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La vie des moines comme exemple

Cette belle réflexion de Vittorio Messori a été publiée la veille de la visite de Benoît XVI au Mont-Cassin, mais elle a une portée bien plus large (16/6/2009)

Cette belle réflexion de Vittorio Messori a été publiée la veille de la visite de Benoît XVI au Mont-Cassin (Le Pape bénédictin au Mont-Cassin) .
Le thème du monachisme et de son apport à la construction d'une civilisation européenne est (on le sait au moins depuis le discours aux Bernardins), un thème cher au Saint-Père. Messori nous explique qu'à travers ce symbole qui perdure depuis 15 siècles, il a voulu nous montrer que la flamme vacillante de la bougie de la foi est encore vivante.

Mais il y a plus.
A la veille de la publication de la fameuse encyclique sociale (à laquelle Messori ne pensait sans doute pas spécialement en écrivant son article) il est bon de rappeler que cette foi, dont la vie monacale rend témoignage, ce n'est pas seulement celle qu'un certain courant catholique social (oubliant trop le "catholique" au profit du "social") lui a substituée:
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La foi dans l'homme et dans l'histoire remplace celle en Dieu et dans l'éternité, le militant pour les bonnes causes prend la place de celui qui prie, et de l'ascète. Chrétiens (mais sans Jésus comme Christ-Dieu : n'employons pas de mots trop gros !) comme philantropes, adeptes du volontariat, syndicalistes, environnnementalistes, gardiens sourcilleux des « droits humains ...
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Texte en italien: http://www.et-et.it/articoli/2009/2009_05_23.html
Ma traduction.

La vie des moines comme exemple.
Le Pape indique la règle bénédictine
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de Vittorio Messori

23 mai 2009
Pourquoi un pape bavarois du XXIème siècle a t'il une telle prédilection pour un moine du VIème siècle au point d'en avoir pris le nom et de le considérer comme le patron de son pontificat ? Pourquoi, parmi tant de lieux qui l'invoquent, avoir choisi de se rendre à Montecassino, pour un dimanche "full immersion" dans le monde bénédictin ? Pourquoi, peu d'heures avant la mort de son bien-aimé prédécesseur, s'est-il rendu à Subiaco, où a commencé l'aventure du monachisme d'Occident, pour y lire ce qui sembla une sorte de programme de gouvernement ?

Pour comprendre une telle attention, il faut se rappeler que le théologien lucide, l'intellectuel post-moderne devenu pasteur d'âmes, a depuis toujours, et maintenant plus que jamais, une hantise : l'affaiblissement de la foi dont il est gardien et garant. Une foi, a t'il écrit récemment, " qui semble s'éteindre comme une bougie à laquelle vient à manquer l'aliment ". D'où, la nécessité de retrouver les raisons de croire, de reconfirmer le bon sens du "pari" sur la vérité de l'Évangile. L'énorme édifice ecclésial est en équilibre instable (mot de Saint Paul) sur l'historicité d'un sépulcre vide, à Jérusalem. Si cette certitude disparaissait, il ne resterait plus qu'un dramatique "tous à maison!".

Cela fait désormais des décennies que se produit un fait qui inquiétait déjà Joseph Ratzinger, responsable de l'ex-Saint Office et qui aujourd'hui inquiète encore plus Benoît XVI. Autrement dit, le fait que ce qui subsiste d'un christianisme considérablement affaibli par le sécularisme tend à se transformer en une association mondiale de volontariat, en une organisation 'no-profit' d'engagement social. L'amour auquel exhorte évangile est entendu par beaucoup dans un sens seulement "horizontal" : donc, la charité du pain, et de l'engagement socio-politique pour une société plus pacifique, juste, moins polluée. Tel est en effet, le slogan "trinitaire" , proposé comme nouveau Credo par le Conseil Oecuménique des Églises de Genêve : "paix, justice, sauvegarde du créé".

Eh bien : derrière la disparition de la perspective chrétienne authentique - qui se fait "horizontale" comme conséquence de sa "verticalité" , qui regarde vers la Terre parce quelle croit au Ciel - il y a une crise de la foi, qui est le vrai et dramatique problème du christianisme moderne. L'espérance en une vie éternelle dans l'Au-delà étant "brouillée", les survivants "engagés" (ndt: en français dans le texte) cherchent un assouvissement "sensible" dans l'engagement pour une vie meilleure dans le présent, se repliant sur les certitudes tangibles d'ici-bas. La foi dans l'homme et dans l'histoire remplace celle en Dieu et dans l'éternité, le militant pour les bonnes causes prend la place de celui qui prie, et de l'ascète. Chrétiens (mais sans Jésus comme Christ-Dieu : n'employons pas de mots trop gros !) comme philantropes, adeptes du volontariat, syndicalistes, environnementalistes, gardiens sourcilleux des « droits humains « ….

C'est une déformation inquiétante qui, dans un passé récent, est passée à travers la phase du clérico-marxisme et qui aujourd'hui assume les vêtements de la nouvelle idéologie dominante, celle du political correctness, du radicalisme libéral occidental. A quoi bon adhérer à des dogmes et à perdre du temps en prières, quand il y a un monde qui peut se sauver grâce aux forces humaines, de quelque Credo ou incrédulité qu'elles soient, pourvu que de bonne volonté ?

Cette dérive fut cause d'angoisse pour Paul VI, combattue avec un extraordinaire mélange de mysticisme et de pragmatisme par Jean Paul II, et c'est pour Benoît XVI la priorité absolue sur laquelle intervenir. Tous les derniers papes furent bien conscients que - par la logique de l'et-et (et.. et, inclusif) qui toujours la guide et par le refus de tout aut-aut (ou, ou , exclusif) - le christianisme est appelé à humaniser la Cité de l'homme, mais parce qu'il croit dans la Jérusalem céleste, il se souille dans le monde, mais parce qu'il prie, il se préoccupe des corps mortels, mais parce qu'ils sont appelés à l'immortalité. Un équilibre, une synthèse qui semblent être rompus : l'affaiblissement de la foi a déséquilibré ceux qui, sans renier explicitement le Credo (la contestation bruyante a cessé par lassitude, par sentiment d'insignifiance, parfois par dissimulation), ne le jugent pas nécessaire pour ce qu'il ont à faire.

Egalement, et peut-être surtout, cela peut expliquer l'attention que Joseph Ratzinger a réservé à la vie monastique, que ce soit avant ou après l'accession au pontificat. Une vie absurde, insupportable, et même inhumaine. Une réclusion à vie - le choix est pour la vie - bien pire que dans les prisons publiques : renoncement à la famille, abstention du sexe, aucune propriété personnelle, huit heures de prière communautaire quotidienne en plus d'autres dans la solitude, veilles nocturnes, pénitences, alimentation insuffisante et végétarienne interrompue par de fréquents jeûnes, froid et chaleur, obéissance prompte et absolue, défense de franchir le mur de la clôture, lettres et lectures sous contrôle, nouvelles insuffisantes et filtrées par les supérieurs, cohabitation serrée, continue, sans pause avec des pareils imposés et non choisis… Un enfer. Un enfer qui cependant, peut s'ouvrir sur un paradis. Mais seulement - seulement - dans une vision de foi qui n'hésite pas sur la vérité de l'Évangile et sur ses promesses ; un paradis seulement pour ceux qui croient, sans douter, que Jésus Christ est vraiment ce que l'Église annonce. Une vocation certes réservée à peu. Mais dans laquelle se manifeste une foi totale, radicale, qui n'hésite pas à se pousser jusqu'à ses extrêmes conséquences, dont Montecassino est le symbole illustre depuis quinze siècles.
Le bénédictin montre avec sa vie même que la flamme de la bougie a encore de l'aliment. Peut-être est-ce justement cette lumière, rare et précieuse, que Benoît XVI veut nous montrer du doigt, croyants toujours plus incrédules. Nous qui du distique monastique (ora et labora) n'avons conservé, au mieux, que le labora, en oubliant entièrement le ora.

© Corriere della Sera

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