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Malte vote sur le divorce, un test pour l'Europe

Le 28 mars, les maltais vont se prononcer par referendum sur l'opportunité de légaliser le divorce (1). Un plaidoyer (fait avec passion!) de Massimo Introvigne pour le mariage indissoluble, avec des arguments de poids. Il explique en particulier très clairement, à travers une parabole, la différence entre la loi naturelle et la loi de l'Eglise. (25/5/2011)

Malte, le seul pays européen où le divorce n'existe toujours pas, organisera un référendum le 28 mai sur son éventuelle introduction dans la législation nationale
Au cours de ce référendum qui n'a qu'une valeur consultative et non législative, les 400.000 habitants de cette petite île sont appelés à se prononcer sur la possibilité de divorcer après une période de séparation de quatre ans au sein d'un couple.
A Malte, les catholiques représentent 95% de la population et on y compte presque une église au km2. C'est l'un des derniers pays au monde où le divorce est interdit ce dont s'était félicité le pape Benoît XVI lors de son voyage sur l'île en avril dernier.
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Même si le "oui" l'emporte avec une large majorité au référendum, le Parlement devra quand même débattre et éventuellement adopter à la fin une loi introduisant le divorce. (Source)
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-> Voir aussi: Belgicatho.
-> Sur le voyage du Saint-Père à Malte, les 17 et 18 avril 2010, voir ici: http://benoit-et-moi.fr/2010-I/ (et les pages spéciales du site internet du Vatican )
-> Statistiques françaises autour du divorce et des enfants nés hors-mariage: Notes

Article en italien sur la Bussola.
Ma traduction.

Malte vote sur le divorce, un test pour l'Europe
Massimo Introvigne
24-05-2011
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Avec toute la considération dûe à l'élection des maires de quelques grandes villes italiennes, le vote le plus important en Europe le 28 mai sera celui de Malte. Là, les électeurs de l'archipel, le seul pays européen où la loi n'autorise pas le divorce, se prononceront sur une question référendaire qui propose d'introduire le divorce après quatre ans de séparation entre les époux. Le projet de loi est d'un député du Parti nationaliste, parti de gouvernement et de tendance centriste, Jeffrey Pullicino Orlando, mais il n'est pas soutenu par son parti, dont les principaux représentants ont en effet critiqué les procédures formelles suivies par le député, tandis qu'il l'est par le leader de l'opposition de centre-gauche. Pullicino Orlando en 1997, a écrit contre le divorce. Puis il a changé d'avis, selon lui en raison de l'évolution des conditions sociales, mais certainement aussi à cause de son problème personnel.

L'élection de Malte a une dimension européenne. Les pressions n'ont en effet pas manqué - subtiles et parfois pas vraiment subtiles - de milieux et de médias étrangers, afin que cesse le «scandale» d'un pays de la Communauté européenne qui ne s'est pas encore doté d'une institution aussi « moderne » que le divorce. Le lobby pro-divorce est descendu sur le terrain avec une multitude de ressources et il comprend la majorité des journaux en langue anglaise - en théorie pas officiellement déployés, mais qui font souvent de la propagand au moinse indirecte - une bonne partie de la gauche politique, du monde de la culture et de l'économie. Contre le divorce s'est déployé contre l'Église catholique, associée à ligne officielle et aux principaux dirigeants du Parti Nationaliste.

Les évêques de Malte ont publié le 21 mai une lettre pastorale dans laquelle ils affirment, à propos du risque d'abstention lors du référendum, que "chaque personne qui décidera de ne pas participer démontrera une carence de maturité civile et religieuse". Si toutes les personnes de bonne volonté peuvent s'opposer au divorce "au nom de la raison", ont poursuivi les évêques, "le citoyen catholique a une contribution particulière à apporter. Les enseignements de Jésus-Christ, exprimés à travers la loi morale de l'Église, ne laissent aucun doute que le divorce est une mauvaise solution - une solution sur laquelle une société stable ne peut être construite". Voter en faveur de la famille est donc une "obligation morale": "un choix en faveur du mariage stable est un acte de foi dans la famille, fondée sur un lien d'amour qui ne peut être dissous, tandis que le choix en faveur du divorce conduit à à la destruction ultérieure du mariage et de la famille et, par conséquent, à la destruction des valeurs et la qualité de la vie".

Ce qui se passe à Malte rappelle à de nombreux italiens le référendum analogue sur le divorce , qui a eu lieu en Italie les 13-14 mai 1974. Ce référendum fut perdu par ceux qui étaient opposés au divorce pour deux raisons. La première est que beaucoup de confusion fut créée par les catholiques pro-divorce qui se sont présentés comme catholiques "modernes", héritiers de Vatican II, alors que les catholiques opposés au divorce auraient été "arrièrés". Les évêques d'Italie rappelèrent que Vatican II avait qualifié le divorce de "fléau social pour ses conséquences désastreuses en matière de mariage, de famille et de société» (Gaudium et spes, 47). Mais les grands journaux - tous mobilisés en faveur du divorce - réussirent à convaincre les Italiens de la thèse fausse selon laquelle il y avait sur le sujet dans l'Eglise deux opinions, tous deux également «catholiques».

À Malte, il se passe la même chose. Les pro-divorces vont à la chasse aux catholiques - parmi lesquels aussi quelque prêtre - qui s'expriment dans un sens favorable au divorce ou au moins ambigu. L'opinion catholique maltaise ne doit pas être dupe. Les évêques ont réaffirmé de la façon la plus formelle et solennelle, qu'il n'y a pas deux options catholiques également légitimes sur le divorce. Il y a une unique thèse catholique, qui considère le divorce comme un «fléau social» avec des «conséquences désastreuses». Et - comme cela advient malheureusement aussi sur d'autres sujets - il y a des catholiques rebelles au Pape et aux évêques qui n'acceptent pas l'enseignement du Magistère, lequel toutefois est en lui-même clair et univoque, et ne laisse aucune place à l'incertitude. Un catholique ne peut pas être en faveur du divorce.

Les "dissidents catholiques", aujourd'hui à Malte comme hier en Italie, répétent un argument que nous connaissons bien: "Je suis catholique, je suis moralement opposé au divorce et je ne divorcerai jamais. Mais je ne peux pas imposer de ne pas divorcer à ceux qui ne sont pas catholiques".
En fin de compte, le résultat du référendum sur Malte se joue sur la capacité des catholiques anti-divorce à expliquer - dans un pays qui a le record du monde de citoyens qui se déclarent catholiques pratiquants - la distinction entre le droit naturel et la loi de l'Église.

La loi de l'Église impose d'aller à la messe le dimanche. S'il y avait une loi qui oblige à aller à la messe le dimanche - par analogie avec ce qui se passe en Arabie saoudite, où il y a une "police religieuse" qui attrappe ceux qui ne vont pas à la mosquée le vendredi - ce serait une erreur, parce qu'on ne peut pas imposer une loi de l'Eglise aux non-catholiques et aux non-croyants. L'Eglise n'a jamais eu une telle prétention qui est étrangère à sa vision des relations entre Église et État.

Le commandement "tu ne voleras pas" se trouve dans les Dix Commandements. Mais c'est aussi un précepte de la loi naturelle, cette loi que la raison peut connaître sans jamais ouvrir la Bible. Pourquoi, alors, se trouve-t-elle également dans les Dix Commandements? Parce que Dieu savait qu'après le péché originel, la raison aurait beaucoup de mal à discerner la loi naturelle, et voulait offrir aux croyants un moyen rapide d'arriver facilement aux mêmes résultats que la raison peut atteindre, mais avec difficulté. Mais cela n'enlève rien au fait que le "tu ne voleras point" est un précepte de la loi naturelle. Les croyants le respecteront à la fois parce que la raison leur dit et parce qu'ils le trouvent dans les Dix Commandements. Les non-croyants le respecteront sur la base de la raison, qui discerne la loi naturelle. Le résultat ne change pas.

Imaginons qu'un voleur qui se déclare athée soit surpris à voler un portefeuille dans la rue. Et imaginons qu'à la police qui l'a arrêté , il clame: "Mais je ne suis pas croyant et je n'ai aucune obligation de me conformer au septième commandement,"Tu ne voleras point", ce commandement s'applique aux croyants, mais je suis athée. Je n'empêche pas les croyants de ne pas voler, de même qu'ils ne doivent pas m'empêcher de voler. Si l'Eglise veut m'imposer à moi qui suis athée de respecter le commandement "tu ne voleras point", elle s'ingère dans les lois de l'État et viole ma liberté".

Si hypothétique voleur athée avait argumenté ainsi après avoir été pris en flagrant délit de vol d'un portefeuille, tout le monde se serait mis à rire. A juste titre. Mais le rire traduirait une vérité profonde. "Tu ne voleras point" est un précepte de la loi naturelle: celui d'une loi accessible à la raison, qui en soi n'est ni athée, ni catholique, ni musulmane. Le fait qu'il est aussi l'un des Dix Commandements n'en modifie pas le statut de précepte de la loi naturelle. Il est donc juste que la loi lui impose de ne pas voler, alors qu'il serait erroné que la loi l'oblige à aller à la messe.

Maintenant, que le mariage soit indissoluble, et donc que le divorce soit mauvais n'est pas seulement une vérité de la loi de l'Église. C'est aussi une vérité de la loi naturelle. La cellule de base de la société est la famille, ordonnée au bien mutuel des époux, mais aussi à celui des enfants. Être un enfant est une donnée permanente et naturelle. Je suis le fils de mon père et de ma mère. Je ne peux pas décider de changer et d'être le fils de mon père et d'une autre femme, même si aujourd'hui, la deuxième "madame" plaît à mon père davantage que ma mère. Etre l'enfant de deux parents spécifiques est un fait permanent que je ne peux pas changer. Donc, pour vraiment protéger les enfants, le mariage de mon père et de ma mère doit aussi être une donnée permanente.

Le slogan des pro-divorce maltais "Donner une seconde chance à l'amour" joue sur les émotions et sur la pitié qu'inspirent certains cas, mais je ne peux pas avoir une "deuxième chance" et vouloir être le fils d'autres parents qui ne sont pas mon père et ma mère. La paternité et la maternité sont pour toujours. La nature même, qui fait naître un enfant d'un homme et d'une femme, exige la responsabilité et la continuité de la relation entre les parents.
Si ensuite, on n'autorisait le divorce que dans les mariages sans enfants, inévitablement on affaiblirait aussi ceux avec des enfants, portant atteinte à l'institution de la famille en général, qui est un bien indispensable à la société. Sans famille, la société ne peut exister.


La loi naturelle dérive de la réflexion de la raison, et non pas des statistiques . La plupart des pays dans le monde ont des lois sur le divorce, c'est vrai. Mais cela ne red pas le divorce naturel, de même que le fait qu'au cours de l'histoire, un grand nombre de cultures ont reconnu la polygamie et l'esclavage ne rend pas naturelles la polygamie et l'esclavage.
Les pro-divorce maltais - dont certains se disent catholiques - qui prétendent qu'il n'existe pas de loi naturelle devraient réfléchir à un argument de Benoît XVI: dans un monde où des gens de religions différentes vivent ensemble, les règles communes du jeu qu'on nomme société, ou bien sont confiées à la raison - qui précisément discerne une loi naturelle - ou bien à la violence, à l'arbitraire du plus fort, à l'abus des États qui deviennent totalitaire. Il n'y a pas de troisième alternative. Ou la loi naturelle ou l'arbitraire et la tyrannie.

Les pro-divorce de Malte répètent que le divorce n'a pas de conséquences sociales de caractère général . Tout sociologue sait que ce sont des mensonges électoraux. Depuis que le divorce a été introduit en Italie, on a vu s'effondrer le nombre de ceux qui se marient, en baisse régulière depuis 1974 à nos jours. Désormais, en Italie, 21,7% des enfants naissent hors mariage (données ISTAT se référant à 2009) (2), avec des conséquences dramatiques pour leur éducation et une augmentation spectaculaire de la criminalité chez les jeunes, la drogue et l'échec scolaire, tous les "fléaux sociaux" contre lesquels que la famille stable est la seule protection possible. L'argument selon lequel à Malte il y a proportionnellement plus de mariages "qui échouent" que dans d'autres pays, utilisé par les pro-divorce, devrait être soumis à une vérification statistique; mais il faut aussi tenir compte du fait qu'à Malte il y a en pourcentage beaucoup plus de mariages que, par exemple, en Italie. Un mariage qui n'est jamais né ne peut pas "échouer", mais une union qui n'a pas le courage de se transformer en mariage est, d'un certain point de vue, déjà un échec.

Il faut donc réfuter le sophisme "je ne divorce pas, mais je ne peux pas empêcher ceux qui ne sont pas catholique de divorcer", aujourd'hui à Malte comme hier en Italie. On le réfute en montrant qu'il n'appartient pas à la même catégorie que des déclarations du genre "Je vais à la messe, mais je ne peux pas empêcher ceux qui ne sont pas catholiques de ne pas y aller". Ce sont des affirmations, justes mais qui se réfèrent à la loi de l'Église. A l'inverse, puisque la stabilité du mariage indissoluble du mariage fait partie de la loi naturelle - même s'il appartient aussi à la loi de l'Église - le slogan proposé par les pro-divorce est analogue à celui, manifestement erroné, "je ne vole pas, mais je ne peux pas empêcher ceux qui ne sont pas catholiques de voler ". Si on accepte cette logique du relativisme, au lieu de "voler" je peux mettre "divorcer", mais aussi "avorter", "prendre de la drogue", "supprimer par l'euthanasie des personnes de ma famille", et ainsi de suite.

Les pro- divorce à Malte font également valoir que le divorce n'a rien à voir avec la légalisation de l'avortement, à laquelle, selon les sondages, la grande majorité des Maltais est opposée. Les pro-divorce disaient la même chose en Italie en 1974 pour rassurer les électeurs auxquels ils demandaient de voter pour le divorce, au référendum . Mais ils mentaient. A peine remporté le référendum sur le divorce, les mêmes organisations, à commencer par le Parti Radical - et souvent les mêmes personnes - se mirent à réclamer à cors et à cris une loi sur l'avortement, même si avant le référendum, ils avaient assuré qu'ils n'en feraient rien. Ils ont obtenu la loi sur l'avortement, quatre ans seulement après le référendum sur le divorce, en 1978. Lorsque qu'on commence à glisser sur le plan incliné de la négation des valeurs naturelles de la vie et de la famille, il n'y a aucun moyen de s'arrêter. Il y a sans doute à Malte des pro-divorce qui ne sont pas pro-avortement; mais la culture dont ils sont, parfois inconsciemment, porteurs ouvrira inévitablement la voie à l'avortement.

Les Maltais sont certainement encouragés par les paroles de Benoît XVI, qui lors de sa visite apostolique à Malte le 18 avril 2010 les a exhortés à ne pas se laisser prendre par des complexes d'infériorité et l'empressement à adopter ce que l'Europe propose comme le plus avancé et le plus moderne. "Ce que le monde offre aujourd'hui - a dit le Pape - n'est pas toujours digne d'être accepté par les Maltais. Beaucoup de voix essaient de nous persuader de mettre de côté notre foi en Dieu et en son Eglise et de choisir nous-mêmes les valeurs et les croyances dans lesquelles vivre". Mais ces voix doivent être rejetées. "Votre nation - a dit Benoît XVI le 17 avril 2010 - doit continuer à défendre l'institution naturelle du mariage comme institution indissoluble et sacramentelle". Et avec cette défense - si le miracle devait avoir lieu le 28 mai - Malte prouverait à l'Europe que David peut battre Goliath, que les lobby richissimes qui attaquent la famille et la vie ne sont pas invincibles.

"Rappelez-vous - a dit le pape dans son homélie du 18 avril - que l'échange de biens entre ces îles et le reste du monde est un processus à deux voies. Ce que vous recevez, appréciez-le avec soin, et ce que vous avez de valeur, n'oubliez pas de partager avec les autres".

Les sondages indiquent que la victoire le 28 mai à Malte est difficile mais pas impossible. Si la famille gagne contre le divorce, de Malte commencera à souffler le vent d'un changement de tendance qui bouleversera l'ensemble de l'Europe. Pour cela, nous devons tous prier: pour les catholiques de Malte, pour leur héritage chrétien en péril, pour la famille.

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Notes


(1) La notice wikipedia sur le divorce nous permet de nous rappeler, avec effarement, à quel point la France était en avance sur ce point!
Le 20 septembre 1792, une loi, permettait déjà aux deux conjoints de rompre leur mariage. Le divorce pouvait être prononcé par consentement mutuel, pour « incompatibilité d'humeur ou de caractère » ou encore pour des causes imputables à un des époux (préfigurant le « divorce pour faute »).

Supprimé à la Restauration, le divorce revient sous la IIIe Rrépublique (1884, à l'initiative du sociliste Alfred Naquet - lire sa notice Wikipedia ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Naquet), avec des dispositions successives destinées à en élargir l'application.

(2) En France, d'après les données de l'INSEE, voici un diagramme que j'ai fait pour montrer l'évolution de la situation.


D'autres tableaux très intéressants peuvent être consultés sur le site de l'INSEE, par exemple celui-ci , qui indique la proportion d'unions déjà rompues suivant la durée et l'année du mariage. On constate par exemple qu'entre les mariages contractés en 1970, et ceux en 1999, la proportion de ceux qui étaient rompus au bout de 10 ans a doublé.

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