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En prolongement des deux articles de la Bussola traduits hier, voici un article du quotidien britannique The Telegraph, témoignage d'un anglais d'origine hongroise. (12/1/2012)

-> Voir ici:
Où va la Hongrie?

Plusieurs sources sur Internet font une allusion (tout droit sortie du "Monde"!) à la collusion entre Jobbik (L'Alliance des Jeunes de Droite - Mouvement pour une meilleure Hongrie, parti d'extrême droite hongrois) et Fidesz (le parti actuellement au pouvoir).
C'est un grand classique, lorsque l'establishment veut discréditer un homme ou un parti qui refuse de s'aligner, on lui reproche des accointances avec l'"extrême-droite".... et pourquoi pas, des sympathies neonazies. Certains petits facétieux ont même forgé une expression ironique pour désigner cette dérive: Reductio ad Hitlerum!!

L'article de Marco Respinti que j'ai traduit hier renvoyait à un autre article issu du quotidien britannique (plutôt conservateur), The Telegraph. L'auteur est l'écrivain britannique d'origine hongroise, Tibor Fisher.
Voici ma traduction, qui apporte une réponse partielle aux insinuations du Monde & cie. Je ne suis pas en mesure d'affirmer qu'il s'agit de la vérité de l'évangile... mais cela me paraît au moins aussi réaliste que les "tirs croisés" de la grosse presse.

Viktor Orban, le casse-cou politique de la Hongrie, sera jugé sur les résultats
Viktor Orban est le seul politicien en Hongrie - peu importe combien il est haï par ses ennemis - qui a une réelle popularité.

Par Tibor Fischer

5 janvier 2012
(Original en anglais, ma traduction)
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Aujourd'hui Premier ministre pour la deuxième fois, âgé de 48 ans, Orban, avec son parti, le Fidesz, jouit d'une extraordinaire majorité des deux tiers au parlement, et vient de promulguer une nouvelle constitution. Mais il a engendré une vague de condamnation de la part des Britanniques et, même de la presse occidentale en général (un dessin récent dans Le Monde associait Orbán à Le Pen). Certes, beaucoup de sottises ont été dites dans son gouvernement, mais pas plus qu'en Grande Bretagne qui a ses propres fumisteries: «big society», «hug a hoodie» (intraduisible: il semble qu'il s'agisse d'une allusion à un discours de David Cameron» ou «no more boom or bust» (autre slogan que je traduirais par «assez de hauts et de bas».... sans aucune garantie) . J'écris ceci non pas parce que je veux défendre la politique de Orbán, mais parce que, étant d'origine hongroise, je suis fatigué de l'ignorance générale et de l'arrogance envers le pays.

Je comprends que la plupart des gens ne savent rien au sujet de l'histoire, de la culture ou de la politique de la Hongrie - c'est un petit pays et il n'a pas grande importance. Mais la couverture médiatique a tout mélangé. «Petit pays a des élections», ou «petit pays a une nouvelle constitution», ce n'est pas une lecture palpitante, donc il y aura toujours une préférence dans les journaux pour un titre sur la «montée de l'extrême-droite» (l'extrême-droite , curieusement, n'a cessé de monter partout durant ma vie sans jamais arriver nulle part) ou « La démocratie menacée». Cependant, malgré que les dirigeants du Fidesz déclarent pratiquement tous les jours depuis huit ans qu'ils n'ont rien à voir avec le Jobbik, le parti avec des éléments d'extrême-droite, ils sont constamment accusés de frayer avec eux (Fidesz, incidemment, a trois députés Roms ). L'extrême-droite n'est nulle part proche du pouvoir en Hongrie et blâmer Orbán pour l'existence d'éléments peu recommandables dans le parlement hongrois est comme blâmer Cameron pour les députés du BNP (British National Party, le parti d'extrême droite britannique).

Une raison pour laquelle l'opposition pousse de tels cris d'orfraie sur la fin de la démocratie (ironique, venant d'anciens membres de la dictature communiste!) et jette tellement de boue , c'est qu'ils n'ont aucune autre option qui s'offre à eux; non seulement ils ont une présence négligeable au parlement, mais ils n'entament en rien la popularité d'Orbán. Malgré près de deux ans de dures mesures budgétaires, Orban et le Fidesz ne sont pas seulement en avance dans les sondages, ils sont très en avance. Orbán est le seul politicien en Hongrie - peu importe combien il est haï par ses ennemis - qui a une réelle popularité.

Certes, la Hongrie a énormément de problèmes, économiques et sociaux, mais peu sont dûs à Orbán, qui a été élu en avril 2010. Ce qu'il a fait, avec une vigueur caractéristique, c'est de faire passer une abondance de lois sans trop se soucier de ce que les gens pensent. Il est ouvertement en désaccord avec l'UE et le FMI sur plusieurs questions, principalement financières, ce qui est peut-être imprudent, mais il n'y a rien d'antidémocratique dans cette position, pas plus que l'UE ne peut sérieusement prétendre avoir un génie unique en matière d'argent.

Tout en ayant une approche méthodique, germanique à bien des égards, il y a chez Orban un côté casse-cou, joueur . Comme un entraîneur de football avec une formation ou une équipe imprévue, c'est sur les résultats qu'il sera jugé. Si Orbán tire la Hongrie hors du trou, il sera le plus grand homme politique hongrois depuis 150 ans, sinon, il retournera dans la masse.


Bonus: une video à revoir