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Rétrospective 2011

Bienvenue au Pape à Cuba. C'est le message de Félix Sautié Mederos, un intellectuel cubain (et catholique!), qui fut notamment vice-président du Conseil National de la Culture de Cuba dans les années 70. L'île attend énormément de la visite papale. Article sur Religion en Libertad, traduit par Carlota. (17/3/2012)

Carlota

J’ai traduit cet article de Félix Sautié Mederos, un Cubain "de l’intérieur", et un intellectuel engagé - dans le sens bien de chez nous - mais il est peut-être aussi bien plus que cela…
Et il est à Cuba, pas à Paris!
Son texte vient d’être publié par « Religión en Libertad » ici.
J’ai fait suivre ce document de son « auto-portrait » extrait d’un forum maintenant fermé du portail catholic.net (2005) et d’une présentation de l’un de ses livres paru chez un éditeur indépendant en Espagne en 2007, deux documents qui reflètent bien l’attachante complexité de cette île et de ses habitants, et montrent qu’il doit exister une autre voie entre celle des purs et durs communistes castristes et celle des tout aussi intransigeants exilés chez l’Oncle Sam: celle montrée par le Christ.

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Que le Pape soit le bienvenu à Cuba
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Au milieu des contingences, polarisations et angoisses tellement pressantes pour le peuple cubain établi à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières, j’ai été de nouveau surpris, pour dire les choses ainsi, par la vertigineuse succession [d'évènements] de 2012 dans laquelle nous venons d'entrer. Il semble que tandis que les années me passent dessus, je ressens que le temps court avec une plus grande vitesse, comme si mon être intérieur était à court de temps pour en arriver au moment du passage définitif; cependant, je m’efforce avec insistance de contribuer dans la mesure de mes possibilités à la réconciliation et au dialogue entre les Cubains, sans me laisser intimider outre mesure par les avertissements, les insultes et les menaces voilées que quelques uns perdent leur temps à me faire parvenir.

Voilà quelles ont été - durant la célébration liturgique du mercredi des Cendres de 2012 dans la cathédrale de la Havane - mes sensations existentielles, suscitées par le souvenir sacramentel d’être poussière et que poussière nous redeviendrons. D’autant que les cendres bénites par l’archevêque de la Havane, le cardinal Jaime Ortega, avec l’eau vive de la création et de la nature qui nous lavera, ont marqué le début de la période de pénitence du Carême, préparatoire à la Semaine Sainte et à la Fête de la Résurrection, étape de profond mysticisme dans le calendrier chrétien, en ces jours qui précédent la visite du pape Benoît XVI à Cuba.

Je fais référence à des faits de profonde transcendance spirituelle qui se manifesteront, et ce malgré ceux qui ne peuvent cacher leur haine envers l’Église, de même que d’autres détracteurs maniaques de la thématique unique qui n’acceptent que les choses dans une direction unique convergente avec leurs idées. Des voix qui, en outre, escamotent au peuple cubain, le droit de se soulager spirituellement dans des dévotions et des activités de spiritualité. D’autre part, je considère indispensable de prendre en compte le fait que les festivités et commémorations religieuses, constituent un droit inaliénable des personnes qui de leur propre volonté ont pris l’option d’y participer.

Ainsi donc, le fait historique de la visite à Cuba que le pape Benoît XVI doit effectuer dans le cadre d’un pèlerinage à l’occasion du 400ème anniversaire de la découverte en 1612 de la statue de la Vierge de la Charité, Patronne et Reine de Cuba, est son droit comme successeur de Saint Pierre, comme c'est le droit du peuple cubain croyant ou non croyant de le recevoir avec joie, respect et dignité.

Au milieu de tant de faits, toujours les mêmes, de tant de désillusions et de désespérances, un évènement de cette dimension, à mon avis, constitue un changement existentiel de rythme, et une stimulation chargée d’espérance, qui se transformeront en un moteur pour la lutte pour la vie.

Dans ces circonstances et conjonctures, je considère que la visite du pape aura d’importantes répercussions positives pour l’auto-estime du peuple Cubain qui vit à l’intérieur et même à l’extérieur de nos frontières parce que nous ne devrions jamais oublier la diaspora qui est sortie de nos entrailles.

Et par dessus tout, son message d’amour spécifique à la dévotion à la Vierge de la Charité, mais aussi comme message propice à la paix, au dialogue, à la nouvelle rencontre, à la réconciliation, bien au-delà d’une quelconque considération politique, aura une signification spéciale.

En outre, un 400ème anniversaire ne se célèbre qu’une fois, et s’il est strictement religieux, alors il dépasse les contingences économiques, politiques, historiques du moment.
En cette occasion, nous les croyants cubains, plus spécialement les catholiques de toutes idées politiques et sociales, de l’intérieur et de l’extérieur de nos frontières, nous avons le droit inaliénable de recevoir le Pape qui est le pasteur universel de notre Église, et de le faire avec le maximum de satisfaction et sans aucun type de limitations ou de conditions que certains - faisant preuve d’illogisme et mettant la charrue avant les bœufs - mettent en place selon des jugement et des critères parfois insultants et/ou méprisants envers ceux qui pensent différemment d’eux, et envers l’Eglise catholique à Cuba, les croyants, le peuple cubain et plus spécialement encore envers celui qui est le pasteur de l’Église universelle.

Ce que Sa Sainteté Benoît XVI va proposer ou exposer à Cuba, tant aux autorités gouvernementales qu’aux catholiques et au peuple en général, c'est son exclusive responsabilité, émanant de sa conscience et de sa haute investiture religieuse et même d’état.

Je pense que c'est seulement après sa visite que pourront être évaluées les répercussions essentielles pour Cuba, - qui, en ce qui concerne la population catholique, ainsi que les fidèles à la Vierge de la Charité, seront enrichissantes et d’une joie spirituelle de par elles-mêmes, dans la mesure où elle (la visite) constitue un voyage pastoral pleinement justifié par le motif d’un anniversaire transcendant pour notre identité nationale, parce que la Vierge de la Charité est un symbole indiscutable de notre nationalité.

Toutefois, selon mon avis personnel, il relève d’une logique existentielle et historique correcte d’identifier, reconnaître et manifester publiquement les circonstances complexes du tournant dans lequel nous nous trouvons immergés, nous les Cubains, ainsi que les angoisses dont nous souffrons à l’intérieur comme à l’extérieur du pays; et qu’en conséquence nous exprimions nos appels et nos problèmes dans ce sens. Mais les impositions conceptuelles, les contraintes et les insultes sont hors de propos, et font beaucoup de mal aux nécessités des retrouvailles, du dialogue et de la réconciliation, si pressantes pour la nation cubaine aujourd’hui.

Les insultes et les contraintes qui se manifestent aujourd'hui coïncident avec les actions menaçantes et les avertissements, et avec l’utilisation de la force et de la répression contre la pensée différente. Ces faits contestés sont propices à la création de situations compliquées et insoutenables.

Je considère que durant le Carême 2012 et l’année Jubilaire du 400ème anniversaire de la découverte de la statue de la Vierge de la Charité, recevoir la visite pastorale de Sa Sainteté Benoît XVI est notre droit qui correspond à nos urgences actuelles.

C’est ainsi que je le pense, c’est ainsi que je l’affirme et c’est ainsi que je le défends.

Que le Pape soit le bienvenu !


Auto-portrait

C’est ainsi que Félix Sautié Mederos se présentait en 2005 (original ici)
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Je suis catholique pratiquant de la foi dans ma vie de tous les jours. Je suis licencié en Sciences Sociales spécialisé en Économie. J’ai étudié profondément la Philosophie et l’Économie Politique Marxiste. Je suis en outre licencié en Études Bibliques et Théologiques, un théologien laïc. J’ai occupé des fonctions en politique et dans le domaine de la culture. Je suis journaliste professionnel et je dirige diverses publications à Cuba.
J’ai 7 enfants vivants et un mort du cancer. J’ai 66 ans (ndt il avait donc 20 ans au momento de la révolution cubaine. Il est donc actuellement âgé de 73 ans. Il est donc le cadet de 8 ans de moins que l’actuel président Raúl Castro et de 13 ans du « Líder Máximo »).
Mon épouse est en vie, grâce à Dieu. J’ai publié différents livres en Espagne et j’en ai d’autres en préparation. J’écris dans les revues de l’Église Catholique Cubaine, actuellement non légales mais autorisées : « Vitral » de l’évêché de Pinal del Río ; « Espacios » du conseil des Laïcs de l’archevêché de la Havane et « Laborem » du Mouvement des Travailleurs Chrétiens.
Je suis correspondant pour la presse espagnole à Cuba, légalement accrédité de « Revista Tiempo de Paz ».
Je suis professeur d’Éthique Chrétienne et d’Administratin et Gestion de Projets à l’Institut Supérieur d’Études Bibliques et Théologiques de la Havane qui est une institution œcuménique inscrite auprès du Conseil des Églises de Cuba, et où nous travaillons activement, catholiques et protestants cubains, avec l’appui de l’Église Épiscopale Cubaine (ndt les épiscopaliens sont les anglicans des Etats-Unis) qui nous a prêté ses locaux.
J’écris d’une manière hebdomadaire sur Cuba et j’ai publié plus de 1000 chroniques qui sont un témoignage de vie, je le fais dans des journaux andalous de Cadix et de Gibraltar.

Je vis à Centro Habana (ndt un des quinze arrondissements de la ville de la Havane) et depuis mon modeste coin j’essaie de donner des témoignages de vie. Je suis tombé dans les erreurs de Pierre prétendant prendre d’assaut le Paradis et quand Dieu a été rejeté dans le Paradis que nous avons prétendu construire, il est devenu enfer, ce que j’ai pu comprendre. Je suis un mystique.

Félix Sautié Mederos.

Félix Sautié Mederos a notamment écrit « Socialisme et réconciliation à Cuba : un regard de l’intérieur » (cf. ici )

Présentation de l'éditeur (traduction)

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L’auteur de ce livre, Félix Sautié Mederos, après cinquante ans de militantisme révolutionnaire ininterrompu et après avoir occupé différentes charges à responsabilité au parti communiste cubain et au gouvernement, réclame, tout au long de ces pages animées par l’intégrité morale et l’esprit critique, l’urgente nécessité d’un dialogue entre tous les Cubains, un dialogue auquel tous puissent prendre part en partant du respect, et renforcé par un sens éthique qui garantisse la future construction collective de la société cubaine pour atteindre un avenir de paix, de justice sociale et de liberté. Nous nous trouvons en face d’une analyse courageuse, passionnée et engagée, une plaidoirie en faveur des retrouvailles et de la réconciliation à un moment crucial pour Cuba, quand se multiplient les débats et les conjonctures sur le futur de l’île.

Conclusion de Carlota


Il existe à Cuba des hommes intègres, comme il en existait en Union Soviétique, qui croyaient vraiment à la possibilité d’un monde meilleur et de lendemains qui chantent.

Félix Sautié Mederos qui écrit dans des revues cubaines qui militent pour la Paix, le Désarmement et la Liberté, qui a été directeur du Journal de la Jeunesse Rebelle de la Havane dans les Années, 60, Directeur National des Écoles d’Art et vice-président du Conseil National de la Culture de Cuba dans les années 70, et fondateur des Éditions cubaines José Martí qui publiaient des œuvres étrangères à Cuba dans les années 80, est peut-être pour certains un alibi du système castriste qui survit ; ou pour d’autres un utopiste attardé, mais quand bien même, avec son cœur, il entrevoit le seul chemin possible, et il n’est pas politique ni économique. La venue du Pape à Cuba est bien une bénédiction du ciel.
La Vierge de la Charité veille.