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Confidences d'un sage et d'un chrétien

Le Cardinal Tonini et le Pape

Le cardinal Tonini, 97 ans, interrogé par Vatican Insider. Un merveilleux témoignage (3/11/2011)

Photo ci-contre: une audience, en 2005:
"C'est un homme incroyable de naturel, d'une exceptionnelle sérénité et gentillesse. Vous pouvez le voir à la manière dont il regarde les gens. Il montre tout dans ses yeux, et en le regardant, on se sent enveloppé de gentillesse. Et pourtant, il ne fait pas étalage de sa richesse intérieure, qu'il garde au fond de lui"
(Cardinal Ersilio Tonini à propos de Benoît XVI)

Le cardinal Tonini est une vieille connaissance de ce site (voir ici). C'est un adorable et pur vieux monsieur de 97 ans, le plus vieux cardinal vivant. Il réconcilierait avec l'humanité le misanthrope le plus endurci.
Lire en particulier cet article: benoit-et-moi.fr/2007/

Vatican Insider l'a interviewé. Et c'est une véritable bouffée d'air pur, une note d'espoir, aussi:

Tonini: « Aucune peur. La mort est un retour à Dieu »

A 97 ans, l'évêque émérite de Ravenne dresse le bilan d'une vie «Il y a trop de pessimisme: le monde est meilleur aujourd'hui qu'il y a 30 ou 40 ans"

Michele Brambilla, Vatican Insider
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Ce n'est qu'après une heure de conversation que je trouve l'audace de la question que je m'étais promise de poser au plus vieux cardinal du monde: "Mais vous, éminence, vous n'avez pas peur de la mort?"
«Non»: la réponse de Ersilio Tonini, 97 ans, archevêque émérite de Ravenne et Cervia, est immédiate et si vigoureuse qu'elle fait apparaître presque mystérieux le contraste entre une telle force intérieure et la frêle, minuscule silhouette de l'homme qui la contient. C'est sans doute à cause de la foi: un chrétien croit que la mort n'est pas la fin de tout. Mais il le pense, ou il l'espère?
La seconde question que je pose est encore plus irrévérencieuse: "Vous n'avez jamais de doute sur la foi?"
«Non», dit-il encore, «Dieu merci, je n'ai jamais eu de doutes», et n'importe quel prélat aurait sans doute répondu ainsi, mais le cardinal Tonini vous envoie quelque chose qui vous fait penser: celui-là y croit vraiment.

Il vit dans deux petites pièces de l'Oeuvre Sainte Thérèse de Lisieux, une maison pour les patients gravement malades. Mais il n'est pas là parce qu'il se porte mal, ou en raison de l'âge: il vit ici depuis Décembre 1975, quand il est monté sur la chaire de Saint-Apollinaire. Il a tout de suite décidé de laisser l'appartement réservé à l'archevêque, dans un splendide palais, à une communauté de récupération pour les toxicomanes, et il est venu ici, à Santa Teresa, qui est considéré comme le cœur de la charité romagnole. Ce fut un geste frappant, qui mit à mal l'anti-cléricalisme si profondément ancré ici.

Il va bien. Pour autant qu'un homme se porte bien à 97 ans: mais disons le tout de suite, juste pour éviter la question qu'on pose toujours dans ces cas, il est lucide.
«J'ai appris à ne pas craindre la mort, surtout quand j'étais curé, à Salsomaggiore. À peine arrivé, une nuit, on m'envoya chercher, "il y a quelqu'un qui est mourant et qui veut un prêtre". Je me souviens encore de son métier: chauffeur de taxi. Il a dit: "Mon Révérend aidez-moi, je veux me présenter devant Dieu avec l'âme libre". Dans sa simplicité, il voulait offrir sa mort comme un acte de restitution de la vie qu'il avait eue de Dieu comme don. Il allait au devant de la mort avec une sérénité inimaginable. Je me suis dit: il y a toujours des gens qui nous dépassent à l'infini, dans la foi».

«Etre prêtre, être parmi les gens, ce fut pour moi une grande leçon. Cela a réveillé en moi un sentiment d'émerveillement. Et je me suis convaincu que l'homme est une merveille: on comprend vraiment pourquoi la Bible l'appelle le chef-d'œuvre de Dieu. Même chez les gens que je croyais les plus ordinaires , à la fin, je découvrais des ressources impensables, un dépôt secret. L'homme est une créature qui ne peut pas se dissoudre dans le néant».
Il l'a dit tant de fois, mais il ne peut pas ne pas le rappeler aujourd'hui encore, quand il pense à sa foi qui n'a jamais manqué:
«Je le dois à mes parents. Ma mère n'avait été qu'à l'école primaire, mais elle avait le goût de Dieu; quand elle est morte, elle n'avait même pas 60 ans. Elle nous réunit tous, nous étions cinq enfants. Elle donna à chacun d'entre nous ses recommandations. Elle était sereine. Pour moi, la famille a été un cadeau infini: j'ai vécu la sagesse des pauvres, du monde paysan».
Je lui demande s'il «parle» encore avec ses parents: «Oui, oui, je les perçois comme étant vivant».

Dans un certain sens, il se considère comme un collègue: il a commencé à s'occuper de journalisme en 1947, dirigeant un hebdomadaire diocésain; en 1978, le Pape Paul VI le voulut comme président du conseil d'administration de «L'avvenire», et il y a vingt ans, il est venu à la télévision avec Enzo Biagi pour expliquer aux Italiens ce que sont les dix commandements. Il est devenu alors un visage familier, la parole de Dieu sur le petit écran. En 1994, Jean-Paul II l'a nommé cardinal et Enzo Biagi a écrit: "Il ne sera pas facile pour moi de l'appeler Éminence. Il deviendra un prince de l'Église, cependant, je vais continuer à le voir comme un petit prêtre de mon côté».
...

Il se méfie des Cassandre, des pessimistes en service actif permanent: «Je pense que le monde est mieux maintenant que trente ou quarante ans auparavant. Je vais vous raconter un petit épisode. Ce pape, Benoît XVI, au début de son pontificat, voulait aller quelque part très loin, j'ai oublié où, mais je me demandais ce qui pouvait l'intéresser dans cet angle de la terre, lui qui se préparait à assumer une grande responsabilité ... Et puis j'ai réalisé: la nouveauté du moment historique actuel est justement l'universalité. Il y a des gens qui, jusqu'à il ya quelques années n'avaient pas de voix, et qui maintenant se font entendre ... Avoir négligé pendant si longtemps une si grande partie de nos frères a été une énorme erreur. Prenez l'Afrique. Aujourd'hui l'Afrique nous dit: «nous aussi, nous sommes là.»
Et l'Eglise? «Aujourd'hui, l'Eglise est dans l'un de ses meilleurs moments. Je suis très détendu sur l'Église d'aujourd'hui. Et j'aime vraiment ce pape».

Je lui demande comment il imagine le paradis: «Comme Dieu qui se manifeste dans toute sa splendeur, dans sa beauté totale. C'est difficile de trouver les mots justes. Mais c'est aussi le moment où nous aurons la compréhension du tout. Et nous aurons la surprise, qui est la chose la plus belle».
A présent, il est un peu fatigué, il nous salue. Il nous accompagne dans le couloir, sur un mur, il y a une affiche qui dit: « A la fin de la vie nous serons jugés sur l'amour».

Une vérité politiquement incorrecte Benoît XVI, Léon le Grand du XXIe siècle