Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

Some Gaudium and No Spes

Un peu de Gaudium et pas de Spes: la réponse du Cardinal Pell aux provocations du "prêtre Gaudium et Spes" (16/4/2011)

->
Lire avant: Témoignage d'un prêtre "Gaudium et Spes"

Voici, comme promis, la réponse argumentée du Cardinal Pell (archevêque de Sidney, né en 1941, http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Pell ) aux provocations caricaturales du "prêtre Gaudium et Spes".
La compréhension du texte rendait nécessaire la lecture (et donc, pour moi, la traduction) de l'article précédent, qui était à sa façon, une synthèse, et la réponse du Cardinal a elle aussi une portée bien plus large.
Il s'adresse à tous les Hans Küng au rabais (la notoriété en moins), à tous ces pasteurs dits "conciliaires" libéraux, soutenus par les "catholiques adultes", qui sont encore amplement aux manettes dans les églises locales, et dans la presse "catholique".
Il ne se laisse pas démonter, enfile les gants de boxe, et rend coup pour coup.
J'aime et j'admire ce prélat viril (*)

Some Gaudium and No Spes (Un peu de Gaudium et pas de Spes)
Article en anglais ici: http://theswag.org.au/2011/04/some-gaudium-and-no-spes/ (ma traduction)
Avril 2011
Par le cardinal George Pell
---------------------
Le texte du Père Eric Hodgens sur les "prêtres Gaudium et spes" nous offre une abondante matière à réflexion. Il est bien écrit et provocateur, comme on peut l'attendre d'un prêtre qui décrit sa propre troupe comme ayant "la plus grande proportion de dirigeants intelligents, instruits et compétents". Mais il est tendancieux, malencontreux, sélectif et parfois inexact.

Récemment, je me suis inquiété de l'extrémisme théologique de certaines contributions de Swag, et je suis reconnaissant pour la possibilité de faire une mise au point sur le courant orthodoxe. Je n'ordonne à personne de se "retirer dans la forteresse et de chanter les vieilles chansons", mais mes meilleures gammes sont toujours dans le Nouveau Testament avec ses vérités et ses mélodies anciennes.

Eric se voit aujourd'hui comme "un prêtre appelé et ordonné par l'Église - le Peuple de Dieu" plutôt que comme "un prêtre appelé et consacré par Dieu". Il est difficile de savoir exactement ce que cela signifie, mais cela pourrait nous indiquer un certain nombre de questions fondamentales.

Le Père Hodgens a étalé sur la table plus de cartes que dans ses écrits antérieurs. Alors qu'il serait intéressant de savoir s'il a encore des jokers dans sa manche, il est plus important de reconnaître que beaucoup de cartes ne peuvent pas être identifiées avec précision. Nous ne connaissons pas, par exemple, ses réponses aux neuf questions qu'il énumère. Nous ne connaissons pas les limites de son hostilité à certaines dévotions anciennes, comme l'adoration du Saint Sacrement et la vénération de la Vierge Marie. Nous ne savons pas si son opposition à la papauté et aux épiscopats touche ces institutions elles-mêmes ou simplement le style des titulaires des dernières années. De même pour la prêtrise et l'enseignement traditionnel chrétien sur le mariage, le divorce et la sexualité.

Nous ne savons pas de façon certaine si la position théologique d'Eric est typique d'un protestantisme libéral ou bien radical . Mais en tant qu'exercice de dissidence loyale, il va au-delà des limites de l'orthodoxie catholique.

Permettez-moi de tenter de formuler la question dans les termes les plus élémentaires.

Nous ne trouvons aucune preuve dans l'article d'Eric que l'Eglise catholique est le récipiendaire de la révélation divine, "Le message de Dieu, et pas une réflexion de l'homme" (1 Th 2,13); ni que l'Eglise catholique a été fondée par le Fils de Dieu «le Verbe qui était avec Dieu. . . le Verbe qui était Dieu »(Jn 1,1), Jésus le Christ, le fils de Marie avec une nature divine mais aussi humaine. Si le Christ est divin, les enseignements du Nouveau Testament ont une autorité unique.

Eric écrit avec l'angoisse sincère de la plupart d'entre nous, catholiques d'âge mûr qui ont grandi dans une marée exceptionnellement élevée de foi et de pratique, et vécu le déclin radical qui a suivi la révolution sociale des années 1960 dans le Premier Monde. Mais une partie des dommages fut auto-infligée.

Un des principaux points de différend, c'est qu'à mon avis, les prescriptions d'Eric sont une cause importante de nos problèmes. Ses solutions ont été mises en pratique après le Concile, dans une certaine mesure en Australie, mais surtout en Belgique, en Hollande et au Canada français. Là, elles ont vidé les églises.

Le Pape Paul VI n'a pas nommé d'évêques qui étaient opposés à la philosophie de Vatican II, et pour diverses raisons, les bons évêques nommés en Hollande ont été submergés, mis de côté par les vents libéraux. Cela m'amène à un autre fait contemporain, que je n'avais jamais prévu comme jeune séminariste à Rome lors du Concile ou comme jeune prêtre. L'aile libérale de l'Eglise, aujourd'hui âgée, qui a dominé la discussion après le Concile, les évêques et les bureaucraties ecclésiales qui ont émergé, n'ont pas de suite parmi les jeunes catholiques, pratiquants, prêtres ou religieux. Ce n'est pas seulement vrai en Australie, mais partout dans le monde occidental. Dans ces différents pays dominés par une intelligentsia et des média laïques, le libéralisme n'a pas de descendance chez les jeunes catholiques.

A la réflexion, nous ne devrions pas trouver cela surprenant, car la croissance est liée à la fidélité évangélique, à la foi, à l'amour et au sacrifice. Après Vatican II, nous avons été nombreux à surestimer nos forces culturelles et sous-estimé la virulence des forces anti-chrétienne. Il faut de solides fondations chrétiennes pour participer de manière productive au «dialogue ouvert». Sans ces racines, la fin de la route est l'agnosticisme.

Je voudrais conclure avec quelques mots en défense des quatre papes qui ont été malmenés, en particulier Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. D'ailleurs il est de notoriété historique qu'au Synode des Evêques de 1971, le Pape Paul a offert aux évêques l'option d'ordination au sacerdoce d'hommes mariés et les évêques ont refusé de l'accepter.

Ces trois papes sont des écrivains prolifiques, tandis que Jean-Paul II et Benoît sont des universitaires professionnels, avec un dossier de publications savantes et populaires rarement, voire jamais égalées par un prêtre australien. Je crois que le Pape Benoît est aujourd'hui notre théologien vivant le plus distingué.

Les accusations portées contre le Saint-Père se ramènent à peu de chose, par exemple l'instauration d'une année spéciale en l'honneur des prêtres (qui a été bien accueillie par les prêtres et les gens), la poursuite d'une nouvelle traduction du Missel romain, et l'encouragement à célébrer la messe tridentine. Il n'a pas accueilli le retour des évêques de la Fraternité Saint-Pie X, mais seulement levé leur excommunication. Ils sont encore dans le schisme.

Le Pape Jean-Paul provoque une hostilité particulière, accusé d'être un abuseur de pouvoir, hors du coup en Écriture, limitée en théologie, un mauvais auditeur. C'est une surprise que tant de monde soit venu à ses funérailles. En particulier, il est dénoncé pour avoir émasculé la direction de l'Eglise, formée d'employés de bureau conformistes, "faibles sur le plan de la créativité, du leadership, de l'éducation et même de l'intelligence".

Dans un exemple étonnant d'arrogance provinciale, Hodgens affirme que "les plus intelligents et les plus instruits" des évêques (une minorité, sans doute) sont corrompus et ont vendu leur âme pour l'avancement.
A mon avis, il proteste trop.

Le Pape Jean-Paul, et le Pape Benoît n'étaient pas hostiles à l'intelligence, à l'éducation ou la compétence, mais ils se sont efforcés régulièrement de nommer des évêques qui défendent la tradition apostolique et s'efforcent d'appliquer des politiques qui peuvent renforcer la position catholique, pas la saper.

L'incompréhension de Hodgens du magistère est typique de sa position. Le magistère se réfère principalement à l'autorité d'enseignement du pape réuni avec les évêques (collégialité du Concile Vatican II). Les fidèles baptisés le partagent, de même que les théologiens avec les prêtres et les religieux.

Certainement, l'autorité doctrinale des évêques a été reconnu très tôt par saint Ignace d'Antioche (+107 après JC) et saint Irénée, évêque de Lyon (+200 après JC) avec ses listes de succession apostolique d'évêques pour défendre la tradition apostolique. L'ancienne chaire d'enseignement de l'évêque illustre cela, précédant de plusieurs siècles les théologiens professionnels dans les universités médiévales. Dans les 27 ans de Pontificat de Jean-Paul, 24 personnes ont été sanctionnés pour leurs vues théologiques, dont huit qui ont été réduits au silence ou destitués, dans la communauté de plus d'un milliard de croyants à travers le monde catholique. Le Père Hodgens lui-même a échappé à tout règne de la terreur et avec lui plusieurs centaines de dissidents.

Eric est un peu trop généreux avec sa génération, à laquelle j'appartiens. Beaucoup ont été formidables, mais nous avons coïncidé avec une période de déclin sans doute sans précédent depuis la Réforme.

"Réflexions sur le cinquantième anniversaire d'une ordination" se veut provoquant. Je suis heureux que le Père Hodgens ait aimé ses années de sacerdoce. Malheureusement une grande partie de l'analyse est erronée car ses solutions, dans la mesure où nous pouvons les identifier, sont moins que catholiques et rendraient encore pire une situation déjà difficile.

Note (*)

Le Cardinal Pell a célébré la Messe tridentine à Sydney dans la cathédrale Ste-Marie de Sydney, le 3 novembre 2007.
Voici la video (lien)

Une journée du Pape: bidonnage sur TF1 Chère Raffaella...