Dangereuse dérive onusienne au Vatican

et dans la prédication bergoglienne. Que reste-t-il de l'annonce de la Bonne Nouvelle de l'Évangile? Un article de Riccardo Cascioli (10/6/2019)

>>> Image ci-contre: le Pape, Jefrey Sachs et Mgr Marcelo Sorondo

 
Dans tout cela, qu'est-il advenu de la prédication chrétienne traditionnelle qui consiste à proclamer Jésus-Christ comme l'unique Sauveur? C'est ce que se demandent de plus en plus les catholiques.

Le Vatican découvre une nouvelle mission: remplacer l'ONU


Riccardo Cascioli
Article paru le 19 juin dans Il Giornale
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Paix, sauvegarde de la planète, développement durable, nouveaux fondements pour l'économie, tels sont les piliers de l'action avec laquelle le Saint-Siège arrache l'initiative à l'ONU: les conférences des Académies Pontificales des Sciences et des Sciences Sociales, et du Dicastère pour le développement humain encouragent explicitement un agenda politique mondial, et les initiatives personnelles du Pape pour la paix et la fraternité humaine (Moyen-Orient, Sud Soudan, Islam) vont dans la même direction. Qu'est-il arrivé à la proclamation de Jésus-Christ comme unique Sauveur de l'homme?


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L'ONU a déménagé au Vatican ou, mieux encore, c'est le Vatican qui semble s'être lui-même chargé des tâches de l'ONU. Paix, sauvegarde de la planète, développement durable, nouveaux fondements pour l'économie, tels sont les piliers de cette action qui s'intensifie tant par l'action directe du Pape que par les deux principaux organes d'intervention en la matière: les Académies Pontificales des Sciences (PAS) et des Sciences Sociales (PASS), sous la direction de Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, et le Dicastère pour le Service du développement humain intégral, sous la direction du cardinal Peter Turkson.

Ces derniers mois ont vu proliférer les conférences internationales et les conférences au Vatican consacrées précisément à ces thèmes: de celles de septembre 2018 sur «Sécurité alimentaire et alimentation saine» (organisées par la PAS) et «Racisme et xénophobie» (organisées par le cardinal Turkson) à celles de novembre sur le changement climatique (PAS) et l'eau potable «bien de tous». (Turkson). Et puis encore, en mars dernier sur «Religions et développement durable» (Turkson) et le Sommet des syndicats et des industriels du secteur des transports (PAS), puis en mai sur la biodiversité et l'extinction des espèces (PAS), sans oublier l'assemblée plénière de l'Académie des sciences sociales consacrée à «Nation, état, nation-État», à laquelle le Pape François a consacré un long discours sous le signe du mondialisme.

Les conférences internationales au Vatican ne sont certes pas une nouveauté, pourrait-on objecter: mais au-delà de la multiplication de ces rendez-vous, la nouveauté existe bel et bien, et c'est le changement d'approche. En général, les conférences du Vatican, en particulier celles des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, étaient dans le passé un moment d'étude, de collecte d'informations, d'approfondissement de sujets scientifiques; dans certains cas, tous ces éléments ont permis de tirer quelques conclusions à la lumière de la doctrine sociale de l'Église. Aujourd'hui, ces conférences sont devenues un moment de promotion d'un agenda politique mondial qui trouve dans l'encyclique du Pape François Laudato Si et dans les Objectifs de Développement Durable signés à l'ONU (SDG selon l'acronyme en anglais) ses deux fondations. Par exemple, dans les conférences sur le changement climatique, tous les orateurs sont des orateurs à sens unique, évidemment prophètes de la catastrophe, et donc des scientifiques du calibre d'Antonino Zichichi et de Carlo Rubbia, par exemple, qui sont également membres de longue date de l'Académie pontificale des sciences, sont systématiquement ignorés.

Du reste, dans Laudato Si, le pape François assume explicitement la théorie du réchauffement climatique anthropique (c'est-à-dire causé par l'homme) comme s'il s'agissait d'un article de foi, et ces dernières années, de nombreux appels ont été lancés aux chefs d'État pour que d'abord ils approuvent et ensuite appliquent les accords climatiques de Paris (décembre 2015). Dans le même temps, dans les documents officiels quittant le Vatican, on utilise désormais presque exclusivement la terminologie des organes des Nations Unies. Un exemple classique en est la «Déclaration de Rome» approuvée il y a quelques jours, le 4 juin dernier, à l'issue du Sommet panaméricain des juges sur «Droits sociaux et doctrine franciscaine» (au sens du Pape François), organisé par l'Académie pontificale des sciences sociales. Le document, signé par le pape François lui-même, qui engage les juges à adopter des positions «fermes et courageuses» pour protéger les droits économiques, sociaux et environnementaux, est également un appel à tous les pays pour «atteindre les objectifs de développement durable de l'ONU, qui sont des engagements et des échéances spécifiques de notre génération pour se conformer à la Déclaration universelle des droits de l'homme et aux accords relatifs aux droits de l'homme». En outre, il est demandé d' «entreprendre des actions décisives pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat, qui sont vitaux pour la survie et le bien-être de l'humanité, en particulier pour les pauvres et les générations à venir».

Il y a de fait un renoncement aux concepts qui découlent de la Doctrine Sociale de l'Eglise pour s'aligner sur des concepts nés dans les milieux de l'ONU et qui sont très souvent plus qu'ambigus: l'exemple principal est celui du «développement durable» qui, à son origine, a une conception négative de l'homme et propose le contrôle des naissances; ce n'est pas un hasard si le Saint-Siège s'y est opposé de manière résolue dans les années quatre-vingt-dix.

Il semble presque que, face aux difficultés et à aux lenteurs de l'ONU à identifier les problèmes et à y remédier, le Saint-Siège ait pris la situation en main, en promouvant lui-même ce que l'ONU devrait éventuellement faire. Ce qui renforce cette impression, c'est l'enrôlement au Vatican de personnes liées de différentes manières aux agences de l'ONU et aux lobbies internationaux. Deux noms dominent: l'ex-économiste en chef de l'ONU Jeffrey Sachs, aujourd'hui incontournable à chaque rendez-vous de la PAS, et l'ex-vice-président de la Banque mondiale et conseiller économique de l'administration Clinton Joseph Stiglitz, qui a parrainé le mois dernier l'initiative "The Economy of Francis", une rencontre internationale de jeunes économistes qui aura lieu l'année prochaine à Assise [cf. Un Pape altermondialiste].

A ce travail de ses collaborateurs on doit ensuite ajouter les initiatives personnelles du Pape François, pas seulement les appels continus sur le changement climatique et les migrations. Lui-même se propose comme exemple de construction de la «fraternité universelle» [cf. François: Quelle fraternité?], concept sur lequel il a insisté depuis le début de son pontificat et qui a créé bien des ambiguïtés. Le conflit israélo-palestinien n'est pas résolu, après des décennies? Le Pape François convoque les présidents d'Israël et de Palestine au Vatican: cela s'est passé en 2014 et pour commémorer les 5 ans de ce sommet, le Pape François a demandé à tous dans le monde - catholiques et non-catholiques - pour hier à 13 heures «une minute pour la paix»: un moment de prière pour les croyants, un moment de réflexion pour les autres. Il n'y pas de paix au Sud-Soudan malgré l'indépendance obtenue il y a quelques années? Le Pape François appelle les deux leaders antagonistes au Vatican et les oblige à une retraite spirituelle de deux jours à la fin de laquelle il embrasse les pieds des deux leaders abasourdis. Le fondamentalisme et le terrorisme islamique sont un problème mondial? Le pape François se rend à Abu Dhabi et signe le document sur la fraternité humaine avec le grand imam de l'Université égyptienne al-Azhar.

Dans tout cela, qu'est-il advenu de la prédication chrétienne traditionnelle qui consiste à proclamer Jésus-Christ comme l'unique Sauveur? C'est ce que se demandent de plus en plus les catholiques.

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