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L'Aquila: récits

... d'ici et d'ailleurs: maigres reportages de France, et beaux compte-rendus d'Italie. (30/4/2009)

La France a été très discrète, dès le début, sur le tremblement de terre de L'Aquila.

Mercredi soir, par exemple, le journal de 19h30 de FR3 a attendu la fin de son édition pour faire un tout petit "sujet". Des images vraiment subliminales du Pape précédaient un micro-reportage sur les sinistrés (où l'accent était mis sur le désespoir).
A priori, rien que de très normal. Si l'on regarde sans se poser de questions, on se dit qu'effectivement, le sort de ces pauvres gens est sans doute plus important que la visite du successeur de Pierre. Sauf que... c'était ce jour-là, qu'il s'était rendu là-bas. Et que des reportages sur les sinistrés d'Aquila, il aurait pu y en avoir tous les jours depuis le 6 avril. Cela n'a pas été le cas, loin de là.
La vérité, c'est que la rédaction de FR 3 se fiche bien des victimes italiennes, elle était obligée de faire allusion à l'évènement, mais a fait de son mieux pour le "brouiller". Jusqu’à la prochaine publication d’un sondage meurtrier sur l’hostilité des français envers le Pape. C’est toujours ça de gagné…
Idem sur Internet.
Si vous faites une recherche avec Google en langue française, vous ne trouvez pas grand chose - alors que les sévices commis dans les pensionnats contre les autochtones canadiens commencent à faire un tabac!.
Le comble est atteint avec cet article de France-Soir: sous des dehors de neutralité, l'hostilité y est palpable, mais surtout, l'absence de déontologie lève le coeur..
L'"envoyé spécial" n'était en effet pas sur place, ou il avait écrit son article à l'avance pour plaire à ses employeurs, puisqu'il prétend que le pape est arrivé en hélicoptère.
Tout est faux, donc, dans son reportage malveillant, et chaque mot , depuis le titre (car il s'agissait d'une visite absolument en dehors de tout protocole!), semble étudié pour accréditer l'image d'un pape indifférent, une sorte de Sarkozy en soutane serrant des mains à la chaîne et consultant sa montre, étroitement encadré par ses gardes du corps.

Je prèfère charitablement supposer que ces professionnels de l'information ne maîtrisent pas la langue.
Quelle honte!

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Benoît XVI en visite officielle à L’Aquila
Envoyé spécial à L’Aquila, AFD , le mercredi 29 avril 2009

Mardi, pendant deux heures, le pape Benoît XVI a serré les mains des sans-abri, embrassé des petits enfants, écouté des histoires douloureuses de morts et de survivants, et prié pour les défunts.
Un voile d’humidité cachait les montagnes enneigées. Devant le campement, les policiers qui montaient la garde avaient les pieds dans la boue car depuis dix jours, il n’arrête pas de pleuvoir à L’Aquila.
A minuit, Onna était déclaré zone interdite aux journalistes pratiquement qualifiés de personnes non grata par le Vatican pendant la visite de Benoît XVI. A 9 heures, le bruit du moteur de l’hélicoptère pontifical a fendu l’air au-dessus de L’Aquila. Quelqu’un a levé la tête en disant seulement « Tient, voilà le pape ». A Onna, le village martyr rayé de la carte lors du terrible tremblement de terre du 6 avril dernier, les policiers étaient sur les dents. Lorsque Benoît XVI est entré dans le campement, les habitants lui ont souri en signe de bienvenue avant de lui raconter leur histoire. Une histoire de gens habitués à vivre sans rien en raison du chômage qui a toujours frappé la région (qu'est-ce que ça vient faire là? ndr). Et aussi, une histoire de gens habitués aux tragédies. A Onna, en 1944, les nazis ont assassiné 17 personnes et entièrement détruit le village.
Durant la demi-heure passée dans le village martyr, le pape a serré beaucoup de mains, béni un petit enfant, exprimé son admiration face au courage a-t-il dit avec lequel la population est en train d’affronter une « épreuve aussi terrible ». Puis il a jeté un coup d’œil au village détruit avant de repartir en direction de l’école des étudiants ravagée lors du séisme et enfin, le quartier général des élèves de la brigade financière réquisitionné il y a deux semaines pour la célébration des obsèques nationales
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Dans la presse italienne, au contraire, il y a eu beaucoup de récits (preuve, donc, que les journalistes n'étaient pas "personne non grata", mais il est facile de comprendre que la présence de journalistes étrangers hostiles n'étaient pas la priorité des habitants, surtout ce jour-là).
Après celui, bouleversant, de Radio Vatican, déjà traduit ici (Le Pape dans les Abruzzes (IV) ) , j'ai choisi d'en traduire pour le moment deux (j’essaierai de traduire les deux qui figurent sur le blog de Paolo Rodari, qui me semblent particulièrement beaux), qui serviront sans doute, un jour (le plus tard possible!) à écrire l'histoire de ce pontificat.
Aussi beaux et émouvants qu'ils soient, le second au moins m'inspire quelques réserves, car je ne comprends pas qu'on persiste à écrire que le drame de L'Aquila a fait découvrir un pape complètement différent.
Cela dit, lisez, et savourez.

La visite de Benoît


Dans les décombres du petit centre détruit par le séisme, l'appréciation de Ratzinger : « J'ai admiré le courage, la dignité et la foi avec lesquels vous avez affronté cette dure épreuve »

« Le chapelet du Pape sur la tombe de mon fils »

À Onna, le pays martyre, l'embrassade du Pontife a dénoué les larmes d'une mère qui n'avait pas encore pleuré.
Emotion parmi les réfugiés : « Il a su toucher nos coeurs » « sa présence, un don discret, elle aurait été importante même s'il s'était tu »

De notre envoyé à ONNA (l'Aquila) :
LUCIA BELLASPIGA

Il devait descendre d'en haut, en hélicoptère, mais le ciel est inclément et pèse sur les décombres d'Onna, le pays symbole de la catastrophe aquilaine. Alors, il arrive en voiture, Benoît XVI, et il est dix et demie (avec une heure de retard sur l'horaire prévu) lorsqu'il est accueilli dans les tentes des sans-abri.
C'est seulement la première étape de son voyage dans les lieux du tremblement de terre et du deuil, mais peut-être la plus attendue de la part de ceux qui, dans les Abruzzes l'attendent pour prier avec lui et entendre des mots de réconfort.
« Je suis venu en personne dans votre terre splendide et blessée - dit-il aux gens d'Onna, entre les tentes bleues de la Protection Civile qui maintenant sont leur maison -. Je vous ai été proche depuis le premier instant… ».
Au fond, sous la couche noire de nuages chargés d'une pluie qui ne cesse pas depuis des jours, les cimes enneigées du Grand Caillou (Grando Sasso, c'est le nom du massif montagneux, ndt), rappellent qu'ici c'est encore l'hiver, malgré qu'avril soit bien avancé, malgré aussi les espoirs de printemps de ceux qui n'ont plus un toit pour les abriter. Mais tout autour du campement, comme un tragique horizon, devant les montagnes, il y a le profil éventré et méconnaissable de ce qui jusqu'au 6 avril était le village d'Onna, aujourd'hui un massacre de toits implosés, de murs écroulés l'un sur l'autre, d'objets quotidiens qui sortent en vrac des décombres, comme déracinés, déformés : un évier, un baby-foot, un calendrier encore accroché à un lambeau de mur.
L'embrassade du Papa va tout de suite aux vivants, le souvenir à leurs défunts, qui à Onna (250 âmes en tout avant le séisme) ont été quarante, un sur cinq, et sept étaient des enfants : il n'y a pas famille sans deuil, ici. « J'ai partagé vos larmes - leur a dit le Pape -, vos préoccupations angoissées pour tout ce que vous avez perdu en un instant », c'est-à-dire tout.
« J'ai admiré le courage - poursuit-il -, la dignité et la foi avec lesquels vous avez affronté cette dure épreuve… Le Pape est ici aujourd'hui parmi vous pour vous dire aussi un mot de réconfort pour vos morts : ils sont vivants en Dieu, et attendent de vous un témoignage d'espoir ».
L'espoir dont ces populations ne se départissent pas et qu'on retrouve dans l'antique dicton que le Saint Père cite à la fin, en regardant les montagnes : « Il y a encore beaucoup de jours derrière le Grand Caillou ».
Les gens d'Onna, ou ce qui en reste, pensent aussi à ce qui leur manque pour revenir à la normalité, et il s'émeut. Des jeunes et des gens âgés sentent l'émotion du Pape, savent qu'il est un d'eux, pas un ami de passage mais quelqu'un qui d'une certaine façon, restera. « C'a été une visite privée, seulement pour nous, ceux d'Onna, c'est vraiment ce qu'on voulait - raconte un groupe de personnes âgées assises sur les bancs devant la tente de la cantine, après le départ de Benoît XVI pour l'Aquila .
Ici, entre des survivants et les volontaires de la Protection civile nous sommes trois cents, et nous étions nombreux à l'accueillir. Nous avons tout perdu, voyez les décombres des maisons, mais vous ne connaissez pas les décombres du coeur : nous avions besoin de sentir qu'il était physiquement proche, de le voir concrètement ici entre nos tentes ».

À l'entrée des tentes, plantées dans la boue marécageuse, durant ces jours douloureux, il y a une plaque en marbre blanc, polie et neuve : « À Onna, avec vous pour toujours. La Protection civile du Latium (région de Rome, ndt) ».
Ce sont les volontaires qui vivent ici avec les réfugiés depuis ce 6 avril, qui l'ont mise, et cela ne fait pas partie de leur tâche normale: c'est une promesse et un engagement solennel. « Ils sont ici depuis lundi », raconte le responsable du camp de la Protection civile, Franco Albanese, et en patois local, maintenant, ce « lundi » signifie une seule chose, c'est le jour où la terre a tremblé… « Ils sont ici depuis lundi et ils ne sont jamais rentrés à la maison ».

Il était à Onna lorsqu'ils ont tiré les morts hors des décombres : « Ca a été deux jours terribles », il fait seulement une allusion, et puis il préfère se taire. « Le Pape a su toucher les coeurs, après le discours officiel il s'est arrêté pour parler avec ceux qui il ont perdu deux, trois personnes chères, des familles détruites dans leurs affections ».
Les mains du Pape ont étreint celles d'une femme qui a perdu son enfant ce jour-là et qui, depuis ce jour n'a plus dit un mot.
Pétrifiée de douleur. Ceux qui ont assisté au dialogue muet de cette mère avec le Pontife venu de Rome pour elle, parlent à présent d'un petit «grand miracle » : « Benoît XVI lui a demandé de ne pas s'inquiéter, « ton fils a ouvert les portes du Paradis », lui a t'il dit, et finalement elle a réussi à pleurer et pour la première fois elle a parlé. Il lui a chuchoté quelque chose, ensuite le Pape a béni son chapelet et le lui a serré dans la main ».
Inutile maintenant de la chercher dans la tente : elle est allée au cimetière de Paganica pour le mettre sur la tombe de son fils.

« Toutes magnifiques, les paroles qu'il nous a dites - commentent quelques femmes assises autour d'un poêle pour se réchauffer et se sécher les os de la pluie battante -, mais c'est surtout sa présence qui a été importante, ç'aurait été un grand message même s'il s'était tu.
Superbe en effet, la référence aux disciples d'Emmaüs, symbole d'une présence qui est don discret ». « Le Pape s'est approché de nous comme un compagnon de voyage avec humilité, et une simplicité franciscaine - explique Frère Emiliano, 30 ans, arrivé de Foligno dans le même but - pour être présent auprès de ces personnes, sans bavardage ni mots, de manière affective et effective, parce que la souffrance ne demande pas de sermons, mais discrétion et dignité ».
« Il nous a fait sentir sa force et il nous l'a transmise », conclut Tonino, agriculteur de 69 ans, « toujours en activité jusqu'au 6 avril…C'est la période la plus longue de ma vie où je sois resté sans rien faire ».
Onna, prévoit le vieil homme, sera le premier pays à être reconstruit, grâce à l'Allemagne, qui veut ainsi nous dédommager du massacre nazi, en 44.
« Vous voyez comment va la vie ? Nous recommencerons à vivre grâce au martyre de nos grands-pères. Renés des décombres de l'histoire… ».
Onna : encore une fois ville symbole.
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NDT: Raffaella, qui cite l'article d'une journaliste connue a oublié de préciser dans quel journal se trouve cet article. Il semble que LUCIA BELLASPIGA collabore à L'Avvenire

L'humanité cachée du pape théologien



La Gazetta del mezzogiorno
Michele Partipilo
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C'est un pape complètement différent qu'on a vu hier dans les Abruzzes du tremblement de terre.
Non plus le théologien sévère, au centre de polémiques doctrinales, mais le pasteur, ou mieux le « père » - comme l'ont appelé les réfugiés des Abruzzes - qui essaie de réconforter ses enfants frappés par l'énorme tragédie.
Malgré les difficultés et les dangers - le pape à un certain moment a même risqué de tomber - cette visite, il la fallait.
Il la fallait aux milliers de personnes qui voient leur futur enveloppé dans la plus totale incertitude, il la fallait à Benoît XVI dont le trait d'humanité - qui est pourtant considérable - avait été mis dans l'ombre par des événements au ton davantage politique et éthique.
À Onna comme devant la basilique de Collemaggio, l'homme Ratzinger a finalement émergé, au-delà de toute timidité et réserve.
Le protocole vatican a presque été oublié: les personnes ont pu s'approcher du Pontife, lui baiser l'anneau, mais aussi l'embrasser, en lui posant les mains sur les épaules, exactement comme on le fait avec une personne chère. Et Benoît XVI ne s'est pas dérobé. Il sentait de son devoir de donner un témoignage d'affection et de disponibilité à ces gens si infortunés, et il sentait de son devoir de faire le plein de gratitude sincère qu'en ces heures il a reçu en échange et qui a recouvert douleur, boue et décombres.
Devant la Maison des étudiants, à l'Aquila, peut-être l'instant plus touchant, mais aussi le plus profond et prophétique. Les étudiants ont remercié le pape pour « la tendresse de l'Église » que durant ces jours, et hier en particulier, ils ont sentie plus proche que jamais.
Déjà, la tendresse de l'Église. Il fallait peut-être le tremblement de terre pour amener sur les pages des journaux, empreintes de sang et de violences quotidiennes, une pensée d'amour qui renferme les valeurs de base du catholicisme, mais en les revêtant de sentiments et d'émotions. Elle doit avoir beaucoup frappé le pape, cette « tendresse de l'Église » émergée des larmes et de la destruction. Elle est à la fois espoir et demande d'aide, elle est de se sentir une partie d'une réalité plus vaste, le peuple de Dieu, mais aussi se confier à ses forces.
Dans les quelques mots des discours officiels, l'écho de la solidarité et de la volonté de travailler tous ensemble, à droite et à gauche, pour redonner un toit et un futur à milliers de personnes. Le Pontife a été clair sur ce point : « des maisons et des églises belles et solides ». La synthèse de ce que demandent les abruzzais, mais aussi l'avertissement afin que la reconstruction se fasse exactement de cette façon et pas différemment, comme on peut au contraire le craindre.
Cela n'arrive pas tous les jours - et ce n'était même pas arrivé avec Wojtyla - de voir le pape en auto, assis auprès du chauffeur... Il suffit de regarder les images pour se convaincre de l'atmosphère différente : le pape avec le coude qui s'appuie sur la fenêtre et le chef de la Protection civile au volant. Deux amis quelconques qui se déplacent en auto.
Ceux de la sûreté vaticane doivent avoir eu des sueurs froides hier devant les changements continuels de programme, les déplacements que tous les manuels de sécurité auraient déconseillé. Et au contraire non. Benoît XVI est allé en avant, décidé, insoucieux des règles et des appels à respecter l'horaire. Il fallait écouter les sinistrés. Et tous ont eu un sourire, une caresse, une embrassade, une bénédiction.
Benoît XVI a voulu aller dans les Abruzzes pour les sinistrés et il s'est consacré à eux. A ceux qui, faisant preuve d'une dignité démesurée, se sont excusés de ne pas pouvoir offrir plus au pape en visite. Par contre ils lui ont offert une journée merveilleuse, peut-être une des plus intenses de ses quatre ans de pontificat, dans laquelle il a réussi à réunir la grandeur de l'Église avec la chaleur de l'homme.
C'est vrai, parfois dans la vie, même les secousses sont utiles

Théologiquement correct Discours du Saint-Père à L'Aquila