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Pourquoi le Pape ira à Assise (2)

Réponse à ceux qui regrettent le temps où le magistère ne donnait pas prise au relativisme. La double analyse de l'islamologue, le Père Samir Khalil Samir, jésuite (4/1/2011)

J'ai traduit deux interviewes – qui se recoupent un peu, mais elles sont nécessaires - du Père Samir Khalil Samir (Agence SIR –Servizio Informazione Religiose - et Agence Fides)
Moi aussi, je regrette le temps de la marine à voile, des carrosses, encore plus loin, celui de l’amour courtois ; je regrette, en vrac, le temps des processions dans les rues, la croix d'honneur à l'école, les plumes sergent-major dans l'encrier de faïence, l'alternance des blouses roses et bleues au lycée, et le Paris en noir et blanc des photos de Doineau; la monarchie de droit divin telle que la concevait Louis XVI, la galanterie masculine, et, pourquoi pas, le costume féminin du XIXe siècle, qui mettait si bien le corps en valeur. Malheureusement, même ces époques prétendument bénies ont eu leur face sombre ; et surtout, le monde se soucie peu de nos nostalgies, il va son cours. Le Saint-Père a la tâche de maintenir intact le dépôt de la foi, mais il ne doit pas s'interdire de vivre dans ce monde, et d'y apporter son témoignage - immense.
En lisant les analyses d’un acteur direct, l’islamologue jésuite égyptien, le Père Samir Khalil Samir désormais souvent rencontré dans ces pages, on comprendra que le geste de Benoît XVI se rendant à Assise n’a rien à voir avec le relativisme. Comme il le dit, "Je pense qu’il faut traiter d'une manière spéciale avec les pays du Moyen-Orient ou islamiques, ou les endroits où se produisent les violences contre la liberté de religion".
J’aimerais en convaincre mes lecteurs !

 

Interviewe à SIR

Contre toutes les violences.
(Source: SIR, via Raffaella)

Samir Khalil Samir commente les paroles de Benoît XVI
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L'attentat du 31 Décembre dernier contre la communauté chrétienne copte d'Alexandrie en Egypte est un «acte vil de mort, comme celui de poser des bombes aussi près des maisons des chrétiens en Irak pour les forcer à partir », qui « offense Dieu et l'humanité tout entière ».
Ces paroles du Pape Benoît XVI à l'Angélus du dimanche 2 Janvier, jointes à l'exhortation aux responsables des Nations afin qu’ils s’unissent « pour construire la paix dans le monde », ont provoqué la réaction du Cheikh Ahmed Al Tayeb, le grand Imam d'Al Azhar, qui a parlé d'ingérence et « d’intervention inacceptable dans les affaires de l'Egypte ». Les déclarations faites par le responsable sunnite, qui a également condamné l'attentat et a annoncé la création d'un comité mixte avec l'Eglise copte pour résoudre les tensions entre les deux communautés, a contribué à alimenter les protestations des chrétiens envers le gouvernement et les musulmans, au point que commence à circuler l'idée que la célébration du Noël copte, le 7 Janvier, pourrait être annulé.

SIR en discute avec un des islamologues les plus appréciés par Benoît XVI, le jésuite Samir Khalil Samir.

- Père Samir Khalil Samir, qu’est-ce qui pourrait avoir déclenché cette polémique?
R: « Disons tout de suite que Benoît XVI a condamné la violence. Il s'agit d'un thème classique, sans cesse répété par tous les papes, et en particulier par l’actuel.
Il suffit de rappeler le fameux discours de Ratisbonne, le 12 Septembre 2006. Et c'est une condamnation encore plus forte si la violence est perpétrée au nom de la religion. C'est le premier point: la violence ne résout aucun problème.
En second lieu, le Pape a rappelé que cette violence s’exerce de plus en plus contre les chrétiens et il a réitéré les concepts énoncés le 20 Décembre dernier, lors de l’échange des vœux de Noël avec les cardinaux, les archevêques et évêques et avec la prélature romaine (cf. Voeux à la Curie). Dans ce discours, un pape, peut-être pour la première fois, a utilisé le terme «christianophobie». Les livres que nous connaissons, pour citer René Guitton, « Christianophobie : la nouvelle persécution », et les nouvelles que nous lisons dans les journaux, semblent, en effet, confirmer que, dans le monde d'aujourd'hui, les chrétiens sont les premières victimes de la violence dans plusieurs pays comme le Nigeria, la Corée du Nord, la Chine, le Viet Nam, le Pakistan, l’Irak. Il s’agit donc d’un phénomène visible et incontestable. "

- Une condamnation de la violence anti-chrétienne peut-elle être définie comme une «ingérence»?
R: «Dans son discours, Benoît XVI a affirmé que les Etats devraient faire quelque chose pour remédier à cette situation. Et en face de cette exhortation, je ne pense pas qu'on puisse parler « d'ingérence et d'intervention inacceptable dans les affaires de l'Egypte ». Le même imam, décrit notamment comme une personne modérée et de grande culture, a également critiqué Benoît XVI, qui à son avis, aurait dû aussi protester quand les musulmans ont été massacrés en Irak. Maintenant, si on fait allusion à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, on doit également se rappeler que celui qui était alors le pape, Jean-Paul II, avait déjà condamné par anticipation la guerre, ne justifiant en aucun cas l'invasion. Une position toujours maintenue par le Pape et le Saint-Siège. Il est également nécessaire de rappeler un fait ...".

- C’est-à-dire?
R: « Que ceux qui ont été agressés, ce n'étaient pas les musulmans, mais l'ensemble du pays. Et c'est l'erreur que beaucoup de musulmans font, et il n’est pas acceptable qu’elle soit faite par un dirigeant musulman aussi influent. Nous ne sommes pas face à des musulmans attaqués par des chrétiens, mais face à un pays, l'Irak, envahi par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Et l'Irak comprend des musulmans, des chrétiens et d'autres minorités. A propos de musulmans agressés en tant que tels, cela arrive mais c'est surtout les sunnites qui attaquent les chiites et vice versa. Ce sont les faits qui le prouvent. Quand il y a des violences contre des groupes qui vont en pèlerinage, on devrait parler d’attaques à caractère religieux et de nombreux cas se sont produits en Irak entre chiites et sunnites. La même chose s’est produite, par exemple au Liban et au Pakistan. Et tous les deux, Jean-Paul II et Benoît XVI ont toujours dit qu'il n'y a aucune justification pour ces attaques ».

- Les propos de l'imam sont susceptibles de créer des fractures et d'exacerber les tensions entre chrétiens et musulmans en Egypte ...
R: « La communauté copte est l'une des plus enracinées en Egypte. Le mot même de «copte » qui en Egypte se prononce « ghipti » montre une similitude évidente avec le mot «égyptien». Les Coptes tiennent à cette présence et sont des gens pacifiques. Contrairement à d'autres communautés chrétiennes du Moyen-Orient, comme la Libanaise, ils n'ont jamais eu d'armes et la même chose peut être dite de l’irakienne. Et il est beaucoup plus facile pour ceux qui provoquent des émeutes d'attaquer les communautés les plus faibles et sans défense. Aujourd'hui, il n'y a pas de conflit en Egypte. Pour cette raison, j'ai tendance à croire que l'attitude de l'imam d'Al Azhar est aussi due au fait que quand il est allé présenter ses condoléances à Chenouda III, sa voiture a été la cible de jets de pierres par les chrétiens ».

- À la lumière de ces événements, qui ont vu des niveaux croissants de violence anti-chrétienne, jusqu’à frapper deux églises, d'abord en Irak, et maintenant en Egypte, à quoi est-il légitime de s'attendre pour l'avenir du christianisme au Moyen-Orient?
R: «Ces attaques coïncident étrangement avec le récent Synode des évêques pour le Moyen-Orient, où les Pères du Synode ont insisté pour rester dans leurs pays respectifs, même si cela peut parfois présenter un danger, et sur la nécessité de collaborer avec les autorités, avec les musulmans, avec l'Etat, pour créer une société juste, pacifique et respectueuse des droits de l'homme. Le Synode n'a pas décidé que les chrétiens doivent se défendre «contre», mais plutôt travailler «avec» la majorité musulmane vers une société meilleure. Il est triste de voir cette réaction: les terroristes ne lisent certes pas les documents du Synode, peut-être n’en ont-ils même pas entendu parler.
Quel avenir alors? Il faut en venir à un débat sur les modèles de société: d'une part il y a le modèle des islamistes radicaux qui veulent que l'Islam pénètre dans tous les actes de la vie, dans les comportements, des vêtements à la nourriture, en passant par la relation entre l'homme et la femme, par la vie économique et politique. D'un autre côté nous avons le modèle que l'on appelle de l'Occident, qui tend, disons même dangereusement, à exclure le phénomène religieux de la vie politique. Je pense que la motivation des radicaux à proposer leur modèle de société est leur opposition à l'Occident. Deux concepts de la société, deux idéologies opposées; onne parviendra pas à détruire l'intégrisme islamique avec des armes. Nous avons besoin d'un dialogue sur les projets de société, dans lequel l'Occident et le mouvement islamique se remettent en question, pour arriver à donner à la religion sa juste place dans la société la tenant séparée, et non pas opposée à la vie politique. Telle est la position de l'Eglise catholique qui appelle à la médiation et à la collaboration entre foi et politique au nom ‘une laïcité positive. Et c'est le seul chemin que je vois. »

© Copyright SIR, ma traduction.

 

Commentaire pour Fides

L'Europe et l'Islam après les attentats contre les coptes d'Alexandrie
Source: Raffaella
par Samir Khalil Samir (Agence Fides)

Résumé:
Accusations absurdes contre la communauté copte, qui tiendraient prisonnières deux femmes converties à l'islam. La psychose des conversions dans un pays qui interdit de changer de religion ; les critiques de l'imam d'Al-Azhar contre Benoît XVI ; Les attaque des islamistes contre Chenouda III. L'Europe doit ouvrir des canaux pour le dialogue culturel avec les pays islamiques, en rejetant la laïcité et le fondamentalisme. Tout comme le dit le pape.
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L'attentat contre l'église des Saints à Alexandrie en Egypte, le 31 Décembre dernier, montre avec toujours plus de crudité la croissance de la christianophobie dans le monde islamique (et pas seulement). Il est important de dénoncer cette violence, mais aussi de trouver des pas concrets à faire.
Voyons d'abord les faits: Les musulmans égyptiens accusent l’Église copte et le patriarche Shenouda III, de détenir prisonnières dans deux monastères en Egypte deux femmes qui se seraient converties à l'islam. Cette accusation complètement fausse a été reprise le jour même de l'attaque, le 31 Décembre. Dans la mosquée, à 200 mètres de l'église attaquée à midi, après la prédication de l'imam, il y a eu une manifestation de musulmans appelant à la libération de ces deux femmes, et d'autres.
Cela fait quatre ans que cette histoire dure. Les deux femmes, Wafa Constantine et Camelia Shehata, mariées à deux prêtres, auraient eu des problèmes conjugaux. Elles se seraient converties à l'islam, puis auraient été enlevées et cachées par l'Église. Il est vrai que ces femmes avaient des problèmes conjugaux, mais il n’est pas vrai qu’elles se sont converties. Le défunt chef d’Al-Azhar lui-même, Tantawi, a déclaré qu'il n'y avait aucune preuve de leur conversion. Les deux femmes ont ensuite été remises à l'Église, qui, par crainte d'un enlèvement possible par les mouvements islamistes, les ont emmenées dans différents monastères. Mais l'histoire revient tout le temps. Encore après l'attaque de l'église syrienne catholique à Bagdad le 31 Octobre dernier, le groupe qui a revendiqué la responsabilité de l'acte terroriste a cité le cas de ces deux femmes, justifiant les attaques contre les chrétiens en Egypte.
Tout cela est absurde. Hier, j'ai participé à un forum en ligne d'un journal islamique, sur l'attaque contre l'église d'Alexandrie.

Au lieu de deuil pour les victimes chrétiennes, pour l'attaque, etc, tous - au moins 60 intervenants - disaient que "c'est la faute des Coptes," et citaient l’histoire des deux femmes ; que l’attaque de l'église avait été organisée par les Coptes eux-mêmes « pour nous donner mauvaise figure devant le monde» ; ou bien qu’il s’agissait de quelque chose organisé par les Etats-Unis et le Mossad. J'ai fait une petite intervention, mais elle n'a pas été publiée. Dans les quelques lignes concédées, je demandais de quel droit on pouvait contraindre à la conversion. Les conversions sont un fait qui est passé sous silence en Egypte, où les conversions à l'Islam sont facilitées, tandis que celles de l'islam à une autre religion sont fortement entravées.

L'imam d'Al-Azhar
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Dans cette situation, la réaction d’Ahmed al-Tayyeb, l'Imam actuel de Al-Azhar, qui est allé présenter ses condoléances au patriarche copte Chenouda III est compréhensible. En Egypte, chaque fois qu'il y a une attaque, il y a ces visites un peu "formelles », pour dire que nous nous entendons depuis toujours, et que « nous ne devons pas détruire l'accord national » (ndt: ça me rappelle quelque chose... moins dramatique, pour l'instant). Des milliers de chrétiens manifestaient devant le patriarcat pour réclamer plus de sécurité et de protection pour les chrétiens.
Il est vrai que les fidèles ont réagi avec des slogans et en jetant des pierres sur la voiture d'un représentant musulman. Mais il faut voir ce que font les musulmans de leur côté. Au cours des trois derniers mois à plusieurs reprises une image de Chenouda a été piétinée et détruite ; il y a une liste de 200 noms de Coptes qui doivent être tués, et à la première place il y a le patriarche. Parmi eux se trouvent 100 noms de Coptes canadiens ; « verser leur sang - lit-on - est légitime ». Ici aussi, les raisons de cette violence sont l'obsession des conversions.
Le gouvernement égyptien affirme que l'attaque de l'église d'Alexandrie a été accomplie par une main étrangère. Et d’une certaine façon, c'est vrai: le groupe irakien, lié à Al-Qaïda, qui a revendiqué la responsabilité de l'attentat dans l'église de Bagdad le 31 octobre, a menacé de violences jusqu’à ce que les deux femmes égyptiennes soient rendues à la communauté islamique. Aujourd’hui, al-Qaïda, dont le chef est al-Zawahiri, un Egyptien, est en fait une pieuvre terroriste mafieuse aux ramifications internationales.

L'imam d'Al-Azhar a critiqué le pape qui aurait demandé aux gouvernements du monde de défendre les chrétiens, et ne se soucierait pas des musulmans tués en Irak. Qu’ une personnalité comme lui, considéré comme un modéré et un homme très cultivé - il connaît plusieurs langues, et a étudié à Paris - ait dit ces paroles contre le pape est inacceptable: il a critiqué le pape, sans rien savoir, en regardant seulement les titres des journaux [ 1].

En réalité, dans le discours du Pape il n'y a rien à critiquer. Benoît XVI a seulement rappelé que la violence contre les personnes est contre la volonté de Dieu. Il est évident qu'il a demandé d'aider les chrétiens, étant donné qu’on parlait des événements survenus ces jours-ci. S’il a demandé la sécurité pour les chrétiens, ou est le scandale? Si les gouvernements du Moyen-Orient ne sont pas en mesure de les défendre, parce qu'ils ne veulent pas ou parce qu'ils n’en sont pas capables, alors le monde doit faire quelque chose, sinon à quoi servent l'ONU ou d'autres instances internationales?
Il est aussi ridicule de dire - comme l’a dit l'imam dell'Ahzar - que le pape n'a jamais défendu les musulmans d'Irak .
Jean-Paul II et Benoît XVI n'ont jamais approuvé l'intervention américaine en Irak, ni admis qu’elle soit légitime. Il faut dire aussi que les musulmans sont souvent frappés et tués par d'autres musulmans. Le pape peut condamner la violence et dire qu’il faut vaincre l'intolérance, et cesser de justifier la violence au nom de Dieu. Et ceci le pape l’a fait d’ innombrables fois.

Le destin de l'Europe et le Moyen-Orient
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Certains analystes mettent en garde contre des tentatives en Occident d’instrumentaliser toute cette violence contre les chrétiens.
Mais en fait, dans de nombreux pays européens, les musulmans continuent à accroître leurs prétentions, présentées comme leurs «droits» ; ils font des choses inhabituelles et personne ne dit rien. Par exemple, en France et en Italie, le vendredi, la prière musulmane occupe les rues, bloquant la circulation.
L’Islam en Europe revendique toujours plus, et les gouvernements ne savent pas comment réagir ; une partie d’entre eux a des difficultés à s'intégrer; la relation entre les gouvernements et les immigrants musulmans est des plus difficiles.
Bien sûr, la grande majorité des musulmans veulent la paix, veulent s’intégrer, mais parmi eux il y a des gens qui ont un autre projet: nous, en Europe, nous avons le droit de vivre notre loi, la charia, et vous nous en empêchez. Il y a quelques années à Milan, le chef de la mosquée de Viale Jenner, revendiquait l'application de la loi coranique en Italie (il a été question de tuer les convertis de l'Islam). Et si l'Italie l'interdit disait-il – vous entravez notre liberté de religion. Cette position crée des problèmes en France, en Italie, au Danemark, etc ..
Il est possible que les gouvernements européens utilisent la violence contre les chrétiens pour arrêter l'immigration islamique. Comme il est possible qu'Israël utilise cette violence pour justifier le racisme de plus en plus évident dans la société israélienne. Mais la violence contre les chrétiens est quelque chose qui arrive tous les jours et a pour but de les faire fuire du Moyen-Orient. En Egypte des attentats et meurtres se produisent continuellement.

Le dialogue afin de vaincre le fondamentalisme et la laïcité
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Pour cette raison, certains pays européens commencent à dire "assez". Il y a la conscience que quelque chose doit être fait. C'est vrai aussi que les violences contre la liberté religieuse des chrétiens en Chine ou au Vietnam ou au Laos, ne sont pas condamnées, sinon de façon sporadique .
Le fait est que le Moyen-Orient est étroitement lié à l'Europe et que le problème de la coexistence avec l'Islam est un problème européen. Je me réjouis de la réaction unanime de la communauté internationale sur la question des Coptes en Egypte. Ce qui est frappant dans cette affaire, c'est l'innocence absolue des Coptes: Qu'ont-ils fait pour mériter un tel attentat meurtrier? Dans d'autres régions - Palestine, Irak, Liban ... - il y a des actes de guerre, mais ici, en Égypte, il n’y a rien de tout cela, c’est une action violente et gratuite, uniquement motivée par les «conversions» et justement au moment où nous demandons pour tous la liberté religieuse, avec le message du pape pour la Journée mondiale de la Paix.
Le geste d'Alexandrie en Egypte est un acte contre la liberté religieuse. Mais les musulmans au nom de la charia ne peuvent pas comprendre la valeur des droits de l'homme. Il faut que les droits de l'homme soient au-dessus de toutes les traditions.

Il faut dire que cette violence interroge aussi l'Occident. Le pape, dans son discours du 1er Janvier, a dit qu'il faut les faits et pas seulement des mots. Je pense qu’il faut traiter d'une manière spéciale avec les pays du Moyen-Orient ou islamiques, ou les lieux où adviennent les violences contre la liberté de religion.

Les pressions sont inutiles parce que les pays les perçoivent comme une ingérence trop forte. La proposition américaine de collaboration avec l'islam, faite par Barack Obama, ne suscite pas non plus l'enthousiasme car les propositions des Etats-Unis glissent trop vers le colonialisme.
Le point important est que la relation avec ces pays doit devenir non seulement économique mais aussi culturelle. Un des points forts de ce dialogue, c'est de prendre au sérieux les critiques de la part des fondamentalistes contre la civilisation occidentale, qu'ils considèrent comme athée. Les critiques fondamentalistes sont remplies d'erreurs, mais elles ont un fondement dans la réalité. Ils voient que l'Occident favorise une culture irréligieuse. Et en effet, l'Occident est soit neutre soit indifférente, ou même contraire à la religion.
Il s’agit de proposer une voie médiane, en essayant de passer entre deux extrêmes: ou l’occident laïciste, dans lequel il n'y a pas de place pour la religion, ou le modèle islamique fondamentaliste, où la religion pénètre avec force toute la vie sociale : prière, travail, sexualité, famille, etc ...

A l’Angelus du 1er Janvier, le pape a déclaré: « Aujourd'hui, nous assistons à deux tendances opposées, deux extrêmes également négatifs: d’un côté, le laïcisme, qui, de façon subtile, marginalise la religion pour la confiner à la sphère privée; et de l'autre l'intégrisme, qui veut au contraire l'imposer à tous par la force. »

Je pense vraiment que le pape a raison.

[1] Ahmed al-Tayyeb, l'imam d'Al Azhar, a critiqué le pape qui dans son homélie du 1er Janvier, aurait selon lui simplement demandé de défendre des chrétiens.
« Je ne suis pas d'accord - dit-il - avec la position du pape et je me demande pourquoi le pape n'a pas demandé de protection quand ce sont des musulmans qui sont tués en Irak ».
En fait, les paroles du pape (cf. en italien ici) ont été:

"Face aux tensions menaçantes du moment, spécialement face à la discrimination, aux abus et à l'intolérance religieuse, qui touchent aujourd'hui, en particulier les chrétiens , une fois de plus, je lance un appel urgent à ne pas céder au découragement et à la résignation. J'exhorte tous à prier afin que se concrétisent les efforts entrepris par plusieurs parties pour promouvoir et consolider la paix dans le monde."

Il est vrai que de nombreux médias ont publié des titres comme "Le pape appelle les gouvernements à protéger les chrétiens," avec une réduction claire du message.

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