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N'oubliez pas Onna

Le témoignage d'un journaliste italien, qui a perdu des membres de sa famille dans le tremblement de terre. (3/5/2005)

Giustino Parisse est un journaliste, vice-rédacteur en chef de l'edition pour les Abbruzes du quotidien régional italien "Il Centro".
Il a perdu, sous les décombres d'Onna, son père, et deux de ses enfants.
Il était présent, le 28 avril, lorsque Benoît XVI est venu, hors de tout protocole, à la rencontre des survivants.
Il ne fait pas dans l'hagiographie, mais son témoignage en est d'autant plus bouleversant...

« Aujourd'hui,n'oubliez pas Onna »
Les membres des familles des victimes rencontrent Benoît XVI dans le pays détruit
Giustino Parisse


Article original sur le site de l'hebdo Tempi .
Ma traduction.

La couleur des décombres a les tons du gris et du marron.
Mardi dans les rues d'Onna, le pays qui n'existe plus,est arrivé un homme vêtu de blanc.
Il a regardé la destruction, il a consolé les affligés.
Benoît XVI est allé jusque devant la porte de l'église paroissiale, dédiée à Saint-Pierre apôtre, le premier Pape.
Même le successeur de Pierre n'a pas pu entrer. Le tremblement de terre n'a rien épargné. La statue en bois de Notre-Dame de Grâce, qui n'avait pas quitté sa place depuis 500 ans, est désormais « évacuée ». Le clocher de 1750 a été reconstitué près de la tente-église.
Les yeux du Pape ont vu la douleur de ceux qui ont tout perdu. A l'entrée des campements d'Onna, les membres des familles des 40 victimes dans un pays qui comptait 300 âmes, l'attendaient.
Dans un coin de ma bibliothèque à demi détruite, il devrait y avoir encore une chemise avec le titre : Papa Ratzinger et les Abruzzes.
A l'intérieur, des notes et des articles découpés dans des journaux. L'idée était de rassembler du matériel pour un livre, suite de « Jean Paul II et les Abruzzes » où sont relatées les visites officielles et privées de Karol Wojtyla dans notre région. Jamais je n'aurais pensé qu'un chapitre de ce livre, en admettant qu'il sorte un jour, devrait être dédié à la visite du Pontife à Onna, un bourg que, jusqu'au 6 avril, il ne connaissait sûrement pas.
Une visite sous la pluie et dans la boue. Une visite dans un pays bouclé par des barrières de sécurité, où on n'entre qu'avec les pompiers.
La matinée dans les tentes, est presque « normale ». Vers 7 heures, les ruelles pavées de gravier commencent à s'animer.
On va dans la grande tente, prendre le petit déjeuner. Les volontaires de la protection civile du Latium sont d'une efficacité qui ébahit. Dehors, la pluie ne laisse pas un instant de trêve.
Commence alors le plan B. Tout le monde dans la tente affectée à église. C'est là qu'ira le Saint Père. Il y a des soeurs et des prêtres. On récite le chapelet tandis que les hommes de l'organisation s'emploient à rendre l'accueil le plus digne possible.
On me place au premier rang, mais j'aurais préféré être dehors, peut-être sous la pluie et sans parapluie, à attendre le Pape avec Domenico et Maria Paola, mes enfants. Une soeur s'approche de moi, et elle me dit : ils sont aussi ici, avec toi. Je ne réponds pas. Tout à coup, les mots me manquent.
Vers 10 heures le plan B est écarté. La pluie semble moins drue. Il faut sortir en plein air. Il y en a qui protestent. Justement. Les parents des victimes ont encore une fois l'impression d'être seulement une partie d'un spectacle. Des appareils photos et des caméras se pressent comme toujours. Ce n'est pas moi qui vais m'étonner. Ce sont des collègues qui travaillent. Et le Pape n'est pas n'importe qui.
Lorsque l'homme vêtu de blanc descend de voiture, la tension des hommes de l'escorte est au maximum. Garantir la sûreté dans ces conditions est une gageure. Il y a même quelques bousculades. Le Pape demande à rencontrer surtout les réfugiés, et serre des mains, embrasse les enfants, a pour chacun un mot de réconfort.
Et puis c'est mon tour.
Le curé d'Onna, don Cesare Cardozo signale au Pontife: ces deux parents ont perdu leurs enfants.
Benoît XVI a une expression de surprise et de douleur. Il me regarde droit dans les yeux et pendant un instant je me sens presque rassuré.
Si le Pape est ici avec moi, maintenant, c'est le signe que dans cette immense tragédie nous n'avons pas été abandonnés.
Il demande : comment s'appelaient-ils ? Etaient-ils avec vous cette nuit-là ? Il nous donne des paroles de réconfort. Nous le remercions. Plus loin, il y a d'autres parents, le coeur déchiré. C'est un autre chapelet. Un chapelet de morts.
Lorsque le pontife remonte en voiture et part vers l'Aquila, les collègues des journaux (y compris étrangers) et télés se déchaînent. C'est la chasse à l'interviewe de l'habitant d'Onna. Tous demandent quel effet cela fait de voir le Pape à Onna. La réponse est, plus ou moins, toujours la même : un signe d'espoir dans un cauchemar sans fin.
Mais tout en dessous une crainte demeure: qu'une fois les projecteurs éteints, Onna soit oubliée.
Ce serait un autre tremblement de terre. Plus dévastant que le premier.



(extrait du Centro, 29 avril 2009)

Cyril et Benoît Face aux medias: le pape, l'Afrique, la France