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La lettre de Jeannine - 3 mai 2011

Après quelques petits soucis techniques, elle a pu suivre les cérémonies de béatification. Elle revisite aussi avec émotion toutes les célébrations pascales, entre les Rameaux, et le Regina Caeli de Castelgandolfo. (4/5/2011)

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Chère Béatrice,

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Je n'ai pas suivi tous les flashs, tous les discours des personnalités interrogées car tant de choses ayant été dites depuis longtemps je pense que bon nombre de déclarations devaient faire double emploi et puis pour moi c'était trop, beaucoup trop. Deux personnalités m'ont marquée : la miraculée de Jean-Paul II, si mal à l'aise, mais qui a parlé avec tant de simplicité, d'évidence que le miracle perdait son caractère extraordinaire pour se transformer en un beau récit présenté avec la foi au bord des lèvres. Un avant, une grâce, un après : c'est aussi simple que cela; elle était touchante.
L'autre personne n'est autre que Benoît XVI qui, en restant lui-même, dans une liturgie à son image, dans une célébration pleine de grandeur, un hymne à la beauté, a laissé s'exprimer la joie mais a repris les touches très personnelles qu'il a introduites dans les célébrations : la consigne est donnée de ne plus applaudir, ne plus mouvoir les drapeaux pendant la célébration eucharistique. La chorale, le chœur des adultes, la voix masculine en solo et la musique donnaient à cette messe un caractère serein de toute beauté, grandiose, l'enveloppant d'une ambiance qui réjouissait les cœurs. Par ses paroles simples qui venaient de son cœur il m'a fait comprendre quelle vénération il porte à son prédécesseur; inutile d'utiliser l'imparfait puisque notre Pape est toujours avec lui.

Benoît XVI en papamobile avec son secrétaire et son cérémoniaire, est arrivé dans une tenue simple mise en valeur par son élégance naturelle. Très applaudi, acclamé, mitraillé, saluant la foule, embrassant deux bébés, il offrait aux assistants ravis un visage calme au sourire paisible. Tout était prêt, mûri dans la droite ligne de ce qu'il voulait faire et c'était le pasteur intérieurement pacifié qui s'avançait vers l'autel.. Arrivé à son siège, on a retrouvé la prévenance de Mgr Marini pour installer les ornements sacerdotaux avec discrétion. J'ai noté la douceur du sourire de Benoît XVI pour la présentation de la relique, puis ensuite le sourire ému adressé au postulateur qui venait le saluer.
L'homélie de notre Pape est interrompue par les applaudissements de l'assemblée pour la mise au point concernant les motifs de la béatification. Clair, net, précis, impossible de mieux faire; je pense que Jean-Paul II sera le seul pape a avoir reçu un hommage aussi appuyé, aussi chaleureux de la part de son successeur, lu avec les lèvres et le cœur de celui qui, malgré cette spontanéité, imprimait sa marque, sa spécificité. Du grand Benoît XVI qui ne dévie pas de sa route. Samedi 30 avril, devant les participants à l'assemblée de l'European Broadcasting Union (EBU), il a souligné le rôle de Pie XII, à travers la radio, durant la Seconde Guerre Mondiale.
Entre le long éloge de Jean-Paul II et le rappel de Pie XII ceux qui veulent polémiquer ont de quoi alimenter leur rancœur. La présence des surplis ( terme exact?) avec dentelles devraient titiller ceux qui brocardent ces ornements d' Eglise . A la fin des saluts après le Regina Cæli , Benoît XVI n'a pas omis de remercier affectueusement tous les acteurs qui ont participé , chacun d'eux à sa manière, à la réussite de cette grande fête de la foi. Puis il a regagné la basilique pour aller prier devant le cercueil qui était exposé. Il était en tête, dans cette grande allée vide tracée dans ce monument immense et sa démarche était décidée.

Quinze jours nous séparent du dimanche des Rameaux et une semaine de celui de Pâques.
Pour la Célébration des Rameaux il y avait beaucoup de monde avec la jeunesse de Rome autour du Pape. L'orchestre et le chœur étaient ceux du diocèse. Avec un grand beau temps, une décoration florale très réussie et les oliviers bougeant dans le vent, la longue procession des rameaux a retrouvé Benoît XVI arrivé en papamobile. Beaucoup d'enthousiasme, des bras et mains agités pour saluer le Pape qui, au pied de l'obélisque, bénit les rameaux. Puis il repart en papamobile pour regagner l'autel et sa place. Applaudissements, les appareils photos crépitent, j'aime bien les fidèles présents qui agitent la main comme pour lui dire : " bonjour,on est là avec vous" . Une religeuse, rameau dans la main droite, livre et chapelet dans la main, paraît avoir un léger problème d'organisation pour tout maintenir en bonne position. Une chose m'inquiète: le sourire est moins épanoui, lointain parfois, le geste moins ample, fatigue? rien de plus normal, il a fêté ses 84 ans la veille mais....

Un moment que j'aime: la procession des offrandes avec un Benoît XVI souriant qui se penche pour bien écouter les paroles murmurées; il apparaît tout en douceur paternelle, il prend le temps, bénit les fronts penchés vers lui. Sa tenue est d'une grand richesse mais peut-être lourde à porter. A la fin de la messe il salue les jeunes dans différentes langues, les Italiens sont présents avec des banderoles.
Les jeunes chantent "Joyeux anniversaire" et je repense à ses 81 ans célébrés en Amérique, à la joie affichée par Benoît XVI et accompagnée de très chaleureux mercis. Mgr Marini lui parle et je ne le vois pas remercier mais KTO reprend l'antenne.

La Semaine Sainte est une période de grande activité pour le Saint-Père et donc source de fatigue étant donné qu'il assure toutes les célébrations.

J'ai suivi la Messe Chrismale de la matinée du 21 avril par le CTV Live . Autour de Benoît XVI un océan de silhouettes blanches. Il quitte la procession d'entrée pour bénir des enfants, les caresser, serrer des mains, il y en a tant qui se tendent vers lui, les flashs crépitent, long parcours avec un sourire juste esquissé. La cérémonie est priante : renouvellement de la promesse sacerdotale puis bénédiction des trois huiles. Dans son homélie le Pape ne manque pas de citer le Pape Jean-Paul II ( la traduction en français me l'a confirmé)

La Messe de la Cène, le 21 avril se déroule dans sa cathédrale Saint-Jean de Latran, nombreux présents avec les autorités. Même si les deux cérémoniaires font très attention au Pape pour les marches, sa démarche est souple, assurée lorsqu'il traverse les grands espaces du chœur au moment du lavement des pieds et lorsqu'il porte le Saint-Sacrement pour l'adoration. Simplement agenouillé, on retrouve le pasteur en prière pendant un long moment, dans une attitude simple, dépouillée. Pour le lavement des pieds j'ai noté le sourire timide du Pape à chaque prêtre alors qu'il relève la tête pour se déplacer vers le suivant. Le journaliste malveillant et imbu de sa petite personne (ndlr: Maurice Olovari, voir ici) aurait aussi bien pu que moi relever ce détail . La quête est remise au Pape; Benoît XVI donne la communion à une file qui me paraît fort longue.

Le 22 avril le Saint-Père préside l'Office de la Passion dans une basilique pleine. La procession d'entrée se fait dans le silence. Le calme est seulement troublé par les voix des lecteurs. L'homélie est donnée par le Père Cantalamessa . Benoît XVI, déchaussé, vénère la Croix. C'est une cérémonie très priante, pleine de silence, de recueillement.

Le soir le Saint-Père préside le Chemin de Croix au Colisée. Le cadre est grandiose avec le Colisée très éclairé. Lorsque KTO prend l'antenne Benoît XVI est déjà présent , très priant, dans un grand silence; Les fidèles sont venus nombreux, le Pape agenouillé récite le rosaire. Pas un mot, un fidèle parmi les autres, effacé, reconnaissable certes, une présence silencieuse, un visage concentré sur la prière, seulement animé par les battements des paupières. Lorsqu'il s'assied : uns simple chaise rouge. A la fin il délivre son message qui m'a paru plus long que celui de l'année précédente; il sourit et écoute le chant final. Il est très applaudi. Il est paraît-il resté agenouillé pendant plus d'une heure.

Le 23 avril j'ai suivi sur CTV Live la Veillée Pascale présidée par Benoît XVI dans la basilique vaticane ; Les fidèles sont nombreux dans l'obscurité et un grand silence. Il avance dans le noir, une simple bougie à la main, la mitre or est un repère. Après le rite du feu toutes les petites lumières s'allument et le grand vaisseau reprend son visage habituel. Le cierge pascal est allumé et mis en place. Le récit de la Création ( je ne connais pas le titre exact ) est lu par une femme en français. L'eau chrismale qui va servir pour les baptêmes doit parler à Benoît XVI de son baptême : 84 ans déjà. Merci mon Dieu pour la grâce de cette personnalité si riche qui conduit si bien la barque de Pierre.

La célébration de déroule dans le calme, le recueillement, tout est bien réglé comme dans un ballet. Six adultes sont baptisés : quatre femmes et deux hommes. Les nouveaux chrétiens en blanc avec les longs cierges allumés sont le sujet de très belles photos. Lorsqu'ils s' agenouillent devant le Saint-Père on retrouve le geste doux de Benoît XVI qui les bénit et leur sourit. Les offrandes sont apportées par les baptisés. Avant la consécration notre Pape s'essuie le visage : chaleur, fatigue? les deux probablement. Comment fait-il pour encaisser cette fatigue, pour tenir le devant de la scène en restant égal à lui-même? Il donne la communion à une longue file de fidèles. A Oh10 avant de quitter la basilique, arrêt devant la statue de la Vierge puis Benoît XVI part en saluant, très souriant et bénit des enfants. Très belle célébration majestueuse mais simple à la fois, très priante. Bonne nuit, Très Saint-Père.

Le 24 avril sur la place Saint-Pierre archi-comble le Pape préside la Messe de la Résurrection. La décoration florale est magnifique, elle est offerte par les Pays Bas ainsi que les 1700 roses qui ornent le balcon de la loggia centrale. Il y a plein de soleil qui fait ressortir les couleurs variées qui animent ainsi le décor. Benoît XVI arrive en papamobile, salué chaleureusement. Une fidèle au premier rang d'une travée empruntée par le véhicule, un chapelet enroulé autour de sa main droite, la porte à son cœur, avec un sourire mouillé et comblé au moment où Le Saint-Père passe à son niveau et que les applaudissements crépitent : un pur moment de joie intérieure, discrète mais vraie. Notre Pape a les lèvres aussi pâles que le visage; pendant le psaume de la liturgie byzantine il écoute, attentif. La procession des offrandes nous redonne un père patient, souriant, à l'écoute de ceux qui s'avancent; la fatigue s'envole. Un couple avec trois enfants s'agenouille et Benoît XVI se penche beaucoup pour bénir les trois jeunes, Mgr Marini, très attentif, prévient tout risque mais toujours avec soin et discrétion.Le Pape distribue la communion aux nombreux favorisés avant de bénir l'assemblée puis il monte au balcon de la loggia centrale pour
la bénédiction Urbi et Orbi et le message de Pâques. Quelques 150.000 personnes attendent le Saint-Père qui est accueilli par une folle ovation dès son arrivée au balcon. Debout il écoute les honneurs qui lui sont rendus. Dès le début de son message : << le matin de Pâques nous a apporté l'annonce ancienne et toujours nouvelle : le Christ est ressuscité >> les applaudissements éclatent. La caméra s'arrête sur le beau visage d'une jeune femme à la chevelure ébène, qui suit avec attention les paroles attendues. Dans ce message on retrouve le vocabulaire très suggestif de notre Pape, précis, incisif, coloré. Sans effets de voix, sans gestes racoleurs, avec une intonation douce, ferme, il rappelle que même à "notre époque de communications ultra-technologiques la foi des chrétiens se base toujours sur cette même annonce ". La résurrection n'est pas une légende, une belle histoire, c'est une réalité qui donne force et sens à toute vie. Pendant les vœux en 65 langues il est beau de voir tous ces visages levés vers ce balcon, vers cette fragile silhouette blanche qui rappelle à temps et à contre-temps que nous ne sommes pas seuls; le Christ est là et nous marchons à ses cotés. Dans la foule une jeune fille suit avec des jumelles braquées vers la loggia. Sourires heureux de ceux qui entendent leur langue, applaudissements des Japonaises, des Philippines enthousiastes, visage sérieux d'un Africain qui écoute le Saint-Père énumérer les états dont la situation retient son attention. Combien sont ravis de savoir ainsi qu'ils ne sont pas oubliés. La fête se termine, la joie est bien présente et les vivats, les applaudissements, les cris de joie, les petits ballons agités accompagnent Benoît XVI qui salue avec ses doigts de pianiste, sourire très doux, avant de se retirer après avoir reçu de nouveau les honneurs militaires. Les gendarmes du Vatican, les carabiniers italiens et la Garde Suisse participent à l'accueil et à la clôture de cette cérémonie. Les Gardes Suisses portent leurs plus belles cuirasses ce qui est très rare. Son secrétaire, quasi invisible, assure avec Mgr Marini une présence discrète mais efficace et j'aime le savoir ainsi entouré.

Pour la fin de cette semaine épuisante j'attendais le Regina Cæli du Lundi de Pâques et j'espérais qu'il se passerait à Castelgandolfo. Je l'ai enregistré d'après KTO mais je l'ai suivi sur CTV Live car le direct dure plus longtemps. bien avant l'heure la cour était pleine et une effervescence joyeuse régnait . Je suis ravie que notre Pape ait pu prendre ce temps de repos, relatif certes, mais nécessaire. Dès que la fenêtre s'est ouverte, sans pape au balcon les cris de joie ont salué ce changement. Puis Benoît XVI est apparu souriant, détendu, avec une voix bonne. Une houle de liesse a déferlé. Ce rendez-vous du dimanche à midi à Castelgandolfo, dans la cour du palais pontifical comble, ressemble à une fête de famille: musique de la ville avec costumes régionaux, bras agités, banderoles, drapeaux, cris de joie, enfants portés sur les épaules, rien de compassé. La réelle proximité contribue à la chaleur de la rencontre. Notre Pape aime être à Castelgandolfo, il le dit. Il apprécie l'affection respectueuse qui lui est vouée; ici il peut se reposer. Le cadre est agreste et loin du Vatican il me semble que la fonction doit peut-être paraître moins lourde et la liberté plus grande. Il apprécie cet accueil bon enfant qui se manifeste avec chaleur, spontanéité. Comme en arrivant , avant de quitter le balcon, comme un simple citoyen, il se penche pour ne pas oublier ceux qui sont trop près de la façade et les doigts fins, agiles, jouent des notes qui volent vers ceux qu'il salue. Il pourrait rester très longtemps à sa fenêtre et les fidèles seraient comblés mais il fuit, autant que faire se peut, la personnalisation. J'avoue, à titre personnel, que bien souvent je le regrette car sa simple présence est apaisante. Il ne faut pas oublier qu'il sait aussi rire et de bon cœur dans certaines circonstances et qu'il sait ,par une certaine crispation dans le sourire, dissimuler l'émotion qu'il ressent. Si certains pensent qu'il est froid ils ont tort. Un tel musicien dans l'âme, une telle personnalité éprise de beauté, raffinée, élégante, ne peut être un bloc de marbre.
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Jeannine


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