Très belle réflexion du site Il Sussidiario, sur le discours improvisé par le Saint-Père, lors du repas avec les cardinaux du 21 mai dernier (10/6/2012)
>> Voir aussi: Le Pape déjeune avec les cardinaux
(Je ne suis pas sûre que ces deux images correspondent effectivement à CE repas)
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Article en italien: http://www.ilsussidiario.net/
Ma traduction.
Le «secret» du Pape, ce sont les amis, contre les livres-scandale
Mardi 22 mai 2012
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Chronique d'un repas à la table du pape. Chronique d'un repas officiel avec le collège des cardinaux en grande pompe, pour célébrer les 85 ans de Joseph Ratzinger et la septième année du pontificat de Benoît XVI.
Nous connaissons le salut pompeux et officiel du cardinal Sodano (ndt: son discours a été en effet reproduit sur l'OR, il me semble), le doyen parmi ses collègues, mais du Pape, on n'a rapporté que des mots prononcés «a braccio».
Il a parlé du mal, qui, comme toujours, veut dominer le monde. Il a cité saint Augustin, pour qui toute l'histoire est une lutte entre deux amours, l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu et l'amour de Dieu jusqu'au martyre, c'est-à-dire jusqu'au mépris de soi.
Première notation: comme si tout ce qui se passe en dehors, mais surtout au sein de l'Eglise, était tragiquement normal. Douloureusement connu. Ce n'est pas négligence de la réalité, mais un regard raisonné et profond sur la signification de la réalité, qui n'est pas seulement l'espace limité de l'expérience quotidienne: aujourd'hui, ce n'est pas pire qu'en d'autres temps.
Pourtant, dans cette lutte, nous sommes du côté de Qui a vaincu le monde: «nous sommes l'équipe du Seigneur, donc dans l'équipe gagnante». Quelle stupeur, et quelle consolation!. Justement dans ces moments, en ces jours, quand dominent l'égarement, la déception, le doute, la peur.
Quand l'Eglise tout entière subit de féroces attaques frontales, et ce qui est plus grave, venant de l'intérieur, qui trouvent facilement dans la société et les mentalités des terrains fertiles. Crises: crise des vocations, crise d'image, crise des valeurs, combinées avec une crise économique, sociale, anthropologique ... L'Eglise, où les pasteurs eux-mêmes se mordent comme des loups, risquant de se détruire les uns les autres.
Ce sont les mots, durs et amers et trop souvent oubliés, du Pape lui-même.
Mais qui au pire moment, quand les marins se jettent à la mer, ou pleurent, en regardant la tempête qui arrive, et le bateau plein de voies d'eau, reprend la barre, encourage, fortifie, et explique comment reprendre la route, où regarder. Nous sommes dans l'équipe qui gagne. Et nous ne sommes pas seuls, parce que «dans cette lutte dans le monde, il est très important d'avoir des amis. Ce sont mes amis et je me sens à la maison, je suis confiant dans cette compagnie d'amis qui sont avec moi, et tous ensemble avec le Seigneur».
Une vérité grandiose exprimée avec simplicité et humilité. Comme pourrait le faire chacun de nous, heureux après un repas avec ses proches, ceux avec qui on se sent serein et et en sécurité. Non seulement parce ce que c'est jour de fête et que la nourriture est bonne. Parce qu' «ensemble, nous partageons joies et peines», mais surtout parce que «nous marchons avec le Seigneur». Une compagnie guidée par le destin.
«Vous êtes mes amis, tout ce que j'ai est à vous». Reviennent à l'esprit les paroles de Jésus. Il était à table avec les siens. Qui n'étaient pas les meilleurs, les plus justes, qui n'étaient pas sans reproche, ni particulièrement courageux. Ils avaient été choisis, ils étaient avec lui. Et cela suffisait. Ils devaient trahir, ils devaient fuir, mais ils seraient de retour. Il leur a fait confiance.
Quel changement de perspective. Le Pape, quand tout semble en ruine, et disparaître dans l'insignifiance, comme l'espèrent tant d'observateurs, prêts avec les béliers et les machines de guerre derrière les portes, nous rappelle à Qui nous sommes, et que nous ne sommes pas seuls. Il nous redonne courage et espoir, pour être militant, autrement dit livrer le bon combat.