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N'y a t-il que l'économie qui compte?

C'est un thème qui me tient particulièrement à coeur. Carlota a traduit un article du site Religion en Libertad, qui aborde cette question cruciale pour nous aussi, en cette période pré-électorale. (14/12/2011)

On retrouvait la même idée développée par cet article de Riccardo Cascioli, datant d'il y a tout juste un mois: Italie: vive le gouvernement technique

Carlota:
Encore, un texte, bien sûr que nos politiques en France, notamment ceux qualifiés de droite voire d’extrême droite devraient méditer, sinon toutes leurs belles paroles même s’ils arrivent à gagner des élections, ne feront toujours pas changer les choses. Et l’on en arrive toujours à la même conclusion : Pourquoi n’écoutent-ils pas tout simplement les conseils que donne depuis toujours l’Église Catholique ?

Original en espagnol ici: http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=19247

N’y a t-il que l’économie qui compte?
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L’euphorie pour le triomphe historique, - que la crise, et l’incompétence du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) leur a ont apporté sur un plateau - ne devrait pas faire perdre la vision de l’avenir au Parti Populaire (PP); dans les circonstances les plus favorables imaginées, il a augmenté d’à peine 500 000 voix par rapport à 2008 (et a obtenu un demi - million de voix en moins que le PSOE il y a 4 ans). La grande victoire est due à une baisse du PSOE et non pas à une augmentation de ses voix. La majorité des ex-votants socialistes est passée à l’abstention, à la CiU (ndt Convergence et Union, coalition de deux partis nationalistes catalans, libérale au niveau de la politique économique et plutôt progressiste au niveau sociétal), à l’IU (ndt Gauche Unie, une coalition des partis communistes et de ce qui est à gauche du PSOE) ou à l’UpyD (ndt Parti Union Progrès et Démocratie, plus fédéraliste que nationaliste, mais franchement laïque et progressiste) , non pas au PP. Cela signifie que 56% des Espagnols restent dirigés par le principe de « plutôt morts que de droite ». Le PP continue à être le nasty party (ndt en anglais dans le texte le méchant parti) pour plus de la moitié de la nation. Même au bord de la banqueroute les Espagnols n’arrivent pas à dépasser ce préjugé idéologique. L’Espagne continue à être viscéralement, pathologiquement, de gauche.

L’inamovible penchant de l’Espagne vers le centre gauche sont les prémices de la doctrine qui a nourri la stratégie du PP ces dernières décennies : « l’arriolisme » (ndt du nom de Pedro Arriola, conseiller, éminence grise, voir « gourou », selon les médias de Mariano Rajoy, chef du PP, et nouveau chef du gouvernement esapgnol). La doctrine présuppose que pour une droite ontologiquement minoritaire (ndt donc que l’on définit comme étant minoritaire et non pas en le constatant numériquement), l’unique façon de vaincre consiste à obtenir qu’une partie de l’électorat socialiste s’abstienne : gagner la partie par lassitude; ne pas réveiller la bête fauve gauchiste. Cela exige un discours de technocrate, décaféiné, centré uniquement sur l’efficacité de la gestion, un discours qui évite les thèmes que l’on peut idéologiser (donc on suppose que la bataille idéologique a été gagné pour l’éternité par la gauche). La ligne de Rajoy a répondu exactement à ce modèle : « L’économie c’est tout ». Dans le débat télévisé par exemple, il était révélateur de voir l’insistance de Rubalcaba (ndt le désormais n°1 du PSOE en remplacement de Zapatero) à aborder des affaires sur la moral-culture (mariage gay, avortement, etc.), qui contrastait avec le désir de Rajoy de ne parler que de comptes et se dérober pour tout le reste (« en décidera le Tribunal Constitutionnel »…). Ce qui implique comme conclusion : alors que le PSOE a un modèle de société (avec des positions claires, néfastes bien sûr, en bioéthiques, modèle familiale, éducation, nationalismes, etc.), le PP ne veut rien savoir de ce qui n’est pas indicateurs économiques.

L’arriolisme a été très préjudiciable à la droite espagnole. Ses prémices sont fausses : l’Espagne n’est pas condamnée par quelque malédiction divine à pâtir éternellement d’une majorité sociale de gauche. Si 60% des Espagnols continuent à être mis en échec par l’aile gauche… c’est précisément parce que la droite (à des exceptions rares et honorables) a abdiqué dans la bataille des idées. L’hégémonie culturelle de la gauche est écrasante : ils dominent le système éducatif et les médias. Ils ont rempli l’imaginaire social, - sans résistance de la droite - de sous entendus et clichés synonymes du progrés. Mais celui qui combat l’orthodoxie culturelle progressiste est perçu par l’équipe dirigeante Rajoy comme « un extrémiste qui peut affoler notre vote du centre ». Au congrès de Valence (ndt le Valence du Levant espagnol) Rajoy a invité celui qui divergeait des idées du centro-technocratisme « à s’en aller au Parti Libéral ou Conservateur ». Mais si le PP n’est pas libéral-conservateur…qui l’est ?

Nous sommes désormais à la croisée des chemins, et le PP doit décider s’il aspire à être quelque chose de plus qu’une équipe de comptables efficaces. Bien sûr la récession favorise le réductionnisme économique (« Je me résigne à ce qu’ils nous sortent de la ruine ! »). Et bien « s’il n’y a que l’économie qui compte », formulons-le dans ce langage : le naufrage du niveau scolaire, l’hiver démographique (taux de natalité espagnole : 1,37 enfants/femme, - ndt et encore à cause d’un immigration étrangère considérable et ans précédent à partir de 1990), la désintégration de la famille, etc., finiront pas présenter une facture également au niveau économique (si ce n’est déjà pas le cas). Le gouvernement du PP disposera alors de la possibilité de montrer qu’il a une position qui lui est propre sur ces points. Que soit abrogée la loi sur l’avortement : la grande majorité de ceux qui ont voté pour lui le souhaitent. Que soit abrogé le « divorce express » qui transforme le mariage en un contrat jetable. Qu’il revienne sur l’absurde « mariage gay » (la relation homme-femme mérite une protection spéciale car c’est la seule dont sont issus des enfants). Que le PP rétablisse sa propre loi sur l’éducation de 2002 revalidée (ndt dite LOCE, pour Loi Organique Constitutionnelle d’Enseignement, qui précisait les minima à acquérir dans le système scolaire obligatoire) qui incluait des mesures sensées : itinéraires éducatifs diversifiés, et qui par sectarisme fut abrogée par Zapatero à peine arrivé au pouvoir. Ou, s’il nous est permis de « rêver en grand », pourquoi pas ne pas implanter le chèque scolaire qui permettrait des économies de 40% dans le domaine de l’éducation ? Que soit amélioré substantiellement le traitement fiscal de la famille. Que soit garanti le droit de tout enfant à être éduqué en castillan (ndt donc espagnol).

Oui, au « País » (ndt Journal « El País » évidemment de gauche) et à la SER (chaîne télé du même genre) cela les irritera. Mais à nous qui votons naturellement pour le PP cela nous fera plaisir. Même nous, méprisables libéro-conservateurs, nous avons de temps en temps le droit à une petite joie.

Francisco José Contreras Peláez
Professeur de Philosophie du Droit – Université de Séville

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