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"Jésus, roi du monde et de l'histoire"

Comme promis, traduction de la première (et lumineuse) recension de Massimo Introvigne (15/3/2011)

-> Texte ici: http://www.labussolaquotidiana.it/...
Ma traduction:

"Jésus, roi du monde et de l'histoire"
Massimo Introvigne
10-03-2011
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Même un aperçu des thèmes multiples de Jésus de Nazareth, volume II, de Joseph Ratzinger-Benoît XVI est impossible. Renvoyant pour un examen plus détaillé à une recension plus longue, qui sera publié sur le site du CESNUR, je me bornerai ici à souligner un aspect de méthode et trois thèmes essentiels qui forment le cœur de son message.

Tout d'abord, la méthode. Bien que le livre ait été achevé avant l'exhortation apostoloque post-synodale Verbum Domini du 30 Septembre 2010, entre ce document du Magistère et le livre - qui, comme le Pape l'a précisé dans le premier volume, ne fait pas à proprement parler partie du Magistère - il existe une relation très étroite. Verbum Domini est, en grande partie, une explication et une interprétation de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum du Concile Vatican II, et en particulier de son numéro 12, également rappelée dans Jésus de Nazareth II . L'exhortation, interprétant le document conciliaire, met au clair le fait que l'exégèse dite historico-critique peut apporter une contribution précieuse à condition qu'elle ne prétende pas être l'unique ou l'ultime clé de lecture du texte biblique, qui devrait toujours être lu dans le contexte de la foi de l'Église, dont la détermination finale revient au Magistère. Verbum Domini affirme que - si l'on respecte ces pémisses - conjuguer une herméneutique «scientifique» et une de la «foi» est possible et correspond à la véritable intention du Concile Vatican II, malheureusement - comme l'écrit le Pape dans Jésus de Nazareth II - «pratiquement en rien » respectée dans la crise post-conciliaire. Dans le livre, Benoît XVI répète la même perspective, mais, en même temps, il fait quelque chose de plus: il montre et prouve que ce qu'il appelle la conjonction «des deux herméneutique» - «scientifique» et de «foi» - est possible dans la pratique.

Trois éléments constituent le message fondamental de l'ouvrage.
Le premier est la vérité historique , factuelle, des événements de l'Évangile, qu'une exégèse rationaliste constamment critiquée voudrait réduire à de simples symboles.

Deux exemples suffiront.
Le premier exemple concerne l'institution de l'Eucharistie dans la dernière Cène. Une analyse très détaillée des textes qui s'y rapportent offre au pape l'occasion de revendiquer "la réalité historique des événements essentiels. Le message du Nouveau Testament n'est pas seulement une idée; pour lui, il est déterminant que ce soit arrivé dans l'histoire réelle du monde: la foi biblique ne raconte pas des histoires en tant que symboles de vérité méta-historique, mais elle est basée sur l'histoire qui s'est produite à la surface de cette terre". "Si Jésus - écrit Benoît XVI - n'a pas donné à ses disciples le pain et le vin comme son corps et son sang, alors la célébration eucharistique est vide - une pieuse fiction et pas une réalité qui fonde la communion avec Dieu et des hommes entre eux. Utilisant au contraire la méthode proposée dans le volume de la conjonction des deux herméneutiques, nous pouvons être sûrs que la Cène est un événement historique qui s'est réellement passé, et "regarder tranquillement les hypothèses exégétiques qui, de leur côté, se présentent trop souvent avec un pathos de certitude qui est déjà réfutée par le fait que des opinions opposées sont continuellement proposées avec la même attitude de certitude scientifique".
Du reste, la singularité même de l'Eucharistie est un argument, explique le Pape, qui suggére que le point de vue rationaliste, selon lequel l'Eucharistie est une invention des premiers chrétiens, est tout simplement absurde. Qui aurait pensé à inventer une chose pareille? "L'idée que l'Eucharistie se soit formée dans le milieu de la "communauté", est, même du point de vue historique tout à fait absurde. Qui aurait pu se permettre de concevoir une telle pensée, de créer une telle réalité? ".

Le deuxième exemple est la Résurrection. Les jeux de mots d'une certaine théologie libérale selon lesquels le Christ est vraiment ressuscité, mais seulement dans l'esprit ou dans le cœur des disciples, sont critiqués comme des dérives menant hors du christianisme proprement dit. Bien que qualitativement supérieure à l'histoire, la résurrection a lieu dans l'histoire. La tombe est vraiment vide. "Être chrétien est essentiellement avoir foi dans le Christ ressuscité". "Que Jésus ait seulement existé dans le passé ou qu'il existe aussi dans le présent - cela dépend de la résurrection. Dans le «oui» ou «non» à cette question, on ne se prononce pas sur un événement particulier à côté d'autres, mais sur la figure de Jésus en tant que telle. Croire que la résurrection a eu lieu est cet élément crucial qui permet de répondre avec certitude à la question de savoir si quelqu'un est chrétien ou non. "La foi chrétienne se maintient ou disparaît avec la vérité du témoignage que le Christ est ressuscité d'entre les morts. Si on l'enlevève, on peut certainement chercher dans la tradition chrétienne un certain nombre d'idées remarquables sur Dieu et l'homme, [...] mais la foi chrétienne est morte. Jésus, dans ce cas est une personnalité religieuse qui a échoué"

Les objections selon lesquelles le récit de la résurrection est maladroit - si c'est vraiment lui le Ressuscité, pourquoi les disciples ont-ils du mal à le reconnaître? - s'avèrent être des preuves à l'appui de l'authenticité des compte-rendus (p.301). "La dialectique qui fait partie de l'essence du Christ ressuscité est présentée dans les récits - écrit le Pape en termes sans équivoque - de manière si maladroite, que c'est justement ainsi que ressort leur véridicité. Si on avait voulu inventer la Résurrection, tout l'accent aurait porté sur la pleine corporéité, sur le fait d'être reconnaissable immédiatement, et en plus, on aurait peut-être imaginé un pouvoir spécial comme signe distinctif du Ressuscité. Mais dans le caractère contradictoire de ce qui est expérimenté, caractéristique de tous les textes, dans le jeu mystérieux d'altérité et d'identité, se reflète un nouveau mode de rencontre, qui, d'un point de vue apologétique, est assez déconcertant, mais qui justement pour cela se révèle avec d'autant plus de force, une description véridique de l'expérience faite". Si les évangélistes avaient voulu inventer l'histoire de la Résurrection, ils l'auraient inventée mieux. Les incertitudes sont au contraire une preuve de l'authenticité du récit.

Le second grand thème du livre est le passage avec Jésus-Christ à une ère qualitativement nouvelle dans l'histoire du monde et du salut. Ce passage est montré par l'abandon des sacrifices du temple, l'élément qui était au centre de la religion des Juifs, et par la fin du temple lui-même, remplacé par la personne même de Jésus-Christ. L'expulsion des marchands du temple sera imputée à Jésus lors du procès, et sera déterminante pour sa condamnation, même si, selon Benoît XVI "est juste la théorie, minutieusemnt motivée principalement par Vittorio Messori, selon laquelle Jésus dans la purification du temple a agi en conformité avec La loi, empêchant un abus envers le temple". Les lecteurs de La Bussola seront heureux de constater que, parmi les nombreux professeurs d'université de théologie, le pape cite et approuve justement un texte de Messori. Jésus, donc, sera condamné non pour ses actes dans le temple - en soi pas illégaux - mais pour la justification qu'il en donne, où il se revendique en substance lui-même comme le nouveau temple. L'avènement du Seigneur Jésus implique la fin de l'ancien système religieux centré sur le temple: "Dieu s'en va. Le temple n'est plus le lieu où Il a mis son nom. Il sera vide. "

Il n'est donc pas étonnant que, lorsque Jésus meurt sur la croix, le voile du temple se déchire (p.240). L'épisode confirme qu'une époque de l'histoire a pris fin: "d'une part, il devient évident que l'ère de l'ancien temple et de ses sacrifices est terminée; à la place des symboles et des rituels qui revoyaient au futur, succède désormais la réalité elle-même, le Christ crucifié qui réconcilie tout le monde avec le Père. Mais dans le même temps, le voile du temple déchiré signifie désormais le libre accès à Dieu. Jusque-là, le visage de Dieu était voilé. Ce n'est qu'à travers des signes et une fois par an que le grand prêtre pouvait paraître devant Lui. Maintenant Dieu a enlevé le voile; dans le Crucifié, voici qu'il se manifeste comme celui qui aime jusqu'à la mort. L'accès à Dieu est libre".

Ce sujet est en rapport avec le troisième noyau du volume, qui est au cœur de la leçon du pape. Le Christ est Roi, mais la nature de sa royauté - qui a aussi une dimension sociale - n'a pas été comprise par ses contemporains et parfois, elle n'est pas comprise non plus par nous. Ce thème émerge dans tous les chapitres du livre, mais il a son centre dans le procès de Jésus. A propos de ce procès, on dit souvent que les chefs d'Israël - à ne pas confondre avec le peuple juif tout entier, qui n'a pas de responsabilité collective la mort du Seigneur, un thème qui a passionné les lecteurs d'anticipations du volume, mais qui n'occupe pas plus de trois pages du texte, et ne dit rien qui ne soit déjà évident dans le Magistère récent de l'Église - ont agi pour que Jésus ne mette pas en cause l'unité entre politique et religion qui fondait leur pouvoir. Mais le Pape nous invite à traiter cette question avec beaucoup de prudence.

La "soif de pouvoir du groupe dominant" ne doit pas être confondue avec un "souci" de ne pas séparer la politique de son fondement dans la religion, qui en soi serait "légitime". Il faut se garder, dit le Pape, de tirer argument du procès de Jésus pour soutenir la thèse selon laquelle une séparation absolue entre religion et politique serait conforme au message chrétien et au Règne du Seigneur. Au contraire, la royauté de Jésus-Christ - même si elle est très différente de celle du monde - s'étend à la société, et en ce sens, au monde, même si parfois le "monde" est utilisé dans les Évangiles comme synonyme de sphère du péché, qui elle, reste étrangère au Règne. Jésus ne venait pas pour nier un modèle dans lequel en fin de compte "Dieu domine dans le monde", mais pour apporter un "nouveau mode" de cette domination, que ses adversaires n'ont pas compris.

En fait, "Jésus a créé un concept totalement nouveau de régalité et de royaume, mettant Pilate, le représentant du pouvoir terrestre classique, face à lui". (p.218)
Nous sommes ici vraiment au coeur du livre du Pape, et nous sommes arrivés à une question qui nous regarde nous, hommes du vingt et unième siècle, et pas seulement Pilate. "Que doit penser Pilate, que devons-nous penser, nous, du concept de royaume et de règne? Est-ce quelque chose d'irréel, un fantasme dont nous pouvons nous désintéresser? Ou bien, d'une certaine façon, qui nous touche?". Dans le dialogue avec le fonctionnaire romain, nous trouvons une donnée décisive: "Jésus base son concept de royauté et de règne sur la vérité comme catégorie fondamentale". La question de Pilate: "Qu'est-ce que la vérité?" n'est pas seulement de Pilate. C'est "la question que pose aussi la doctrine moderne de l'Etat: la politique peut-elle assumer la vérité comme catégorie pour sa structure? Ou bien devrait-elle laisser la vérité comme dimension inaccessible, à la subjectivité, et essayer plutôt de parvenir à établir la paix et la justice avec les outils disponibles dans le domaine du pouvoir? [...] Mais de l'autre côté - qu'arrive-t-il si la vérité n'a pas d'importance? Quelle justice sera alors possible? Ne devrait-il pas y avoir des critères communs qui assurent vraiment la justice pour tous - critères soustraits à l'arbitraire des opinions changeantes, et aux concentrations du pouvoir? N'est-il pas vrai que les grandes dictatures ont vécu en vertu du mensonge idéologique et que seule la vérité peut apporter la libération? ".

Ici - nous avertit le Pape - se joue non seulement le sens ultime de la politique , mais aussi "c'est le sort de l'humanité qui est en jeu". De deux choses l'une: ou bien on accepte comme terrain d'entente pour les hommes un droit naturel qui est "le droit de la vérité", ou bien "la non-rédemption du monde consiste précisément dans la non-dechiffrabilité de la création, la non-reconnaissance de la vérité, une situation qui conduit inévitablement à la domination du pragmatisme, et de cette manière signifie que le pouvoir du plus fort devient le dieu de ce monde. "

Mais nous réalisons ici aussi de quelque chose que le Magistère de Benoît XVI a souvent rappelé. La raison peut reconnaître l'existence de la vérité - et beaucoup de vérités - indépendamment de la foi, et ceci fonde la loi naturelle comme un ensemble de vérités qui s'imposent aussi aux non-croyants. Mais dans la pratique, à cause du péché, reconnaître ces vérités, totalement en dehors de Dieu est difficile. "Le monde est 'vrai' dans la mesure où il reflète Dieu, le sens de la création, la Raison éternelle, dont il a jailli. Il devient d'autant plus vrai qu'il se rapproche de Dieu. L'homme devient vrai, il devient lui-même s'il devient conforme à Dieu [...] En ce sens, la vérité est le vrai 'roi' qui à toutes choses donne leur lumière et leur grandeur".

Vérité et régalité sont étroitement liées. Jésus lui-même est la vérité, et Jésus est le Roi. Ainsi est surmonté le conflit artificiel créé par certains exégètes entre l'annonce du règne en Galilée, et la passion et la mort à Jérusalem. "Justement dans la conversation de Jésus avec Pilate - écrit le Pape - il devient évident qu'il n'y a aucune rupture entre le message de Jésus en Galilée - le royaume de Dieu - et ses discours à Jérusalem. Le cœur du message jusqu'à la croix - jusqu'à l'inscription sur la croix - est le royaume de Dieu, la nouvelle royauté que Jésus représente. Le centre est, cependant, la vérité". Jésus a régné depuis la croix, que le pape appelle son «trône», et la preuve du caractère divin de ce règne est le fait de la Résurrection. Ce règne - comme règne de la vérité - n'a pas d'origine politique, mais, comme fondement de la loi naturelle, il s'étend également sur la politique, sur la société, sur le droit, sur l'ordre temporel qui doit être établi chrétiennement et conforme à la vérité et à la justice. C'est la doctrine ancienne et toujours nouvelle de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, le roi du monde et de l'histoire

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