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La voix du Pape


Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

Homélie à Lamezia Terme

Le Saint-Père commente l'évangile du jour: la parabole du festin de noces (Matthieu, 22). Ma traduction (9/10/2011)

-> Voir ici le programme du voyage: Benoît XVI en Calabre

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Chers frères et sœurs,

C'est une grande joie pour moi de pouvoir rompre avec vous le pain de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie.
Je suis heureux d'être pour la première fois en Calabre ici et d'être dans cette ville de Lamezia Terme. J'étends mon salut cordial à vous tous qui êtes venus si nombreux et je vous remercie pour votre accueil chaleureux! Je salue en particulier votre pasteur, Mgr Luigi Antonio Cantafora, et le remercie pour les paroles courtoises de bienvenue qu'il m'a adressées au nom de tous. Je salue également les archevêques et les évêques présents, les prêtres, les religieux et religieuses, les représentants d'associations et de mouvements ecclésiaux. J'adresse une pensée déférente au maire, le Professeur Gianni Speranza, reconnaissant pour son salut courtois, le Représentant du Gouvernement et les autorités civiles et militaires, qui, par leur présence ont honoré notre rencontre. Un merci spécial à ceux qui ont généreusement contribué à la réalisation de ma visite pastorale.

La liturgie de ce dimanche nous offre une parabole qui parle d'un banquet de noces auquel beaucoup sont invités. La première lecture du Livre d'Isaïe, prépare ce thème, parce qu'elle parle du banquet de Dieu. C'est une image - celle du banquet - souvent utilisée dans l'Écriture pour décrire la joie de la communion et l'abondance des dons du Seigneur, et qui suggère quelque chose de la fête de Dieu avec l'humanité, tel que décrite par Isaïe: «Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés.» ( Is 25,6). Le prophète ajoute que l'intention de Dieu est de mettre un terme à la douleur et à la honte, il veut que tous les hommes vivent heureux dans l'amour envers lui et la communion les uns avec les autres; son projet est alors d'éliminer la mort pour toujours, d'essuyer les larmes sur tous les visages, de faire disparaître la condition honteuse de son peuple, comme nous l'avons entendu (vv. 7-8). Tout cela suscite profonde gratitude et espérance: «Voici notre Dieu, en lui, nous avons espéré afin qu'il nous sauve; c'est le Seigneur que nous avons attendu; réjouissons à cause de son salut» (v. 9).

Jésus dans l'Évangile nous parle de la réponse qui est donnée à l'invitation de Dieu - représenté par un Roi - à participer à son banquet (cf. Mt 22:1-14).
Les invités sont nombreux, mais quelque chose d'inattendu arrive: ils refusent de participer à la fête, ils ont autre chose à faire, et même certains montrent du mépris pour l'invitation. Dieu est généreux avec nous, il nous offre son amitié, ses dons, sa joie, mais souvent nous n'acceptons pas ses paroles, nous montrons plus d'intérêt dans d'autres choses, nous mettons à la première place nos préoccupations matérielles, nos intérêts. L'invitation du roi rencontre même des réactions hostiles, agressives. Mais cela ne freine pas sa générosité. Il n'est pas découragé et il envoie ses serviteurs pour inviter beaucoup d'autres personnes. Le refus des premiers invités a pour effet l'extension de l'invitation à tous, même les plus pauvres, abandonnés et déshérités. Les serviteurs rassemblent tous ceux qu'ils trouvent, et la salle est remplie: la bonté du roi n'a pas de limites et tous ont la possibilité de répondre à son appel. Mais il y a une condition pour rester à ce banquet de noces: porter l'habit nuptial. Et entrant dans la salle, le roi voit quelqu'un qui n'a pas voulu l'endosser, et pour cette raison, il est exclu de la fête.
Je voudrais m'arrêter un instant sur ce point avec une question: comment est-il possible que ce commensal ait accepté l'invitation du roi, soit entré dans la salle de banquet, qu'on lui ait ouvert la porte, mais qu'il n'ait pas mis l'habit nuptial? Qu’est-ce que cet habit nuptial?

Dans la Messe de la Cène du Seigneur, cette année (1), j'ai fait référence à un beau commentaire de saint Grégoire le Grand à cette parabole. Il explique que ce commensal a répondu à l'invitation de Dieu à participer à son dîner, il a, d'une certaine manière, la foi qui lui a ouvert la porte de la salle, mais il lui manque quelque chose d'essentiel: l'habit nuptial, qui est la charité, l'amour. Et saint Grégoire ajoute: «Chacun de vous, qui, dans l'Église a la foi en Dieu a déjà pris part au banquet de noces, mais il ne peut pas dire qu'il a l'habit nuptial s'il ne préserve pas la grâce de la charité». Et cet habit est symboliquement tissé de deux bois, un dessus et un dessous: l'amour de Dieu et l'amour du prochain (cf. ibid, 10:. PL 76,1288). Nous sommes tous invités à être les hôtes du Seigneur, à entrer avec la foi à son banquet, mais nous devons endosser et conserver l'habit nuptial, la charité, et vivre un amour profond de Dieu et du prochain.

Chers frères et sœurs! Je suis venu pour partager avec vous les joies et les espoirs, les efforts et les engagements, les idéaux et les aspirations de cette communauté diocésaine. Je sais que vous vous êtes préparés pour cette visite par un chemin spirituel intense, en adoptant comme devise un verset des Actes des Apôtres: «Au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen, marche» (3.6)

Je sais aussi qu'à Lamezia Terme, comme dans l'ensemble de la Calabre, les difficultés, les problèmes et les inquiétudes ne manquent pas.
Si nous observons cette belle région, nous reconnaissons en elle une terre sismique, non seulement du point de vue géologique, mais aussi du point de vue structurel, comportemental et social: une terre où les problèmes se présentent sous une forme aiguë et déstabilisante; une terre où le chômage est préoccupant, où une criminalité souvent brutale, blesse le tissu social, une terre où on a le sentiment constant d'être en situation d'urgence.
A l'urgence, vous, calabrais, avez su répondre avec une promptitude et une disponibilité étonnante, avec une extraordinaire capacité de vous adapter au malaise. Je suis sûr que vous saurez surmonter les difficultés d'aujourd'hui pour préparer un avenir meilleur. Ne cédez jamais à la tentation du pessimisme et du repli sur vous-même. Faites appel aux ressources de votre foi et de vos capacités humaines; efforcez vous de croître dans la capacité à collaborer, à prendre soin les uns des autres et du bien public, gardez l'habit nuptial de l'amour, persévérez dans le témoignage des valeurs humaines et chrétiennes si profondément enracinées dans la foi et dans l'histoire de cette terre et son peuple.

Chers amis! Ma visite coïncide avec la fin du chemin entrepris par cette Église locale avec la rédaction du plan pastoral quinquennal. Avec vous, je tiens à remercier le Seigneur pour le chemin parcouru et les nombreuses graines de bien qui ont été semées, et qui laissent bien augurer pour l'avenir. Pour répondre aux nouvelles réalités sociales et religieuses, différentes du passé, peut-être plus chargées de difficultés, mais encore plus riches de potentiel, il faut un travail pastoral moderne et organique autour de votre évêque et de toutes les forces chrétiennes, prêtres, religieux et laïcs, animés par un engagement commun pour l'évangélisation. À cet égard, j'ai appris avec faveur l'effort mis en place pour vous mettre à l'écoute attentive et persévérante de la Parole de Dieu, à travers la promotion de rencontres mensuelles dans différents centres du diocèse et la pratique répandue de la Lectio Divina. Tout aussi bienvenue est l'école de la Doctrine Sociale de l'Eglise, tant par la qualité articulée de la proposition, que par sa large diffusion. J'espère sincèrement que ces initiatives émerge une nouvelle génération d'hommes et de femmes en mesure de promouvoir non pas les intérêts partisans, mais le bien commun. Je tiens également à encourager et bénir les efforts de nombreux prêtres et laïcs, engagés dans la formation de couples chrétiens au mariage et à la famille afin de donner une réponse évangélique aux nombreux défis actuels dans le domaine de la vie familiale de la vie.

Je sais aussi le zèle et le dévouement avec lequel les prêtres exercent leur ministère pastoral, ainsi que le travail systématique et incisif de leur formation, en particulier les plus jeunes. Chers prêtres, je vous exhorte à enraciner toujours plus votre vie spirituelle dans l'Evangile, cultivant la vie intérieure, une relation intense avec Dieu et vous détachant avec décision de la mentalité consumériste et profane, qui est une tentation récurrente dans la réalité dans laquelle nous vivons. Apprenez à grandir dans la communion entre vous et avec votre Évêque, entre vous et les fidèles, favorisant l'estime et la coopération réciproque; il en sortira certainement de nombreux avantages tant pour la vie des paroisses que la société civile elle-même. Sachez valoriser, avec discernement, selon les critères connus de l'ecclésiologie, groupes et mouvements: qu'ils sont bien intégrés au sein de la pastorale ordinaire du diocèse et des paroisses, dans un profond esprit de communion.

A vous, fidèles laïcs, jeunes et familles, je dis: n'ayez pas peur de vivre et de témoigner de la foi dans les divers secteurs de la société, dans les multiples situations de l'existence humaine! Vous avez toutes les raisons de vous montrer forts, confiants et courageux, et ce par la lumière de la foi et la puissance de l'amour. Et lorsque vous rencontrez l'opposition du monde, faites vôtres les mots de l'Apôtre: «Je peux faire toutes choses en celui qui me fortifie» (Phil. 4:13).
C'est ainsi que se sont comportés les Saints et les Saintes, qui ont fleuri, au fil des siècles, partout dans la Calabre. Puissent-ils vous garder toujours unis, et nourrir en chacun de vous le désir de proclamer en parole et en acte, la présence et l'amour du Christ.
Que la Mère de Dieu, tant vénérée par vous, vous aide et vous conduise à la profonde connaissance de son Fils. Amen!

© Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana

Notes

Parabole du festin nuptial (source):

Matthieu, chapitre 22
Mt 22:1- Et Jésus se remit à leur parler en paraboles :
Mt 22:2- " Il en va du Royaume des Cieux comme d'un roi qui fit un festin de noces pour son fils.
Mt 22:3- Il envoya ses serviteurs convier les invités aux noces, mais eux ne voulaient pas venir.
Mt 22:4- De nouveau il envoya d'autres serviteurs avec ces mots : " Dites aux invités : "Voici, j'ai apprêté mon banquet, mes taureaux et mes bêtes grasses ont été égorgés, tout est prêt, venez aux noces. "
Mt 22:5- Mais eux, n'en ayant cure, s'en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce ;
Mt 22:6- et les autres, s'emparant des serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
Mt 22:7- Le roi fut pris de colère et envoya ses troupes qui firent périr ces meurtriers et incendièrent leur ville.
Mt 22:8- Alors il dit à ses serviteurs : "La noce est prête, mais les invités n'en étaient pas dignes.
Mt 22:9- Allez donc aux départs des chemins, et conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver. "
Mt 22:10- Ces serviteurs s'en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noces fut remplie de convives.
Mt 22:11- " Le roi entra alors pour examiner les convives, et il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces.
Mt 22:12- "Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ?" L'autre resta muet.
Mt 22:13- Alors le roi dit aux valets : "Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents

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(1) Messe de la Cène du Seigneur, 21 avril 2011: http://www.vatican.va/

Saint Grégoire le Grand, dans une de ses homélies, se demandait: quel genre de personnes sont celles qui viennent sans habit nuptial? En quoi consiste cet habit et comment l’acquiert-on? Sa réponse est: ceux qui ont été appelés et viennent ont en quelque sorte la foi. C’est la foi qui leur ouvre la porte. Mais il leur manque l’habit nuptial de l’amour. Celui qui ne vit pas la foi en tant qu’amour n’est pas préparé pour les noces et il est jeté dehors. La communion eucharistique requiert la foi, mais la foi requiert l’amour, autrement elle est morte aussi comme foi.

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