Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil La voix du Pape

La voix du Pape


Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

Catéchèse du 20 avril: la somnolence des disciples


Une méditation à voix haute... (21/4/2011)

J'ai suivi sur la chaîne italienne Telepace la catéchèse d'hier, consacrée au Triduum Pascal (traduite ici par mes amis du site ESM).
La catéchèse, de toute beauté, par moments presque une méditation à voix haute, a été faite en grande partie a braccio, avec une grande passion, un grand désir de convaincre, comme en témoignent les captures d'écran ci-dessous, sur Telepace.

Cela n'a rien pour étonner: le Saint-Père y expliquait un sujet qui l'habite totalement, le "noyau"-même de son Jésus de Nazareth II, "les trois jours saints au cours desquels l'Église fait mémoire du mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus".
Il n'avait pas besoin de regarder ses notes, les mots coulaient littéralement de son coeur.

Voici le passage sur "l'agonie du Seigneur dans le jardin de Gethsémanie". Il y a aborde en particulier ce thème largement développé dans Jésus de Nazareth (1), qu'il interprète à la lueur de notre vécu d'hommes d'aujourd'hui: la somnolence des disciples.
Nous aussi, nous dit-il, nous sommes somnolents, parce que nous sommes indifférents au mal.

Précédent

Suivant


Extrait


(...) Le Jeudi saint se conclut par l'Adoration eucharistique, dans le souvenir de l'agonie du Seigneur dans le jardin de Gethsémani.
Ayant quitté le Cénacle, Il se retira pour prier, seul, devant le Père. Dans ce moment de communion profonde, les Evangiles rapportent que Jésus ressentit une profonde angoisse, une souffrance telle qu'il verse une sueur de sang (cf. Mt 26, 38). Conscient de sa mort imminente sur la croix, Il ressent une profonde angoisse et l'approche de la mort.
Dans cette situation, apparaît également un élément de grande importance pour toute l'Eglise. Jésus dit aux siens : demeurez ici et veillez ; et cet appel à la vigilance concerne précisément ce moment d'angoisse, de menace, au cours duquel arrivera le traître, mais il concerne toute l'histoire de l'Eglise. C'est un message permanent pour tous les temps, car la somnolence des disciples était le problème non seulement de ce moment, mais est le problème de toute l'histoire.

La question est de savoir en quoi consiste cette somnolence, et en quoi consisterait la vigilance à laquelle le Seigneur nous invite. Je dirais que la somnolence des disciples tout au long de l'histoire est un certain manque de sensibilité de l'âme pour le pouvoir du mal, un manque de sensibilité pour tout le mal du monde. Nous ne voulons pas nous laisser trop troubler par ces choses, nous voulons les oublier : nous pensons que peut-être ce ne sera pas si grave, et nous oublions. Et il ne s'agit pas seulement de manque de sensibilité pour le mal, alors que nous devrions veiller pour faire le bien, pour lutter pour la force du bien. C'est un manque de sensibilité pour Dieu : telle est notre véritable somnolence ; ce manque de sensibilité pour la présence de Dieu qui nous rend insensibles également au mal. Nous ne sentons pas Dieu - cela nous dérangerait - et ainsi, nous ne sentons pas non plus naturellement la force du mal et nous restons sur le chemin de notre confort.
L'adoration nocturne du Jeudi saint, la vigilance avec le Seigneur, devrait être précisément le moment pour nous faire réfléchir sur la somnolence des disciples, des défenseurs de Jésus, des apôtres, de nous, qui ne voyons pas, qui ne voulons pas voir toute la force du mal, et qui ne voulons pas entrer dans sa passion pour le bien, pour la présence de Dieu dans le monde, pour l'amour du prochain et de Dieu.

Note

(1) Jésus de Nazareth II, pages 178-179:
-------------------
Après la récitation rituelle commune des Psaumes, Jésus prie seul - comme au long de tant de nuits auparavant. Il laisse toutefois proche de lui le groupe des trois - que l'on connaît grâce à d'autres contextes, en particulier par le récit de la Transfiguration : Pierre, Jacques et Jean. Ainsi, même s'ils sont à plusieurs reprises vaincus par le sommeil, ceux-ci deviennent les témoins de son combat nocturne.
Marc nous raconte que Jésus commence à « ressentir effroi et angoisse ». Le Seigneur dit aux disciples : « Mon âme est triste à en mourir; demeurez ici et veillez » (14,33s.).
L'invitation à la vigilance a déjà été un thème de fond de l'annonce à Jérusalem et maintenant elle apparait ici avec une urgence imminente.
Pourtant, tout en étant lié précisément à cette heure, cet appel renvoie à l'avance à l'histoire à venir de la chrétienté. La somnolence des disciples demeure tout au long des siècles l'occasion favorable pour les puissances du mal. Cette somnolence est un engourdissement de l'âme qui ne se laisse pas émouvoir par le pouvoir du mal dans le monde, par toute l'injustice et toute la souffrance qui dévastent la terre. Il s'agit d'une insensibilité qui préfère ne pas percevoir tout cela; elle se tranquillise en se disant qu'au fond tout cela n'est pas si grave, afin de pouvoir rester ainsi dans la jouissance d'une vie satisfaite d'elle-même.
Mais cette insensibilité des âmes, ce manque de vigilance aussi bien à l'égard de la présence toute proche de Dieu qu'à l'égard de la puissance menagante du mal, confère au Malin un pouvoir sur le monde. En présence des disciples ensommeillés et peu disposés à s'alarmer, le Seigneur dit : « Mon âme est triste à en mourir. »

Homélie du dimanche des Rameaux Jeudi Saint, messe Chrismale