Confession d'un cardinal (II)

Et pendant ce temps-là, en France, on se dispute au sujet du Motu Proprio!
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Je poursuis ma lecture des mémoires d'un cardinal anonyme commencée ici: "Confession d'un cardinal" - avec un intérêt croissant, de plus en plus teinté d'inquiétude, jusqu'à la surprise finale.
Car ce que j'avais cru être une oeuvre de fiction, pourrait bien être autre chose.
Plus, en tout cas, qu'un simple condensé de toutes les critiques contre l'Eglise, émanant de l'intérieur et de l'extérieur, où les laïcistes belliqueux et les progressistes aigris, se font "alliés objectifs" pour un verdict sans appel: il faut tout démolir.


Tout, tout, tout, contre l'Eglise de Benoît XVI

Après avoir fait le récit d'un "conclave pour rien", puis dressé un catalogue minutieux des fautes passées et présentes de l'Eglise, celui que l'auteur appelle Mon cardinal fait un sort au retour de la tradition: le motu proprio n'est pas cité, car il ne devait pas faire l'actualité au moment où le livre a été écrit, mais il est sous-jacent, et la critique du pape, à travers celle de la "dictature du relativisme", est très explicite. Le coeur de son magistère ne serait qu'une tentative de préserver son pré carré, en "diabolisant ceux qui [le] menacent".
Le mystérieux cardinal se fait l'avocat du diable, en proposant finalement à l'Eglise ce qu'elle essaie d'éviter à tout prix, contre les pressions de ses ennemis: s'inventer "une nouvelle place", c'est-à-dire, je crois le comprendre ainsi, se cantonner aux sacristies, en acceptant de réserver "le pouvoir du sacré aux sphères du sacré", donc en s'interdisant d'intervenir dans le débat public:
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Si un monde sécularisé est un monde qui ne reconnaît plus aucun invisible et refuse tout sacré, lieu de contact entre le visible et l'invisible, alors... l'Église n'a plus rien à y faire. Si, en revanche, un monde sécularisé est un monde qui refuse le pouvoir du sacré en dehors des sphères du sacré, c'est-à-dire si ce monde sécularisé dénie à l'Église un exercice de pouvoir trop vaste et s'avançant trop loin dans le domaine du visible, alors l'Église a encore une place dans ce monde, une place différente, une place à inventer.
Toute organisation est naturellement encline à diaboliser ceux qui la menacent.
Ainsi ce monde désenchanté est-il accusé d'avoir renié ses racines, d'avoir trahi ses fidélités, de s'être laissé pervertir. Si ce monde est désenchanté, disent certains membres de l'Église qui se sentent menacés, c'est justement parce qu'il aurait tourné le dos à ses fidélités. D'où ce discours de jugement et de condamnation. D'où des expressions comme celle employée par notre pape : « La dictature du relativisme. »
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... face à la fameuse sécularisation et à la non moins fameuse dictature du relativisme, soit l'Église essaie de restaurer les pratiques et les habitudes d'avant la crise, car elle pense que c'est la perte de ces pratiques qui a fait naître la crise, soit elle imagine d'autres manières d'être au monde qui ne sont ni un abandon ni une infidélité à sa vocation.

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Puis il s'étend complaisamment sur les affaires de pédophilie au sein de l'Eglise américaine, et les prétendues "dérives sectaires" (dont Patrice de Plunkett a fait justice) des mouvements d'évangélisation, notamment le Chemin Néocatécuménal, et surtout l'Opus Dei.
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"Mon cardinal ne m'avait fait grâce de rien. A vrai dire, je l'avais moi-même poussé dans ses retranchements. Le résultat était que nous avions passé cette semaine à établir la liste des écheccs, des difficultés, des scandales, des affaiblissements de notre Eglise, au risque de donner d'elle une image pitoyable....
-Eminence, en avons-nous fini avec cette longue procession d'histoires pénibles à laquelle la lucidité nous a contraint d'assister..."

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Rien, par contre, sur le bien qui a été fait dans le passé, sur l'apport indiscutable et magnifique de la chrétienté à notre civilisation. Pas un mot non plus, sur les martyrs de l'Eglise, passés et actuels. Tout est à ranger dans la colonne "passif".
Il s'git de discréditer pour mieux critiquer, avant de mieux démolir, lorsque le "grand soir" sera venu, peut-être.


>>> Confession d'un cardinal (III)