Doléances d'un catholique (pour le moment) anonyme

- dans une lettre à AM Valli: "ce que nous voyons, c'est la tentative de révolutionner de l'intérieur la foi dans la Révélation chrétienne". (4/7/2019)

 
Beaucoup n'ont pas encore compris ce qui se passe dans cet État qui se dresse au milieu de Rome, tandis que beaucoup d'autres, par un sens de prudence mal compris et une authentique lâcheté, s'efforcent de ne pas comprendre.
Nous savons désormais qu'il ne sert à rien de réagir selon des procédures codifiées. Nous savons que les rappels et les appels, même lorsqu'ils émanent de personnes de grande autorité, sont à chaque fois ignorés ou ridiculisés.

Quand on veut révolutionner la foi
La plainte d'un "temporairement anonyme"


www.aldomariavalli.it
3 juillet 2019
Ma traduction

* * *

Je reçois une lettre d'un ami qui, comme il le dit, veut rester "temporairement anonyme".
C'est un intellectuel catholique bien connu, qui occupe des postes institutionnels et c'est aussi pour cette raison qu'il préfère ne pas se manifester.
Pourquoi maintenant? Parce que, explique-t-il, mon ami voit dans l'Instrumentum Laboris du synode amazonien et dans la perspective de la prochaine rencontre d'Assise en 2020 (cf. Un Pape altermondialiste ) «le dernier acte d'une attaque, menée de l'intérieur de l'Eglise, contre la Révélation et la Doctrine sociale de l'Eglise».

AMV

Dans ses Satires, le grand poète romain Horace (65-8 av. J.-C.) invita les dirigeants de l'époque à quitter Rome et à s'en aller dans quelque endroit du monde, pour corriger leurs moeurs corrompues. Je suis tenté d'adresser une invitation analogue aux représentants d'un État qui se trouve à l'intérieur de Rome et qui, à l'évidence, travaille à corrompre le catholicisme d'une manière progressive.

En deux mille ans d'histoire, des tentatives similaires, il y en a eu beaucoup. Mais jusqu'à il y a six ans, personne n'aurait pu imaginer que cette fois, l'attaque serait menée par les dirigeants de l'Église catholique. Et au contraire, c'est ce qui est arrivé. Ce que nous voyons, c'est la tentative de révolutionner de l'intérieur la foi dans la Révélation chrétienne.

C'est une question qui ne concerne pas que les catholiques. Parce que révolutionner ou nier le message de la Révélation entraînerait la destruction, avec la foi catholique, de toute une civilisation et de toute une culture, d'un certain type d'intelligence scientifique, économique et sociale. Cela signifierait la fin du droit et du respect de la dignité humaine.

Puisqu'il semble que les promoteurs, ou mieux, les idéologues, de cette révolution prévoient d'énormes avantages pour l'humanité entière, je voudrais essayer (pour l'instant anonymement) d'exposer les risques tout aussi énormes liés à cette tentative de révolutionner la foi vieille de deux mille ans dans la Révélation chrétienne.

Le premier risque est lié à la liberté d'inconscience et au passage immédiat à une forme plus modeste de protestantisme, une religion qui progressivement, mais inexorablement, nous obligerait tous à adopter une "pensée libre" de type nihiliste. On confondrait le bien avec le mal et on découvrirait vite que si faire le mal apporte plus d'avantages personnels, faire le bien ne convient évidemment à personne. Quand forniquer, tricher et mentir seront des actes moralement licites (et même approuvés par l'autorité morale), nous aurons une nouvelle forme de sainteté inversée, où les gens devront se repentir d'avoir fait le bien et aussi d'avoir professé une foi (désormais devenue hérésie) d'une manière intégrale et traditionnelle. Et la fidélité intégrale, du type traditionnel, conduira à l'excommunication, ou quelque chose de semblable. La conséquence de la révolution, acceptée aussi dans le système juridique, sera le refus de l'éducation à la pratique des (ex-)vertus, telles que la justice et l'honneur, au motif qu'une telle pratique perturberait l'âme de ceux qui ne reconnaissent pas ces vertus.

Il ne faut pas non plus sous-estimer l'explosion presque certaine d'un fanatisme qui sera porté à identifier en ceux qui sont restés fidèles à la foi et aux vertus anciennes les vestiges d'un monde superstitieux à effacer, évidemment au nom du progrès, de la liberté et du bien commun. Même si la tentation de les brûler comme hérétiques était jugulée, à titre d'alternative, on pourrait envisager de les envoyer dans des structures spéciales de rééducation et de reconversion, afin que la vérité rationnelle puisse prévaloir sur la vérité surnaturelle, symptôme de superstitions inutiles et dangereuses.

Est-ce que j'exagère? Je ne crois pas, non. Déjà aujourd'hui, justement à notre époque, bien que la foi en la Révélation n'ait pas encore été complètement effacée et que le surnaturel n'ait pas été complètement nié comme "superstition", nous voyons que la persécution de ceux qui vivent la foi catholique dans sa totalité a commencé et est appliquée chaque jour, et précisément par ceux qui au contraire doivent défendre la foi.

Toutefois, les promoteurs de la révolution n'ont pas bien réalisé le fait qu'une nouvelle foi ne s'impose pas par la terreur. Si vous utilisez la terreur et la menace, vous pouvez provoquer la peur, le silence, la simulation de l'obéissance, l'adoption apparente de directives inacceptables, mais vous ne pouvez certainement pas vous leurrer d'imposer une nouvelle foi de cette façon.

Peut-être les promoteurs de la révolution actuelle confondent-ils la disposition de la hiérarchie à l'obéissance avec le partage et l'assentiment, sans comprendre que ce n'est qu'un symptôme de peur pour les possibles représailles et punitions.

Bien sûr, on arrive à un résultat. La peur, opérant dans un cœur faible, rend un homme silencieux juste au moment où il doit crier, le rend lâche au moment où il doit faire preuve de courage, le rend craintif au moment où il doit faire preuve de force. Mais après? Si vous invitez les gens à être moralement désordonnés, si vous leur permettez de ne jamais se sentir en défaut, si vous les justifiez toujours, si vous les faites se sentir intelligents et sages selon les moeurs du monde, si vous leur évitez l'inconvénient de faire leur examen de conscience et leur autocritique, si vous les transformez en êtres ambigus et tièdes, si vous instillez en eux le doute que ce en quoi ils croyaient avant n'a jamais été vrai, si vous leur faites refuser les dons de l'Esprit Saint et si vous éliminez la notion du péché, que restera-t-il? N'est-ce pas une façon sûre d'aller vers l'autodestruction ?

Or, selon moi, beaucoup n'ont pas encore compris ce qui se passe dans cet État qui se dresse au milieu de Rome, tandis que beaucoup d'autres, par un sens de la prudence mal compris et une authentique lâcheté, s'efforcent de ne pas comprendre.

Nous savons désormais qu'il ne sert à rien de réagir selon des procédures codifiées. Nous savons que les rappels et les appels, même lorsqu'ils émanent de personnes de grande autorité, sont à chaque fois ignorés ou ridiculisés. Nous savons que persister dans la fidélité à la tradition, contre les transformations imposées, signifie être mis en examen (/placés sous le contrôle d'une commission) et marginalisés à tous les niveaux, car le changement ne peut et ne doit pas avoir d'obstacles. En pratique, nous savons maintenant que réagir sur la base de ce qui nous a toujours été enseigné (et dont nous sommes bien certains), pour la gloire de Dieu et dans la vénération de Marie Immaculée, implique la menace puis l'exclusion de cette Église. Et alors? Qui devons-nous craindre?

Même un païen comme Horace a invité les corrompus à quitter Rome.

Un ami temporairement anonyme


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