Ou comment une sordide affaire vieille de 30 ans est ré-exhumée à la "faveur" des Vatileaks pour mettre l'Eglise dans l'embarras. Je ne voulais pas en parler, mais... mieux vaut prévenir. Un article d'un blog espagnol, taduit par Carlota. (31/5/2012)
Carlota
Je vous adresse la traduction d’un article du portail de presse catholique hispanophone ACI qui présente un aspect, malheureusement de plus en plus caractéristique, même si c’est à des degrés divers, du journalisme et de tous ceux aux ordres du Système. Évidemment ce qui se voit en Espagne se constate partout ailleurs. Nous sommes bien dans une nouvelle période d’attaques tous azimuts contre l’Église. Ce qui pourrait nous étonner c’est qu’à l’heure des plus hautes technologies, ce sont toujours les mêmes arguments qui sont repris. Ils le furent dès le début du christianisme, ils le furent à l’époque des Templiers, ils le furent au moment des persécutions et des expropriations de couvents, écoles et lieux de culte de l’Église catholique notamment dans l’Angleterre d’Henri VIII, ils le furent plus récemment dans les pays soumis aux dictatures socialisantes collectivistes ou plus capitalistes. Rien de nouveau malheureusement. Gardons donc notre lucidité et notre sérénité autant que faire se peut devant ce nouveau « blitz » (*) médiatique qui succède à d’autres et toujours à certains moments. Je ne crois pas trop aux coïncidences mais plus à la conjonction d’intérêts d’origines diverses.
Évidemment dans tout ce qui est relaté plus bas, je pense très fort aux parents et à la famille de la jeune fille dont il est question; mais il m’est difficile de ne pas en vouloir aux charognards de l’information de toutes nationalités, en amont comme en aval, qui ressortent une terrible affaire et sûrement pas uniquement pour se mettre au service de la victime ou de futures victimes de crime de ce type.
Original ici http://www.aciprensa.com/noticia.php?n=37140
Histoire d'une manipulation
Ces derniers jours des dizaines de médias dans le monde ont accusé le Vatican d’organiser des orgies avec des jeunes filles retenues prisonnières comme esclaves sexuelles pour les prêtres. La nouvelle légende urbaine se base sur la note d’un blogueur du portail Yahoo Espagne qui a impliqué des prêtres dans la disparition d’une jeune fille italienne en 1983, en manipulant les mémoires du fameux exorciste le Père Gabriel Amorth.
Thomas Castroviejo ou Tom C. Avedaño a publié vendredi 25 mai la note « Emanuela Orlandi fut esclave sexuelle au Vatican selon l’exorciste en chef », sur le blog de la « Gaceta Trotamundos » de Yahoo-Actualités (ndt en langue espagnole – voir également ici le blog de l’intéressé).
Castroviejo Avendaño –qui dans son profil de LinkedIn.com se présente comme journaliste collaborateur du journal « El País » (ndt quotidien espagnol le plus diffusé... et de gauche!), de Cadena Ser (ndt chaîne de Radio et portail espagnol) et de Informativos Cuatro (ndt chaîne TV privée) attribue au Père Amorth des déclaration qu’il n’a jamais faites.
« Déjà en soi, il faut s’attendre de la part du principal exorciste du Vatican a des mots surprenants et inattendus. Mais rien ne pouvait avoir préparé le Saint Siège à ses dernières déclarations : le Père Gabriele Armoth (SIC – ndt le sic car erreur dans le nom) a assuré qu’Emmanuela Orlandi, la célèbre jeune fille romaine d’une quinzaine d’années qui avait été sequestrée en 1982, était en réalité au Vatican durant la période de sa disparition. Là les prêtres l’avaient transformée à leur profit en esclave sexuelle et l’avaient utilisée lors de différentes orgies. Quand ils s’étaient fatigués d’elle, ils l’avaient assassinée », a écrit le blogueur et il a cité comme source un article paru dans le « Daily Telegraph » le 22 mai dernier (ndt voir ici)
Cependant le « Daily Telegraph » n’a inclus aucun prêtre dans la dénonciation. Le journal anglais (ndt l’affaire date néanmoins de près de trente ans, l’article n’est pas non plus sorti récemment par hasard !) a cité des déclarations du Père Amorth publiés par « La Stampa » également le 22 mai dernier (ndt voir ici - Le titre en était 'Padre Amorth : « Orlandi, un crime sur fond sexuel »') et qui a mentionné que dans la disparition d’Emanuela Orlandi avait été impliqué un policier qui servait au Vatican et des fonctionnaires étrangers d’une ambassade (ndt et pas d’une nonciature !).
La traduction diffamatoire de Castroviejo a été considérée comme une information par différents médias espagnols et mondiaux qui ont diffusé comme prouvée la participation des prêtres tant pour des orgies à l’intérieur du Saint Siège qu'n ce qui concerne la disparition et le probable assassinat de la jeune fille.
Mais ce n’est pas là que se termine l’histoire de l’horreur. Dimanche dernier 27 mai (ndt donc le jour de la Pentecôte), le portail ReligionDigital.com (ndt dont le sous-titre est : l’information religieuse d’Espagne et du monde), - porte-parole du « progressisme radical » espagnol et dirigé par l’ex-prêtre José Manuel Vidal (bien connu de ces pages!), a repris les inventions de Castroviejo et les a amplifiées (ndt voir ici)
ReligionDigital.com a publié l’article intitulé « L’exorciste du Saint Siège : « Emanuela Orlandi a été esclave sexuel au Vatican », dans lequel il diffame le défunt Monseigneur Simone Duca qui aurait été archiviste au Vatican il y a trois décennies, en le signalant comme le recruteur des jeunes filles pour les orgies. « Dans l’entretien avec le journal italien La Stampa, le prêtre de 85 ans et chef des exorcistes du Vatican nommé par Jean-Paul II, a dit que monseigneur Simeone Duca, archiviste du Vatican, s’est présenté lui-même comme le chargé de recrutement des fillettes et des jeunes filles pour des réunions clandestines de cette nature, aidé par des gendarmes de l’État papal », publie ReligionDigital.com
Autant Castroviejo que ReligionDigital.com interprètent faussement l’article d’origine de La Stampa. Le journal italien n’a pas fait état d'un entretien avec le Père Amorth mais a publié un extrait de son livre, « Le dernier exorciste » (ndt voir benoit-et-moi ) dans lequel le prêtre fait allusion au cas Orlandi.
Ce que dit le Père Amorth dans le livre, - et comme c’est cité dans La Stampa - c’est que « comme a déclaré aussi Mgr Simenone Ducca, archiviste du Vatican, étaient organisées des fêtes dans lesquelles était impliqué comme « recruteur de filles » également un gendarme (policier) du Saint Siège (ndt voir ici avec les réserves d’usage, la note wikipédia sur les gendarmes du Vatican, une centaine d’Italiens recrutés à partir d’organismes de sécurité italiens et ne se voient pas attribués à titre temporaire la nationalité vaticane contrairement aux Gardes Suisses). Je crois qu’Emanuela a été victime de cela. Je n’ai jamais cru à la piste internationale, j’ai un motif pour croire qu’il s’est agi d’un cas d’exploitation sexuelle avec l’homicide résultant peu après de la disparition et de l’occultation du cadavre (…). Dans ces faits étaient aussi impliqués du personnel diplomatique d’une ambassade étrangère auprès du Saint Siège (ndt et elles sont nombreuses ces ambassades auprès du Saint Siège) ...
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Le cas Orlandi:
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Emanuela Orlandi avait seulement 15 ans quand le 22 juin 1983 elle a disparu dans le centre de Rome. Elle était la fille d’un employé au Vatican. L’endroit où elle pourrait se trouver n’est toujours pas connu et ont été diffusées des dizaines de rumeurs qui essayent de lier le cas avec des évêques, des prêtres et même jusqu’à la capture d’Ali Agça, le Turc qui a tenté d’assassiner Jean-Paul II en 1981. Des versions journalistiques ont attribué la disparition au « Front de Libération turc » qui a demandé la libération d’Agça, personnage qui en diverses occasions a assuré que la jeune fille était vivante et vivait en Europe. En 2005, Sabrina Minardi, identifiée comme ex-maîtresse d’un chef de la mafia Enrico de Pedis assassiné dans un règlement de comptes en 1990, a dit que le mafioso était l’auteur de la séquestration d’Orlandi et insinué que dans sa tombe l’on trouverait des preuves de la disparition de la jeune fille. En 2009, Sabrina,Minardi a dit à la justice romaine qu’elle avait été chargée d’introduire la jeune fille dans une voiture et l’avoir amenée jusqu’à l’endroit que lui avait dit son amant, mais elle a assuré ne pas connaître la destination finale d’Emanuela.
Il y a deux semaines, le 14 mai, les autorités ont ouvert la tombe de De Pedis dans la basilique de Saint Apollinaire, où sa famille avait réussi à le faire enterrer, et il n’y a que les restes d’un homme dont l’examen non encore effectué n’a pu confirmer l’identité.
Dimanche dernier, le frère d’Emanuela Orlandi avec un groupe d’amis est arrivé à la place Saint Pierre durant la prière du Regina Caeli pour exiger du Pape qu’il se prononce sur cette affaire, bien que le Père Lombardi se soit manifesté en précisant il y a deux semaines que le Saint Siège continuera à aider de tout son possible les enquêteurs.
Le 15 mai le Père Lombardi a déclaré à la presse que « l’inspection réalisée dans la tombe d’Enrico De Pedis dans la basilique de Saint Apollinaire, par une initiative de la justice est, évidemment, "un fait positif" ».Le porte-parole a plaidé pour qu’on fasse toutes les « démarches possibles » pour que les recherches aboutissent et a garanti à la justice romaine la « pleine collaboration des autorités ecclésiales » pour que la lumière soit faite sur cette affaire.
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Note complémentaire
(*) « Blitz » mot allemand signifiant éclair. Il fait référence aux bombardements intensifs que subirent les grandes villes anglaises durant la seconde guerre mondiale (septembre 1940 à mai 1941) de la part de l’aviation allemande. Le but était de provoquer des dégâts humains et matériels très importants et d’entrainer de la part des habitants du pays un refus de la guerre. Mais les Britanniques, au contraire, galvanisés par l’épreuve, se montrèrent plus unis que jamais pour lutter contre l’ennemi.