Un article de Giacomo Galeazzi, sur Vatican Insider, fait le point à moins d'une semaine de l'arrivée du Pape. Et des nouvelles de l'occupation de l'église à la Havane. (17/3/2012)
L'article est un bon résumé, mais il n'est pas exempt d'erreurs factuelles et d'annonces "sensationnelles" de titre non confirmées dans le texte!
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L'empreinte de Benoît
Giacomo Galeazzi (Vatican Insider)
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Finalement, le «face à face» avec l'ancien élève du collège des Jésuites, aura bien lieu (ndt: ?).
«Fidel Castro ne refusera pas cette opportunité, la présence du pape est un signe de grande importance historique, en particulier pour les scénarios qu'elle ouvre»: l'ancien ministre des Affaires étrangères du Vatican, le cardinal Achille Silvestrini en est convaincu, rappelant «les fruits abondants pour l'Église produits par le voyage de Wojtyla à Cuba, en 98.
Pendant ce temps, les préparatifs battent leur plein, dans la Perle des Caraïbes et au Mexique, pour la visite que le Pape, entre controverse et espoirs, va accomplir dans ces deux pays-clés du continent américain, du 23 au 28 mars.
On va voir s'appliquer la stratégie vaticane du «dialogue avec tout le monde» dans le laboratoire-Amérique latine. L'espagnol est la langue la plus parlée par les catholiques dans le monde, et, au cours d'une semaine de foi et de politique, le Pape théologien et pasteur jetera un pont vers l'Eglise de demain.
Comme ce fut le cas pour les missions «derrière le rideau de fer» de Karol Wojtyla, les moments «sensibles» resteront dans l'ombre jusqu'à la dernière minute. Les rencontres les plus attendues, en effet, ne sont pas dans le programme officiel, même si elles restent probables: celles avec Fidel Castro et aussi (mais là, les perplexités sont les plus grandes) avec les victimes du pédophile Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ.
Depuis mardi, treize dissidents occupent l'église de la Caridad à La Havane, pour attirer l'attention du Pontife sur la répression du gouvernement de Raul Castro (1).
Le long de la ligne Mexique-Cuba, la diplomatie latine du Saint-Siège se déploie.
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Benoît XVI arrivera au Mexique dans l'après-midi du vendredi 23 Mars, à l'aéroport de León, dans l'État de Guanajuato. Samedi, après une visite de courtoisie au président Felipe Calderon, le pape bénira les enfants réunis sur la «Plaza de la Paz» de Guanajuato. Dimanche, il célébrera la messe dans le parc du Bicentenaire de León et dans l'après-midi, à la cathédrale de la Très Sainte Mère de la Lumière, il récitera la prière des vêpres avec les évêques.
Le lendemain matin, le pape se rendra à Santiago de Cuba pour célébrer une messe sur la place Antonio Maceo, à l'occasion du 400e anniversaire de la découverte de la Virgen de la Caridad del Cobre.
Dans la matinée du 27 Mars, après avoir visité le sanctuaire marial de l'«Isla Bonita», Benoît XVI se rendra en avion à La Havane, où l'après-midi, il aura une entrevue au Palais de la Révolution avec Raul Castro.
Le 28 Mars, il y aura la messe, sur la place José Martí de La Havane , avant le départ pour Rome, dans l'après-midi.
«L'altitude a eu aussi une influence sur les étapes au Mexique ».
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Le Substitut à la Secrétairerie d'Etat, Angelo Becciu attribue à des raisons médicales le choix de Leon à la place de la capitale, Mexico, située à 2300 mètres (2).
Le deuxième pays le plus catholique du monde est également le berceau de la Congrégation des Légionnaires du Christ, mise sous contrôle par Benoît XVI dans la foulée des scandales sexuels.
L'agenda du voyage n'inclut pas de rencontre avec des victimes de Maciel, ni de «face à face» avec le «lider maximo».
La disponibilité du Pape a été mise sur la table par le Saint-Siège et a été recueillie immédiatement par l'ambassadeur de Cuba à la Curie, Eduardo Delgado: «Le Saint-Siège a toujours été contre le blocus imposé par l'embargo. Nous n'avons pas demandé au Souverain Pontife de s'exprimer sur la question, mais s'il dit quelque chose, cela procurera beaucoup de joie à notre peuple».
Joseph Ratzinger avait déjà été invité il y a quatre ans, à l'époque de la prise de pouvoir par Raul Castro.
«Les paroles de Benoît XVI seront un phare pour l'avenir de l'Amérique latine », affirme le cardinal Silvestrini.
Dix ans après la dernière des cinq visites au Mexique par son prédécesseur, «Benoît XVI apportera un message de paix et de justice dans un pays-charnière essentiel entre le Nord et le Sud du monde», souligne le cardinal.
Qu'il ne s'agisse pas d'une simple escale est confirmé par les évêques mexicains, qui réclament du «respect» pour le Pape: «Toutes les questions politiques et sociales peuvent être aaffrontées».
La Constitution prévoit expressément qu'aucun représentant d'une religion ne peut, dans des réunions publiques ou des actes de culte «s'opposer aux lois du pays à ses institutions, ni en aucune manière offenser les symboles patriotiques». Ce qui interprète le principe historique de la séparation entre l'Église et l'État, mais, dénonce l'épiscopat national, «il existe des milieux, dans la société mexicaine qui s'opposent aux expressions de la foi et, par conséquent, sont contraires à ce qui pourrait être dit par Benoît XVI».
Notes
(1) Carlota m'envoie une information publiée à l'instant sur Religion en libertad, qu'elle a traduite:
Les dissidents délogés, le débat continue (ici)
Finalement et à la demande du cardinal Jaime Ortega, devant le refus des dissidents d’abandonner l’église de la Charité de la Havane, la police castriste (ndt: comme s'il pouvait y en avoir une autre!!) est entrée dans l’église et les a délogés.
Pacifiquement selon les autorités communistes. Brutalement selon les opposants: «Ils nous ont trainés, ils nous ont bousculés, nous ont frappé contre les bancs» affirme Fred Calderón, 32 ans. Après détention et prises d’empreintes, de photographie et d'échantillons d’urine, les 13 occupants ont été libérés durant la nuit.
Tandis que les partisans du régime parlent d’un complot «contre la Révolution et l’Église catholique», les résistants se considèrent trompés par les responsables diocésains (ndt: mais bien sûr, c'esr encore la faute de l'Eglise!!) qui leur avaient annoncé qu’un représentant du Gouvernement dialoguerait avec eux au lieu de les déloger.
Vladimir Calderón, président du Parti Républicain et un autre des dissidents, a nié que l’objectif de l’occupation ait été de boycotter la visite du pape, mais «de dire qu’il y a une opposition à Cuba, bien que le Gouvernement le nie».
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Carlota résume la substance d'un billet d'un bloggueur cubain mulâtre de 72 ans vivant à Cuba (http://hdezsoto.wordpress.com).
Il s’insurge contre ces séditieux qui « prennent en otage l’église catholique », et dont les mouvements seraient selon lui en sous mains financés par les États-Unis. Ce que veulent des milliers et des milliers de Cubains c’est voir le Pape, dans la foi et la joie, et ce n’est pas bien d’utiliser ce moment spécialement pour attirer l’attention de la part des groupes d’opposition.
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(2) Ceci est inexact, et contredit expressément cet article de Zenit, indéniablement fiable :
"Le substitut a expliqué pourquoi le pape ne s’arrête ni à Mexico ni à Guadalupe pendant son voyage au Mexique :
« Parce que Jean-Paul II était allé dans la capitale du Mexique ainsi qu’à Guadalupe. En revanche, Benoît XVI ira à Leon, où se trouve le monument au Christ-Roi, qui a une signification toute spéciale ».
A la question de savoir si l’altitude avait influencé ce choix, l’archevêque a encore répondu : « Peut-être, mais il voulait aller là où aucun autre pape n’était encore allé ». Quant à la possibilité d’une rencontre entre Benoît XVI et Fidel Castro, Mgr Becciu s’est contenté de dire que « le pape est ouvert à tout ; ensuite, nous verrons »".