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L'héroïsme discret de la mission

Un prêtre italien, missionnaire au Japon, témoigne. Article de La Bussola (30/3/2011)

On sait qu'après avoir parlé du sauve-qui-peut des expatriés français (qu'on peut certes comprendre, mais était-ce si utile d'en parler autant?) nos media ont traité la catastrophe japonaise sous le seul angle - parfaitement égoïste - du risque nucléaire, qui nous concerne aussi, bien sûr: là encore, légitime, mais pas vraiment généreux, venant de gens qui passent leur temps à nous faire la morale sur la façon de nous comporter vis-à-vis de l'autre!

Surtout, ils saluent du bout des lèvres, contraints et forcés, le courage des japonais - allant jusqu'à "convoquer" des psychologues, pour nous expliquer que leur comportement était parfaitement normal, et que n'importe qui, dans la même situation, aurait réagi comme eux.... ah bon? (entendu sur Europe 1).
A côté de cette mesquine réalité de l'information, il y a le témoignage admirable des missionnaires catholiques, qui oeuvrent au quotidien dans la vraie charité, celle qui ne se donne pas en spectacle.
Comme ce prêtre italien, missionnaire du PIME (Pontificio Istituto Missioni Estere, voir ici: wikipedia ) qui vit au Japon depuis 1975, et qui veut rester auprès de ceux qui souffrent.
Article sur La Bussola.
http://www.labussolaquotidiana.it/...il-vangelo-per-rimettere-in-moto-il-giappone...
Ma traduction.


"L'Evangile, pour remettre le Japon en marche"
Antonio Giuliano
30-03-2011
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"Pendant des années j'ai travaillé dans une école maternelle. Et les enfants japonais me demandaient souvent: "Mais pourquoi Jésus est-il crucifié?"
Cet homme qui souffre sur la croix leur faisait une certaine impression. Et ils ne s'expliquaient pas pourquoi c'était justement le Fils de Dieu qui avait eu ce destin.
Voilà, devant la tragédie du tremblement de terre et du tsunami, la seule réponse possible est la miséricorde de Dieu qui veut partager jusqu'au fond la douleur de l'homme, en un plus dessein grand amour. C'est pourquoi j'encourage mes gens à repartir .... "

Le Père Vincenzo Pascale, 63 ans, missionnaire du PIME, originaire de Satriano di Lucania, est arrivé dans le pays du Soleil Levant dans le lointain 1975. Depuis quatre mois, il se trouve au sud de Tokyo, comme aumônier pro-tempore (ndt: provisoire) d'un hôpital de la préfecture de Shizuoka. «Nous sommes très loin de Sendai, l'épicentre de la tragédie. Mais le tremblement de terre du 11 Mars et les répliques des jours suivants, ont fait très peur. En près de 40 années, je n'avais jamais rien vu de tel. La première secousse semblait interminable et les suivantes, de degré 6, ont fait 50 blessés jusqu'à 30 kilomètres d'ici. "

Mais lui qui aujourd'hui parle plus couramment le Japonais que l'Italien , connaît bien la ténacité de ces gens. "C'est un peuple habitué par l'histoire à supporter les malheurs. Et je ne m'étonne pas que la vie soit rapidement revenue à la normale. A présent, on n'a plus de difficultés à trouver les biens de première nécessité. Il faut seulement aller tôt le matin au supermarché pour acheter de l'eau en bouteille, car en raison de la menace de radioactivité, elle manque tout de suite. Mais maintenant, on peut trouver de l'essence, et ils ne coupent plus le courant pendant 2 à 3 heures par jour".

Si, toutefois, dans le sud du Japon, les rythmes sont revenus comme avant, la confusion règne encore. "Les gens réagissent à la catastrophe; nous aussi, comme Eglise, nous nous sommes activés pour l'aide, mais il y a toujours beaucoup de désarroi et d'appréhension. Les caméras de télévision sont toujours pointées sur le réacteur de la centrale nucléaire de Fukushima. Jusqu'à il y a quelques semaines, il était difficile de communiquer avec le nord et le journal télévisé du soir, qui ne dure pas moins d'une heure, est un rendez-vous important pour se tenir au courant. Dans les journaux, l'incrédulité sur ce qui s'est passé est palpable. La tragédie a dépassé toutes les prévisions: on avait construit en certains endroits des digues de 10 mètres et la vague du tsunami a dépassé 16 mètres .... "

Le sentiment est celui d'avoir survécu à une catastrophe qui aurait pu être sans appel: "Nous, au PIME, nous ne sommes pas présents dans le diocèse de Sendai. Mais l'autre soir, j'ai vu un missionnaire canadien, avec lequel j'avais fait mes études; il m'a dit qu'un de nos confrères avait été emporté par le tsunami. Les chiffres sont effrayants: 11.400 morts confirmés et 18.687 disparus. Par-dessus tout, de nombreux enfants sont morts. Et maintenant il y a aussi le risque de radio-activité .... "

Mais de partir, il n'a pas la moindre intention. "Même l'ambassade - avoue le père Vincenzo Pascale - m'a invité à quitter le pays. Mais je ne peux pas. Je suis un missionnaire. Et maintenant je suis aumônier dans un hôpital des Sœurs Missionnaires du Christ-Roi, une communauté de 15 religieuses, toutes japonaises. Il s'agit d'une congrégation qui oeuvre ici depuis plus de soixante ans, s'occupant de ce qui, jusqu'à il y a quelques années était une léproserie. Aujourd'hui, c'est un petit hôpital de 60 patients qui assiste principalement les malades en phase terminale. Chaque semaine, j'en vois mourir un. Mais en voyant comme ils sont soutenus merveilleusement jusqu'à la fin, je prends conscience du don précieux de la vie et du respect de la dignité de l'homme, même quand il souffre... Je l'ai dit aux jeunes, lors d'une retraite, la semaine dernière: il est maintenant temps de se mettre au travail pour les Japonais qui souffrent. "

Quelqu'un qui a choisi pour devise "L'Evangile de Jésus-Christ à toutes les nations" ne craint pas du tout de témoigner dans un contexte de minorité absolue.
"À 27 ans, j'ai choisi le Japon parce que les chrétiens ici sont peu nombreux - répond le missionnaire. C'est la beauté de ce défi. Et dans une société de bien-être, la tragédie peut susciter la perception des dons que nous avons, et que nous ne réalisons pas dans les moments où tout va bien. Quand on nous coupait le courant, je répétais que même dans l'obscurité, la parole de Dieu resplendissait. Il nous parle aussi à travers des événements tragiques. Et si l'Evangile a du mal à pénétrer dans cette société, quand les Japonais se convertissent, ils m'avouent que grâce au christianisme, ils peuvent regarder avec des yeux nouveaux leur histoire et tout ce qui les entoure. En plus du fait qu'ils découvrent la beauté des relations humaines: aujourd'hui, après la catastrophe, je vois beaucoup de jeunes qui se prodiguent généreusement au bénévolat ... Et même à l'hôpital une infirmière a demandé à être baptisée".

Mais il est déjà temps de repartir : "Après Pâques, je deviendrai curé de trois paroisses, avec quelques 800-900 chrétiens dans la ville de Kawasaki, au sud de Tokyo, une ville d'un million quatre cent mille habitants. Je ne l'ai pas encore visitée, mais je suis tranquille: notre force est dans les Ecritures qui nous parlent tous les jours".
Et à ceux pour qui "Kawasaki" signifie juste motos et moteurs, le missionnaire assure: "Jésus-Christ sera encore notre turbo".

A Assise, le 27 octobre Egypte: musulmans et chrétiens ensemble