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La démocratie et les principes non négociables.

A un mois des élections législatives espagnoles (cf. "César et nous"), Carlota a traduit un dossier d'Infocatolica sur un petit parti espagnol qui s'interroge sur la representation politique des catholiques et l'attitude à tenir face aux points non négociables. A transposer chez nous (18/10/2011)


Carlota


Voici un petit dossier sur un mouvement politique espagnol original même s’il peut paraître plus que marginal, il s’agit de la Communion Traditionaliste Carliste (ou CTC), une organisation politique espagnole fondée en 1986 mais qui est l’héritière, parmi d’autres mouvements se déclarant carlistes d’un mouvement monarchiste né au XIXème siècle. Pour faire court, les Carlistes refusèrent la décision du Roi d’Espagne Ferdinand VII de ne pas reconnaître son frère Charles,- Carlos, comme successeur. Il était son seul héritier mâle et aurait donc du lui succéder conformément à ce qui s’était passé depuis l’arrivée en Espagne de la dynastie de Bourbon. Mais Ferdinand VII lui préféra sa fille unique âgée de quelques années, Isabelle, la future Reine Isabelle II d’Espagne dont descend l’actuel souverain régnant espagnol. La Communion Traditionaliste Carliste se présente actuellement comme un mouvement héritier du carlisme mais ne soutient pas en particulier un prétendant carliste au trône d’Espagne.

Mon intention, bien évidemment, ici, n’est pas d’aborder le très espagnol, très complexe et très multiforme phénomène carliste d’hier et d’aujourd’hui et encore moins de prendre parti, mais de souligner, en tant que catholique, l’intérêt de certaines réflexions de la CTC, notamment sur la démocratie moderne qui faute de respecter le droit naturel se transforme insidieusement en une terrible dictature mortifère. Par ailleurs les textes ci-dessous ont le mérite de ne pas s’embarrasser d’une rhétorique confuse tellement prisée par nos politiques des deux côtés des Pyrénées…et d’être d’une clarté remarquable pour les électeurs. C’est déjà un notable signe d’indépendance par rapport à la logique des partis à laquelle l’on veut tellement nous voir adhérer, nous catholiques qui devons être surtout « le sel de la terre »… J’ai traduit les éléments les plus généraux et pas ceux qui s’insérer dans la politique locale stricto sensu.


Premier texte (extraits)


Déclaration de la Junte du Gouvernement de la communion Traditionaliste Carliste du 14 octobre 2011 (original complet ici)
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Le système politique espagnol s’enferme chaque fois plus dans une espèce de « tournisme » dans lequel les deux grands partis et leurs satellites nationalistes (ndt référence aux partis notamment en Catalogne et au Pays Basque), au delà des nuances, partagent une même vision du monde, de la société et de la politique. L’urgence d’expulser le PSOE (ndt Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) est l’excuse qui aveugle beaucoup de nos compatriotes. Mais dans le fond ils savent que le PP (ndt Parti Populaire) va être plus que la même chose, même s’ils ont peur de l’exprimer (ndt l’on pourrait dire la même chose en France en changeant l’ordre de l’alternance…).
Le carlisme, la voix de l’Espagne traditionnelle, manque actuellement d’une basse sociale suffisamment structurée pour affronter en solitaire des élections générales (ndt le cas présent les législatives du 20 novembre prochain). Nous pourrions utiliser la campagne électorale, - comme nous l’avons fait dans d’autres occasions, pour faire de la propagande, mais avec cela nous ne donnerions pas de réponse à un besoin urgent : que dans les institutions entrent des voix pour défendre des principes pré-politiques de base (comme sont le droit à la vie, le droit de la famille, de la liberté d’éducation pour les parents et le bien commun.
Dans ce sens, nous avons pris la décision de ne pas présenter à cette occasion de candidatures en solitaire. Nous entendons que l’électorat catholique en Espagne ne veut plus de propagande : elle veut des résultats.

[…]

Deuxième texte


Extrait de l’entretien (original complet ici) avec Javier Garisoain, secrétaire général de la CTC
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Il parle de son « parti » mais aussi du problème de l’inexistence d’un vote catholique en Espagne et des limites de l’actuel système démocratique libéral :

[…] InfoCatólica : Pour arriver à une possible coalition des partis défenseurs des principes non négociables mentionnés par Benoît XVI, étiez-vous disposés à laisser de côté vos revendications politiques historiques qui ne sont pas directement en relations avec ces principes ?

- Notre proposition consiste à unir nos forces sur le plan exclusivement électoral, face au groupement de votes. Cela veut dire que tous les groupes invités pourraient maintenir leur identité et leurs activités propres en dehors de la période électorale. Nous ne voulons pas qu’un groupe se dissolve mais, simplement, que tous ensemble nous essayons d’apporter aux institutions une voix qui réclame un nouveau cadre pré-politique : celui que définissent ce qu’on appelle les principes non négociables.
[…]

InfoCatólica : Vous assurez que vous ne vous présentez pas aux élections parce que vous ne voulez pas utiliser la campagne électorale pour faire de la propagande. Ne laissez-vous pas la porte ouverte pour que les électeurs qui prennent en compte la dignité de la vie humaine et de la famille optent pour le moindre mal au moment de voter ?

- C’est que nous sommes en train de dénaturer l’acte de vote en le traitant comme s’il était quelque chose de sacré. C’est un piège du système partitocratique, un leurre pour donner une apparence respectable à un système chaque fois plus tyrannique. Que chacun vote pour ce qu’il peut, ou qu’il considère la possibilité d’une abstention active (qui soit peut-être l’authentique « moindre mal » à ce moment là), mais surtout, s’il veut aider dans la lignée des principes non négociables, qu’il fasse quelque chose pour que cela ne passe pas aux prochaines élections…Ou qu’il nous aide pour que nous essayons de faire quelque chose.

InfoCatólica : À quoi doit-on qu’en Espagne, où il y a une majorité de catholiques, il n’y a aucun parti politique qui les représente? En d’autres termes, comment expliquez-vous la démobilisation actuelle des catholiques, pratiquement totale, dans la vie politique ?

- Le problème c’est le libéralisme. Une idéologie naturaliste, désacralisatrice, laïciste, individualiste, volontariste…qui renie la tradition de nos peuples, qui enferme la transcendance dans le domaine intime de la conscience individuelle, qui exclut la foi de la vie publique. Et le problème le plus grave c’est le catholicisme libérale qui nous a amenés à cette situation absurde, - et également très « antidémocratique », dans laquelle une nation avec une majorité de chrétiens n’a pas de lois chrétiennes. Le carlisme fut le premier mouvement politique à s’opposer à cette idéologie libérale (ndt Les Carlistes ont une devise qui évoque en premier Dieu, puis la patrie et les droits coutumiers, et enfin le Roi). 178 ans plus tard, nous sommes les seuls, ou presque, qui continuons à travailler en politique en autre chose pour rappeler à nos compatriotes qu’ils existent des principes pré-politiques de base.

Les indignés et les fascinés Union sacrée autour des valeurs non négociables