des péchés, il en avait commis, et pas de petits, on ne sache pas qu'il se soit repenti, mais malgré tout, selon Manzoni, la miséricorde de Dieu ne l'abandonne pas.

Je conclus sur ce point capital: la miséricorde va au-delà du repentir pour celui qui croit fermement en Dieu, qui , selon le Pape, a été créé libre.

Moi, en tant que non-croyant, je peux choisir la prédication de l'Évangile de Jésus, fils de l'homme. Mon péché de ne pas avoir la foi devrait être puni, mais je ne pense pas que François pense cela. Peut-être mes détracteurs font-ils une erreur de raisonnement, mais bien sûr, eux non plus ne seront pas punis.

* * *

(1) Maintenant de ces cendres fatiguées détourne toute parole amère; le Dieu qui précipite et relève, qui afflige et console, sur sa couche déserte, ce Dieu est descendu près de lui.
Traduction http://digidownload.libero.it/il_manzoni/translate_french/manzoni_le_cinq_mai.html ) .