Marco Tosatti, pour "La Stampa" commente une enquête sur le comportement des jeunes américains, les "Millenials" (enfants du millénaire), appelés chez nous "génération Y" (1) . Pas de quoi inciter à l'optimisme... (8/5/2012)
L'enquête a été menée par le Public Religion Research Institute, un organisme qui (à ce que je comprends) étudie les rapports entre religion et foi d'un côté, culture et sociéte de l'autre. Marco Tosatti s'est intéressé tout spécialement au rapport des "Y" avec la religion. Mais il y a d'autres éléments, qu'il n'aborde pas ici. Par exemple les "Millenials" qui votent plébiscitent largement Obama. Et sur les sujets de société et les "valeurs non négociables", les réponses n'incitent pas à l'optimisme pour l'avenir, comme on en jugera sur ces captures d'écran (les titres se passent de traduction).
On notera qu'aux Etats-Unis, les statistiques selon les origines ethniques sont autorisées.
Il est possible que le Saint-Père ait pensé à ce sondage dans son discours aux évêques américains (cf. Le Pape aux évêques US: priorité à l'éducation), quand il leur a dit:
Il n'est pas exagéré de dire que fournir aux jeunes une éducation solide à la foi représente le défi le plus urgent auquel la communauté catholique de votre pays doit faire face.
...
Trop souvent, semble-t-il, les écoles et les collèges catholiques n'ont pas réussi à inciter les étudiants à se réapproprier leur foi, comme partie des passionnantes découvertes intellectuelle qui marquent l'expérience de l'enseignement supérieur.
Les limites de ce genre d'enquête sont évidemment dans la façon dont les questions sont posées, et dans les intentions des medias qui les reproduisent (et surtout dans l'identité des commanditaires).
(L'enquête est consultable ici: http://publicreligion.org/).
Etats-Unis, les jeunes qui perdent leur foi
Les chiffres significatifs et impressionnants de l'enquête du Public Religion Research Institute et du Berkeley Center
MARCO TOSATTI
-----------------------
Pour les États-Unis se dessine un avenir de moins en moins religieux. Une recherche sur les jeunes âgés de 18 à 24 ans, les “Millennials”, menée par le Public Religion Research Institute et par le Berkley Center de Georgetown University montre que les personnes incluses dans cette tranche d'âge sont moins religieuses que la population en général, et pour beaucoup d'entre eux, l'identité religieuse marque un changement net par rapport à la religion de leur enfance. Le tableau est celui d'une génération complexe, en phase de transition, où les liens avec les parents sont encore très forts, et où environ la moitié vit à la maison. Mais ils sont beaucoup moins engagés en politique que les adultes: seule la moitié se disent sûrs d'aller voter lors des élections de cette année.
Mais voyons le rapport avec la religion.
Un quart d'entre eux (25 pour cent) disent qu'ils n'ont aucune affiliation religieuse. Un cinquième du total se dit catholique, ce qui correspond grosso modo au pourcentage chez les adultes. Moins de la moitié des "Millenials" catholiques sont blancs, 9 pour cent d'origine hispanique et deux pour cent d'autres ethnies. Les protestants traditionnels sont 13 pour cent, 12 pour cent des Blancs évangéliques, et les protestantes Noirs 10 pour cent. 6 pour cent affirment appartenir à des religions non chrétiennes.
Il est intéressant de noter que malgré leur jeune âge, la génération Y se "déplace" (cf. religious switching) de la religion de l'enfance vers d'autres croyances, ou aucune. Cette dernière issue est en fait la plus probable. Alors que seulement 11 pour cent n'avaient aucune appartenance religieuse dans l'enfance, le total de ceux qui s'appellent eux-mêmes "non affiliés" atteint le chiffre de 25 pour cent. Cela signifie que 14 pour cent se sont détachés de la foi reçue. Les 35 pour cent des non-affiliés ont grandi dans cette situation, mais 23 pour cent étaient catholiques, et 21 pour cent des protestants blancs "traditionnels". Parmi les évangéliques et les protestants Noirs, l'abandon a été seulement de 4 pour cent.
On peut supposer que le scandale de la pédophilie, et d'une façon générale l'aversion des médias envers l'Eglise catholique ont eu un rôle important dans ce phénomène. Parmi les "Millénals" qui ont été élevés en tant que Catholique, moins des deux tiers (64 pour cent) sont restés catholiques, tandis qu'un quart se définissent comme non affiliés et 11 pour cent se sont déplacés vers un autre dénomination religieuse. La crise est analogue chez les protestants «traditionnels»: 59 pour cent de ceux élevés en tant que tels sont restés, 29 pour cent d'entre eux se disent «non affiliés» et 12 pour cent ont changé de dénomination religieuse. En général, il convient de souligner que les minorités ethniques ont subi des pertes moins importantes que les groupes religieux blancs.
La religion est de toutes façons moins centrale dans la vie de la génération Y que chez les Américains plus âgés, même si un nombre significatif de l'échantillon (2000 personnes) pris en compte dans l'enquête affirme que la foi est une partie importante de sa vie. La majorité (54 pour cent) croit que Dieu est un être avec lequel on peut établir une relation. 14 pour cent disent qu'ils ne croient pas en Dieu, et 22 pour cent pensent que Dieu est une force impersonnelle. Seulement 23 pour cent croient que la Bible est la Parole de Dieu, mais pas à prendre à la lettre, 26 pour cent pensent que la Bible est la Parole de Dieu, à prendre littéralement. 37 pour cent sont convaincus que la Bible est un livre écrit par des hommes, et pas d'origine divine.
40 pour cent de la génération Y dit que la religion est très importante, ou du moins importante dans la vie. Le pourcentage des Evangélique qui en sont concaincus est très élevé (78 pour cent), comparativement à 44 pour cent des catholiques et 37 pour cent des protestants. 33 pour cent, en revanche, pensent que la religion est peu ou pas importante dans leur vie.
85 pour cent des "Millenials" ont un compte Facebook, et seulement 45 pour cent incluent dans leur profil une identité religieuse. Et même ici, les évangéliques se taillent la part du lion, avec 75 pour cent, comparativement à 49 pour cent des protestants et 44 pour cent des catholiques.
Note: La génération Y
Le terme génération Y désigne les personnes ayant un comportement libre. Il serait facile d'y associer une époque (naissance entre 1980 et 2000), mais l'individu et le genre traversent les années. L'origine de ce nom a plusieurs attributions. Pour les uns il vient du Y que trace le fil de leur baladeur sur leur torse, pour d'autres ce nom vient de la génération précédente, nommée génération X, pour d'autres encore il vient de la phonétique anglaise de l'expression Y (prononcer wa?), signifiant « pourquoi » . D'autres termes équivalents existent, dont enfants du millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandi dans un monde où l'ordinateur personnel, le jeu vidéo et l'Internet sont devenus de plus en plus importants et accessibles. Certains parlent plutôt de la génération C.
(Wikipedia )