Le cardinal Sarah, de retour du Japon
Le président du Conseil pontifical Cor Unum (1) a porté le message de solidarité du Pape à "un peuple fier et tenace". Article dans l'OR. (21/5/2011)
Texte en italien: Raffaella.
Ma traduction.
Vendredi 20 mai 2011
La proximité du pape à un peuple fier et têtu. Entretien avec le cardinal Sarah de retour du Japon
Mario Ponzi
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"Ne pas céder à la pluie / ne pas céder au vent/ Ne pas cèder non plus à la neige ou à la chaleur de l'été / Avoir un corps solide / Sans avidité / sans jamais se mettre en colère."
Le Cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor Unum, de retour de ce pays d'Asie - frappé le 11 Mars par un séisme et un tsunami - où il est allé porter la présence et la la solidarité du Pape, cite les vers du poète japonais Kenji Miyazawa.
"Dans ces mots - explique-t-il à notre journal - est décrit l'idéal japonais: avoir un esprit et un corps résistant, une vie modeste, et cultiver l'harmonie autour de soi et en soi-même. Et c'est à leur lecture que j'ai compris la ténacité et la détermination avec laquelle cette nation a affronté cette catastrophe. "
- Quel était le but principal de votre voyage?
- Comme vous le savez, notre dicastère a la tâche d'apporter au nom du pape des signes de charité et de compassion, en particulier lors des urgences humanitaires. Benoît XVI a voulu que je me rende au Japon pour donner un signe de sa proximité avec la population, en particulier les catholiques qui vivent dans le pays. Il s'agit d'une petite communauté par rapport à la population générale. La visite avait pour but d'exprimer la communion qui nous lie. Donc, samedi 14 mai, le matin après avoir visité le diocèse de Saitama - durement touché par le tsunami - avec le nonce apostolique, Mgr Bottari de Castello, le président de la Conférence épiscopale japonaise, Mgr Ikenaga, archevêque de Tokyo , et une délégation d'évêques des diocèses les plus touchés et des représentants de Caritas au Japon, nous avons assisté à la messe d'action de grâce pour la béatification de Jean Paul II dans la cathédrale de Tokyo. Dimanche, à Sendai, après la célébration de l'Eucharistie, il y a eu une autre rencontre émouvante avec ceux qui ont perdu leurs proches et tous leurs biens: je leur ai offert un chapelet du Pape. Ayant eu l'occasion de voir les lieux et de rencontrer les habitants, j'ai pu voir par moi-même que les dégâts sont énormes: principalement à Shiogama, Schichigahama, Ishinomaki et le long de la côte de Kesennuma, le spectacle qui est présenté à l'œil est encore effrayant. Selon les données disponibles, plus de dix mille personnes ont perdu la vie lors du séisme et du tsunami.
- Qu'est-ce qui vous a le plus touché pendant ce voyage?
- En dehors de la dévastation, j'ai été très impressionné par la beauté du pays, le dynamisme et le courage combattif du peuple japonais, qui s'est immédiatement mis en mouvement pour faire face à une situation aussi grave. Partout on voit des gens nettoyer, reconstruire et reprendre une vie normale. Bien entendu, ce sont des catastrophes dont les conséquences se feront sentir pendant longtemps. Mais la ténacité, la discipline et l'attachement au travail des gens aideront à surmonter ce moment difficile. C'est un peuple d'une grande délicatesse et d'une éducation très raffinée. J'ai été reçu par le Président de la Matsushima Tourist Association, Kyuichiro Sato, et également par le maire de Sendai, Mme Emiko Okuyama. Ils m'ont témoigné beaucoup de courtoisie. Sendai a été la première ville à créer des liens entre le Japon et l'Europe. Rappelons qu'en 1613, le roi de Boju, Joate Masamune, envoya l'ambassadeur Hasekura Tsunenaga Rokuemon en Espagne et à Rome, où il eut une audience avec le pape Paul V en Novembre 1615. Le maire a rappelé cet événement historique avec beaucoup de joie et de fierté, et le désir et le projet d'une visite à Rome et au Vatican afin de maintenir et de renforcer ce lien culturel et spirituel.
- Quel sens a le témoignage de la charité dans un pays où l'Eglise est numériquement si petite?
- Je crois que même dans une situation comme celle-là, vaut la parole de l'Evangile: l'Eglise est une levure, c'est-à-dire un peu de ferment dans la pâte. En soi, ce ne sont pas les grands nombres qui comptent, mais le témoignage. Donc, notre présence dans la charité veut être un signe que l'Evangile du Christ ouvre à l'homme le sens profond de son existence, et surtout l'ouvre à l'amour de Dieu et de ses frères. Cela s'applique à chaque homme et à chaque femme, qu'il soit chrétien ou non. Un signe concret et tangible de ce témoignage est le véritable "raz de marée" de solidarité qui a été généré ces derniers mois parmi les fidèles, à travers la Caritas du monde entier. Caritas Internationalis a réalisé un travail admirable pour coordonner toutes les ressources, en permettant à la Caritas du Japon d'offrir - sans distinction de croyance ou de situation personnelle - des denrées de première nécessité à plus de dix mille personnes. L'Église n'est jamais petite, même si elle est numériquement faible, elle porte en elle l'amour infini de Dieu qui en fait le témoin humble mais puissant de la compassion du Seigneur.
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(© L'Osservatore Romano le 21 mai 2011)
Note
(1) Le guinéen Robert Sarah (né en 1945), actuel président du Conseil Pontifical Cor Unum a été élevé au cardinalat par Benoît XVI lors du dernier Consistoire, en novembre 2010 (http://www.cardinalrating.com/cardinal_254.htm )
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Tous les articles de ce site sur la catastrophe du 11 mars: http://benoit-et-moi.fr/2011-I/...
