La longue guerre contre la famille

La contribution du marxisme. Un article d'un site américain, repris sur le site du Diocèse de Porto santa Ruffina (1er/2/2013)

     

Le diocèse suburbicaire de Poto Santa Ruffina (dont le titulaire est le cardinal Etchegarray) a un portail internet très intéressant. A la rubrique "Approfondissements", il propose, à une fréquence irrégulière, des articles ou des analyses venant du monde entier, sur les thèmes les plus variés. J'avais déjà traduit un long article sur le thème "Art contemporain et art sacré" (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III)/)

Ces jour-ci a été mis en ligne un article en 3 volets sur le thème du "mariage attaqué" (www.diocesiportosantarufina.it/). La version originale en anglais est sur le site catholique américain www.crisismagazine.com , et s'intitule "La longue guerre contre la famille".
Il s'agit d'une synthèse d'un ouvrage de Ryan N.S. Topping, publié sous le titre "Rebuilding Catholic Culture: How the Catechism Can Shape our Common Life" (Sophia Institute Press) .
Voir ici: www.crisismagazine.com/author/ryan-n-s-topping
La première partie, que j'ai traduite ci-dessous, s'attache à décrire la contribution marxiste à la destruction de la famille.

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La longue guerre contre la famille
http://www.crisismagazine.com
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L'élite culturelle progressiste a longtemps perpétué des préjugés à l'égard de la famille qui, s'ils ne sont pas réfutés, conduiront à sa ruine. Parmi plusieurs, j'en citerai trois: (1) l'affirmation que le mariage rend les hommes et les femmes moins libres, (2) l'hypothèse que les enfants sont un fardeau, et (3) l'insistance que la différenciation sexuelle est une fiction. Ces trois idées représentent, pour ainsi dire, trois vagues du mouvement anti-famille des 150 dernières années. La première est la contribution marxiste, la seconde est la contribution eugéniste, la troisième est le fruit dse théoriciens du genre ces dernières années.

Les conservateurs sociaux jouent trop souvent un combat de rattrapage avec la gauche progressiste. Nous nous étonnons de l'avortement; nous nous inquiétons du divorce; nous nous interrogeons sur la montée du lobby homosexuel. Il est juste de sonner l'alarme. Mais avant même de s'impliquer, si tant est que la famille retrouve un jour sa position naturelle de prééminence, les conservateurs doivent se rappeler la façon dont la «famille traditionnelle» a emprunter un mauvais chemin.
Dans cet article et les deux à venir, je voudrais découvrir les trois étapes de la longue guerre contre la famille, puis noter brièvement quelques éléments de réponse utiles.

Nous commencerons avec la contribution marxiste.

Commune à Marx et Engels, il y a la croyance que les relations sociales qui ne sont pas caractérisés par l'égalité matérielle stricte sont injustes. Dans son étude influente, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État (1884), le collaborateur de Karl Marx, Friedrich Engels, attaquait la famille comme la cellule d'origine de l'inégalité et de l'esclavage. Dans le prolongement du désir premier de propriété de la part de l'homme - l'équivalent-marxiste du péché originel - l'homme a également souhaité sécuriser la transmission de la propriété à sa postérité. Selon Engels, ceci mena à la monogamie. Les propriétaires terriens voulaient des héritiers légitimes. Ainsi, dans le mariage, les femmes appartiennent aux hommes comme simples «instruments pour la production des enfants». Selon le point de vue d'Engel, l'esclavage des femmes, naturellement, comme toutes les inégalités, cessera une fois que les moyens de production seront transférées de la propriété privée à l'État. En l'absence de droit de propriété et de possibilité de transmettre un héritage, les hommes ne se soucieront plus d'identifier leur progéniture. Un résultat est que, dès que les conditions économiques qui ont donné lieu au mariage auront cessé, le mariage cessera aussi. A la fin de l'histoire, le sexe sera de nouveau affranchi.

Engels a prédit que la révolution à venir porterait un coup mortel à la fois à la famille et à la morale sexuelle bourgeoise qui la soutient. Dans l'avenir socialiste, «la famille individuelle cesse d'être l'unité économique de la société», ce qui se traduira par «la croissance progressive des relations sexuelles sans contrainte». De toute évidence, Freud n'était pas le premier à suggérer que le sexe est ce qui mène rééllement les gens.

Quels que soient les défauts de sa théorie, Engels était prémonitoire au moins de leurs ramifications: si le socialisme progresse, la famille recule. Si la tâche d'éduquer des enfants, de s'occuper des personnes âgées, et de gagner sa vie est absorbés par l'Etat, il y a de moins en moins de raison pour un homme et une femme de former un lien durable.

Dans mes voyages dans les anciens pays communistes, j'ai été frappé par la façon dont notre attitude envers l'éducation des enfants correspond étroitement aux méthodes communistes. Il y a cette différence, toutefois: sous le communisme des millions de mères étaient obligées de travailler hors de la maison et d'envoyer leurs enfants dans des institutions 'État.

Dans le monde libre, nous sommes nombreux à le faire de notre propre choix. Lorsque les enfants, dès l'âge de trois ans, passent deux ou plusieurs repas avec des étrangers, il n'est pas surprenant que les parents éprouvent des difficultés à obtenir le niveau d'obéissance qui était autrefois considéré comme acquis. Plus que de «temps de qualité» les jeunes enfants ont besoin de quantités de temps, et quand le foyer manque, les enfants transférent leur confiance ailleurs, souvent vers leurs pairs.

Les garçons et les filles, lorsqu'ils sont exposés tôt aux institutions publiques, deviennent des proies faciles pour ce qu'on a appelé la «culture jeune», autrement dit cette somme de musique populaire, vêtements coûteux, et divertissements grossiers mise au point par les entreprises commerciales pour fournir un marché facile. Quand la maman travaille, il est aussi plus difficile d'être parents. Pour de plus en plus de parents, les sacrifices familiaux semblent offrir un maigre retour. Certes, certaines jeunes mères n'ont pas d'autre choix que travailler en dehors du foyer, mais la nécessité n'est pas la norme. Le foyer doit être plus qu'un simple terminal de bus où se font les connexions vers d'autres destinations. Il doit redevenir un centre significatif d'activité. L'éducation, le travail, la prière, la nourriture, et le jeu sont des fonctions essentielles qui reviennent à la famille bien ordonnée. En restaurant la force du noyau familial, il pourra se passer des organismes extérieurs auxquels ses activités ont été transférées.

Ecrivant une génération après Marx et Engels, le pape Léon XIII a bien compris ce qui était en jeu dans la lutte contre le socialisme. Rerum Novarum (1891) avait en vue non seulement les droits du travailleur, mais aussi la survie de la famille. Les deux ont des droits qui sont fondés sur la nature et divulgués par la révélation: «Voici, donc, la famille, ou plutôt la société domestique, une société très petite, certes, mais vraie, et antérieure à tout autre système politique!».
Les couples doivent se rebeller contre le danger actuel qui menace leur bonheur. L'égalité et la complémentarité peuvent en fait coexister dans une union heureuse. Le chrétien ne doit tout simplement pas accepter que l'égalité (selon le concept marxiste) soit réduit à la parité salariale et l'égalité d'opportunité pour la licence sexuelle.
Dans cette première vague d'attaque contre la famille, tout signe d'interdépendance mutuelle a été considéré comme une menace pour la liberté. Ceux qui travaillent contre la famille ont insisté sur le fait que la soumission à un contrat exclusif est un sacrifice de l'autonomie. Comme Simone de Beauvoir l'a revendiquée, dans le mariage, «l'homme et la femme subissent l'oppression d'une institution qu'ils n'ont pas créée».

Inutile de dire que l'oppression dont les hommes et les femmes souffrent le plus n'est pas le résultat du mariage, mais des promesses non tenues. Même par des indices aussi prosaïques que la richesse, le bien-être, la santé, une montagne de recherches en sciences sociales a depuis longtemps renversé les affirmations répandues des thrillers des années 1960 tels que Le Deuxième Sexe et The Feminine Mystique, de Betty Friedan. Comme les hommes, les femmes s'épanouissent tout simplement mieux dans le mariage. Ils souffrent moins de dépression, sont financièrement plus sûrs, et expériment davantage de plénitude intime. Même aujourd'hui, après des décennies d'agressions contre l'idéal du noyau familial, seulement 8 pour cent des femmes disent espérer de rester célibataire.
Voilà pour la première vague (anti-famille).

La deuxième vague a également accepté le principe marxiste selon lequel la justice exige l'égalité matérielle stricte. Mais cette fois, l'attention passera des hommes aux enfants .