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Un article de Giuliano Ferrara dans son journal Il Foglio, traduit en espagnol par le site Infocatolicà... et traduit en français par Carlota: La surdité morale par rapport à l'avortement est aujourd'hui la norme éducative occidentale. (10/1/2012)

J'aime bien Giuliano Ferrara, et il a été cité souvent dans ces pages.

Giuliano Ferrara, c’est « l’athée dévot » .
Un oxymore (l’expression est très à la mode, cela fait chic d’utiliser un terme du langage « soutenu » dont on n’était pas sûr du sens il y a quelques jours, je m’excuse auprès de mes lecteurs de céder à cette facilité !) qui fait hurler les « catholiques adultes » (autre oxymore !!!).
Il est un farouche défenseur de la vie : depuis le 14 mars 2011 (et la catastrophe nucléaire de Fukushima) il tient sur Rai uno, juste après le « TG1 » du soir, une rubrique intitulée « Qui radio Londra » (ici Radio Londres).
Le 30 décembre, donc en plein milieu des programmes de « fête », il a eu le culot de consacrer sa rubrique quotidienne à une heure de grande écoute, à une « belle histoire », celle de deux jeunes amoureux, qui ont fait un bébé et se demandent s’ils doivent le garder, car ils pensent ne pas avoir les moyens. Et les deux amoureux vont demander conseil au curé de la paroisse ; celui-ci les rassure : du petit, lui et la communauté assureront les « dépenses » !
Cette histoire a été relevée par la Bussola : http://www.labussolaquotidiana.it/ita/articoli-la-lezione-di-ferrarasul-re-che--nudo-4069.htm

Voici sur le thème de la défense de la vie un article du même Giuliano Ferrara, paru dans son journal Il Foglio (accès payant !) traduit en espagnol par infocatolicà, et que Carlota a traduit pour nous en français….

La surdité morale par rapport à l’avortement est aujourd’hui la norme éducative occidentale
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« La compréhension pour celui qui peut décider de par sa position de force de l’existence du faible n’est que l’autre face du traitement sans pitié infligé à la victime d’une inversion de toutes les valeurs de la vie et de l’amour. Qu’ils ne m’ennuient plus ces catholiques compréhensifs avec le thème de l’amour et de la solidarité ».

C'est Giuliano Ferrara, un journaliste et homme politique atypique puisqu’il a commencé sa « carrière » au Parti Communiste Italien qui s’exprime ainsi. Certes il a bien gardé de ces origines une façon abrupte de s’exprimer mais sa « conversion » à la défense de la vie, même si elle n’a pas fait recette pour lui apporter des voix au niveau électoral, mérite d’être soulignée.
Il n’est sûrement pas très loin de la porte du Temple, dans la cour des Gentils
Évidemment les catholiques qu’ils décrient sont des catholiques qui pratiquent une compassion qui n’est pas la charité chrétienne. Les catholiques sont aussi pécheurs ! Mais il n’y a pas qu’eux. Par contre, nous avons tous besoins d’hommes et de femmes de cœur et de conviction…Et malheureusement je ne crois pas que la connaissance du bien et du mal soit si innée que cela, notamment en ce qui concerne le respect des plus faibles. Qui nous l’a vraiment dit avant le Christ ?


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La disparition de la piété est une nouvelle qui dépasse la crise de l’euro et n’importe quelle autre nouvelle.
Une gamine de 17 ans a avorté, c'est-à-dire, qu’elle s’est libérée, en la supprimant, d’une créature humaine conçue en son sein, après et à cause d’une campagne orchestrée avec les meilleures intentions par ses parents au nom d’une valeur sociale sourde à tout obstacle de caractère éthique (de bonnes intentions est pavé…etc.).
Père et mère ont demandé aussi une décision de justice pour l’obliger à avorter, sans l’obtenir pour le moment, et en arrivent au même résultat en utilisant la persuasion et en conduisant par la main à la potence de la vie une gamine récalcitrante.
Au temps liturgique, comme diraient les catholiques et comme dit la tradition chrétienne, de l’Avent. L’histoire a été expliquée par Cinzia Sasso, journaliste à la Repubblica et « first lady » (ndt en anglais dans le texte) de cette ville de Milan progressiste et aisée. C’est une histoire simple et maudite.
Le sexe des adolescents, protégé ou non protégé du point de vue sanitaire et de la contraception, est un état de fait accepté, et finalement protégé dans un aimable rejet des inhibitions de la part des familles, de la majorité des professeurs, des amies ou des amies plus âgées et de tout autre pâle autorité survivante.
Si tu as 17 ans, si tu es inquiète et si tu es amoureuse ou si simplement tu es aventureuse et décidée, et si les sentiments ou les pulsions t’ordonnent de suivre sans trop de problèmes les tourments hormonaux de ton âge, alors la suggestion préventive la plus grande que l’école, la famille ou l’état sanitaire t’offrent, c’est de te garantir un préservatif, et cela ne va pas si l’on ne parle pas de préservatif à la télé, et cela ne va pas si le Pape dit qu’en Afrique si ce n’est pas la solution du problème de la promiscuité sexuelle génératrice d’épidémie, et cela ne va pas s’il manque à l’école un bouton pressoir pour distributeur de préservatif.
Mais les conséquences de l’amour ne sont pas prévues par le laïc et fataliste « fais ce que tu dois faire et il se passera ce qui doit se passer », et encore moins l’augustinien (ndt je suppose qu’il fait référence à Saint Augustin, mais je ne vois pas trop bien le lien avec l’irresponsabilité prônée par notre époque…) « aime [dilige (ndt dans le sens du verbe latin diligo, de l’affection fondée sur le choix et la réflexion ?)] et fais ce que tu voudras ».
Non: la norme éthique moderne et sans pitié dit que tu es autorisée à faire ce que tu veux, parce que tu es un sujet libre, à chaque fois que tu évites les risques des conséquences de ce que tu fais, même si parmi les conséquences il se trouve la vie humaine innocente d’un être conçu pour la liberté de naître et d’exister. C’est cela l’atroce leçon transmise à la gamine.

La surdité morale par rapport à l’avortement est aujourd’hui la loi éducative occidentale trente cinq ans seulement après le début des lois pour guérir la plaie des avortements clandestins en Europe, mais en insistant hypocritement sur la « tutelle sociale de la maternité ».
C’est à un point tel que le tribunal des parents demande aide au tribunal civil, parce que la culture prédominante est celle d’Obama (ndt :vieux réflexe anti-impérialisme américain du rédacteur, mais Mr Obama n’est pas le seul dans ce cas, même si la culture de la contraception, du préservatif et de l’avortement profite bien essentiellement d’abord à certaines industries et organismes), qui appelle « accident » et « risque » la grossesse hypothétique de l’une de ses filles, c’est celle-là qui est diffusée dans les considérations des hommes et des femmes en général : les filles et les garçons doivent être compris, soutenus et éduqués selon les principes de critique et de déconstruction de toute autorité ou interdit; mais parmi tout ce libertarisme surgit l’idée qu’ils peuvent être obligés de se défendre de l’agression d’une nouvelle créature, de l’évènement pathologique de l’accouchement, bébé et accouchement que finalement, s’appuyant sur la loi, il est totalement licite d’empêcher au nom d’une vie qui serait dévastée par une maternité précoce. Comme si l’interruption précoce de la maternité n’était pas une dévastation de la conscience et de l’esprit infiniment supérieure à un quelconque syndrome post-accouchement. Comme si cela comptait pour rien, et ne compte pour rien, le respect envers un tiers incommode, envers l’embryon formé, seul et unique destin à supporter par le poids d’une prise de position idéologique ou sociologique.

Même des hommes d’église (ndt pas tous! Cf bien évidemment notre Saint Père, mais aussi et notamment Monseigneur Javier Martínez, archevêque de Grenade et beaucoup d’autres courageux de par le monde, même s’ils sont pas en majorité et que la majorité ne parlent pas forcément assez fort, en particulier en France) se sentent obligés de donner un aspect sociologique au problème, de se dire comme l’a fait le directeur du journal catholique « Avvenire » (ndt: dit catholique, comme La Croix) , appelé à commenter l’histoire, « attristé » par un avortement qu’il ne peut accepter, mais plein de compassion pour les angoisses des parents et pour la situation dans laquelle s’est trouvée la petite fille.

La compréhension envers celui qui peut décider, de par sa position de force, de l’existence du faible, est l’autre face du traitement sans pitié infligée à la victime d’une inversion de toutes les valeurs de la vie et de l’amour. Qu’ils ne nous ennuient pas plus, ces catholiques compréhensifs, avec leur cher thème de l’amour et de la solidarité. Qu’ils restent avec leurs paroles faussement religieuses et qu’ils me laissent ma laïque et sacrée piété.

Giuliano Ferrara

Publié à l’origine dans le propre journal de Ferrara ici http://www.ilfoglio.it/soloqui/11508
En espagnol ici http://infocatolica.com/?t=opinion&cod=10784

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