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Carlota était à la marche pour la vie

Son formidable reportage, érudit, coloré, vivant, courageux, tonique, sans illusion mais au final plein d'espoir. (25/1/2011)

 



Un dimanche pas comme les autres à Paris

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Tous fatigués (notamment les plus petits marcheurs et ceux qui venaient de loin dont certains avec 7 à 15 heures de voyage AR dans la journée) mais contents d’avoir participé à la marche pour la vie du 23 janvier 2011. L’on se rend d’ailleurs bien mieux compte de « l’importance » de l’évènement en regardant a posteriori les nombreux sites et blogs qui en parlent - en plus du site dédié enmarchepourlavie.fr/ - comme le Salon Beige, mais aussi un peu la grosse presse, avec les nombreuses photos et vidéos, car à l’intérieur de l’immense cortège l’on ne pouvait, bien évidemment, pas voir grand-chose ni même bien entendre ce que disaient les animateurs en tête avec leur camion. Jeanne Smits dans son compte rendu est enthousiaste, même si l’on est encore bien loin des chiffres espagnols par exemple pour ce genre de manifestation.

Départ de la Marche, Place de la République

Photo de Carlota

Mes quelques remarques de provinciale
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Arrivés à 14h30 place de la République, mais presque en retard tellement il y a de monde. Il faut quasiment se « battre » pour fendre la foule très dense et se porter jusqu’aux volontaires pour essayer de récupérer un ballon rouge ou blanc. Hélas il n’y en a plus! Heureusement une grande personne compatissante nous en a laissé un ! Le « cortège » ne va quitter la place qu’une heure plus tard.

Le point de départ est tout un symbole : une majestueuse statue de la République Française qui montre plutôt actuellement son arrogance de déesse païenne impitoyable en déléguant à un petit nombre de ses « prêtres » le droit de décider qui doit vivre et mourir parmi ceux qui sont innocents de tout en privilégiant de plus en plus, le court terme, voir l’immédiat. Je pense à ses alliés : les journalistes (mais aussi malheureusement pas qu’eux) qui font l’opinion et qui ont si souvent considéré les pro-vie comme des « extrémistes », les groupes de pression subventionnés et les puissances mercantiles qui vendent médicaments et prestations pro-morts pour des chiffres d’affaires faramineux remboursés par la sécurité sociale en faillite, les parlementaires qui au nom d’une singulière démocratie ne sont peut-être plus vraiment les garants de l’intérêt commun et national en favorisant des lois bioéthiques à la morale d’apprentis-sorciers, en ne soutenant pas suffisamment les femmes enceintes en détresse psychique et économique ou professionnelle et les familles qui essaient d’élever au mieux leurs enfants dans une société bien permissive, en incitant à la mort « volontaire » des vieillards ou des malades en désespérance, etc. La liste serait longue de cette culture pro-mort, qui ôte même le goût de vivre aux jeunes qui ont à peine commencé leur vie d’adultes dans un pays qui n’a plus pour eux ni projet d’avenir ni vision de civilisation.

Itinéraire symbolique aussi, qui part des quartiers, qui furent « populaires », et se termine à la place de l’Opéra, en passant pas les boulevards St-Martin, Bonne Nouvelle, Poissonnière (où arrivait jusqu’au milieu du XIXème siècle, en une nuit, tractés par de solides percherons en provenance des ports du Nord de la France la pêche fraîche vendue aux Parisiens). Itinéraire qui reprend le pourtour des murailles du Paris du Moyen Äge et où se trouvent notamment deux arcs de triomphe grandioses érigés au XVIIème siècle à la gloire de Louis XIV et dont l’un (Porte St Denis) rappelle la victoire de Maastricht (1673), immenses monuments ignorés de ceux qui les voient tous les jours et taggués sans pitié (les services de la ville doivent sans doute les re-nettoyer inlassablement aux grands frais des contribuables).
Des quartiers où, tout au moins un dimanche après-midi d’hiver, l’on n’y croise guère des descendants du petit peuple, des nobles ou des grands bourgeois des siècles passés, mais quelques touristes venus des antipodes, des commerçants y compris bistrotiers, originaires de Chine ou d’autres contrées exotiques de même que la majorité de leurs clients, des « jeeeeûnes » (de sexe masculin généralement) des minorités visibles, des dames de petite vertus qui n’ont depuis bien longtemps ni l’allure ni l’accent d’Arletty, mais aussi des clochards (hommes et femmes), couchés parfois pieds nus sur les plaques d’aération du métro. Toute une humanité laborieuse ou désoeuvrée, plus ou moins à l’aise ou plus qu’indigente, venue directement ou depuis une, deux ou trois générations, de l’autre bout des terres et mers pour remplir une coquille vide, celle d’une ville construite dans la magnificence du génie d’un pays et de son peuple au cours des siècles et millénaires, et qui n’est plus représentée que par une poignée (quelques 6500 d’après la police ; bien plus de mon par mon estime visuelle et d’après les organisateurs) d’hommes, de femmes et d’enfants qui veulent dire un oui catégorique à la vie. Un oui à la vie qui n’est pas, comme présentée d’une manière sciemment réductrice, par certains commentateurs TV (via aussi quelques interviewes bien ciblées de personnes), qu’un non à l’interruption volontaire de grossesse.
Ce oui concerne tout autant le rejet des embryons manipulés, congelés, sacrifiés, de l’eugénisme chromosomique, de l’éducation « viciée » de la jeunesse où chasteté est devenu perversion et maladie du corps et de l’esprit, de la fausse compassion sous couvert de liberté individuelle et de droit à mourir dans la dignité. C’est dans ce sens général d’ailleurs que se sont exprimés place de l’Opéra notamment le professeur d’histoire-géographie de Manosque Philippe Isnard et un responsable de soins palliatifs, tous enfin (organisateurs, intervenants, marcheurs) faisant leur, par les mots ou par leurs pieds, la phrase de Benoît XVI : « On ne peut penser qu’une société puisse combattre efficacement le crime quand elle le légalise elle-même dans le cadre de la vie naissante ».

Une autre remarque : Les organisateurs (dont le travail, le dynamisme, la volonté de ne pas se décourager devant les murs d’hostilité ou d’indifférence sont prodigieux et ne peuvent que susciter l’admiration) et même certaines personnes interrogées ont insisté sur le côté a-confessionnel de la marche. C’est sans doute une façon pour essayer de convaincre le plus grand nombre et amener sans les « brusquer » les gens à repenser l’idée de l’avortement qui n’est qu’un des éléments de la culture de vie.
Pourtant je crois que, si dans toutes les cultures, le respect de l’enfant à naître (essentiel dès les temps les plus anciens pour cause évidente de survie de « l’espèce ») est un fait (avec des petites variantes néanmoins depuis l’exposition des enfants chez les Spartiates pour que ne survivent que les plus robustes, futurs guerriers ou mères de futurs guerriers, infanticide courant des filles en Chine, sacrifice du premier né dans certaines peuplades, etc.) il faut néanmoins honnêtement reconnaître que c’est essentiellement le fait du christianisme d’avoir tenté de donner un caractère universel à la défense de la vie de l’être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Et il faut aussi admettre que c’est bien un petit noyau d’hommes qui s’est révolté contre l’injustice faite aux plus faibles et aux plus vulnérables et l’a proclamé et le proclame encore haut et fort grâce à Celui qui est mort sur la Croix, que cela plaise ou non. Loi naturelle ou pas, sans l’Église catholique universelle, la conscience ne vient pas forcément naturellement dans le cœur des hommes et de la même façon (Je me rappelle avoir vu lorsque j'étais petite un film de Paul Émile Victor, où l’on voyait une vieille grand-mère esquimaude, quitter l’iglou pour mourir seule dans le froid et ne plus être à charge de sa famille. Cela m’avait paru l’abomination des abominations. C’était une loi d’une communauté humaine dans le premier tiers du XXème siècle). Oui, faits historiquement vérifiables depuis deux mille ans ont bien prouvé l’action de l’Église. Donc je trouverais plus juste de dire que cette marche pour la vie n’est pas a-confessionnelle, et bien impulsée par une volonté de catholiques déterminés mais qu’elle est bien sûre ouverte à tous les hommes et femmes de bonne volonté.

Le Premier Vicaire de l’Église Catholique Universelle, aujourd’hui comme hier, a été et est plus que souvent précurseur et en première ligne pour mener ce combat pour la vie (les encycliques bien précises, Jean-Paul II demandant aux catholiques de descendre dans la rue ou s’inclinant devant la tombe du Professeur Lejeune, Benoît XVI envoyant une lettre d’encouragement via Mgr Bertone). Par contre ce que l’on peut regretter c’est que les recommandations des Papes n’aient pas toujours été suivies dans l’action par la hiérarchie locale (ce qui n’est pas forcément le cas dans tous les pays notamment dans les pays hispanophones) qui a cru bien faire en adoptant une attitude assez effacée par rapport à un militantisme pro-mort qui a imprégné toute une société anesthésiée de relativisme ou sans repères suffisants tandis que les pro-vie semblaient sentir trop le « souffre des messes en latin y compris après le motu proprio » pour être cités en exemple. Heureusement ces idées préconçues semblent perdre de leurs forces devant l’urgence de la situation. Il était temps. Même s’il lorsqu’on dit qu’on va à la marche pour la vie ou qu’on en revient, un silence pudique se fait et que certaines bonnes âmes passent à un autre sujet. Raison supplémentaire de voir qu’il ne s’agit pas finalement d’un sujet aussi banal qu’une partie de football.

Quant à une marche apolitique, que la défense de la vie ne soit ni de gauche ni de droite, je veux bien l’admettre mais pourtant ce sont bien pour des critères idéologiques que des lois ont été votées et des décisions prises (comme la mise à pied du professeur de Manosque cité plus haut). Ce sont bien pour des critères idéologiques que sous la révolution français ou sous les régimes communistes une classe sociale était digne de vivre et pas l’autre, que sous le régime nazi la « race des seigneurs » devait imposer sa loi aux autres, qu’aujourd’hui notamment un chromosome en trop fait la différence. La défense de la vie est peut-être apolitique mais ce qui est évident c’est qu’elle n’est pour l’instant prise en compte par aucun des « grands » partis qui sont plutôt des fausses droites et des fausses gauches, mais se ressemblent étrangement et ont en fait des actions très similaires, dans un système parlementaire qui ne permet plus aux pro-vie de faire entendre leur voix. Paradoxe mortifère d’un système démocratique où la loi du plus grand nombre est en fait la loi du plus fort. Golgotha bis, marche aconfessionnelle et apolitique ou pas…

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PS quelques marcheurs rencontrés: des jeunes écolières et lycéennes qui entonnent à tue tête des chansons sur des airs bien connus avec des paroles pro-vie, deux curés en « clergymen » avec une étiquette pleine d’humour au cou « Prêtre, pour la vie ! », des bénévoles distributeurs de petits papiers pour l’après-marche (avec des adresses électroniques de contact pour constituer des groupes actifs pour l’accueil local des femmes en détresse, pour la signature de pétition anti-recherche sur les fœtus, anti euthanasie et au contraire pour le développement des soins palliatifs, des informations sur des assurances éthiques, des groupes de prières à constituer dans chaque cathédrale de chaque diocèse, etc) et puis un vieux petit bonhomme, semble-t-il un clochard « bien de chez nous » qui a suivi un moment la marche et discuté pour le plaisir d’échanger avec son auto-collant pro-vie dans le dos et son attirail de couchage à roulettes en remorque.

Carlota, 25 janvier 2011

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