Lettre à l"Archevêque de St-J. de Compostelle
à l'occasion de la fin de l'année sainte (1er/1/2011)
Une communication directe... et inédite
Après le message de Noël enregistré pour la BBC, on peut admirer une fois de plus la simplicité avec laquelle le Saint-Père s'adresse directement aux peuples qu'il a visités cette année, aux jeunes qu'il rencontrera en 2011 aux JMJ de Madrid - et aussi à tous les pélerins qui ont pris cette année les chemins de Saint-Jacques "avec une foi vivante, renouvelant la ferme adhésion au message transmis par les Apôtres, et vivant dans un esprit de conversion la rencontre avec la miséricorde et l'amour de Jésus-Christ" .
Voici la lettre qu'il a envoyée à Mgr Julián Barrio Barrio, archevêque de Santiago de Compostela, pour la clôture de l'Année Sainte 2010.
Texte en italien: Raffaella.
Image ci-dessous: Benedetto XVI forum (c'est le moment de revoir avec émotion les formidables images que Gloria a rassemblées du voyage en Espagne!)
A mon vénéré Frère Mgr Julián Barrio Barrio, Archevêque Métropolitain de Saint Jacques de Compostelle
1. A l'occasion de la clôture solennelle de l'Anné Sainte Compostellane de 2010, je repense avec émotion à la Maison de Saint Jacques, que j'ai visitée récemment avec une profonde joie intérieure. Je désire m'unir à l'action de grâces à Dieu pour les dons que sa bonté a répandus au cours des derniers mois sur la multitude de personnes qui sont allés en pèlerinage dans ce lieu saint avec une foi vivante, renouvelant la ferme adhésion au message transmis par les Apôtres, et vivant dans un esprit de conversion la rencontre avec la miséricorde et l'amour de Jésus-Christ. En saluant avec affection les pasteurs, les religieux, les séminaristes et les fidèles rassemblés à cette occasion, me souvenant des moments inoubliables que nous avons vécus près de la tombe du martyr, je voudrais leur adresser un mot d'encouragement, afin que les fruits de vie chrétienne et de renouveau ecclésial recueillis en abondance dans l'Année Sainte, poussent ceux qui sont venus à Saint Jacques de Compostelle à être des témoins du Christ ressuscité.
2. En effet, ils ont partagé préoccupations, espoirs et défis avec leurs frères qu'ils onr rencontrés le long du chemin, cherchant à entendre Dieu qui nous parle et demeure en nous, pour sortir d'eux-mêmes et s'ouvrir aux autres. Ils sont ainsi arrivés au Portique de la Gloire, où les attendait la majesté aimante et accueillante du Christ, dont la lumière permet à l'homme de trouver le vrai sens de sa vie et de marcher vers une coexistence pacifique et constructive entre les peuples. Sous le regard serein de l'Apôtre, ils ont renouvelé leur profession de foi, ils ont chanté leur louange et fait une humble confession de leurs péchés. La profession de foi a été suivie de la réception du pardon dans le sacrement de la Pénitence et de la rencontre avec le Seigneur dans l'Eucharistie.
3. Cette rencontre ne peut pas nous laisser indifférenst. Les pèlerins doivent rentrer chez eux comme retournèrent à Jérusalem, les disciples d'Emmaüs, qui s'étaient entretenus avec Jésus sur le chemin et le reconnurent quand il rompit le pain. Joyeux et reconnaissants, ils se rendirent dans la ville sainte pour dire à tous que Jésus était ressuscité et leur était apparu vivant. Ils devinrent ainsi des messagers heureux et confiants dans le Christ vivant, qui est un baume pour nos souffrances et le fondement de notre espérance (cf. Lc 24, 13-35). Aujourd'hui encore, en quittant Compostelle après avoir expérimenté l'amour du Seigneur qui est venu à notre rencontre, nous sentirons le désir d'accomplir le mandat de l'Apôtre Pierre: «Adorez le Seigneur, le Christ, dans vos cœurs, toujours prêts à répondre à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous »(1 P 3, 15). Cela nécessite l'intention de renforcer chaque jour davantage notre foi, participant assidument aux mystères de grâce confiés à l'Eglise et donnant un exemple de charité effective et concrète. Nous ne serions pas des témoins crédibles de Dieu si nous n'étions pas de fidèles collaborateurs et serviteurs des hommes. Ce service en faveur d'une compréhension profonde et d'une défense courageuse de l'homme est une exigence de l'Evangile et une contribution essentielle à la société, de notre condition chrétienne.
4. Avec ces sentiments, je voudrais maintenant m'adresser particulièrement aux jeunes que j'aurais la joie de rencontrer l'an prochain à Madrid, pour la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse. Je les invite à se laisser interpeler par le Christ, établissant avec lui un dialogue franc et serein, et se demandant aussi: le Seigneur comptera-t-il sur moi pour être son apôtre dans le monde, pour être un messager de son amour? Puisse la générosité ne pas manquer en réponse, ni l'audace qui a conduit Saint Jacques à suivre le Maître en n'épargnant pas le sacrifice.
J'encourage également les séminaristes à s'identifier davantage à Jésus, qui les appelle à travailler dans sa vigne (cf. Mt 20, 3-4). La vocation au sacerdoce est un don merveilleux dont nous devons être fiers, parce que le monde a besoin de personnes qui se consacrent entièrement à rendre Jésus-Christ présent, qui configurent leur vie et leurs actions pour lui, qui répètent chaque jour avec humilité Ses paroles et Ses gestes, pour être son reflet au milieu du troupeau qui leur a été confié. C'est le travail et aussi la gloire des prêtres, auxquels je voudrais rappeler avec saint Paul que rien ni personne en ce monde ne peut les arracher à l'amour de Dieu manifesté dans le Christ (cf. Rm 8, 39).
5. Conservant dans mon âme le souvenir reconnaissant de mon séjour à Compostelle, je demande au Seigneur que le pardon et l'aspiration à la sainteté germés en cette Année Sainte de Compostelle, aident à rendre plus présente, guidés par Saint Jacques, la Parole Rédemptrice de Jésus-Christ en cette Église particulière et partout en Espagne, et que sa lumière soit perçue aussi par l'Europe comme une invitation constante à renforcer ses racines chrétiennes et à intensifier ainsi son engagement en faveur de la solidarité et de la défense résolue de la dignité l'homme .
6. A la protection aimante de la Bienheureuse Vierge Marie, au cœur maternel de laquelle l'Apôtre Saint Jacques a confié ses souffrances et ses joies, selon une vénérable tradition, je confie tous les fils et filles de cette noble terre, et je leur accorde la Bénédiction apostolique, signe de consolation et de constante assistance divine.
Du Vatican, 18 Décembre 2010
BENEDICTUS PP. XVI
