Le Pape à la télévision (III)
Selon Luigi Accattoli, le Saint-Père veut atteindre ceux qui ne lisent pas ses homélies, n'ont pas lu "Lumière du Monde", et ne liront pas "Jésus de Nazareth" (8/3/2011)
Article dans Il Corriere della Sera. (Rassegna Stampa)
Ma traduction
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De Paul VI au Pape professeur. Aujourd'hui, le Vatican répond (à la télé)
Luigi Accattoli, Il Corriere della sera
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Le Pape professeur qui répond aux questions de l'homme d'aujourd'hui: c'est là - nous pouvons le parier - l'idée qui a guidé Benoît XVI en disant oui à l'animateur de "A sua immagine", Rosario Carello, qui lui proposait de répondre à trois questions du public pour l'édition extraordinaire de l'émission, qui sera diffusée le Vendredi Saint, 22 avril, à 14h10 sur Rai Uno. C'est le même Ratzinger qui dans le livre "Lumière du monde" a parlé du "charisme de la réflexivité" (ndt: je n'ai pas le livre sous la main, le mot italien utilisé est "riflessività" dont le sens me paraît être celui indiqué par Wikipedia: une démarche réflexive en science consiste en une prise de conscience et en un examen approfondi de sa propre démarche scientifique) comme propre à la culture allemande: "Je pense que Dieu, en choisissant comme Pape un professeur, a voulu mettre en relief justement cet élément de la réflexivité, et du combat pour l'unité entre foi et raison".
Nous pourrions dire que Benoît XVI se sent Pape surtout quand il raisonne et explique. Nous l'avons déjà vu une vingtaine de fois à la télévision, le faisant dans des milieux spécifiques - avec les enfants, avec les jeunes, avec les prêtres, avec les journalistes - et cette fois, il le fera spécialement pour le public de la télévision.
Jusqu'à Paul VI, la règle était "On ne pose pas de questions au Pape".
Jean-Paul II s'est pourtant mis à répondre, et Benoît XVI continue.
Le Pape polonais aimait les répliques improvisées, et par exemple, il se laissait aller à l'inspiration lors de questions-réponses avec des journalistes individuels. Le Pape professeur préfére répondre à des questions "recueillies" et connues à l'avance. Il ne se fie pas au hasard d'une réponse improvisée, et il aime argumenter, réfléchir, expliquer. Il improvise, en répondant, mais après avoir ruminé la question qui lui a été poséee.
L'évènement qui vient d'être annoncé est indubitablement une première, pour un Pape, dans une retransmission télévisée, avec une présence programmée et spécifique, mais il y a aussi la confirmation de ce signe de "réflexivité" par lequel le Pape professeur sait qu'il passera à l'histoire.
Il expérimente aujourd'hui - non sans audace - le moyen de la télévision pour atteindre avec son raisonnement sur la foi le public le plus large, auquel il sait qu'il ne pourrait arriver ni par ses homélies, ni par son livre sur Jésus, ni par son livre-interviewe.