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Notes sur la portée d'Assise (*)


José-Luis Restan s'est donné le temps de la réflexion, avant de commenter l'évèvement d'Assise - à la fois la démarche du Pape, et la façon dont elle a été reçue. Traduction de Carlota (3/11/2011)

(*) Carlota avait laissé le titre espagnol: Notas en el pentagrama de Asís.
Il semble que les mots "notes" et "portée" soient à entendre au sens musical.
Texte en espagnol: http://www.paginasdigital.es/

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Notas en el pentagrama de Asís
José Luis Restán
02/11/2011
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Écrire sur quelque chose, alors que tout le monde l’a déjà fait, a ses avantages. Cela permet de mieux voir les silences, les vides et les inerties. Il y a eu de tout cela dans les commentaires sur la journée de réflexion et de prière pour la paix et la justice que le Pape a présidée à Assise le 27 octobre dernier. Pour moi la clef de cet évènement se trouve dans le nœud de trois fils que forment la foi, la vérité et la paix. Curieusement l’un des derniers livres de Joseph Ratzinger avant qu’il soit élu Pape s’intitule : « Foi, vérité et tolérance ».

On a pu penser qu’inclure un lot de trois intellectuels agnostiques à ce rendez-vous était une décoration intéressante, quelque chose d’exotique sans trop d’importance. Mais si nous lisons avec attention le discours du Pape, nous voyons que précisément cette affaire a été au centre. Depuis longtemps il indique que dans les premiers siècles l’Église a privilégié le dialogue avec les philosophes (préoccupés par la question de la vérité) sur le dialogue avec les autres religions qui étaient présentes, précisément parce que la majorité d’entre elles avaient abandonné cet espace, en se consacrant à des ritualismes vides.

En effet, la question religieuse aujourd’hui est significative tant que la foi a une prétention à connaître et proposer la vérité. Sinon, elle reste reléguée dans le domaine des bons sentiments, des passions privées et subjectives. Et pour cela le dialogue de l’Église doit rechercher de manière préférentielle ceux qui recherchent sincèrement la vérité, qu’ils soient croyants ou non croyants. Benoît XVI consacre la partie culminante de son discours à Assise à cette masse croissante de personnes qui dans notre monde, sans encore jouir du don de la foi, cherchent à trouver avec persévérance la piste de la vérité. Il parle avec délicatesse et connaissance de leur souffrance, de leur désir insatisfait, de leur ténacité et de leur ouverture. Et il leur met comme miroir dans lequel nous devons tous nous regarder : les athées combatifs, qui se retrouvent dépouillés de leur autosuffisance et de leur inclinaison à la polémique ; et les croyants, dont le défi est de vérifier si notre façon de vivre la foi rend difficile son chemin pour reconnaître le visage de Dieu. Avec sa liberté et son audace déjà constatées, le Pape nous invite à purifier notre foi, à ne pas la réduire à des catégories mondaines et à ne pas prétendre dominer ou nous rendre maître de Dieu. Nous aussi les croyants, nous aussi les chrétiens, nous continuons à être des chercheurs d’un Dieu qui nous surprend chaque jour. Autrement, comme c'est arrivé tant de fois à Israël, nous le transformons en une idole.

Mais il y a une autre ligne de force dans le discours d’Assise qui est restée dans l’ombre. Je fais référence à sa dénonciation des conséquences auxquelles conduit l’expulsion de Dieu de la vie quotidienne des hommes. Certains se sont réjouis de l’humble reconnaissance de ce que les chrétiens ont usé de la violence, trahissant ainsi leur foi, et ils ont censuré les sévères paroles du Pape sur le monde fermé à Dieu où le désir de bonheur dégénère dans un abandon sans limite qui ravage l’humain, la violence se transforme en normalité, et la force des puissants ne rencontre aucune limite. L’absence de Dieu conduit à une terrible décadence de l’humain, et par conséquent, ouvrir un espace au vrai Dieu dans notre vie personnelle et communautaire, est une garantie de justice et de paix.

Pour terminer le Pape en a profité pour montrer ce qui est la spécificité chrétienne dans l’engagement commun pour la cause de la justice et de la paix. Notre originalité unique est déterminée par la Croix du Christ, « le signe du Dieu qui, à la place de la violence, met la souffrance ainsi que l’amour en relation avec l’autre ». Ce n’est pas par hasard si le Pape a voulu consacrer l’Audience Générale du mercredi précédent la Journée d’Assise, à ce règne de paix annoncé par les prophètes d’Israël dans lequel le Christ est le roi. Dans une catéchèse magistrale il reprend les paroles de Saint Jean Chrysostome : « pourvu que nous soyons des agneaux, nous vaincrons et même entourés de beaucoup de loups, nous réussirons à les surpasser. Mais si nous nous transformons en loups, nous serons vaincus, parce qu’il nous manquera l’aide du Berger ». Et il avertit que « les chrétiens ne doivent jamais céder à la tentation de se transformer en loups parmi les loups », parce que le règne de la paix du Christ ne s’étend ni avec le pouvoir, ni avec la violence, mais avec le don de soi-même, avec l’amour porté à son extrême, même à ses ennemis. Des mots étranges, des mots que souvent nous ne voulons pas entendre : « ce n’est pas l’épée du conquérant qui construit la paix mais l’épée de celui qui souffre, de celui qui sait donner sa propre vie ».

Une dernière réflexion. Alors que Benoît XVI prononçait ce discours historique que devrait nous remplir d’humilité et de gratitude, quelques forums catholiques continuaient à discuter sur l’opportunité de la convocation et semaient des doutes sur la conduite de Pierre en ce moment historique. C’est curieux et préoccupant cette condamnation, ce manque de simplicité mais aussi de force intellectuelle. Mais nous savons bien qu’il y en a qui ont une tendance au suicide, rien de nouveau sous le soleil.

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