Ingrid Betancourt
Un livre démonte la construction de l'icône médiatique (5/11/2011)
C'est vraiment par hasard que ce matin , effectuant une recherche sur une nouvelle "captée au vol" - le chef des Farc aurait été abattu en Colombie - je suis tombée sur le nom d'Ingrid Betancourt.
J'avais parlé d'elle à plusieurs reprises dans mon site, sans sympathie excessive donc peut-être pour de mauvaises raisons. Les dernières informations que nous en avons eues ne m'ont pas fait changer d'avis, je renvoie à cet article écrit en juillet 2010, alors qu'elle venait de réclamer à son (ou l'un de ses) pays une caution gigantesque - demande suivie d'un rétropédalage immédiat, vu le tollé suscité chez ses (ex-) amis (cf. Betancourt, un mauvais plan com': benoit-et-moi.fr/ete2010/).
Un an a passé, Ingrid Betancourt a publié le récit de son "calvaire" aux éditions Gallimard ("Même le silence a une fin"), grand succès d'édition, paraît-il (mais aussi en pile épaisse juste devant l'escalator à la Fnac!) et certains ont été bluffés - non sans s'interroger sur l'extrême précision de ses souvenirs. Comme je ne l'ai pas lu, et que je ne l'aurais pas lu, même avec mille ans devant moi, je ne donnerai pas mon avis.
Valeurs actuelles publie cette semaine la recension d'un livre qui vient de paraître: Ingrid Betancourt, un storytelling modèle?
A quoi bon "tirer" sur Ingrid Betancourt, objectera-t-on, alors qu'elle a depuis un bon moment disparu des écrans radar des medias (cela ne veut pas dire pour autant qu'elle s'est retirée dans sa tour d'ivoire pour méditer: "Elle" nous apprend que le 13 octobre, elle se trouvait à Deauville, aux côtés de Rama Yade et Laurence Parisot pour un Davos des femmes)?
Eh bien tout simplement parce que, pour reprendre un mot à la mode, son cas est un paradigme du traitement médiatique des faits. Il y a encore, et il y aura demain, des cas Betancourt, et mieux vaut être vacciné contre.
L'article de Valeurs Actuelles s'intitule: Ingrid Betancourt, construction d'une icône.
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Extraits
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C’est l’histoire d’une croisade médiatique qu’« aucun conseiller en communication, aussi doué soit-il, n’aurait jamais pu ni même osé inventer ». Le 11 décembre 2007, Lorenzo Delloye, le fils d’Ingrid Betancourt, est l’invité de Marc-Olivier Fogiel (ndlr: déjà, un tel "parrain"...) dans son émission sur M6, T’empêches tout le monde de dormir. Dans cette émission, devant un large public (près d’un million de téléspectateurs), il défend la cause de l’otage la plus célèbre du monde. Touché (???) par la poigne de ce jeune garçon, ému, l’animateur promet de diffuser à chaque fin d’émission un clip vidéo rappelant au bon souvenir des téléspectateurs la “Jeanne d’Arc des Andes”. Il tiendra parole. Le clip est diffusé chaque semaine jusqu’à l’arrêt de l’émission, à l’heure ou les spots publicitaires se vendent des milliers d’euros.
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Le storytelling, cet art de personnaliser une histoire, d’en faire un destin, aurait t-il perverti notre clairvoyance dans l’“affaire Betancourt” ?
C’est en deux mots la thèse de l'auteur.
... Il commence par rappeler qu’avant d’être la “Jeanne d’Arc des Andes”, selon le surnom laudateur dont l’a affublé la presse, Ingrid Betancourt s’est fait connaître en France avec la sortie d’un livre. Dès 1999, Bernard Fixot, PDG des éditions XO, « éditeur en quête de succès », rencontre « une femme en quête de notoriété ». Il flaire le “bon coup”, et bâtit autour de l’histoire de Betancourt un récit efficace : celui d’une écologiste colombienne, députée et future candidate à la présidentielle, qui se bat contre la corruption dans son pays. (ndlr: cette histoire n'est pas un scoop, elle figurait il y a quelques années dans un programme télé que j'ai eu sous les yeux).
La Rage au cœur est un succès en librairie. Betancourt devient Ingrid, une « héroïne », selon la promesse que lui a faite Fixot.
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L’étude n’est pas un banal exercice de démolition en règle d’une icône. Car si l’objectif de la libération d’Ingrid Betancourt est une intention louable en soi, ce qui est critiqué ici est bien le caractère excessif et moutonnier de l’emballement médiatique autour de l’otage. ... Bien que cela dépasse le cadre du livre de Michaël Rabier, on peut remarquer qu’après avoir bâti une icône consensuelle, les médias l’ont très largement délaissée dès qu’elle a affiché ses convictions chrétiennes et ses amitiés à droite.
Lire l'article en entier ici: Valeurs actuelles
