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Une histoire de fous

Quand Sandro Magister reprend un article où le New York Times fait "l'éloge de la folie" du pape (1er/5/2009)

On n'apprend rien de nouveau, surtout dans l'article du NYT, et certains passages, qui font penser à John Allen, suscitent quelque perplexité, mais c'est réconfortant de voir reproduits dans les "grands" medias, qu'ils soient italiens ou américains, des faits (et non des opinions) répétés en boucle dans ces pages.

En toute (im)modestie, je ne suis pas mécontente de ce que j'avais écrit ici...

L'article de Sandro Magister en italien:

Ma traduction:

Une histoire de fous.
Le « New York Times » vante la « folie » du pape.

A peu de jours de son voyage en Terre Sainte, terrain miné par excellence, Benoît XVI a reçu de l'insoupçonnable « New York Times » (ndt: ah bon?) un symbolique laurea ad honorem pour sa « folie ».

Oui, vraiment. Citant dès le titre le célèbre « Eloge de la folie » d'Erasme de Rotterdam, l'éditorialiste du grand journal libéral new-yorkais a reconnu au Pape Joseph Ratzinger d'avoir agi avec une vraie sagesse précisément lorsque la logique du monde était toute entière contre lui et le tenait pour fou : que ce soit lorsqu'il a prononcé le discours de Ratisbonne, ou quand il a levé l'excommunications aux évêques lefebvristes, ou quand il a mis en garde contre la lutte contre le SIDA avec le préservatif.

Avec ses actes, a écrit le « New York Times », Benoît XVI non seulement s'est comporté selon l'Évangile - par exemple, avec les lefebvristes, avec la « folie » de laisser les 99 brebis pour se mettre à la recherche de l'unique brebis égarée - mais il a obtenu des résultats concrets indiscutables, renversant tous les pronostics.

Grâce à la leçon de Ratisbonne, il a ouvert au dialogue entre christianisme et islam un chemin non pas de pur protocole, mais centré sur les questions capitales du rapport entre foi, raison et violence.

Grâce à la révocation de l'excommunication à un évêque comme Williamson, il a attiré l'attention de tous sur les raisons fondatrices d'un rapport positif entre l'Église et les juifs.

Voici le texte intégral du commentaire paru sur le « New York Times » le 28 avril dernier. L'auteur, John Berwick, est spécialiste en questions religieuses pour la station allemande internationale DW-TV.

 

L'éloge de la folie, NYT
par John Berwick

Ma traduction

Le porte-parole du Vatican Federico Lombardi a de bonnes raisons de se sentir nerveux. Le 8 mai, le pape Benoît XVI commence une visite de huit jours au Moyen-Orient. Le pape ne pense pas beaucoup aux conseillers en communication politique (spin doctors). Mais quand il fait des vagues, c'est son directeur des communications qui doit écoper l'eau hors du bateau.

Le pape a déjà causé au père Lombardi un certain nombre de maux de tête. Dans une conférence de presse sur le vol papal vers le Brésil en mai dernier (en fait en 2007, ndt), Benoît a semblé suggérer que les législateurs qui soutiennent les lois permettant l'avortement devraient être excommuniés. Cela a suscité une discussion torride dans le plus grand pays catholique du monde. La passion a éclipsé le voyage entier (pas vraiment, quand même, ndt).

Comme on pouvait s'y attendre, quand le pape a volé vers l'Afrique en mars dernier, le père Lombardi a dit fermement : Aucune conférence de presse en vol (???). Mais en route pour le Cameroun, le pape a dit à des journalistes que la distribution des préservatifs contribuait à l'épidémie du sida. Des organismes de santé internationaux ont été exaspérés.

Benoît XVI a fait son premier lapsus public majeur en septembre 2006, un jour après le cinquième anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre. L'ancien professeur de théologie a spéculé qu'il pourrait y avoir une corrélation entre le rôle subalterne de la raison dans l'Islam et la violence commise en son nom. Ses commentaires ont été entendus comme une invitation au dialogue interreligieux, basé non pas sur l'approche complaisante de son prédécesseur Jean Paul II mais sur l'examen franc des différences entre l'Islam et le christianisme.

Peut-être que personne n'était plus étonné et choqué que lui quand les musulmans radicaux, en Cisjordanie, ont répondu en mettant le feu à des églises catholiques.

Mais ce n'était pas la fin de l'histoire. Un groupe international de 138 savants islamiques a écrit au Vatican, demandant une occasion d'exposer leurs cas. Le pape les a rencontrés et a fait des excuses (?) pour avoir blessé les susceptibilités musulmanes. Deux ans après, un sommet Catholique / Musulmans sans précédent s'est tenu au Vatican. Il a eu comme conséquence la création d'un forum interconfessionnel permanent.

Le travail de ce groupe, qui inclut des chercheurs et des chefs représentant chaque pays musulman et chaque école principale de l'Islam, a été à peine remarqué par les médias. Et c'est probablement une bonne chose. Les discussions sont sensibles, les progrès iront probablement en grandissant. Mais sa seule existence est une sensation. C'est la première fois en mille ans de coexistence que les deux plus grandes fois monothéistes du monde, représentées par des croyants de haut rang, discutent de leurs différences dans un esprit de respect mutuel et de questionnement véritable. Et sans les remarques désobligeantes de Benoît de XVI à Ratisbonne, folles, selon toutes les normes de diplomatie, cela ne se serait pas produit.

Le second lapsus public monumental du pape concerne l'excommunication en janvier de quatre évêques catholiques ultra conservateurs, y compris celle de Richard Williamson, qui avait nié l'holocauste. Des groupes juifs ont réagi avec fureur ; beaucoup de catholiques, avec incrédulité. Dans un mouvement sans précédent, le chancelier d'Allemagne Angela Merkel a publiquement demandé au pape la « clarification » de ses actes. A nouveau, le père Lombardi a dû écoper l'eau.

Le porte-parole du Vatican a expliqué que les évêques « n'avaient pas été entièrement réintégrés, » que la levée de l'excommunication était simplement « un geste de compassion, » une invitation au dialogue. Mgr Robert Zollitsch, Président de la conférence allemande des évêques catholiques, a ajouté que c'était le « cauchemar » de Benoît que les ultraconservateurs puissent avoir le dernier mot et rompre avec l'église durant son pontificat.

Il n'y a aucune raison de supposer que ce pape aurait eu quelque complaisance pour l'antisémitisme. Il a activement favorisé des relations Catholiques / Juifs pendant des décennies et dit publiquement qu'il ne pouvait y avoir aucune place dans l'église pour l'antisémitisme.

Néanmoins, son désir obsessionnel de préserver l'unité de l'Eglise était là encore une folie - comme est une folie, en fait, que ce berger dans la parabole des moutons perdus, ait laissé les 99 de son troupeau pour aller à la recherche de celui qui était égaré. D'ailleurs, comme le grand catholique et humaniste du XVIème siècle Erasme de Rotterdam, l'a précisé, les évangiles sont remplis de telles folies.

A présent, on a l'impression que le geste « compatissant » du pape ne portera pas le fruit désiré. Mais, paradoxalement, il a concentré l'attention sur Nostra Aetate, un décret du Concile Vatican II, qui a marqué un nouveau commencement dans des relations Catholique-Juives au milieu du XXème siècle. Il enseigne que le judaïsme n'a pas été remplacé par la chrétienté; le pacte de Dieu avec les juifs est éternel. Et donc le judaïsme occupe une place spéciale à côté du christianisme.

Certains éléments conservateurs dans l'Eglise ont contesté que Nostra Aetate puise lier, parce que c'est « simplement » un décret, pas une constitution ou une déclaration. Ce sophisme est maintenant mis en évidence. Et sans le geste fou de bonne volonté de Benoît XVI envers l'évêque Williamson, il n'aurait jamais pu l'être.

Peut-être aurions-nous du être moins inquiets des lapsus publics du pape que les arbitres du politiquement correct ne le souhaitaient. Dans son « éloge classique de folie, » Erasme a conclu : « Tous les hommes sont des fous, même les pieux. Le Christ lui-même, bien qu'il ait été la sagesse du Père, a pris sur lui la folie de l'humanité afin de racheter les pécheurs. Il n'a pas choisi de les racheter d'une quelconque autre manière mais par la folie de la croix et par des disciples ignorants et sots. »

Il n'y a aucune explication à la folie, excepté de reconnaître que c'est peut-être la qualité humaine la plus attachante et la plus créatrice. Et à la longue, elle peut être beaucoup plus productive que la diplomatie prudente.

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