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Des martyrs de 21 ans en 1936, en Espagne

Le dimanche 6 novembre prochain l'Église catholique célèbre la mémoire des martyrs de la persécution religieuse en Espagne. Carlota a traduit un article de Mgr Demetrio Fernández González, évêque de Cordoue. Ce n'est pas quelque chose d'éloigné, qui ne nous concerne pas. Et cela fait peur! (5/11/2011)

Faisant une recherche sur Internet, avec les mots clés "martyrs + 1936", j'ai trouvé ce site (et des quantités d'autres) dont est tirée l'image ci-contre http://www.phpbbserver.com/

Les faits rapportés, sur lesquels Carlota a, de multiples fois, attiré notre attention, sont glaçants - et ils n'étaient pas le fait d'"autres religions" mais de "sans religions", ce qui rend d'autant plus urgent le dialogue souhaité par Benoît XVI à Assise.
Certains objectent: on est très loin des persécutions, dans l'Europe de 2011.
Est-ce si sûr? Et les balles sont-elles toujours de papier comme nous l'insinuent doucereusement ceux qui veulent nous anesthésier?
L'agression dont vient juste d'être victime l'archevêque de Florence, Mgr Betori (voir ici), qui s'est vu pointer une arme sur la nuque et dont le secrétaire a été blessé à l'abdomen, venant après l'épisode du roumain qui a brûlé la Bible, Place Saint-Pierre, durant la messe du Pape (oui, bien sûr, il ne s'agit que de "déséquilibrés"!!!) et les actes blasphématoires de pseudo-artistes en mal de notoriété, nous envoient en réalité des signaux très inquiétants.

Carlota

Les martyrs de notre temps
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La christianophobie serait encore larvée en France et en Occident en général, parce qu’ailleurs elle est déjà tous les jours sanglante et est devenue sans doute tellement ordinaire pour les journalistes de nos grands quotidiens nationaux qu’elle ne mérite pas de faire la une, surtout quand elle a lieu dans les nouvelles « démocraties » de l’Afrique du Nord (cf ici le tout récent décès d’un jeune copte égyptien de 17 ans des suites des coups de bâton reçus de son professeur et ses condisciples musulmans parce qu’il refusait de cacher sa croix ).
Il y a quelques soixante quinze ans, une christianophobie sanglante a touché l’Espagne.
Mgr Demetrio Fernández González (voir ici: César et nous ), évêque de Cordoue, l’a rappelée dans une lettre pastorale.
J’apprécie beaucoup l’efficacité pastorale, le courage évangélique mais aussi la simplicité et la bonté de ce prélat espagnol. C’est sans doute pour cela aussi qu’il n’est guère épargné par le parti encore au pouvoir en Espagne. Tout récemment ses déclarations pour défendre le rôle de l’Église notamment en période de crise auprès des plus démunis, lui ont valu la remarque suivante des représentants locaux du Parti Socialiste : « les évêques ne sont absolument pas indispensables » (cf www.religionenlibertad.com/). Ambiance !

Mais revenons à son beau texte sur « les martyrs de notre temps » (annoncé pour le 6 novembre prochain sur le site du diocèse de Cordoue et présenté ce jour sur Religion en Libertad.

Le dimanche 6 novembre prochain l’Église catholique célèbre la mémoire des martyrs de la persécution religieuse en Espagne dans la décennie des années 30. Cette année on fête le 75ème anniversaire du sanglant martyre de milliers et de milliers d’Espagnols qui ont donné leur vie pour Jésus Christ, en confessant ouvertement leur foi et la paraphant avec leur sang. Il n’y a pas d’amour plus grand. Autour d’un millier ont déjà été béatifiés et les procès de milliers d’autres sont en cours pour qu’ils soient déclarés martyrs du Christ. L’Église suit pour chacun d’entre eux un minutieux processus d’analyse de leur mort, des motifs de leur mort et comment ils ont affronté ce moment suprême.

Les martyrs ne sont pas simplement morts dans un camp ou dans un autre. Les martyrs sont au dessus des factions ou des esprits de parti. Les martyrs ne sont pas tombés au front, sur la ligne de bataille, là où les balles s’entrecroisent, mais ils ont été cherchés chez eux, ils ont été arrêtés et emmenés en prison et ils ont été exécutés simplement parce qu’ils étaient chrétiens, parce qu’ils étaient des curés ou des religieuses, parce qu’ils étaient de l’Action Catholique de l’Église. Ils ont été exécutés par haine de la foi. Cette rage et cette haine contre Dieu et contre la foi catholique s’est transformé en une occasion d’exprimer un amour plus grand, un amour qui meurt en pardonnant aux bourreaux, un amour qui meurt en chantant le plus beau du cœur humain. Une fois de plus, la haine n’est pas le dernier mot. Le dernier mot c’est l’amour, parce que Dieu est amour.

L’Église ne fête pas la cruauté des tortures, ni ne fait revenir à la mémoire l’impiété des bourreaux, et moins encore l’idéologie qui soutient cette haine. L’Église célèbre l’amour le plus grand que chacun de ses enfants a été capable d’exprimer. « Ils ont vaincu en vertu du sang de l’Agneau et par la parole du témoignage qu’ils ont donné, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort » (Apocalypse 12,11). En chacun d’eux s’est accompli le contraste de la haine de ceux qui les ont tués avec l’amour qu’il y avait dans leur cœur, et l’amour a vaincu. L’Église fête cet amour qui ne peut habiter dans le cœur de l’homme que comme un don de Dieu qui les a rendu plus forts au moment suprême.

Dans notre diocèse de Cordoue, dans l’Église sainte qui chemine sur notre terre, a jailli cet amour avec des fruits abondants. Notre diocèse est un diocèse de martyrs, au XXème siècle également (*). Beaucoup d’entre eux, soit ont déjà été béatifiés, soit ont été proposés par l’Église comme exemple d’amour et de dévouement. Il suffit de rappeler le bienheureux Bartolomé Blanco de Pozoblanco (**), patron de la jeunesse catholique de notre diocèse. Les dossiers de beaucoup d’autres (prêtres, religieux et religieuse et laïcs) sont en cours d’étude pour être déclarés un jour martyrs du Christ. Nous nous rappelons d’eux tous remplis de gratitude et d’émotion : à ceux déjà béatifiés avec le culte solennel que l’Église rend à ses saints ; à ceux dont le procès est en cours avec le culte privé et la certitude contenue jusqu’à ce que l’Église les déclare martyrs. Tous, nous les regardons avec admiration et nous nous sentons poussés par leur vaillance et leur dévouement à vivre chacun d’entre nous notre vie chrétienne dans ce sillage d’amour dans lequel ont vécu tellement de saints tout au long de l’histoire.

Les saints sont nos grands frères, ceux qui vont devant nous et nous aident à parcourir le chemin de la vie. Ils nous disent que seul l’amour vaincra, l’amour qui dissipe tout égoïsme, l’amour qui nous porte à nous dévouer et à consacrer notre vie au service de Dieu et du prochain, l’amour qui nous fera grandir dans la plénitude de la sainteté que Dieu nous tient préparé à la mesure du Christ. Les saints sont ceux qui ont changé le sens de l’histoire. Les saints sont les meilleurs fils de l’Église et de l’humanité.

La mémoire de nos martyrs, - tellement de martyrs de notre temps, est une nouvelle stimulation pour suivre à notre époque Jésus Christ. Aujourd’hui encore nous rencontrons des difficultés internes et externes, aujourd’hui encore nous nous heurtons à la haine de la foi et au mépris de Dieu. Pour cela, aujourd’hui encore, et plus que jamais, nous sommes appelés à vivre un amour qui dépasse les forces humaines et qui nous vient de Dieu, comme il est venu aux martyrs dont nous faisons mémoire aujourd’hui (***).

Notes de la traductrice


(*) Cordoue, le diocèse des martyrs : Mgr Demetrio Fernández González fait référence à l’époque romaine avec ses premiers martyrs, Saint Aciscle et sa sœur Victoire, sous le règne de Dioclétien en 304, quelques années seulement avant que Constantin proclame la liberté de culte. Les persécutions contre les chrétiens reprendront durant l’occupation musulmane 756-1236 (cf notamment les 48 martyrs de Cordoue tués entre 850 et 859).

(**) Bartolomé Blanco Márquez (né en 1914), orphelin de mère à 3 ans et de père à 11 ans, issu d’un milieu très modeste, il est élevé par ses oncles et travaille très jeune comme rempailleur de chaises. Excellent orateur, il n’a que 18 ans quand il fonde dans son village natal de Pozoblanco (province de Cordoue) une section masculine de la Jeunesse de l’Action Catholique. Puis il s’intéresse à la doctrine sociale de l’Église et commence son apostolat auprès des ouvriers et il participera à des congrès à l’étranger. Quand éclate la guerre civile il est en train de faire son service militaire. De retour chez lui pour une courte permission (août 1936) il est arrêté pour son appartenance à l’Action Catholique. Ne voulant pas renier sa foi, il est fusillé le 2 octobre 1936, en criant « Vive le Christ Roi ». Il a été béatifié en 2007 par Benoît XVI (Il est fêté le 6 novembre). Voir http://www.aciprensa.com/.

(***) J’échangeais récemment sur le dernier livre de Reynald Secher (Vendée du génocide au mémoricide) avec le Père Jorge López Teulón qui s’occupe en particulier des procès de béatification et canonisation des martyrs espagnols pour l’archidiocèse de Tolède. Il m’a rappelé un fait terrible mais aussi symbolique. Le Père Epifanio Gómez Álvaro (béatifié en 2007) né à Lerma (province de Burgos) en 1874, avait été nommé en 1934 responsable d’un collège du Port de Santander (à un peu plus de deux cents de la frontière française, côté Atlantique). Arrêté au début de la guerre civile pour le simple fait d’être prêtre, il est incarcéré comme beaucoup d’autres à bord du navire-prison « Alfonso Pérez » (parmi ses compagnons d’infortune un jeune étudiant, le futur Bienheureux José María Corbín Ferrer, né en 1914, accusé d’aller tous les jours à la messe). À la suite d’un bombardement par le camp adverse, les miliciens furieux décident le 27 décembre 1936 de supprimer tous les prisonniers politiques qui se trouvaient dans les cales du navire, en leur tirant dessus par les hublots et en lançant des grenades. Le Père Epifanio, lui, est jeté vivant à la mer, les mains attachées au niveau de la ceinture et une pierre accrochée à son cou. Les courants marins vont faire dériver son corps avec ceux d’autres victimes jusqu’aux plages vendéennes, déjà terre de tant de martyrs moins d’un siècle et demi plus tôt. Les médecins légistes français missionnés par la gendarmerie reconstitueront les conditions de la mort. Le Père Epifanio sera reconnu grâce à ses habits qui portaient son nom.

* * *

Alors, quand je vois critiquer violemment, y compris par des catholiques et même des religieux, les jeunes catholiques français qui prient actuellement devant les salles où est représentée l’œuvre de l’indignité (même expurgée) de Castelucci, et que parmi eux certains parlent de malhonnêteté intellectuelle le fait de juger une pièce sans l’avoir vue, j’avoue que je suis plus qu’exaspérée par toutes ces arguties. L’évêque de Cordoue dit que les saints sont nos grands frères. À l’époque des 48 martyrs du Califat, l’on raconte aussi que l’évêque de l’époque, se satisfaisait très bien d'être le représentant de la communauté chrétienne auprès du calife et de « la protection » accordée aux chrétiens, mais il y avait des chrétiens « fanatiques » (maintenant on dirait intégristes ?), qui eux voulaient plus que cela et qui ont fini martyrs car ils ne voulaient rien renier de leur foi. Enfin il me semble que le jeune ancien rempailleur de chaises Bartolomé Blanco Márquez et le jeune étudiant José María Corbín Ferrer, deux martyrs de la foi à 21 ans, il y a 75 ans, auraient prié, le chapelet à la main, avec les jeunes parisiens qualifiés d’intégristes, sans se poser toutes ces questions.

Une parabole Ingrid Betancourt