Actualités Images La voix du Pape Livres Visiteurs Index Autres sites Qui je suis Recherche
Page d'accueil Visiteurs

Visiteurs


"Ferragosto" avec Benoît XVI à Castelgandolfo Vacances aux Combes Dernières entrées 2009, année sacerdotale L'Encyclique sociale Obama et l'Eglise 28 avril: L'Aquila Père Scalese Quatre ans de Pontificat

Benoît XVI: la chasse est ouverte

Marianne a traduit pour moi un texte en anglais de Micael Coren, chroniqueur canadien, auteur de livres en particulier sur Chesterton et Tolkien. Il s'exprime sévèrement sur les"élites" occidentales qui véhiculent de fausses idées sur le sida... et sur l'Afrique! (22/4/2009)

Benoît XVI : la chasse est ouverte

Michaël Coren*

Les invités des émissions de radio qui ont longtemps, avec dureté et naïveté, reproché aux Africains toutes les souffrances de l’Afrique, en deviennent tout à coup les défenseurs. Les médecins et les universitaires qui n’avaient jusque-là manifesté aucun intérêt pour l’état critique de l’Afrique se transforment, de but en blanc, en experts et partisans. On en pleurerait. Mais ces larmes devraient être pour l’Afrique plutôt que pour ce groupe de catholiques hypocrites !

D’abord le contexte. Le Sida a taillé son chemin en Afrique depuis presque deux générations, avant même que la plupart des gens en Europe et en Amérique du Nord en entendissent parler. Il tuait de pauvres noirs, très loin, là-bas, et qu’importait aux blancs riches ces pauvres noirs à des milliers de km ? Mais quand la maladie se déclara dans la communauté homosexuelle mâle des États Unis, les Elizabeth Taylor jouèrent de la corde sensible à la télévision, et de nombreux acteurs, politiciens et autres personnages publics firent du Sida une des causes les plus à la mode des temps modernes.
En fait, le Sida est un modèle d’étude fascinant en ceci que, nonobstant ce que peuvent raconter les statistiques « politisées » et les activistes qui ont des intentions précises, cette maladie est principalement répandue chez les homosexuels mâles et les drogués.(…)C’est la souffrance et non pas la nature de la personne souffrante qui devrait nous motiver. Mais l’ennui est qu’on ne pratiqua pas cette philosophie quand c’était les Africains, et non les Californiens, qui en avaient besoin. Deux poids, deux mesures.
Du moins, ce fut l’attitude des élites occidentales – celles-là mêmes qui condamnent aujourd’hui l’Église catholique romaine. Pourtant c’était l’Église qui, en Afrique, s’occupait des malades du sida quand Hollywood et les medias occidentaux s’inquiétaient davantage du sort des petits chiens et des petits chats. Aujourd’hui encore, ce sont des gens qui travaillent pour l’Église catholique romaine qui soignent presque la moitié des Africains sidaïques. Une Église qui, soit dit en passant, a aussi demandé la remise de toute la dette africaine et une redistribution radicale de la richesse entre le Nord et le Sud.

On ne mentionne pas ces faits quand on attaque Benoît XVI pour sa condamnation du préservatif fétiche. Mais à lire les déclarations de cet homme, on y voit une savante déconstruction du double critère occidental et une critique réfléchie de l’échec à maîtriser l’épidémie.

D’abord, cela ne marche pas. Dans les pays où l’État distribue gratuitement le préservatif, le sida n’a pas été maîtrisé et, souvent, il se répand. Ensuite, quand le sida n’est pas autant une question essentielle, comme par exemple en Amérique du Nord, la disponibilité croissante de préservatifs et leur utilisation ont coïncidé avec une augmentation annuelle de MST et de prétendues grossesses non désirées. Troisièmement, une seule défaillance du préservatif – et ce taux de défaut est significatif même s’il n’est pas énorme – ne représente pas une simple erreur, mais une sentence de mort. Quatrièmement, le préservatif favorise la promiscuité plus qu’il n’encourage l’abstinence. Et l’activité sexuelle engage un peu plus qu’un simple rapport génital ; une coupure au doigt ou une petite blessure sur le corps peut laisser le champ libre à l’infection. Cinquièmement, comment ose-t-on traiter les Africains comme s’ils étaient des enfants ? Ils sont très capables de se maîtriser et, dans toute l’Afrique, surtout mais pas uniquement en Ouganda, il y a des programmes d’abstinence bien conçus, fondés sur l’humanité plutôt que sur la luxure, et ils sont couronnés de succès. Ils reposent sur une philosophie directement opposée au culte du plaisir sexuel tellement en faveur auprès de ces gens qui, en Occident, font une crise d’apoplexie quand le Pape s’exprime.

Bien entendu, avec ses comédiens qui blaguent le célibat des prêtres et ses commentateurs qui s’imaginent connaître mieux la réalité qu’un prêtre qui a travaillé pendant 40 dans les taudis d’une ville africaine, toute cette névrose anti-papale cache autre chose. La sagesse classique soutient que l’Afrique a un problème de population et que les Africains pourraient devenir « plus civilisés » s’ils avaient moins d’enfants. Il s’agit d’une campagne organisée et parfois sinistre. L’Afrique est en réalité sous-peuplée et les problèmes que connaît ce continent relèvent davantage de la cupidité, de l’exploitation des ressources, de la colonisation et des ventes d’armes que de la taille des familles. L’Église a parlé ouvertement de ces questions et a été une des voix principales aux Nations Unies pour persuader les multinationales pharmaceutiques de faire des médicaments génériques anti-sida afin qu’ils soient accessibles dans le Tiers Monde.

Mais c’est le paradoxe et le manque d’intelligence qui gouvernent : nous applaudissons une riche et obscène actrice américaine qui va prendre un bébé en Afrique pour l’adopter, mais nous oublions que les valeurs hollywoodiennes qu’elle incarne encouragent la sexualité sans amour, le traitement d’autrui comme s’il s’agissait d’objets sexuels et non d’individus uniques – en somme, le comportement même qui favorise la diffusion du sida. Plus encore, pour les enfants pauvres qui vivent en Afrique, la solution ne consiste pas à les ôter de leur pays, mais à ôter la pauvreté. Mais pour ce genre de choses, il n’y a jamais aucune équipe de télévision.

On dirait que la chasse à Benoît XVI est ouverte. Faut-il que cet homme – par le fait qu’il soit à la tête d’une organisation censée tenir un miroir montrant les échecs et les absurdités de la société – agisse sacrément bien (the man must be doing a great deal right).

Open season on Benedict, National Post (Canada) march 31, 2009

Via http://www.catholiceducation.org/articles/sexuality/se0183.htm

*M. Coren (né en janvier 1959 en Angleterre) est un chroniqueur canadien, auteur de plusieurs livres sur Chesterton, C.S. Lewis, Tolkien.

Discours du Caire: réactions espagnoles