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Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Editorial de Carlota, qui n'est pas tout à fait d'accord avec certains raccourcis médiatiques (28/3/2012)

     



La situation de l'île est tellement particulière que certains récits journalistiques ont pu être déformés (y compris ceux reproduits ici), d'une façon ou d'une autre.
Sans parler - mais n'est-ce pas pire? - du scandaleux boycott des médias génénéralistes français, qui ont manifestement fait d'autres choix éditoriaux.

L'accueil du Pape à Cuba a été exemplaire, et il ne faut pas compter sur moi pour crier à la récupération de la part du régime.

* * *

Íñigo Domínguez (cf http://www.larioja.com) envoyé spécial à Cuba, écrit dans le journal espagnol de La Rioja que la grand'messe à Santiago était une « messe de fiction ».
Dans son long article sur la première messe célébrée par le Saint Père, il poursuit en disant qu’il y avait peut-être des croyants mais aussi des gens à qui on avait dit de venir pour faire la claque et qui s’en étaient repartis une demi-heure plus tard, d’autant que l’homélie était ardue et qu’il n’y avait pas d'écrans pour suivre quand on se trouvait loin (1).
Bref, le décor d’un film pour faire croire que l’accueil était excellent dans cette Cuba catholique. Le journaliste aurait pu parler d’une messe « Potemkine », en faisant allusion à cette légende selon laquelle le ministre de Catherine II de Russie qui aurait fait construire des villages avec juste les façades des maisons et des villageois acclamant la Tsarine, et en même temps pour rappeler le « bon » temps du grand frère soviétique.
Cela doit bien plaire aux médias occidentaux de montrer que Cuba n’est pas catholique, et faire contraste avec l’accueil extraordinaire du Mexique.
Mais en me répétant je rappellerai qu’à Paris pour la messe devant les Invalides, sans les « tradis » ou dits « tradis », il n’y aurait pas eu forcément beaucoup de monde et que la publicité dans les paroisses et les organisations de bus pour « monter » à Paris, on n’en avait pas beaucoup vue… Et les plus hautes autorités sous prétexte de neutralité religieuse n’étaient pas venu assister à des cérémonies concernant la religion encore majoritaire en France. (2)
Et puis la réalité de la « vitalité » d’un noyau ne dépend pas que de sa taille mais surtout de sa puissance et elle n’est pas toujours visible au premier abord.

Je lis aussi beaucoup de publicité donnée au courageux Cubain à l’ascendance en partie africaine, athlétique d’allure, qui s’est élancé hors des barrières pour crier « A bas le communisme » et qui a été ceinturé puis tabassé par les hommes de la sécurité (et pas forcément des fidèles comme certains commentateurs l’ont dit quoi que pour sa sécurité, ils auraient pu effectivement lui faire comprendre qu’il était préférable de ne pas se faire inutilement remarqué). Certes Cuba est un pays « tranquille » où la sûreté est à son maximum, pas de Turc assassin manqué sur la place Saint Pierre, ou d’Espagnol fanatisé à Fatima, pas de Roumain grimpé sur des colonnes du Vatican et déchirant les Évangiles, pas de folle en maillot rouge, se jetant sur le Pape et le faisant trébucher, mais sans vouloir prendre la défense des policiers en civil cubains, ils sont là pour empêcher les éventuels débordements dont on ne connaît pas à l’avance les conséquences, sauf en cas de provocation orchestrée…

Par ailleurs ceux qui disent que le Pape n’a pas évoqué les droits de l’homme ne sont pas très honnêtes. Il les a abordés comme un pape doit le faire. Il a prié pour les personnes privées de liberté devant la Vierge du cuivre et par ailleurs le père Lombardi a dit que le sujet de la dissidence avait été abordé entre Benoît XVI et le président Raúl Castro, lors d’un entretien particulier de 40 mn. Les autorités vaticanes ont aussi intercédé pour le manifestant anti-marxisme de la messe papale.

En conclusion, je prends donc du recul avec les déclarations des journalistes même s’ils font bien leur travail et qu’ils étaient présents à Cuba. La majorité des gens ne réagissent pas forcément de la même façon une dictature que dans une société plus ouverte. Et même un envoyé spécial, plongé dans un bain, ne donne pas forcément la température du système de chauffage de toute la maison.

* * *

NDLR:

(1) Cet argument n'a aucune valeur.
Quand on va rencontrer le Pape "en vrai", on vit quelque chose d'unique, que les mots ne peuvent pas décrire.
Cela m'est arrivé à plusieurs reprises, et à chaque fois, j'avoue que, dans la rumeur, et sous le coup de l'émotion, je n'ai pas entendu un mot de ce qu'il a dit. Que j'ai lu, bien sûr, après, et avec d'autant plus de ferveur. Et là, il m'a semblé que je me rappelais de tout.

(2) Etant présente aux Invalides, je confirme!