Des célébrités parlent du Pape (III)
Le témoignage de Karl Josef Wallner [1] , professeur de théologie dogmatique au monastère de Heiligen Kreuz, où Benoît XVI s'est rendu lors de son voyage en Autriche, en 2007[2] (4/2/2013)
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Benoît XVI et l'Institut universitaire de Heiligenkreuz
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Depuis le 28 Janvier 2007, l'Institut universitaire de Heiligenkreuz est dédié à Benoît XVI. C'est en effet le jour où le Saint-Père a élevé l'Institut supérieur de notre ordre, fondé en 1802, en Institut Supérieur de droit pontifical. A cette occasion, l'abbé Gregor Henckel Donnersmarck, lui a attribué le nom du Pape. De cette façon, l'«Institut supérieur de philosophie et de théologie de Heiligenkreuz Benoît XVI» est le premier du genre à porter ce nom, mais nous sommes certains que d'autres Instituts, Ecoles, et peut-être même Universités vont suivre l'exemple; et pas seulement comme un hommage et un signe de profond respect pour l'actuel Successeur de Pierre, mais aussi parce qu'il est clair qu'avec Joseph Ratzinger, le 19 Avril 2005, l'un des grands théologiens de ce siècle a été élu Pape.
Quelques mois plus tard, le 9 Septembre 2007, le Pape Benoît XVI a effectué une visite personnelle au monastère de Heiligenkreuz. C'était à l'occasion de sa visite pastorale en Autriche, et en particulier le pèlerinage au sanctuaire de Maria Zell, la Magna Mater Austriae. La visite d'un Pape à notre monastère a été un événement unique dans notre histoire, d'autant plus qu'il existe, sans interruption, depuis 1133. La visite du Pape était aussi explicitement une visite à l'Institut universitaire.
Pour moi, cela eut un résultat surprenant du point de vue du protocole: en tant que Recteur de l'Institut supérieur, j'ai eu l'honneur d'être aux côtés du Saint-Père durant toute la visite, avec l'Abbé Gregor Henckel Donnersmarck.
Dans mon monastère et parmi les professeurs de l'Institut, il y a des connaisseurs de la théologie de Joseph Ratzinger bien plus profonds que moi. Il suffit de penser au Dr. Maximilian Heim, notre professeur de théologie fondamentale que le Seigneur, le 10 Février 2011, a fait Abbé élu, et donc, en tant que Chancelier, directeur de l'Institut. L'Abbé Heim est «le spécialiste» de Ratzinger; il a effectué sa thèse de doctorat sur les lignes directrices de la théologie de Joseph Ratzinger, une étude menée avec tellement de précision qu'elle a impressionné Joseph Ratzinger lui-même. Ce n'est pas souvent que des théologiens s'identifient avec ce que d'autres ont écrit à leur sujet ... Et pourtant, quelques semaines avant son élection comme Pape, il a écrit une introduction à l'ouvrage qui était aussi humble que pleine de sympathie chaleureuse pour l'auteur. Et puis, en Juin 2011, au cours d'une cérémonie solennelle, le Pape Benoît XVI a conféré le «Prix Ratzinger» à trois théologiens: l'un d'eux était notre Abbé Maximilien, en vertu de son excellent travail scientifique. A cela s'ajoute le fait que l'Abbé Maximilian, et notre confrère, le Père Dr. Justinus Pech font partie du « Neuer Ratzinger Schülerkreis», le groupe des anciens élèves de Ratzinger étendu à ceux qui ont fait leur thèse de doctorat sur Joseph Ratzinger.
Il y a donc des gens plus compétents que moi pour écrire sur le théologien Benoît XVI. J'ai lu beaucoup de Joseph Ratzinger, mais en vertu de ma thèse, je suis fasciné par la théologie de Hans Urs von Balthasar (1905-1988). Avec la mentalité d'un critique littéraire, il a examiné la philosophie, l'histoire des idées, la littérature, l'art et la théologie, ramenant tout à leur noyau théologique. J'admire Balthasar, il a été le dernier génie universel en Europe, mais en attendant, je suis aussi conscient des limites de son style théologique: il n'a jamais été un professeur. Donc, il n'a jamais été obligé de parler d'une manière systématique et structurée.
Bien différent est le cas de Joseph Ratzinger.
Combien Balthasar et Ratzinger sont d'accord sur le fond et combien, dans le même temps, ils sont différents dans le style, le lecteur peut facilement le vérifier en comparant «Seul l'amour est crédible» de Balthasar, avec la première encyclique programmatique de Benoît XVI, Deus Caritas Est («Dieu est amour»). Le style de Ratzinger est "docibilis", il est «enseignable» et donc adapté aux cours de théologie. Que l'on relise, par exemple, les deux volumes de Jésus de Nazareth par le pape Benoît XVI. Ici, le pape-théologien développe - d'un point de vue biblique et théologique, de manière systématique, étape par étape, sujet par sujet - toute la problématique développée à partir de la critique libérale sur Jésus au dix-neuvième siècle. Et il faut comparer cela, par exemple, avec le premier volume de la trilogie Gloria de Balthasar, qui poursuit un but similaire, mais le traite, lui, d'une manière complètement différente, de manière «littéraire».
L'impression que la théologie de Joseph Ratzinger est adaptée à l'enseignement ne veut pas dire que c'est tout simplement une théologie, pour ainsi dire, «de manuels scolaires». Ratzinger a un style raffiné qui rappelle Romano Guardini ou son professeur Gottlieb Songhen. Ratzinger puise toujours à la totalité de la foi. Même dans les courts articles, ou les essais, ou dans les discours de pape - , il réussit à éclairer un aspect de la foi de sorte qu'il semble intéressant et convaincant. Joseph Ratzinger est un penseur du catholicisme, un penseur de la plénitude de la foi. Ce n'est pas par hasard que, sous sa direction, après six années de travail, est sorti le Catéchisme de l'Eglise catholique, comme fruit ultime, à certains égards, du Concile Vatican II.
Chaque époque a les Papes dont elle a besoin. Déjà en 1982, Joseph Ratzinger, comme Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a contribué de manière déterminante à l'approche théologique du pontificat de Jean-Paul II.
Je continue à apprécier le théologien Ratzinger. Quand, après son élection, il se montra au balcon et s'appela lui-même un humble travailleur, je le crus immédiatement. Qui l'avait connu personnellement savait que Joseph Ratzinger n'est pas celui qui pousse pour se mettre au premier rang. C'est un travailleur, et plus précisément, un travailleur d'un type particulier: un penseur, un intellectuel, un théologien, ou plus précisément un professeur de théologie. C'est seulement plus tard que l'on m'a dit que pour Benoît XVI, c'est vraiment une grande joie de savoir que ses livres sont lus et qu'ils conduisent à des changements chez les hommes. Cela lui donne une grande joie, on me l'a dit, quand les gens lui disent que grâce à ses livres et ses écrits, leur foi est devenue plus forte, plus profonde, ou même que ces livres ont conduit à leur conversion.
D'ailleurs, c'est l'impression que j'ai eue un certain matin à Cologne, quand le Pape, appelé depuis peu à sa mission, est venu et a parlé aux Journées Mondiales de la Jeunesse.
A ce moment, toutefois, ce n'était plus simplement le professeur Ratzinger, il parlait en tant que Pape, successeur de saint Pierre et Vicaire du Christ sur la terre. Et le pape allemand était vraiment fascinant, irrésistible, et quand sa prédication était interrompue par des applaudissements ou les cris «Benedetto, Benedetto», il remerciait avec un sourire léger et affectueux. Dans le même temps, cependant, il ne faisait rien pour provoquer cette clameur festive.
J'ai moi aussi enseigné la théologie, et je sais ce qui anime le professeur quand, avant la fin du cours, il veut à tout prix être encore en mesure de traiter la question importante: il est saisi d'une inquiétude profonde, une sorte d'impulsion que déjà Jésus, dans l'Evangile de Jean, exprimait en disant: «J'ai encore beaucoup à vous dire ... »(Jn 16:12). Il était donc clair que cet ex- professeur de théologie allemand, a été donné à l'Eglise comme Pasteur suprême, parce qu'entraîné par cette forme d'amour: transmettre la plénitude de la foi et s'assurer que son contenu peut être à nouveau compréhensible et claire. J'ai un peu souri quand Benoît XVI, prêchant à plus d'un million de jeunes, se référant au catéchisme, leur donna même des «références bibliographiques »... typiques d'un professeur!
Il y a encore une chose qui me frappe dans la façon dont le pape Benoît XVI exerce son ministère de «Pape professeur».
Elle m'a tout de suite été claire sur la base de sa première encyclique programmatique 'Deus Caritas est'. Le pape n'est jamais abstrait, fumeux, il ne se meut pas sur le plan de la théorie pure: ses arguments sont toujours concrets. Dans l'encyclique de 2006, le Pape traite un thème vraiment central du christianisme: «Dieu est amour», est au cœur de la foi chrétienne dans la révélation. Ce n'est pas un hasard si ses arguments sont formés de deux parties: à la première partie dans laquelle l'«amour» est expliqué comme nostalgie propre à tous les êtres humains comme créatures de Dieu, suit une seconde dans laquelle le pape se préoccupe du travail concret de charité de l'Eglise. Là sont également données des orientations concrètes pour l'engagement de l'Eglise dans la charité. Donc, d'une part, cette encyclique est philosophiquement actuelle et théologiquement élevée, d'autre part elle rend clair que toute théologie est utile quand elle se traduit concrètement dans la vie. La valeur de la foi chrétienne est alors mesurée par la façon dont elle est vécue concrètement.
À cet égard, je voudrais encore me permettre de décrire quelques-unes des impressions que j'ai tirées de l'homme et du chrétien Joseph Ratzinger, ou, respectivement, du pape Benoît XVI. Je suis frappé par son amabilité, qui s'exprime dans une humilité presque timide. Dans ma vie, je n'ai pas rencontré souvent le cardinal Ratzinger, et je ne peux pas me vanter d'une conversation privée avec lui. À lui me lient des épisodes spécifiques, brefs et petits, qui toutefois m'ont toujours laissé la même impression: ce grand homme de l'Église est profondément humble.
Quiconque connaît Joseph Ratzinger aurait dû hocher la tête quand certains médias, quand il était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, l'ont surnommé «Panzerkardinal». Bien sûr, Joseph Ratzinger, dans ce rôle, était responsable de la Doctrine de la Foi de l'Église, le «dogme». Bien sûr, il avait été professeur de théologie dogmatique, avant même sa nomination comme archevêque de Münich et Freising, et ensuite de sa nomination comme cardinal de la Curie romaine. Mais dans l'acceptation catholique, le «dogme» n'est jamais ce que l'on entend dans l'usage linguistique profane du terme. «Dogma» n'a rien à voir avec une attitude humaine de supériorité intellectuelle, avec la détermination inébranlable et la revendication idéologique d'avoir toujours raison. «Dogma», au contraire, est une vérité donnée par Dieu. «Dogma» est ce que Dieu nous a donné «propter nostram Salutem» («pour notre salut»). Le dogme, par conséquent, n'est pas une arme contre les autres, mais un don pour le bien de tous. Et c'est exactement ce que le théologien Joseph Ratzinger a toujours transmis.
Quand j'étais jeune étudiant en théologie à Eisenstatt j'ai assisté, avec le Père Gregor Henckel Donnersmarck, à une journée dédiée aux prêtres, à laquelle le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d'alors avait été invité à prendre la parole. Pendant les pauses, Ratzinger permit qu'on l'assaille et le crible de questions. A la fin de la conférence, il y avait encore place pour une discussion animée au cours de laquelle certains prêtres (rares) saisirent l'occasion pour exprimer leur frustration dans l'Église. Plus que des questions, c'étaient des accusations qui s'abattaient sur le chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Des déclarations cyniques sont toujours présentes dans ma mémoire, ainsi que l'admiration que j'avais pour cet homme 'clergyman', humble et aux cheveux blancs, et qui était pourtant l'un des hommes les plus puissants de l'Eglise. Le cardinal Ratzinger non seulement a répondu avec une patience angélique, mais a toujours essayé de répondre avec des arguments remplis à la fois de bonté et d'objectivité. Avec son argumentation, il ne voulait pas dominer, mais persuader.
Je voudrais raconter encore un petit épisode personnel. Peu de temps avant mon ordination sacerdotale, en Novembre 1987, le cardinal Ratzinger était avec nous à Heiligenkreuz, et célébrait la messe conventuelle. Je l'assistai comme diacre et j'en profitai pour lui demander de bénir le calice de ma première messe, ce qu'il fit avec beaucoup de soin dans la sacristie après la messe. Il faut savoir que le rite de bénédiction des calices liturgiques, dans le passé, prévoyait également l'onction avec le saint chrême; la réforme liturgique en a fait par la suite une simple bénédiction. Lorsque je lui ai remis le calice ancien restauré et le «Livre des Bénédictions», le livre liturgique avec les formules pour les bénédictions, il demanda: «Ne faut-il pas aussi le saint chrême?». Je répondis: «Malheureusement, dans le nouveau rite, ce n'est plus prévu. Mais si vous voulez, je peux m'en procurer un peu».
Avec son sourire typique, 'en coin' il dit: «Cet Annibale Bugnini! Mais laissez, je suis absolument obéissant, et je fais tout ce que la liturgie de l'Eglise prévoit» Peut-être est-il utile de rappeler que Mgr Annibale Bugnini (1912-1982) a joué un rôle décisif dans la réforme liturgique post-conciliaire et dans certaines coupures radicales dans la liturgie.
Ce mot, «obéissant», m'a tellement impressionné qu'après, je me suis plongé dans les livres de liturgie, surtout ceux de Joseph Ratzinger. Là, il souligne de manière convaincante que la liturgie est une chose dans laquelle le prêtre n'est pas créateur arbitraire d'un jeu à l'échelle humaine, mais coopère à un événement qui est plus grand que son agir personnel. La liturgie dilate l'homme, c'est un ordre que le célébrant ne génère pas par lui-même, mais qui lui est confié comme un don. C'est pourquoi la juste forme de la célébration exige sutout de l'humilité pour aller au-delà de la grâce donnée.
Je me souviens donc avec émotion du moment, le 9 septembre 2007, où le Saint-Père est venu rendre visite à Heiligenkreuz. Il était assis sur le trône de l'abbé placé sous l'icône romane, du Christ ressuscité; et il fut visiblement très heureux quand notre chorale entonna en grégorien le Nos autem gloriari opotet («Nous nous glorifions dans la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ»). J'étais assis à quelques mètres du pape et j'ai pu voir avec quel profond recueillement il écoutait les chants séculaires de mes confrères. J'ai pensé: «Voilà un homme qui entre humblement dans le grand espace de Dieu que nous ouvre la liturgie. Le Pape nous montre ce qui est important dans la liturgie: se laisser inonder par la présence de Dieu». Benoît XVI a du reste expressément formulé ce concept dans un discours: la liturgie réduite à une mise en scène par l'homme lui-même est déjà vide, délabré, sans valeur.
L'humilité aimable du Pape m'a paru évidente également dans une autre brève rencontre, à cause de laquelle, en vérité, au début j'ai eu honte de moi-même. Dans les années 80 et 90, à chaque fois que je suis allé à Rome (trop rarement!) je saisissais l'occasion d'aller dans la matinée du jeudi, concélébrer la messe que le cardinal Joseph Ratzinger célébrait régulièrement à Santa Maria della Pietà, près du Campo Santo teutonique. Ces messes du matin étaient aussi en quelque sorte "culte" par le fait que l'on y rencontrait des gens unis par deux qualités rares: l'enthousiasme pour la théologie et la fidélité à l'Eglise. Une fois, après la messe, l'occasion se présenta à moi de serrer brièvement la main au cardinal Ratzinger, dans la sacristie, après qu'il ait ôté les parements liturgiques A cette époque, je venais d'avoir mon doctorat et je lui dis que j'enseignais déjà la théologie dogmatique à notre institut de Heiligenkreuz. «Donc, vous êtes professeur de théologie dogmatique», sourit le cardinal Ratzinger. «Bien sûr!» ai-je répondu. Et c'est ainsi que le cardinal Ratzinger dit: «C'est bien! Donc, nous sommes collègues». Je dois dire que je me suis retrouvé dans une situation très embarrassante, parce qu'à peine le cardinal avait-il proncé le mot «collègue», je sentis un frisson me parcourir l'échine: je pensai qu'il voulait se moquer de moi. En fait, je ne me sentais absolument pas «collègue» d'un homme qui avait été professeur à Freising, Bonn, Münster, Tübingen et Ratisbonne. Mais il n'avait pas l'intention de se moquer de moi: ses yeux disaient qu'il avait parlé avec sincérité, ou du moins avec gentillesse. «Eh bien, que Dieu vous bénisse!» a-t-il ajouté.
Je quittai la sacristie comme rapetissé, parce que le mot «collègue» m'avait rendu conscient de la responsabilité que cela comporte d'être «professeur de dogmatique», même dans un petit Institut supérieur comme celui de Heiligenkreuz. D'un autre côté, je me sentais encore plus fort parce que le «le grand Ratzinger» non seulement m'avait traité avec beaucoup de respect, mais m'avait aussi souhaité la bénédiction de Dieu.
Auparavant, une autre opportunité de recevoir force et courage m'avait été offerte; c'est quand le 15 Mars 1988, à Vienne je raccompagnai en voiture Mère Teresa de Calcutta, après qu'elle ait visité le couvent des sœurs de Heiligenkreuz. Je voulais prendre congé aimablement, et dis: «Mère Teresa, dans six semaines, je serai ordonné prêtre!». Alors, elle me tendit un gros sac rempli de belles médailles et dit: «I will pray for you, that you will become a good and holy priest!» («Je vais prier pour toi, pour que tu deviennes un bon et saint prêtre»). De tels mots s'impriment dans l'âme. Le souvenir de l'instant où une sainte a promis de prier pour mon ministère, m'a toujours été un réconfort, et donné de la force. Tout comme le moment où Joseph Ratzinger, aujourd'hui le pape Benoît XVI, en m'appelant «collègue», m'a mortifié, mais aussi formé.
Et puis, le 9 Septembre 2007, lors de la visite du pape Benoît XVI, me fut aussi donnée une «grâce» spéciale. En fait, j'ai pu me tenir juste à côté du Pape quand il a béni l'école depuis la loggia. Comme je l'ai dit, la visite du Saint-Père était à la fois au monastère, et à l'Institut supérieur, raison pour laquelle je devais saluer le pape avec l'abbé Gregor, devant le portail de l'église abbatiale. Cependant, c'était tout ce qui était prévu. En fait, j'aurais dû ensuite disparaître quelque part au fond de la suite papale, mais à l'entrée du Pape, un de ses gardes du corps me poussa de sorte que je me retrouvai juste derrière le Saint-Père. Après la célébration dans l'église abbatiale - au cours de laquelle le Pape Benoît XVI nous donna une homélie merveilleuse sur la vie monastique, la formation des prêtres et l'étude de la théologie - le Saint-Père voulut monter jusqu'à un balcon du musée abbatial pour bénir la foule rassemblée dans la cour. L'enthousiasme était énorme. Treize mille personnes exultaient, densément pressées, face au Saint-Père. Près du Pape, il y avait l'Abbé Grégor, de l'autre côté, il aurait dû y avoir le cardinal Schönborn, mais il s'était discrètement mis derrière, de sorte que je me retrouvai soudainement à côté du Pape
Ce fut une impression incroyable: un petit moine comme moi se tenait à côté du Pape devant la baie vitrée et regardait en bas vers les fidèles qui applaudissaient. Une scène impressionnante: le Pape, légèrement surélevé se penchait vers la foule et bénissait comme pendant la bénédiction Urbi et Orbi, à Rome. Ces images sont gravées dans mon cœur. Le Pape était cordial; il dit un mot gentil de bienvenue, puis remercia pour la patience; suivirent des expressions très cordiales de joie, de la condition de chrétien que nous partagions; et enfin la bénédiction papale.
Dans les rares et pourtant si significatives rencontres avec le cardinal Joseph Ratzinger, respectivement le Pape Benoît XVI, qui m'ont été offertes, j'ai rencontré un homme simple, aimable et profondément humble. Il est la preuve vivante de la façon dont, dans l'Église primitive «théologie et sainteté» sont deux critères inextricablement liés. L'Institut, dans lequel il m'a été donné de travailler avec mes collègues pour former des prêtres et des théologiens pour le troisième millénaire, est nommé d'après le Pape Benoît XVI. C'est pour cele que nous devons nous efforcer de l'imiter et de transmettre la théologie de sorte que nos diplômés non seulement saisissent de plus en plus la beauté de la foi révélée, mais en témoignent avec toute leur vie.
Notes
[1] Karl Josef Wallner (pages 167 et suivantes)
Né en 1962, docteur en théologie, il est depuis 1982 cistercien du Monastère de Heiligen Kreuz, et depuis 1993, il y enseigne la théologie dogamtique à l'Institut supérieur de philosophie et théologie Benoît XVI. Depuis 1999, il est recteur de l'Institut, et assistant spirituel des jeunes. Il raconte ici, entre autre, la visite du Saint-Père à Heiligen Kreuz en septembre 2007
[2] Le Pape à Mariazell, 7-9 septembre 2007, tous les articles ici: benoit-et-moi.fr/2007
Ici, des images de la visite au monstère bénédictin d'Heiligen Kreuz
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A propos de Heiligen Kreuz: Lors de la remise du Prix Ratzinger en juin 2011, dont l'Abbé, Maximilan Heim était l'un des lauréats, comme rappelé ci-dessus, l'Institut avait offert au Saint-Père un petit film en son honneur. (cf. benoit-et-moi.fr/2011-II)
Le voici (KTO). Voir vers 9'.