Une réflexion de Carlota sur les pratiques de certains blogueurs catholiques. Le célèbre tableau de Bruegel l'Ancien est une illustration rêvée de ce que risquent ceux qui les suivent... (17/6/2012)
La parabole des aveugles
Pieter Bruegel l'Ancien, 1568, Musée Capodimonte, Naples.
Carlota suit de près la blogospère hispanophone, en particulier celle qui est, ou se dit, catholique..
Ce qui suit s'applique donc en priorité à cette dernière.
Mais la porosité des frontières virtuelles qui sont aujourd'hui les nôtres fait que les pratiques transcendent les barrières de nations et des langues, et sa réflexion peut évidemment être transposée à notre propre univers d'internet.
Ici et là-bas, en effet, il y a des blogueurs qui se réclament du Saint-Père : certains font profession de le défendre, mais « en même temps ils critiquent sans vergogne l’organisation de l’Institution Église Romaine et les décisions prises par le successeur de Pierre » ; d’autres utilisent son nom pour donner de la crédibilité à leurs théories, mais se contentent de découper ses propos aux ciseaux, pour justifier leurs propres idées, surtout lorsqu'elles peuvent mettre les catholiques dans l'embarras, créant chez eux un sentiment de culpalité destiné à anihiler leurs défenses.
Certes, tout le monde a le droit de s'exprimer, et je suis la première à m'en féliciter. Mais cela devient gênant lorsque ces blogueurs excipent d'une autorité présumée, qui leur serait conférée par un mystérieux "statut", ou des relations dans le système, pour se poser en "guides".
Carlota a choisi d'illustrer son propos par le célèbre tableau de Pieter Bruegel l'Ancien, La Parabole des aveugles, s'inspirant de la parabole du Christ adressée aux Pharisiens : « Laissez-les. Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Or, si un aveugle guide un aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse. » (Mt 15,14 ; Lc 6,39).
Je suis bien consciente que l'on pourrait facilement me retourner la critique: je suis peut-être, moi aussi, un pharisien, et un examen de conscience s'impose.
Oui, mais à cette différence près (et elle est de taille!): je ne représente que moi-même, et ne prétends guider personne!!
Je n'ai d’ailleurs aucune autorité pour le faire.
Carlota
Les aveugles de la parabole
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Il y a ceux qui eurent, ou plus exactement qui crurent avoir devant eux un grand destin, et qui grâce à tels travaux dignes d’intérêt ou telles déclarations très conjoncturelles - mais qui plurent - ont réussi à se faire une toute petite place dans notre médiacratie (qu’il vaudrait mieux appeler médiocratie).
Et ce sont ceux-là qui ont presque toujours la parole, lorsqu'il faut s'exprimer.
Ils ressemblent un peu à ces acteurs ou artistes qui ont connu un bref succès dans leur jeunesse, puis qui ont été oubliés. On les invite encore de temps en temps dans des émissions de télévision, pas celles qui sont les plus regardées, mais celles qui sont diffusées l’après-midi pour le public des « ménagères ».
Ces artistes-là (ces « hasbeen du showbiz ») vous remplissent un plateau sans demander un gros cachet. Cela permet aux présentateurs de montrer qu’ils ont un plateau de célébrités (enfin presque) et même aux spectateurs de se réconforter un peu en voyant en face d’eux un quidam qui a pris un « sacré coup de vieux » et qui est aussi décati qu’eux malgré les cheveux teints (y compris pour les hommes) et le maquillage épais sous les lumières des projecteurs.
Ce portrait peu flatteur s’applique aussi à certains journalistes qui ont des blogs personnels ou des rubriques «opinions » sur des portails de journaux appartenant à des groupes de presse en position de monopole. Cheveux teints et maquillage sont ici remplacés par les mots qu’il faut obligatoirement prononcer conformément aux « vérités officielles de la religion médiatique ». Leurs blogs seraient très lus… Leurs rédacteurs (ou rédactrices) semblent louer le Saint Père mais en même temps ils critiquent sans vergogne l’organisation de l’Institution Église Romaine et les décisions prises par le successeur de Pierre ou ils essaient de nous apitoyer sur son sort : «Le pauvre, il est bien seul »… « À son âge, la charge est trop grande »… « Comme il est mal entouré ». Et ainsi de suite. Ou encore, ils pratiquent un tri sélectif dans le Magistère, dont ils ne citent que les bribes (toujours hors-contexte) qui les arrangent.
Ceux qui nous intéressent ici sont présentés comme les spécialistes de Rome et écrivent dans des médias qui se disent catholiques ou au sens large chrétiens, en fait l’équivalent des émissions de TV de remplissage à des heures de faible écoute pour les « ménagères pseudo-catholiques » si l’on en juge par le manque de sérieux de leurs recherches journalistiques. De toute façon, un travail bien suffisant, sans doute, dans leur esprit, pour le but poursuivi.
Mais il faut vraiment être les aveugles de la parabole pour prendre ces borgnes pour des rois. Pour mieux nous en convaincre, regardons la merveilleuse œuvre (1598) de Pieter Brueghel l’Ancien. Oui, reconnaissons que nous sommes trop souvent à la place de ces aveugles qui, bien que trébuchant, paraissent presque heureux d’avoir choisi un mauvais guide. Ne sommes nous pas aussi des aveugles, nous qui, béats, acceptons de nous laisser tromper par ces journalistes qui d’une manière plus ou moins volontaire, avec des procédés plus ou moins subliminaux, nous conduisent dans les ornières des mauvais chemins?
Parmi ces journalistes, je pense par exemple en Espagne à José Manuel Vidal qui vient encore de se commettre en critiquant le porte-parole de la Conférence des Évêques espagnols, Mgr Juan Antonio Martínez Camino (en vo ici) - qui pourtant fait un excellent travail - et donc par ricochet l’Église catholique en Espagne. Je ne rentrerai pas dans les détails de l’affaire qui est hispano-espagnole mais j’ai beaucoup apprécié la façon dont le Père Tomás de la Torre , un prêtre de la province andalouse de Jaén, l’a « taclé » sur son blog dans un article où il s’étonne, pour faire bref, que l’intéressé (ex-curé), compte tenu de ses hautes qualités, de sa formation et de ses compétences, n’ait qu’un malheureux portail internet pour montrer ses talents, et ne soit pas encore porte-parole de l’Église en Espagne (vo infocatolicà). Quelle injustice, en effet!
Mais malheureusement l’Espagne n’a pas le monopole de ces êtres pleins d’orgueil et de suffisance que leur désir obsessionnel de reconnaissance (peut-être aussi la nécessité de faire bouillir la marmite) pousse à écrire des articles qui ne suivent absolument pas la direction indiquée par le Saint Père et qui forcent à la désobéissance et à l’égarement des fidèles, en utilisant les procédés habituels et éprouvés de la désinformation marxisante : distiller une miette de vérité dans une grosse marmite de mensonges et inverser le sens des mots et de la réalité. Du grand art sans aucun doute mais le meilleur moyen de nous en prévenir, dans la période que nous vivons,où le système mondialiste (et son bras armé les medias) veut détruire l’Église Romaine, la seule qui lui résiste, c'est d’avoir le réflexe "Méfiance" dès que l’on entend des paroles de division.
Je finirai cette déjà trop longue réflexion en évoquant, parmi d’autres, un article issu d'un blog qui peut passer pour un porte-parole officieux de l'épiscopat français (voir ici ) , où certaines phrases me paraissent aller tout à fait dans la direction de ce souhait diabolique de division :
On y lit :
« Ce qui est plus préoccupant, c'est que l'ignorance religieuse d'une partie des catholiques français les rend perméables à la propagande d'intégristes ».
Je peux comprendre que les catholiques qui vont à la messe non traditionnelle sont ignorants en religion et donc se jettent dans les bras de l’intégrisme (évidemment, il faut entendre par là les lefebvristes, auxquels le Pape tend la main…). En fait l’auteur pense lui à l’ignorance qu’ont les catholiques des textes du Concile - que le Pape sans doute n’a pas lus non plus puisqu’il tend la main aux Intégristes !
Je pourrais dire à l’inverse que ce sont les plus ignorants des catholiques qui , par passivité, restent dans le système dévoyé du Concile (un Concile lu à leur manière par ceux qui ont voulu faire de l’Église du Christ, une Eglise selon leurs souhaits à eux), un système où des curés « mous » sur la mission d’évangélisation et d’enseignement de la doctrine catholique, sont de fait devenus collaborateurs du Système quand ils ne se sont pas fait complices, voire instigateurs, avec par exemple un Jacques Delors cité en exemple par de notables prélats de notre pays. On croit rêver !
Au contraire je mets au défi ceux qui vont à la messe du curé à la mode (enfin, qui commence à être maintenant « hasbeen », lui aussi) version Concile Vatican II sacralisé, de connaître aussi bien les Écritures que les « tradis » et pas que ceux de Monseigneur Lefebvre. Et ne parlons pas du catéchisme pour les plus jeunes (les sondages avant les JMJ étaient révélateurs, dommage qu’ils ne donnaient pas « l’origine catholique » des jeunes sondés).
Et entendons-nous bien, connaître les Écritures ce n’est pas seulement les apprendre par cœur mais c’est aussi écouter de bons sermons et essayer d’appliquer le mieux possible les Paroles du Christ, les vraies et pas leurs interprétations, en fonction du temps et des modes, donc d’écouter attentivement, très attentivement, ce que dit le Pape. Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir internet et comme référence officielle le site du Vatican.
Je lis aussi et entre autres choses :
« Le desséchement a de multiples causes dont les principales tiennent à notre société, sur laquelle le catholicisme n'a aucune prise ».
Pour moi c’est encore faux, archi-faux, c’est justement notre société qui fait que les gens recommencent à réfléchir, ce qu'ils ne faisaient plus depuis 40 ans quand on leur avait fait croire que la société de la consommation à marche forcée y compris de l’inutile et du nuisible, c'était le paradis sur terre. L’Église catholique avec des repères forts (non dilués dans la soupe conformiste à la mode que tout le monde rejette, comme l’a montré par exemple l’abstentionnisme aux dernières élections en France) doit donc se montrer et évangéliser. Les gens sont en attente, ils ne savent pas exactement de quoi puisqu’ils n’ont jamais eu la chance d’entendre dire autre chose par les médias, mais ils sentent qu’il y a autre chose.
Et là je reconnais que pour les jeunes, c'est dur car ils n'ont pas un socle culturel et historique de qualité, voire pas de socle du tout, ou un socle mensonger (merci les soixante-huitards, le ministère de la dé-Éducation Nationale et les désinformeurs dont font partie une majorité de journalistes et de gens en vue du Système, y compris qui se disent catholiques - heureusement il y a des exceptions mais ce ne sont pas eux qui peuvent facilement s’exprimer dans les médias) pour être mieux préparés à entendre le message qu’ils espèrent intérieurement même s’ils ne l’expriment pas bien.
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Ma dernière flèche :
Nos journalistes-blogueurs ont aussi la fâcheuse tendance à fermer leurs articles aux commentaires, soit à « modérer » (autrefois l’on disait censurer) ceux qui ne leur plaisent pas, soit encourager les lecteurs à signaler les abus (autrefois l’on disait dénoncer). Nos journalistes et les médias en général d’aujourd’hui sont en effet courageux mais pas téméraires. Nos redresseurs de tort qui luttent contre l’obscurantisme de la tradition et qui sont pour l’éducation des catholiques ignorants, n’admettent en effet guère la disputatio, celle des vraies universités du Moyen-Âge, pas celle falsifiée qui se dit éclairée depuis la Renaissance et avec ses héritiers d’aujourd’hui version Küng et tricoteuses du comité de la jupe (Tiens, encore des « hasbeen » !).