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Pourquoi le Pape ira à Assise

Les chrétiens sont la cible d'attaques. "Le bon pasteur défend son troupeau". (3/1/2011)

Ce site n'est pas un site d'information.
Je n'ai pas rendu compte des derniers actes de violence contre les chrétiens (pour une fois correctement relayés par les medias), et surtout de la "publicité" indéniable - certes bienvenue, mais inédite, surprenante, et qui pose des questions légitimes, dont les réponses sont pour le moment totalement obscures - qui leur est faite, parce que je pense que lorsqu'on aborde un sujet, il faut le connaître bien. Ici, pour moi, ce n'est pas vraiment le cas.

Là-dessus s'est greffée l'annonce, faite dimanche, par le Saint-Père, de sa participation à une rencontre avec les dirigeants d'autres "traditions religieuses" à Assise, en octobre prochain (Le Pape à Assise ).
Annonce qui a suscité de la part de certains milieux des réactions peu généreuses, peu charitables - et, il me semble, peu éclairées. Le P. Scalese, avec qui je suis généralement d'accord, reproche au Saint-Père de prendre un risque: que sa démarche ne soit détournée de son intention par les medias, et que l'opinion publique ne retienne que l'aspect "syncrétisme", "relativisme". En "s'alignant", il se "gagnerait" en quelque sorte une neutralité bienveillante de leur part, qui irait jusqu'à fermer les yeux sur de menues incartades "folkloriques" dans le domaine liturgique, par exemple.

Si l'on suit ce raisonnement, il y aurait donc pour le Pape au moins deux formes de censure (1), entre lesquelles sa marge de manoeuvre serait pratiquement nulle:
- une censure au premier degré, ou directe: tout ce qu'il n'a pas le droit de dire ou faire, sauf à se faire massacrer par les medias (Ratisbonne, Williamson, "capote" version 1, etc...). Cette censure est relayée par les cathos de gauche.
- une censure au second degré: tout ce qu'il peut dire ou faire, prenant le risque, en se faisant encenser par les medias, que ceux-ci ne subvertissent ses propos, et ne renversent ses intentions aux yeux de l'opinion (livre-interviewe avec Seewald, "capote" version 2, Assise). C'est celle qui a l'agrément des cathos de droite.

Mais ce raisonnement oublie que la principale "arme" du Pape, c'est la prière, qu'il n'a de compte à rendre qu'à Dieu, qu'il voit les choses "d'en haut", et qu'il n'est le jouet - encore moins l'otage - ni des idéologies, ni des hommes qui sont derrière, cachés ou pas. Et surtout pas de la soi-diasant "opinion publique".

Pour essayer de comprendre ce qui motive la décision du Saint-Père - et surtout pas, de la justifier - j'ai traduit sur ce sujet deux articles italiens, qui apportent un début d'éclairage. On verra que sa tâche n'est pas facile.

Comme un bon pasteur qui défend son troupeau...
Ratzinger défend la liberté pour tous

Lucio Brunelli,
Eco di Bergamo, 3 janvier 2011
(Source: Raffaella)
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Comme un bon pasteur qui défend son troupeau, le Pape élève la voix contre les violences qui s'abattent sur les minorités chrétiennes au Moyen-Orient. Le massacre de l'église copte d'Alexandrie, en Egypte ,fait suite au carnage dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad le 31 Octobre dernier. Déjà à l'époque, revendiquant l'attentat, la branche irakienne d'Al-Qaïda avait menacé de frapper la communauté chrétienne en Egypte, sous le prétexte de la prétendue «détention» dans un monastère copte de deux femmes chrétiennes qui se seraient converties à l'islam. Épisode controversé, sur lequel les chrétiens d'Égypte (six millions) donne une version complètement différente.
Au-delà du prétexte, il paraît indéniable qu'il existe, comme l'a rapporté Benoît XVI à l'Angélus, une véritable «stratégie de violence qui prend les chrétiens pour cible."
De l'Irak au Pakistan, du Nigeria à l'Egypte, ces dernières semaines, les actes de persécution se sont multipliés dans un crescendo inquiétant. Le Pape n'est pas animé par une raison politique, encore moins une volonté idéologique d'attiser les braises sur les relations avec l'Islam. "Seul le bon pasteur garde son troupeau avec une immense tendresse et le défend du mal, avait-il dit lors du Regina Coeli, le 25 avril 2010.
Un silence du pape, même justifié par des raisons de prudence diplomatique, serait incompréhensible pour les chrétiens aujourd'hui attaqués et accroîtrait leur sentiment d'être laissés seuls, non seulement par les autorités civiles, mais même au sein de l'Eglise.
Il est donc juste que les fidèles du monde entier s'unissent à la prière et à la douleur du Pape, réclamant avec lui une intervention concrète des dirigeants des nations pour assurer la sécurité et la liberté de religion. Une question de civilisation, qui devrait impliquer non seulement le petit troupeau chrétien, mais, comme Benoît XVI l'a dit: "tout homme de bonne volonté."
La question est grave, car chaque geste, chaque mot sorti de son contexte, menace d'enflammer les esprits. La presse égyptienne évoque déjà le spectre d'une "guerre civile" entre chrétiens et musulmans. Le Grand Imam de l'Université Al Azhar au Caire, le cheikh Ahmed El Tayeb, une des figures les plus importantes de l'islam, a vu dans les paroles douces de Benoît XVI une "ingérence" dans les affaires intérieures de l'Egypte. Il lui a également reproché son silence lorsque c'étaient au tour des musulmans d'être la cible des terroristes en Irak.
Accusations non fondées, parce que Benoît XVI à plusieurs reprises a condamné publiquement les massacres de musulmans. Rappelons, à titre d'exemple, l'Angélus du 26 Février 2006: "En ces jours se succèdent les nouvelles de violence tragique en Irak, y compris les attaques de mosquées. Ce sont des actes qui sèment le deuil, alimentent la haine, et entravent sérieusement la tâche déjà difficile de reconstruction du pays. "
Le dernier désir du pape, ce serait qu'on instrumentalise ses paroles pour alimenter un affrontement inconsidéré des civilisations.
Ce n'est pas un hasard si hier, alors qu'il condamnait comme "acte lâche de mort", l'attaque contre l'Eglise copte, il appelait les chrétiens exaspérés au témoignage évangélique de la "non-violence".
Il a trop de sens des responsabilité, le Pape, pour mettre un point final à toute tentative de dialogue et d'amitié avec les fidèles du prophète Mahomet. Ce serait une catastrophe pour le monde entier, et les premiers à subir les conséquences d'un climat de confrontation seraient précisément la minorité chrétienne sans défense.
C'est pourquoi Benoît XVI a accompagné le message fort du Jour de l'An sur la liberté religieuse, par l'annonce, à la surprise générale, d'une grande rencontre de prière pour la paix à Assise en Octobre, avec des représentants des juifs et des musulmans.
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Quand le Pape convoque les chefs religieux
La Bussola quotidiana
Andrea Tornielli
03-01-2011
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Après un Noël et un jour de l'An ensanglantés, Benoît XVI a fait à l'Angélus du 1er Janvier une annonce passée à la sauvette: la convocation des dirigeants des religions du monde à Assise en Octobre.

Un geste d'autant plus significatif, car inattendu, par lequel Ratzinger s'inscrit dans la continuité de son prédécesseur et entend célébrer le 25e anniversaire de cette rencontre interreligieuse voulue par le Pape Wojtyla à une époque où sur le monde était suspendue l'épée de Damoclès d'une guerre nucléaire.

Mais significative aussi parce que, lors de cette rencontre, il y eut des bavures et des abus, certainement pas dûs au Pape mais à la légèreté des organisateurs, qui finirent par faire passer un message syncrétique. On sait que le Cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, témoigna qu'il comprenait les objections.

Dans le livre "Foi, vérité et tolérance", Joseph Ratzinger parlait de "dangers indéniables" , écrivant que beaucoup avaient interprété de façon "erronée" la rencontre d'Assise. Mais il ajoutait qu '"il serait tout aussi erroné de rejeter en bloc et sans condition, la prière multi religieuse", expliquant qu'elle était soumise à certaines conditions.

La première est que ces rencontres interreligieuse ayant pour but l'invocation de la paix devaient "rester seulement comme un signe, dans des situations extraordinaires, où, pour ainsi dire, s'élève un cri d'angoisse commun, qui devrait toucher le cœur des hommes et en même temps toucher le cœur de Dieu. "

La seconde condition était de présenter l'événement "de manière extrêmement claire, afin de ne pas devenir une manifestation de relativisme , car il se priverait ainsi de son sens".
Benoît XVI a qualifié hier d'"acte vil de mort" les attaques contre les chrétiens coptes à Alexandrie en Egypte, ainsi que les bombes utilisées pour "expulser" les chrétiens d'Irak, parlant d'une "stratégie de la violence dirigée contre les chrétiens".

Un jugement qui témoigne de l'inquiétude croissante du Pape pour la situation mondiale. En 1986, la rencontre convoquée par le Pape Jean-Paul II avait eu lieu sous la menace d'une guerre nucléaire. En 1993, Karol Wojtyla voulut une deuxième rencontre dans la ville de Saint-François, au cours de la sanglante guerre contre la Yougoslavie. Une troisième rencontre avec les chefs religieux du monde a encore été présidée par le Pape Jean-Paul II, toujours à Assise, en Janvier 2002, peu après les attentats contre les Twin Towers.

Aujourd'hui, si Benoît XVI s'est décidé à répéter le geste, cela signifie que la spirale de la haine et la violence, l'exploitation du nom de Dieu pour justifier le terrorisme, la "stratégie" contre les chrétiens et la montée du fondamentalisme réclament la répétition de ce "cri d'angoisse commun", et surtout l'appel à travailler pour la paix et pour le droit à la liberté religieuse.

Note

(1) Je laisse le mot de la fin à Carlota:
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Certes, le Pape est un homme et peut se tromper mais il essaie de faire au mieux et personne au monde ne le fait et ne peut le faire d’une façon aussi désintéressée et universelle pour tous les hommes; personne, même si c’est difficile à admettre pour nous qui avons, et c’est normal tendance à voir notre intérêt plus personnel.
...
Et un milliard d’individus qui ont la chance d’être catholiques et donc la possibilité de s’exprimer à hue et à dia c’est vraiment le pire des troupeaux à gérer !!!
Les images à la télévision des jeunes coptes égyptiens étrangers en leur propre pays qui défilent avec une croix faite de deux malheureuses petites branches d’arbres et d’une bible dans la main, c’est cela je crois l’essentiel. Ils nous donnent la seule leçon valable, cette croix et le Christ. Ils n’ont rien et pourtant ils ont tout. Quelle magistrale leçon.

Peter Seewald, sur KTO Quand l'Occident sacrifie les chrétiens