La lettre de Jeannine: Le Pape en Allemagne
La lettre très attendue où mon amie revisite presque minute par minute tous les évènements comme elle les a vécus en regardant les directs de KTO (3/10/2011)
Chère Béatrice,
(...)
Ce voyage était spécial car il voyait un pape allemand revenir sur sa terre natale en tant que Souverain Pontife ayant acquis de l'expérience et ayant essuyé de nombreuses tempêtes. Cologne, la Bavière, tout cela paraît bien loin; ce n'était pas un voyage au pays des souvenirs et lui, mieux que quiconque, le savait.
L'arrivée le 22/9 a été conforme au protocole avec des salves tirées par 21 canons, un Président de la République souriant, chaleureux, la chancelière A. Merkel très détendue et des fleurs offertes par des enfants. Notre Pape parlait dans sa langue natale et cela créait une réelle proximité. Il est devenu citoyen du grand peuple de Dieu mais la mère patrie est toujours en lui. Quatre avions de chasse passent et un fort vent fait voler la petite cape blanche indisciplinée que le Président de la République rabat discrétement . Lorsque Benoît XVI arrive sur la pelouse face aux 1000 invités réunis au château de Bellevue, sous des applaudissements fournis, longs et sincères, j'ai l'impression, dans la simplicité du décor, que c' est une réunion de famille qui fête le retour d'un de ses membres perdu de vue depuis longtemps. Il m'est revenu en mémoire les paroles d'une allemande interrogée par Ph de S.P en 2006, lors du voyage en Bavière, à Cologne. Le manque d' explosion de joie avait été relevé par KTO et Margot ( je crois, orthographe non garantie) avait précisé que l'on célébrait le retour d'un grand frère qui était absent depuis un long moment, mais sans grandes manifestations extérieures; elle-même, depuis l'élection, était déjà allée le voir trois fois en Italie, plus parlant que des grands cris. La visite de courtoisie au Château Bellevue est empreinte de cordialité: " vous êtes ici chez vous " formule banale mais qui met à l'aise la personnalité reçue. Benoît XVI est tout sourire et se laisse conduire, guider, docilement comme à l'accoutumée, Losrsqu'il salue, bras grands ouverts, ses doigts fins pianotent dans l'air et traduisent sa joie.
Le premier obstacle de la catastrophe annoncée étant franchi, on passe au second : le discours au Bundstag : de la provocation. Un pape, allemand de surcroît, venir parler au Bundstag, voilà qui sort de l'ordinaire. C'est de l'inconscience d'autant plus que les députés de l'opposition ont fait savoir qu'ils seront absents: pas question d'aller écouter ce pape qui ne les intéressent pas.Les media devaient déjà se frotter les mains avec la perspective de pouvoir décocher des flèches assassines. Râté!!
L'accueil du Président du Parlement qui invite Benoît XVI à s'exprimer devant l'assemblée présente est chaleureux. On retrouve notre Pape réservé, timide mais dès qu'il parle la grande intelligence reprend le pas et l'assurance s'installe avec simplicité. Après avoir signé le Livre d'Or, mains serrées et visage serein il attend calmement le signal pour avancer. Lorsqu'il apparaît les applaudissements sont fournis, chaleureux, un soutien véritable au Saint-Père fait remarquer le commentateur de KTO. L' opposition n'est pas venue mais Benoît XVI comprend, on est en démocratie. Petit moment amusant : pour gagner sa place notre Benoît se trompe de chemin, le Président du Parlement le remet dans la bonne voie mais il se trouve arrêté par le bas de sa soutane accrochée à une marche m'a-t-il semblé ou bloquée par le pied de la personne qui le suit, ce petit problème lui est signalé par son secrétaire qui rit et lui montre du doigt ce qu'il faut faire: tirer sur le vêtement pour pouvoir continuer à avancer. Les applaudissements fusent. Il y en aura d'autres pendant le discours très dense de philosophie politique exposé par le Saint-Père avec la pointe d' humour au moment où il parle de l'écologie et celui où il énonce que malgrè son grand âge, il raisonne encore. A la fin très longs applaudissements, avec une grande partie de la salle debout,qui clôturent cette séquence mémorable, un succès, un grand discours du pontificat selon Ph de S-P qui est plutôt avare de compliments et reste très réservée, j'aime. Tout est bien organisé puisque il est annoncé qu'un car est prévu pour conduire ceux qui veulent assister à la messe qui va suivre.
Le parcours semé d'embûches va se terminer avec la messe célébrée par le Pape à Berlin : normal me direz-vous de la part d'un Pape . Mais avoir choisi le stade olympique de la dite ville, lieu de sinistre mémoire, pour parler, de quoi? mais de Dieu tout simplement, c'est de la provocation à nouveau, notre Saint-Père ne recule devant rien. Avant la messe il signe le Livre d'Or au Stade Olympique ( un de plus) et il reçoit un cadeau du Maire de Berlin.Auparavant il a fait le tour du stade en papamobile écologique et embrassé avec beaucoup de tendresse et de patience les bébés qui lui sont présentés. Je me dis qu'il est dommage que C.P ne soit pas sur place, j'aurais bien aimé lire le commentaire décoiffant qu'elle aurait fait de ce voyage. La Bavière est présente avec drapeaux, banderoles, saluts au Pape; c'est leur Pape qui est là et ils le soutiennent. J'ai retenu l'appréciation de Philippine: "ce pape démine le terrain et tire le débat vers le haut". C'est le jeune archevêque de Berlin qui a la joie d' accueillir celui qui l'a nommé récemment à ce poste; ses paroles sont appréciées de Benoît XVI , souriant, qui applaudit et se lève pour remercier. L'assemblée se manifeste par des applaudissements denses . Des cadeaux sont offerts à Benoît XVI qui n'oublie pas de remettre à l'archevêque celui qui lui est traditionnellement réservé: un ciboire. Comment ne pas noter la douceur du sourire du Saint-Père à la jeune femme étendue sur un lit poussé par une personne aidante et à qui il vient de donner la communion; elle lui prend la main, la serre et le regarde en souriant en s'éloignant. C'est un instant d'une grande douceur, on se retrouve à Lourdes en 2008 pour la messe des malades.
23/9 Pas de cataclysme, courage, il reste encore trois journées possibles mais déjà un commentaire ne parle plus que de voyage assez difficile, nuance dans l'usage du vocabulaire. Le ridicule ne tue pas mais il vaut mieux être prudent.
Après avoir quitté Berlin Benoît XVI gagne Erfurt où il est accueilli par la Présidente de la Région à l'aéroport. Visage reposé, souriant, l'entretien est simple, spontané, notre Benoît est chez lui. De nombreuses explications lui sont données sur les nombreuses personnes qui lui sont présentées; des fleurs sont offertes au Pape par une petite fille et à la Présidente par un jeune garçon. Cette visite est attendue, il salue les enfants, prend son temps pour un petit bain de foule, sourit, pose la main sur les épaules des garçonnets et caresse avec délicatesse les minois des petites filles. La présidente offre un cadeau à son illustre visiteur: un très beau livre: un manuscrit de théologie prestement récupéré par Don Georg dont le visage est à l'unisson de celui de son patron, tout sourire. Laïques ou religieux, chacun intervient pour remettre la légère cape blanche en place; facétieuse, elle donne des ailes à notre Pape ou le transforme en femme voilée ce qui est peu confortable. Sa voiture va le conduire à 5 km pour visiter la cathédrale Sainte- Marie d'Erfurt , très beau monument de style gothique. Son arrivée est saluée par un chœur œcuménique d'enfants . Dans la cathédrale vide Benoît XVI se recueille devant le Saint-Sacrement; il est accompagné par l'évêque qui lui donne des explications. Il va rencontrer 15 professeurs de théologie de l'Université protestante de théologie d'Erfurt; là il est en terrain connu. Avant de partir il signe deux livres d'or dans la salle capitulaire et s'arrête pour rendre un hommage à l'ancienne statue de la Vierge: le Siège de la Sagesse . En poursuivant vers la sortie Benoît XVI demande des explications sur une très belle œuvre dans la cathédrale : un triptyque peut-être. Il aimerait bien rester encore mais son organisateur de voyage, avec beaucoup de déférence, lui indique qu'il faut partir pour gagner l'ancien couvent des Augustiniens, docile il accède à la demande.
La rencontre avec les représentants du Conseil de l'Eglise évangélique allemande a lieu hors caméra. La célébration œcuménique à l'église du couvent des Augustiniens regroupe 300personnes, y sont présents le Président de la République, A. Merkel et la présidente de la Région de Thuringe entre autres, Benoît XVI les saluera à son départ.
Pour ce troisième temps on retrouve le Saint-Père pour la célébration des Vêpres mariales dans la chapelle d'Etzelsbach. Il arrive en papamobile, grande foule, célébration en extérieur; il est très souriant, avec des fidèles enthousiastes, les drapeaux s'agitent : Bavière, Vatican .... Du soleil, une foule familiale, nombreuse, joyeuse, qui attend patiemment depuis le début de l'après-midi et l'on retrouve les "Benedetto, Benedetto" . Un vol d'oiseaux blancs passe au-dessus du lieu de rassemblement dans le ciel pur. Benoît XVI est très entouré, il reçoit un accueil très chaleureux avec applaudissements, vivats. L'évocation de l'Eglise missionnaire lui fait chaud au cœur , il reçoit des cadeaux et son visage est d'une infinie douceur. Une délégation des jeunes offre une croix qui est l'exacte réplique de la grande qui est sur le podium. Il l'emportera au Vatican; si j'ai bien compris elle est tout en bois, de celui des poteaux qui soutenaient les barbelés dans les camps ( à vérifier, c'est très imprécis). Pendant l'homélie, dans sa langue maternelle Benoît XVI s'éloigne parfois du texte. Des religieuses affichent un visage ravi. La célébration se termine par un temps de méditation suivi d'un temps d'adoration, en extérieur, touchant avec ce pape âgé, agenouillé et priant. Le Saint-Père rend hommage à la Vierge aux Douleurs, piéta vers laquelle les pèlerins viennent se recueillir et lui offre un rosaire.
4/9 La Place de la cathédrale à Erfurt est remplie de monde avec un grand ciel bleu, le soleil et un service de sécurité impressionnant selon KTO; Le Saint-Père est arrivé en papamobile, je dois dire que c'est le seul moment où je l'ai trouvé moins souriant : fatigue plus que normale si c'est le cas, préoccupation, concentration avant la messe, pas de quoi tirer des conclusions alarmistes ni tirer des plans sur la comète pour l'avenir. Je ne fais pas partie de ces vautours et ne m'intéresse à lui que sur le plan affectif. Son visage est calme avec un sourire juste esquissé. Les paroles d'accueil de l'évêque, très chaleureuses touchent notre Benoît dont le visage s'illumine, l'assemblée applaudit . Un non-voyant lit une lecture en braille. Comme souvent notre Pape repart avec un large sourire et salue depuis la papamobile . Une cloche, la Glorieuse, sonne à toute volée.
C'est l'avion personnel d'Angela Merkel, prêté par elle, qui va conduire le Pape à Freiburg im Breisgau.
A Freiburg, devant la cathédrale, une foule enthousiaste acclame ce Pape tant attendu, d'ailleurs une grande photo du Saint-Père est sur l'entrée de l'église., au-dessus du portail. Les paroles d'accueil de l'évêque sont chaleureuses et le sourire de notre Pape dit combien il est touché par tant d'attentions, d'enthousiasme d'autant plus que la visite prévue doit être très brève, mais qu'importe, il est là et c'est l'essentiel. La cathédrale est pleine et il est très applaudi. Si certains ont dédaigné de se déranger pour entendre un discours magistral qui les aurait peut-être dépassé, les paroissiens présents et manifestant leur joie montrent bien que sa présence apporte de la joie, du bonheur à d'autres. La tradition des cadeaux échangés est respectée , des fidèles en costumes régionaux fort beaux saluent le Saint-Père et le doux sourire éclaire son visage. Il signe les livres d'or et referme soigneusement le stylo avec lequel il a marqué son passage. Avant de repartir pour aller déjeuner ( il est tard) il salue la population qu'il va retrouver pour la messe le lendemain. L'archevêque est ravi : c'est une joie, un honneur pour lui et sa ville et l'accolade échangée avec le Pape, attentif, très souriant, dit bien la joie des deux hommes. Le ciel est d'un bleu profond, un moment de vrai bonheur.
Alors que j'étais prête à vous écrire j'ai lu le commentaire de la veillée et de la messe à Freiburg im Breisgau et là je me suis dit qu'il fallait que je revoie mes sources, d'où une deuxième lecture du DVD correspondant. La musique, en général, a été très surprenante mais elle ne m'a pas choquée. En constatant la participation des fidèles laïcs et religieux pour les chants j'en ai conclu qu'elle leur était habituelle, ce qui pour autant ne lui confère pas de l'excellence. Trop peu de latin, des tenues trop laïques pour les servant(es) d'autel jugé(e)s eux(elles) aussi ordinaires (même les cardinaux allemands avaient de simples surplis sans aucuns ornements), il était impossible, selon moi, de faire des tenues nouvelles ou de réactualiser des tenues qui retourneraient à l'oubli. Benoît XVI veille à offrir une liturgie priante, belle, mais il doit être sans illusions quant à l'effet immédiat que l'exemple qu'il donne peut avoir sur les célébrations. N'oublions pas que le Saint-Père est épinglé à cause de son goût pour les beaux ornements, pour tous les trésors rangés dans les tiroirs des sacristies et qu'il dépoussière en les utilisant !! Les servantes d'autel relèvent d'une décision prise en accord avec le Vatican. La précision était donnée par La Croix, Urbi & Orbi, 26/8/11, 16h16. Je suppose qu'elles ont l'habitude de participer aux messes et il aurait été fort maladroit de les mettre à l'écart à cause du pape.Que n'aurait-on pas dit, car bien sûr tout aurait été de sa faute à lui, toujours le même ostracisme à l'égard des femmes dans l'Eglise. Mgr Marini, très attaché à la qualité des célébrations, proche du pape, a sûrement discuté de toute cette organisation avec beaucoup de soin et en se rendant sur place, comme d' habitude; certains évêques allemands sont venus à Rome plusieurs fois , MgrZollitsch est présenté comme très proche du Pape, alors que penser? Le clergé allemand a peut-être fait ce qu'il a pu avec ce qu'il avait. Là s'arrête mon appréciation car je suis bien incapable de définir les nombreux manquements qui sont pointés Toute la musique qui a accompagné le voyage de notre Pape a été différente, plus légère, moins solennelle. Les anti-papes ont profité de la veillée pour faire passer leurs slogans et si les conclusions citées correspondent à la réalité on peut aisément se faire une idée des aspirations d'une partie des présents. Il aurait fallu une évaluation du pourcentage de bâtons rouges et verts levés en réponse aux questions posées par rapport au nombre de personnes haranguées car cela m'a fait furieusement penser à un meeting en lisant le commentaire du participant; mon appréciation est purement personnelle. Je suis sûrement beaucoup moins exigeante que beaucoup de personnes. J'avais relevé l'enthousiasme qui régnait à l'arrivée de notre Pape très souriant, en papamobile, vitres baissées. Ph de S-P signale un groupe d'animation venant de Brême avec des pancartes en allemand et qui la laisse dubitative mais 20 minutes environ avant l'arrivée du Saint-Père l'assemblée reprend le livret de prière. et lorsque Benoît XVI est là un grand cri de joie parcourt le rassemblement. Veillée de prière ne convient pas si l'on pense à l'intériorisation si chère à notre Pape mais l'archevêque paraît satisfait et Benoît serein; on fait parfois ce que l'on peut plus que ce que l'on veut. J'ai aimé l'éclairage des flammes qui dansent, Benoît XVI qui allume les vasques. Elles vont porter la lumière à toutes les petites lampes qui éclairent la nuit en créant des ondulations lumineuses au gré des participants , " Jésus-Christ est la Lumière du Monde" d'où le thème de cette soirée. Pendant le chant des jeunes interprétant l'hymne des JMJ de Cologne notre pape est devenu lointain : souvenir du début de son pontificat avec le clin d'œil de la Providence pour lui avoir donné de retrouver si vite sa patrie? peut-être, mais lorsqu'il est parti, discrètement comme d'habitude, il était détendu, très souriant. Le spectacle des jeunes filles et artistes masculins était une belle réalisation mais inappropriée pour une veillée de prière, Je pense que la FFSPX va réagir.
25/9 La fin du voyage avec la grande messe en plein air à Freiburg avec un temps idéalement beau. Benoît XVI dans la papamobile, vitres baissées, embrasse les enfants qui lui sont donnés par son secrétaire et D. Gianni, son ange gardien. Il est serein, souriant, la foule est grande (cent mille fidèles), enthousiaste, joyeuse comme la musique, drapeaux, vivats; dans cet aéroport certains pèlerins sont venus de loin et sont partis très tôt pour rencontrer ce Pape qui est l'homme de Dieu, qui parle sans cesse de l'amour qu'il porte à Ses créatures. " Où est Dieu, là se trouve l'avenir". Lorsqu'il rejoint la procession on retrouve un Pape, sourire aux lèvres, visage détendu. L'archevêque est un très proche, je veux bien le croire car c'est perceptible à travers les paroles
échangées. La célébration se déroule selon le rythme habituel, on pense à protéger le Saint-Père du soleil et j'aime cette attention qui lui est portée. L'homélie est exigeante, on y retrouve l'homme délicat, humble, qui demande que l'on prie pour lui mais qui ne transige pas avec la foi, l'amour à porter au Christ. Pour les offrandes il est patient, attentif à ceux qui se présentent. Mgr Marini rectifie d'un geste doux et discret un détail de sa tenue et la protection contre le soleil qui chauffe fortement continue pendant la communion et le temps de recueillement. Du message du Pape j'ai retenu cette phrase : seule la foi donne de la valeur à nos promesses, à nos implications; sans cela elles restent vœux pieux, de simples formules. Dans la foule une pancarte porte une photo du cardinal Ratzinger aux côtés de Mère Térésa. Les cloches sonnent joyeusement, un drapeau bavarois est agité pour lui rappeler que sa Bavière est là
Dernière rencontre souhaitée par le Pape: celle avec les laïques engagés dans l'Eglise et la société dans la salle de concert de Freiburg.1700 personnes sont réunies et une partie de la formation de l'orchestre philharmonique va lui offrir une animation musicale conforme aux goûts de ce Pape mélomane averti. Son arrivée est saluée par des applaudissements fournis qui mettent à mal, une fois de plus, l'humilité bien réelle de ce personnage si doué. Tête légèrement penchée en avant, sourire discret, Benoît XVI est l'image de la simplicité et écoute attentivement le concerto interprété. La silhouette blanche se détache, immobile, sur le fond bleu-nuit de la scène. Mgr Zollitsch, radieux, délivre des paroles d'accueil très cordiales et souligne que tous les présents (1700 personnes environ) sont d'origines très diverses mais que toutes ont le désir de recevoir avec leur cœur les paroles du Pape.Notre Saint-Père se lève pour remercier et se rassied en attendant de prendre la parole. Léger problème il manque le secrétaire avec les lunettes et le discours, la salle sourit, amusée, cherche du regard et Don Georg remet les deux sésames à Benoît XVI. Le discours profond, en allemand, permet à notre Saint-Père de quitter parfois son texte, sa main droite accompagne
alors sa pensée et la renforce; la pensée de Saint-Augustin est bien celle de Joseph Ratzinger et ainsi il parle de lui. Les deux cardinaux qui l'entourent le suivent religieusement. Après un nouvel intermède musical et avant de donner la bénédiction Benoît XVI récite le Notre Père dans sa langue; demande si c'est fini, en italien, avant d'aller féliciter le chef d'orchestre. Ces quelques mots montrent bien la proximité réelle du pape avec son auditoire allemand et sa décontraction, son sentiment de liberté dans ce pays qui est le sien. Peut-être ont-ils traduit une certaine fatigue mais, après avoir regagné sa place pour recevoir les quinze personnes qui devaient lui être présentées, il a été aisé de voir que les échanges étaient spontanés, appréciés par un Benoît XVI joyeux, attentif, souriant, au regard pétillant; le secrétaire, qui récupérait les cadeaux, paraissait tout aussi heureux. Lorsque l'accompagnement musical a été terminé , sous les applaudissements et les vivats notre Saint-Père a salué la salle, bras grands ouverts et remercié avec les mains jointes. Une heure plus tard son avion pour Rome décollait.
Fin du voyage, cérémonie de départ à l'aéroport de Lahr. Le couple présidentiel est présent et accueillent le Pape à l'arrivée de sa voiture; Quelques minutes d'entretien privé et avant de quitter les lieux, Benoît XVI voyant un grand livre ouvert sur une table s'apprête à le signer, ce n'est pas un livre d'or mais en quatre jours il en a tant vus que l'habitude est prise; Mgr Gänswein range les lunettes qu'il avait déjà sorties de sa poche et rit avec Alberto Gasbarri alors que notre Benoît gagne l'extérieur avec le Président de la République. Il salue la rangée d'enfants et les traditionnels discours sont échangés. " Là où il y a Dieu, il y a un avenir ".
Le lien avec son payes natal est bien vivant et le Pape y fait allusion plusieurs fois. Il regagne Rome mais il me semble que l'Allemagne l'accompagne. Il a été à l'aise pendant ce voyage en dépit du scénario catastrophe que certains souhaitaient voir se dérouler. Spontanéité dans les gestes, décontraction dans les paroles tout en restant exigeant, lucide, en ne dissimulant rien, ni à lui, ni aux autres, restant dans la ligne qu'il s'était fixée : parler de Dieu. Ceux qui, malgré les précisions qu'il avait données avant le départ, espéraient un revirement brusque, avaient tort. Ils ne connaissent rien de lui, de son intelligence, de sa parfaite connaissance des problèmes de l'Eglise, des révoltes qui agitent cette vénérable institution, des mesures radicales et instantanées souhaitées par une frange ultra-progressiste. L' Esprit le guide et c'est par Lui qu'il se laisse guider.
Il a regagné le Vatican et l'Angelus de ce dimanche à la fenêtre de son appartement n'avait pas le caractère d'intimité qui fait le charme de ceux priés à Castelgandolfo.
J'admire son courage, sa détermination, sa sérénité. Le voyage était réputé très difficile, eh bien il a fait avec et l'a transformé en une réussite. Il y aura toujours des mécontents, c'est humain mais remplir des obligations à un tel rythme et à son âge est pour moi digne d'éloges. Quand je pense à nos jeunes qui mettent une journée pour récupérer d'une nuit festive j'avoue que je les regarde sans aucune indulgence. La foi qui le porte est solide comme le roc. Ce oui redit tant de fois au Seigneur lui impose des sacrifices certes, mais tout est accepté, offert, donné comme sa vie et chaque jour est une grâce. Que Dieu le protège et lui donne la force nécessaire pour continuer à accomplir cette tâche énorme. L'homme réputé à tort si froid a offert une autre facette de sa personnalité tout en restant discret. Il a paru plus libre, plus ouvert et son entourage était au diapason. Les évêques allemands étaient proches de lui et ceux qui ont eu le plaisir de le recevoir garderont , je pense, le souvenir de ce voyage où le Pape était un frère qui leur parlait, assis à côté d'eux. J'ai apprécié la présence constante des autorités lors des célébrations du Pape et le fait qu'A.Merkel ait mis à sa disposition, et par deux fois, son avion personnel. N'avait-il pas été dit que le temps n'était pas au beau fixe entre eux deux?